bien-être

Mon travail de guide est un métier stimulant parce que le groupe n'est jamais identique. Contrairement à un musicien, je peux changer l'ordre et même les tonalités de mon discours mais il faut rester cohérent. 

Dans le travail, la cohérence est primordiale, et peu de place est offerte à la fantaisie. Il faut pourtant essayer d'y apporter de la variété. L'épanouissement est nécessaire. 

Je suis tout à fait d'accord avec cette phrase. 

Plus on est bien dans ses souliers, mieux on effectue son job. D'ailleurs, certains employeurs mettent des salles de repos ainsi que le yoga pour un mieux-être. 

Sans aucun doute, le travail m'apportait certainement un mieux-être. Il me permettait de m'investir tout en recevant des caresses des personnes que l'on aidait en faisant notre travail. Comme quoi le travail n'est pas toujours synonyme de difficultés. 

Les difficultés dans le travail, si elles se présentent régulièrement, peuvent soit être une sorte de divertissement, vues comme une série de défis amusants à relever, soit devenir pénibles et, pour peu qu'elles s'accompagnent de problèmes relationnels, les difficultés peuvent conduire au burn-out, maladie répandue à l'époque actuelle. 

Texte collectif rédigé sur le principe du cadavre exquis

Le travail dont je veux vous parler n’est pas celui que je fais au quotidien et dont je suis un peu lassée. Je ne sais pas comment on se retrouve, au sortir des études ou

en début de vie professionnelle sur tel ou tel rail, dans telle ou telle filière. Qu’est-ce qui fait que, alors que je me voyais agronome ou interprète, je me retrouve,

année après année, employée dans des associations, engluée dans mille réunions, les mains scotchées à un ordinateur, le regard rivé sur un écran ? Ça n’a jamais été

ça le travail dont j’aurais voulu vous parler.


Le travail dont je veux vous parler est celui qui procure du plaisir et de l’apaisement

Le travail dont je veux vous parler serait un travail qu’on ne devrait pas faire tous les jours.

Le travail dont je veux vous parler serait un travail différent chaque jour.

Le travail dont je voudrais vous parler serait un travail où l’on met les mains dans des bassines de fleurs séchées

Le travail dont je voudrais vous parler serait un travail où l’on peut respirer l’air frais et entendre le bruit des vagues

Le travail dont je voudrais vous parler serait un travail où l’on cuisine de bons mets pour les autres

Le travail dont je voudrais vous parler serait un travail où l’on peut écrire et lire

Le travail dont je voudrais vous parler serait un travail où l’on partage les savoirs

Le travail dont je voudrais vous parler serait un travail où l’on va de temps en temps à l’autre bout du monde

Le travail dont je voudrais vous parler serait un travail où l’on retourne la terre et l’on plante des graines.

Zoé

10 minutes d'écriture - Début du texte imposé

L'industrie pour laquelle j'ai travaillé toute ma vie, corvéable à merci, oubliant femme et enfants...

D'un fonctionnement paternaliste, où de nombreux services (centre culturel, activités sportives...) furent mis en place pour le personnel... Petit à petit, l'industrie bascule vers une logique de business où les mots d'ordre étaient rendement, rentabilité, chiffre d'affaires, performance. 

Le travail perdit tout son sens, le sentiment d'appartenance à une grande famille de travailleurs s'envole aussi. 

Ce qui faisait corps se dissipa en une juxtaposition d'individualités égocentrées. 

Les temps changent ! 

Pasqualine

20 minutes d'écriture - mots imposés

Le travail dont je veux vous parler est celui que je connais, celui qui m’a permis de porter ma famille et de me réaliser mais aussi celui qui récemment m’a poussée à me perdre pour doucement, enfin, commencer me retrouver.

Ce travail, un peu comme une fatalité, m’est tombé dessus par hasard, par courage aussi …

Je ne l’ai pas vraiment choisi même s’il m’a procuré du plaisir. Il m’est arrivé comme une évidence dans l’urgence.

A la manière dont je vous le présente, vous pourriez croire que je ne l’ai pas aimé et pourtant … je l’ai effectué avec énormément de dévouement et de passion. Je lui ai prouvé en lui consacrant de plus en plus de temps et d’énergie. J’ai brûlé d’amour pour ce travail … un engagement tout feu tout flamme pour finir par me consumer de l’intérieur … à en perdre la santé et parfois la raison …

