environnement

Mona est mère de famille et c'est bien son métier reconnu à mi-temps en 2119, année d'aisance mais seulement dans quelques pays privilégiés.

Son second mi-temps, elle l'occupe trois heures par jour à surveiller les robots viticulteurs. Elle doit voir s'ils font ce qu'ils sont sensés faire ou noter les déviations ou défectuosités. Elle ne peut pas les toucher car tout contact, même indirect, est interdit entre les plantes utiles et les humains.

Le soleil, devenu trop brûlant depuis le changement climatique de 2080, décourage d'ailleurs toute longue activité externe. Sans être (re)devenu troglodyte, l'homme moderne est devenu un homme d'intérieur. Les pays côtiers sont devenus des pays sur pilotis et Venise n'attire plus personne depuis qu'elle est sous-marine.

Mona est donc très heureuse d'être née dans ce qui a été jadis le Benelux. Désormais, on voyage peu et on rêve plutôt d'horizons lointains.

Mona a su insuffler à ses enfants le plaisir de vivre simplement et sans le luxe superflu toujours bien existant grâce à la publicité adaptée aux nouveaux médias. Mona aime son vin, son pain maison, ses légumes maison et vit presque en autarcie.

Elle donne cours mais bénévolement car les étudiants ne vont plus à l'école. Elle trouve cela dommage car elle a encore fait partie de la dernière génération scolarisée.

Mais tout change et elle se demande ce que feront ses descendants en 2219...

Daniel

20 minutes d'écriture - thème imposé

Mon arrière petite-fille a 50 ans. En 2119, elle habite sur l'île de Basse-Savoie, aux Etats-Unis d'Europe.

Elle est ratisseuse de fonds marins et passe donc le plus clair de son temps au fond des mers. Elle y fait des fouilles, y trouve des trésors enfouis qu'elle sort précautionneusement et met alors entre les mains des historiens de l'environnement.

L'autre jour, elle a trouvé une voiture à moteur diesel très bien conservée. Immédiatement, elle a pris contact avec le musée de la voiture d'Everest pour leur faire part de cette incroyable découverte. La voiture comprenait encore son moteur, protégé par la carrosserie, mais également - ce qui est très rare - son volant, ses sièges (en tous cas leur ossature) et elle y a même trouvé ce que l'on appelait alors un auto-radio, qui n'était pourtant plus très répandu à l'époque où fut fabriquée cette voiture.

Il y a quelques années, elle avait trouvé un lot fort intéressant de sacs en plastique. Ce type de sacs n'est plus fabriqué depuis la fin des années 2020 et a heureusement presque disparu des océans depuis le grand ramassage de 2073. Ce lot qu'elle a trouvé a permis aux historiens de dater l'existence de certains commerces à l'époque fort connus et très répandus tels IKEA, bien sûr, qui existe encore aujourd'hui mais également des commerces oubliés depuis comme H&M, Proximus ou Delhaize.

Je suis très fière de mon arrière-petite-fille car ce qu'elle fait permet à l'humanité de ne pas perdre la mémoire.

Anne

20 minutes d'écriture - thème imposé

Comme chaque jour, elle s’était levée, avait rangé le lit escamotable de son minuscule studio écrasé par des tonnes de béton, au 358 ème étage sous le sol. Elle avait gagné le jet d’eau, escamotable lui aussi, puis s’était habillée rapidement avec les vêtements biodégradables, livrés chaque jour à tous les habitants de sa tour.

L’assistante androïde, l’avait saluée de son petit sourire figé et lui avait souhaité une bonne journée.

Elle avait gagné le couloir pour prendre l’ascenseur qui l’avait propulsée au niveau zéro où elle avait jailli dans une salle immense, où déambulaient d’autres comme elle, milliers de fourmis agitées.

Un dôme recouvrait la gigantesque structure, et des nuages étincelants défilaient dans un ciel bleu, celui des bandes dessinées qu’elle lisait à longueur de journée.

C’étaient les seules lectures permises par le Grand Conseil, le seul « travail », absolument inutile.

Les livres, elle en avait lu: c’était il y a si longtemps, et elle se souvenait de la bibliothèque garnie de rangées innombrables de bouquins.

Des milliers de bancs s’alignaient tout au long de la salle.

Les gens erraient sans but, les yeux dans le vague, et s’adressaient à peine la parole, écrasés d’un ennui profond.

Soudain, un coup de gong retentit. Toutes et tous s’étaient dirigés vers les bancs, s’étaient assis, tandis que surgis des parois en apparence lisses, des centaines de robots aux allures maniérées, avaient commencé de leur distribuer des boissons bleutées et sucrées, et sans doute droguées, puis leur avait laissé choisir les bandes dessinées pour la journée.

Elle avait 60 ans aujourd’hui, et se souvenait vaguement qu’elle prenait des métros bondés pour aller travailler… travailler, un mot qui sonnait aujourd’hui à ses oreilles comme un printemps fleuri.

Puis sans que personne n’y prenne garde, l’I.A. avait pris le relais.

Au début, c’était amusant et pratique de ne plus devoir faire les besognes ennuyeuses, c’était un soulagement de s’asseoir dans une voiture sans devoir en être au volant, guidée qu’elle était par les rails magnétiques incrustés partout dans les moindres routes et les rares chemins qui subsistaient.

Mais la pollution avait partout fait son oeuvre et les grandes villes vivaient désormais sous cloches, les grandes usines aussi oeuvraient en milieu à air recyclé, mais, c’était trop tard.

Les robots cultivaient les légumes sous les serres, insensibles aux pesticides vaporisés, les animaux d’abattoirs n’existaient plus, et les protéines provenaient des insectes et des légumineuses.

Le travail, pour les humains n’existait plus; il fallait cependant bien les nourrir en attendant que ne survivent plus qu’une poignée par pays et continent, destinée à repeupler une terre qui serait, peut-être, redevenue respirable.

Un Grand Conseil avait été nommé au niveau mondial, les hommes, les femmes et les rares enfants, nés dans cette semi-captivité, avaient été relégués dans des cases minuscules, tapissées d’écrans, où ils passaient leurs soirées. La journée, ils gagnaient ces salles où, assis et désoeuvrés, ils attendaient ce jour où devenus inutiles, on les emmènerait vers une mort souhaitée.

Le travail, presque personne ne se souvenait plus de ce que c’était, sauf quelques vieux et vieilles comme elle, personne ne savait le bonheur de râler contre le métro en retard, le patron énervé, et la paye réduite, mais aujourd’hui, elle regrettait ces Lundis où elle se plaignait de devoir se lever pour aller au boulot, aujourd’hui, elle se répétait sans cesse des poésies apprises par coeur, pour ne pas devenir totalement abrutie par ces cases de bande dessinée, aujourd’hui, elle transmettait, en secret, ces textes à quelques-unes et quelques-uns, rebelles, et comptait sur eux pour transmettre à leur tour leur savoir ancestral.

Si un jour les dômes se brisaient, si un jour l’air pur enflait leurs poumons, ils seraient, au moins, un petit nombre à crier « au loup » avant qu’il ne soit trop tard.

Elle avait fait semblant, devant l’air courroucé de l’I.A. qui avait vu son regard se perdre au-delà de l’album, de s’absorber dans celui-ci.

Au fond d’elle, invisible et secret, il y avait un petit sourire narquois et elle s’était murmuré: « vous ne gagnerez pas. »

Mona

20' d'écriture - thème imposé