Isabelle

10 minutes d'écriture - Le travail dont je veux vous parler

13 juin. Germaine après 5 ans d’étude obtient son diplôme de gestion de spectacles. Trois stages dans des organisations de renom à l’international. Germaine est quelqu’une en devenir. Elle va pouvoir choisir entre une tournée avec un groupe de musique pop qu’elle affectionne depuis l’enfance ou un ballet chinois en déplacement en Amérique du Nord. Il y a du rêve. Ses parents n’en reviennent pas. Paul son grand-père pleure de joie quand Germaine s’avance pour attraper son diplôme. Le mélange d’émotions porte l’audience. Les diplômes sont remis à l’américaine, parce que oui, maintenant les remises de diplômes s’américanisent. Les étudiants et étudiantes passent avec leurs toges et les écharpes de reconnaissance de couleurs qui prouvent l’implication dans des causes sociales ou culturelles durant ton cursus posé autour du cou pour aller prendre leur bout de papier et échanger des poignées de mains avec des gens qu’on n’a jamais vu d’aussi près et dont la signature de mail nous est familière. Germaine avance bardées d’écharpes. C’est elle qui en porte le plus. Elle a tout fait, son énergie et sa curiosité l’ont poussée à s’engager dans des projets tous azimuts et à voyager pour rencontrer ses homonymes dans d’autres régions du monde. Elle rentre justement du Mali où elle a collaboré avec le ministère de la jeunesse pour réaménager un « relais culture ». Elle marche lentement. Elle flotte. Ses écharpes tombent tellement elle en a. On voit ses petits pieds, ses orteils vernis qui dépassent sous sa toge. Elle continue son doux glissement sur le sol. Son père est en contre-bas du podium. Il s'est enrôlé comme photographe volontaire pour la cérémonie. Il est tellement ému de voir sa famille et tout son attirail qu’il rate plusieurs occasions pour d’autres. Il la bombarde. Elle sourit. Son sourire est parfait. Enfant parfaite. Son œil est vitreux. Ses écharpes jonchent le chemin. Elle marche toujours au même rythme. Ces glissements sont fluides naturels comme orchestré. Germaine est devenue un spectacle. Elle est le centre de tous les regards. C’est une étoile filante. Elle hypnotise, ses gestes enivrent. Elle attrape son diplôme et réavance vers sa famille. Elle enlace sa mère et attrape son petit frère qu’elle vient placer sur sa hanche gauche. Il s’emboîte. Elle ne le lâchera plus, il voit tout à hauteur des adultes qui sont présents.

17 juin, une note dans mes emails du recteur. Germaine est morte. Sa famille et le monde académique est dans l’incapacité de comprendre son geste et se questionne sur leur aveuglement. Personne ne comprend. Je pense qu’elle était fatiguée d’être parfaite. On avait échangé sur son expérience au Mali et elle était réellement dérangée par des interactions qu’elle avait eu avec le ministre et avait vécu des situations qui l’avait mise dans des situations très inconfortables. On pouvait voir sur son visage que ça lui faisait quelque chose, c’était lourd. Je ne la connaissais pas assez. Elle travaillait beaucoup. En fait, je pense qu’elle ne connaissait finalement personne intimement. Je ne me souviens pas d’une seule soirée hors d’un contexte académique. Elle avait parlé de vol de sa vie, de son temps, de ses espoirs. C’était fort. J’ai mis ça à mon échelle. Je suis peut-être la seule qui sait qu’avec son acte, Germaine pouvait enfin cesser de travailler.

Sam

40 minutes d'écriture - fin du texte imposée

Règlement de travail de PASCAL asbl

Promoteurs Activistes de Sauvetage des Consciences Assoiffées de Libertés

Vous venez d'intégrer l'asbl PASCAL, nous sommes fiers de vous accueillir parmi nous. Afin de vous accompagner au mieux dans l'intégration de cette grande famille à laquelle vous appartenez désormais, nous vous transmettons le règlement de travail. 

ARTICLE 1 TENUE VESTIMENTAIRE

Chaque semaine un nouveau dresscode. Il vous faudra venir avec une tenue représentant la communauté LGBTQueer++ ou déguisé.e en héros.ïne.

ARTICLE 2 LIEUX DE TRAVAIL

Le lieu changera chaque jour et vous sera communiqué par code le jour-même. 

ARTICLE 3 MODALITÉS DE PROMOTION

 Le salarié qui effectue le plus de journées de bénévolat sera promu. Nous voulons aussi encourager la natalité : chaque parent pourra bénéficier de 3 ans de congé avec rémunération complète. 

ARTICLE 4 AVANTAGES EXTRA-LÉGAUX

Afin de libérer votre créativité, chaque mois vous recevrez un colis contenant champignons hallucinogènes, cocaïne, beu...

ARTICLE 5 BIEN-ÊTRE

Pour participer à votre bonheur et à votre accomplissement, un comité organise chaque année au château Renoir des séances de libertinage. 

ARTICLE 6 HIÉRARCHIE ET ORGANIGRAMME

Ici, l'organigramme est plat. Pas de chef. Chaque jour, vous pouvez choisir la fonction et le rôle qui vous conviennent. 

ARTICLE 7 TEMPS DE TRAVAIL ET HORAIRES DE RECUPERATION

Les horaires dépendront de votre humeur du jour. Ici le temps s'est arrêté. 

Pasqualine

50 minutes d'écriture - genre imposé : humour

Des heures supplémentaires en veux-tu en voilà. Le rythme était insupportable et ces heures supplémentaires nous mettaient toutes à genoux. Nous n’en pouvions plus de travailler 15, voire 16 heures par jour. Parfois on devait même venir le samedi pour finir notre ouvrage. Aucune de nous n’arrivait à terminer dans les temps ce que nous devions faire. Les tâches étaient pourtant sans grande difficulté. Il n’y avait pas de geste particulièrement technique ou compliqué à réaliser mais c’était répétitif et la productivité demandée par l’entreprise était gigantesque. Les dirigeants voulaient sans cesse produire plus et plus pour, disaient-ils, rester compétitifs. C’est pour rester compétitifs également qu’ils refusaient d’augmenter notre salaire, qui lui ne l’était pas du tout compétitif. Heureusement nous pouvions, de temps à autre récupérer une partie de ces heures supplémentaires. C’était déjà ça mais ce qu’on aurait voulu, c’était une augmentation quand même. En effet, à force de faire des heures supplémentaires, nous ne voyions plus ni nos enfants, ni le soleil, même en été.

Zoé

20 minutes d'écriture - 5 mots imposés

Le travail c'est la santé, ne rien faire c'est la conserver...

Est-ce bien vrai dans notre société où justement ne rien faire est synonyme d'exclusion, de parasites, de fainéants... 

Le travail, c'est peut-être un chemin pour s'épanouir... mais pas que... il ne doit pas aliéner mais libérer chaque potentiel...

Le travail, ce n'est pas mettre dans des cases jugeantes...

Le travail, c'est se sentir en harmonie avec son environnement et les autres... 

On ne peut n'exister qu'à travers le travail, l'Etre est bien plus.

Le travail, c'est se respecter.

Le travail ne doit pas rendre malade. 

Choisir de travailler ou de ne pas travailler, est-ce possible ? 

Pasqualine

10 minutes d'écriture. Thème imposé

Le travail dont je veux vous parler est mal connu du grand public et souvent accusé à tort de sombre escroquerie. Je travaille dans le milieu de la pharmacie et je suis fréquemment confrontée à cette réplique : « Ah ! Vous les pharmaciens, ce qui vous intéresse c’est l’argent ! Grâce à nous, vous vous en mettez plein les poches ! ». Je mentirais si je disais que non. Certes l’industrie pharmaceutique a gagné en millions voire en milliards d’euros ces dernières années ; et oui, les pharmacies sont devenues aujourd’hui des commerces pouvant brasser beaucoup d’argent, mais nous, le personnel de la pharmacie, nous ne sommes que le revers de cette médaille. Voyez-vous, nous sommes sur le terrain, jour et nuit, pendant les jours fériés, les fêtes et les congés. Il y a toujours quelque part une pharmacie à la disposition du peuple ; nous sommes la porte ouverte à tous, à toutes. Le pharmacien a dans sa poche maintes cartes. Certaines fois, il est le psychologue, d’autres fois, il est l’infirmier, il peut être l’assistant social et le médecin, l’herboriste et le cosmétologue, le secouriste et le sophrologue. Oui, nous entendons les cris de la population, les plaintes de la société, on entend des hurlements, des voix brisées, qui peuvent hanter nos pensées pendant de longues années. Oui, on s’imprègne de ça, de ce tumulte d’émotions qui entraine de plus en plus les nôtres à vouloir quitter ce métier. Le pharmacien a la responsabilité de garantir une qualité ultime de ses produits, le tout, honorer de conseils pertinents et toujours à la pointe des dernières recherches. Sans relâche, nous devons nous maintenir à jour, et nous nous devons de répondre aux demandes de toutes les classes sociales. De la bourgeoisies aux personnes les plus vulnérables de la société. Nous devons les maintenir en bonne santé mentale et physique, « un corps sain dans un esprit sain » dit-on. Mais nous, le sommes nous nous-mêmes ? Les heures supplémentaires, les responsabilités de plus en plus lourdes, les honoraires misérables, les horaires de plus en plus longs… Où va-t-on ? Le pharmacien est psycho-physiquement déprimé. Nous soignons le public alors que nous-même nous avons besoin d’aide. Des fois je me demande comment nous faisons pour avoir ce sourire aux lèvres pour accueillir chaque patient ? Comment faisons-nous au quotidien pour rester sains d’esprit tous les jours ? Ou alors peut-être que je me trompe, peut-être que nous somme déjà tous fous. 

Fozia

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Le doux chuchotement arrivait à ses oreilles

Travail, travaille travaille et gagne plein d’oseille

C’est en suivant ce pathétique conseil

La mort dans l’âme, le corps en veille

Santé foutue, vie perdue. Médecin conseil

Zoé

Acrostiche

Dans les corons, on parle six pays et on prie chaque jour, chaque nuit, chaque temps, chaque maintenant pour pas d'accidents. Dans ce petit pays à l'horizon noir, dans le charbon, dans la fosse, dans le terril, dans le ciel, dans l'enfance des hommes et sur les joues des mères, dans les bras des parents et presque dans les yeux bleus des voisins, on trouve un mineur dépourvu de jour, dépourvu de nuit, dépourvu de temps mais fier du maintenant. 

Sa gueule crie la silicose, son bras lui fait défaut, ses cheveux sont noirs sur du blanc mais il est fort et haut et semblable au jour dans cette nuit sur terre, la nuit des mineurs, la nuit avec pas d'horizon, la nuit des trous, des vermisseaux, des coups, la nuit de charbon. 

Il fait, il va, il donne, il crie pour rentrer et payer le cartable, payer la kermesse, payer un morceau d'animal, payer le grain et le vin. 

Dans l'enfance des hommes et sur les joues des mères, on prie contre le grisou et on chante l'horizon noir du maintenant. 

Jennifer

50 minutes d'écriture - mots choisis dans une liste de mots imposés

8 Janvier

Ma vie va plutôt bien en ce moment. J’ai finalement décroché un travail pas mal du tout, les collègues ont l’air sympas, je suis bien installée. En tout cas, je me sens plus tranquille, apaisée, terminé ce stress de la recherche. Le reste va suivre, trop de tension ces derniers temps. Je peux fermer les yeux, je souffle, je respire, je retombe.

20 juin

Ambiance au travail ? Peut-être pas aussi terrible que ça, très technique, pas vraiment ce que je croyais. Trop de tableaux, de chiffres, de colonnes interminables. Pour qui ? Je ne sais pas, je ne sais rien, je ne sens rien.

10 juillet

Je m’ennuie, je m’ennuie, je m’ennuie, aucune fantaisie, toujours la même chose. Des jours et des jours comme ça ? J’étouffe d’avance, je ne vais jamais tenir. Et puis à la maison, ça deviens lourd, pénible. Là aussi j’étouffe.

1er décembre

J’ai préparé ma lettre de démission, marre ! Elle est là, prête…depuis des mois, je la sors, je la relis, je la range, je l’oublie… et je repars…

Jeannick

30 minutes d'écriture - forme imposée

Le travail, c'est utile à la société. Comment irait le monde si chacun n'apportait pas sa contribution, bien sûr, différenciée selon chacun ses moyens, ses désirs, l'endroit où il vit. 

Le travail est aussi un moyen d'exister à ses propres yeux. J'ai eu l'expérience de fréquenter des jeunes qui bien que diplômés avaient beaucoup de difficultés à trouver la façon de trouver leur place dans la société et de s'investir. C'est une expérience difficile de se vivre comme inutile ou inadéquat dans son monde. 

Ce qui veut dire que si le travail parfois peut être lourd et invivable, il est aussi source d'épanouissement, de bonheur, de sens aussi. Trouver le travail qui nous convient, nous donne aussi une raison d'exister. 

Michelle

10 minutes d'écriture

Le travail, c'est l'objectif premier pour ne pas se sentir exclu. 

Le travail, c'est un système de répartition des tâches, de participation collective. 

Le travail peut être enrichissant, créatif, valorisant. Le travail permet à certains de s'épanouir. Le travail peut aussi se révéler contraignant, sans intérêt et abrutissant. Le travail est alors source de mal être, voire de maladie. Trouver du travail est aujourd'hui une grande aventure. Chacun songe au travail idéal, un petit nombre de personnes concrétisent leur rêve. Heureux celui ou celle qui peut annoncer : j'ai du travail ! 

Jeannine

10' d'écriture - thème imposé

Le travail dont je veux vous parler, celui de Laura. 

Laura a travaillé à la chaîne quelques mois, dans une usine qui vendait des cosmétiques en ligne. Elle devait préparer les colis à poster. C'était un travail contradictoire, c'est à dire intense pour le corps et d'un ennui fou pour l'esprit. Laura m'a dit : "j'avais une collègue qui avait fait ça toute sa vie et un jour, avec l'autre intérimaire, on lui a demandé : "mais tu voudrais pas faire autre chose ?" et ça m'a fait de la peine parce qu'elle a répondu : "mais c'est la seule chose que je sais faire" ; et quand je voyais son âge, je savais que personne ne la formerait à autre chose, effectivement."

Le seul truc amusant que Laura et sa collègue intérimaire ont trouvé durant ces longs mois d'ennui, ça consistait à prendre l'ascenseur et à jouer au roi du silence. Ça veut dire que que quand quelqu'un leur demandait "à quel étage vous allez ?" elles ne pouvaient pas répondre et elles allaient ainsi d'étage en étage jusqu'à ce que par miracle, quelqu'un aille à l'étage où elles devaient effectivement aller. 

Jennifer

10 minutes d'écriture

Je me suis sentie inutile quand je travaillais...

... dans ce “journal de consommateurs”.

Ce n'était pas seulement inutile, je me suis aussi sentie torturée.

Comme si je faisais un cauchemar.

Oh mon dieu, j'avais été piégée.

Je n'arrivais pas à y croire!

 

On m'a engagée comme une informaticienne et on me demande d'effectuer des tâches

qui n'ont rien à avoir avec le travail pour lequel on m'engage !

 

Je me suis énormément forcée pour supporter ce travail jusqu'à la pause du midi.

Une fois l'heure de table, je suis partie

sous prétexte d'aller chercher de la nourriture, pour ne plus jamais y revenir.

Nour

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Lettre à ma démission,

 

Bruxelles février 2020 

 

Coucou,

Comment ça va ?

Ça fait des mois et des mois je voulais ça. Je t’avais bien dit qu’un jour je t’écrirais. Je t’avais bien dit qu’un jour l’occasion se présenterait.

Tu sais je me suis bien préparée. Je n’étais même pas encore engagée que je savais que le jour arriverait.

Bon par où commencer?

Comment te dire ? 

Peut-être tu le sais? 

Je suis actuellement dans une fonction, bon tu connais, bon tu me connais.

J’ai acquis une certaine technique, il est vrai. Un savoir, je ne peux pas le nier.

Je suis bien traitée. Mon employeur me considère, bon même si c’est pas gagné.

Mais je m’ennuie, c’est terriblement vrai, j’ai l’impression que jamais je ne pourrais avancer et putain je t’attends et j’ai l’impression que tu n’arrives jamais.

Ce que je veux dire ne veut pas dire que je n’aime pas, au contraire, ma profession je l’aime, mais c’est comme parfois dans la vie il y a des gens que tu aimes mais tu dois les quitter.

Tu sais je m’y suis bien préparée. 

Tu me promets? Tu arrives ? 

Oui, Oui, tu as raison, je devrais me contenter de ce que j’ai. Mais je ne peux pas y croupir ? On est d’accord? 

Allé. 

Je ne travaille pas dans une usine, oui oui je le sais, mais parfois je trouve ça plus noble, pardon je devais.

Je m’attarde trop sur des détails insensés, pour placer des mots qu’on m’a donnés à placer.

Mais l’idée était ? 

Putain tu arrives quand? 

J’ en ai plus qu’assez.

 

Amitiés.

Diana

20' d'écriture

5 mots imposés : démission - usine - technique - fonction - employeur

Règlement de travail

Article 1er - Durée de travail.

La durée hebdomadaire à temps plein convenue est illimitée pour les ouvrier et de 60 heures minimum pour les employés. Ainsi, tant que la tâche demandée n'a pas été accomplie, le travailleur peut considérer la présente entreprise comme sa seconde maison, son repère, sa tanière, exceptionnellement son tombeau. Car comme le dit Shakespeare : "Les hommes doivent souffrir leur départ comme leur venue ici-bas : le tout est d'être prêt". 

Article 2 - Dépassement de la durée hebdomadaire de travail.

Non-applicable dans le présent contrat. Car comme le dit Shakespeare : "Ce sont les étoiles, les étoiles tout là-bas qui gouvernent notre existence". 

Article 3 -  Les horaires de travail sont fixés comme suit : chaque journée de travail débute dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, transport en commun non-inclus. La fin du traval dépend de la capacité de chaque travailleur à se mouvoir en surhomme, comme détaillé dans l'article 1er. Repos accordé : 30 minutes à répartir non pas par jour mais sur les 6 jours de travail par semaine. Car comme le dit Shakespeare : "Il est des coutumes qu'il est plus honorable d'enfreindre que de suivre". 

Le remplacement d'un horaire normal par un horaire flexible sera communiqué en temps et en heure avec application immédiate, mais ne doutez pas que l'annonce sera faite en toute poésie. 

Article 4 - Les jours habituels d'inactivité sont déterminés en fonction de la production, semaine après semaine, évitant ainsi la monotonie des semaines qui se suivent et se ressemblent. Car comme le dit Shakespeare : "Combien le train du monde me semble lassant, insipide, banal et stérile". 

Article 5 - Les jours fériés seront officiellement fériés mais officieusement travaillés. Car comme le dit Shakespeare : "L'espérance d'une joie est presque égale à la joie". 

Noël, Pâques, Toussaint, Ascension et Pentecôte : n'ayant de Dieu que le travail, ces jours ne sont pas considérés comme fériés. 

Article 6 - Rémunération. 

La rémunération est calculée au feeling, à l'instinct, avec en vue l'horizon limpide du lendemain ; mais n'oublions pas tout de même Skakespeare qui écrivit avec grande justesse : "Celui qui accepte avec le sourire d'être volé vole lui-même quelque chose au voleur". 

Article 7 - Augmentation et promotion. 

Ces deux notions donnant l'illusion au travailleur que demain chantera peut-être, alors que peut-être pas, nous préférons les exclure de la dynamique de l'entreprise car comme Sakespeare ne manqua pas de le souligner : "Qui n'a pas d'espoirs n'aura plus de regret". 

Article 8 - Obligations incombant aux travailleurs. 

Le travailleur a l'obligation d'exécuter son travail avec soin, conscience, et sans mot dire car comme Shakespeare le nota un jour : "Les hommes qui parlent le moins sont les plus vaillants". 

Article 9 - Protection des travailleurs. 

C'est mus par cette même citation que les syndicats et toute association de travailleurs sont formellement interdits dans l'entreprise.

Article 10 - Fin de contrat. 

Le travailleur sera remercié sans préavis ni indemnité mais en se souvenant toujours de cette phrase de Shakespeare : "Rien n'est bon ni mauvais en soi, tout dépend de ce que l'on en pense".

Enfin, le travailleur reconnaît avoir pris note avant signature de cette dernière citation finale : "Tout esclave a en ses mains le pouvoir de briser ses chaînes". 

Jennifer

60 minutes d'écriture - forme du texte et genre littéraire imposés

Il se réveille en sueur, haletant, inquiet, l’angoisse l‘étouffe.  Il a ressenti la nette impression de se noyer.  Maintenant il n’arrive pas à bouger, tout son corps est encore prisonnier de ce cauchemar.

C’est vrai qu’il rêve régulièrement de son travail. Et c’est toujours pour faire face à un insurmontable problème, à une course éperdue vers un but toujours plus inaccessible. Cette fois, il devait convoquer en urgence les conseillers et rien n’était organisé.  Contre sa volonté, la réunion se déroulait dans une espèce de hangar croulant dont l’odeur nauséabonde lui donnait des hauts le cœur.  Et puis, sortie on ne sait d’où, une découverte dérangeante qu’il n’arrive pas à définir venait saboter tous ses discours si minutieusement préparés. Mais qui est l’ennemi, qui veut bloquer la bonne marche de l’entreprise ?  Qui a décidé cet audit implacable ? Il cherche à parler à ses collègues mais aucun son ne sort de sa bouche, quelques syllabes brèves à peine audibles l’empêchent de crier. Autour de lui les personnes semblent sourdes, indifférentes.  Mais qui sont-elles ces personnes ? Des silhouettes floues, qui disparaissent à peine entrevues. Le sol tout à coup se dérobe, il trébuche, il suffoque…

Il se réveille, émerge lentement de ce cauchemar horrible qui le perturbe au-delà de tout raisonnement.  Chancelant, désorienté, il n’est pas prêt à se rendormir. 

Et si la réalité dépassait la fiction ?    

Jeannine 

  20' d'écriture

5 mots obligatoires : Conseillers - minutieux - audit - découverte - réunion 

Jouer et travailler c'est quand même a priori deux mots qui ne se marient pas très bien. 

Dedans, ça l'inonde, ça le fissure, il se sent devenir rouge et moi, je crains son pétage de plomb. 

D'ailleurs, voilà, j'essaie d'écrire une histoire sur les animateurs de l'école de ma fille mais ça ne marche pas terrible. 

Je voulais écrire sur Mohamed parce qu'il est tout le temps souriant Mohamed mais il a toujours quelque chose de révolté dans les yeux. Je retente quand même. 

3 ans de promesses et toujours pas de titularisation alors la parade de l'échevin à l'instruction publique pendant la fancy fair de l'école, ça le met hors de lui. Monsieur le showman avec sa ceinture tricolore à la con. Alors, c'est le moment. Le micro, c'est bien Mohamed qui le tient pour annoncer le numéro gagnant de la tombola. Le grand gagnant, ce sera l'échevin, tiens. Non, il ne le fera pas. Pas cette fois, pas comme ça. Car si dedans, ça l'inonde et le fissure, dehors, partout, les enfants jouent. 

Jennifer

10 minutes d'écriture - texte inspiré par l'association des mots "travail" et "jouer"

Non je ne reprends pas le service, je ne ferai pas d'heures supplémentaires, je ne reviendrai pas dans l'arène, je ne tomberai plus dans la gueule du monstre. Le monstre c'est moi. 

Je vous avale sans ménagement. Je vous licencie. Je vous remercie. Je vous dégage.

Je dérégule vos habitudes. Je fais valser les stratégies. Elles vous reviennent en pleine face, elles vous labourent le front, il n'y a plus d'horizon, et vous n'avez pas le mode d'emploi. 

Je dézingue les positionnements 

Mes stigmates deviennent vos plaies

vos peaux sont à mises nu 

vos chairs sont vulnérables

Je vous défigure avec vos valeurs et vos plaidoyers. Et plus vous détournez les yeux, plus je tape fort les têtes. Je vous flingue. 

Il n'y aura pas de départ en avance, pas de congés, pas de certificats, pas de contrat, pas d'avenant. Il n'y a plus d'échappatoire

Je débite votre cirque et vos sourires de plus-value

Je vous tiens sous l'eau

Je vous noie 

dans les ordres du jour

les groupes de travail

les comités de pilotage

les projets par spécialité

les fiches de prestations

les rapports d'activités

les pots de départs

les goûters de Noël

les mises au vert

les conseils d'administration 

et tous les conseils de soumission à la grande-terreur-du-groupe

Le-groupe-a-dit vas à gauche, vas à droite, ne dis pas ça, fais bonne figure, tais-toi, tu manges quoi, pourquoi tu manges ça, tu sors, tu vas où, t'étais où, attention, oui, non, tu devrais faire gaffe, c'est quoi cette jupe, tu as reçu le mail, tu n'aurais pas dû dire ça - mais tu as raison, tu as pris du poids, tu as perdu du poids, on est une famille, tu viens au drink, reprends de la tarte, la direction veut te voir

Vous êtes décomposés

Vous êtes dilués

Vous êtes dissous

Je vous recrache

Je suis libre

Val

40' d'écriture - style imposé

Mots obligatoires : Service - Spécialité - Heures supplémentaires

Ici repose le travail gratifiant

étranglé de sang froid 

par le 

caca

pipi

talisme 

passe ton chemin toi qui t'arrête ici

et souviens toi que tu vas souffrir

Val - thème imposé

Je me souviens quand je travaillais dans ce service communication d’une intercommunale.

Je me souviens de la pointeuse et de ses cartes saumon

Je me souviens de la vitre que la chef avait fait placer à sa porte pour pouvoir nous surveiller, son assistante et moi

Je me souviens du bureau de la grande chef, souvent habillée en blanc, à côté de notre bureau, et de ses six assistants très sages et très silencieux

Je me souviens qu’on m’a reproché d’avoir regardé le lustre pendant une réunion.

Je me souviens des textes 1000 fois changés pour le plaisir de me faire recommencer, comme dans "Stupeur et Tremblements" d’Amélie Nothomb.

Je me souviens d’avoir appelé celui qui m’avait précédé à ce poste et de l’avoir entendu dire qu’il était monté au 9e étage avec l’intention de se jeter par la fenêtre quand il occupait ma place

Je me souviens d’avoir appris à courir à la pointeuse et à enlever mon manteau après, comme les autres, pour gagner des minutes

Je me souviens des plaques rouges qui sont apparues subitement dans la cou de ma chef quand je me suis finalement opposée à elle

Je me souviens de ces trois mois d’indemnités de préavis qui étaient une des plus grosses sommes que j’avais jamais reçue en un coup et de tous les possibles qu’elle avait permis

Chantal

Forme imposée - 10 minutes d'écriture

Je me suis sentie inutile quand je travaillais. C'est arrivé plein de fois, ça arrive encore et ça arrivera forcément. Une fois, ce sentiment m'a prise tellement violemment que j'ai oublié comment je devais cliquer. J'ai levé les yeux et j'ai regardé tous mes collègues occupés, tellement plus occupés que moi et ce sentiment m'avalait, seconde par seconde, clic sans déclic, inutilité sans bruit, maladie psychologique de ceux qui se sentent vains dès que la mer est calme, refusant la vague qui se retire, le sable qui sèche, la marée basse qui n'appelle que la marée haute, refusant la logique et le raisonnable. Comme quand on enlève soi-même un plâtre avant d'être guérie. 

Ce matin, j'ai dit à mon boss que je ne travaillerai pas la semaine prochaine. Ik ben te moe, je suis trop fatiguée et avec la fierté de celle qui avance dans sa propre tempête, j'ai choisi ma propre inutilité. 

Jennifer

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Dans ce travail…

J'aimais la diversité des sujets à traiter.

Je n'aimais pas devoir sautiller d'un sujet à l'autre sans jamais pouvoir approfondir.

J'aimais voir le résultat immédiat de mon travail, écriture, relecture, mise en page, édition, parution.

Je n'aimais pas être soumise à un comité idéologique, et être attendue au tournant de mon université, de mon athéisme.

J'aimais le prestige du nom du journal où je travaillais.

Je n'aimais pas découvrir les faux semblants sur lesquels ce prestige reposait.

J'aimais les coulisses du métier.

J'aimais être reconnue comme une orfèvre de la langue, avec ma pile de dico et de manuels à portée de main.

J'aimais appartenir à une équipe, les échanges et les bonnes idées qui en naissent.

J'aimais m'y être fait des amis. 

J'aimais croire que tous étaient des amis.

Je n'aimais pas m'être trompée : c'étaient des prédateurs, ou des envieux.

J'avais aimé être traitée en mascotte, en égérie.

Je n'aimais pas me sentir leur chose.

Je n'aimais pas leur machisme dissimulant mal leur misogynie.

J'aimais l'apparence de solidarité féminine qui s'était installée entre les rares femmes.

Je n'aime pas l'abandon où elles m'ont laissée.

Je n'aime toujours pas la trahison dont j'ai été l'objet, la victime.

Je n'aimais pas la dépression qui a conclu cet épisode, les envies de meurtre qui ont peuplé mes nuits pendant des années, 

Je n'aime pas avoir rêvé d'y revenir la tête haute pour y reprendre MA place dans MON journal.

Véronique

Forme imposée

Certains en parlent comme d'une mode, comme ils le feraient de l'intolérance au gluten ou des HP. Pourtant, le burn-out est une pathologie bien réelle, distincte de la dépression. Elle frappe les gens dans leur capacité à travailler. Elle les rabougrit, les ratatine, les dessèche, les rend inaptes à poursuivre, comme vidés de leur substance. Elle frappe préférentiellement ceux jusqu'alors très impliqués dans leur travail, qui le vivaient comme une mission. Elle se résout souvent, malheureusement, par un changement radical, non d'employeur, non de fonction, mais carrément de métier. C'est une fin favorable si elle n'a pas aussi emporté sur son passage la vie de couple, la vie de famille, les amitiés.

Véronique

10 minutes d'écriture

Cet open-space sent la moquette. Comme beaucoup d’open-spaces. Tu marches, mais c’est suffisamment silencieux pour ne pas attirer trop l’attention et détourner du travail tes collègues à leur poste. Emails, newsletters, modifications de textes, mises à jour du site web. Page actualisée. Next action. Bruits de vaisselle un peu plus loin. Bientôt l’heure du lunch. Souvent, le manager programme un team meeting juste après, comme ça, ça cadre bien ta pause du midi en mode digestion. C’est à ce moment que les premiers soupirs retentissent. Ceux-là, la moquette ne peut pas les étouffer. Tu les entends et tu te dis « ah tiens, ça me donne aussi envie de soupirer ! ». Et voilà le début d’une nouvelle partition, composée de soupirs, de silences, de croches. La gamme est mineure, souvent, dans les open-spaces. Il y a des bémols par ci, des accidents par là. Et finalement, ça crée une certaine harmonie qui te donne envie de rester bien planqué.e.

Ayla

20 minutes d'écriture - 5 mots imposés

Cher travail en open-space, cette lettre va t’empêcher de dormir ce soir. Elle va aussi gâcher tes prochaines nuits, et toute tentative de prendre du plaisir dans ta vie ces prochaines semaines. Ne t’inquiète pas, cela ne sera que temporaire, comme toujours.

Travail en open-space, je te quitte. Je quitte ta moquette puante, tes plantes aseptisées, l’odeur de soupe trop salée qui émane de tes espaces de détente tout-à-fait contractés. Je quitte tes nœuds virtuels, tes carrés lumineux, ta répartition départementale.

Je quitte ton aménagement stratégique pour favoriser la créativité, ta médiocrité sensible à appréhender mes aspérités.

Je te quitte, travail en open-space, même si je sais que je vais rester encore un certain temps dans l’ambiguïté. Désolée d’avance. Mais au fond, je sais que je recherche autre chose. Et toi, tu mérites mieux qu’un engagement dilué. J’ai semé des graines d’amour dans notre relation, mais n’ai récolté qu’un germe déformé. D’emblée bouffé par les insectes frustrés par leur immobilité.

Ceci est un adieu, travail en open-space. Ce n’est pas toi, c’est moi. Si tu étais un Roi, je serais ton bouffon. Je suis désolée, mais je ne t’aimais qu’à moitié. J’ai essayé, je te le jure. J’ai essayé et, aujourd’hui, je me sens coupable car j’ai tant pensé à te tromper. J’aurais fini par le faire. Estime-toi heureux que je te débarrasse de mon petit cœur crapuleux et impur.

Tu mérites mieux qu’un amour impur. Tu mérites l’inconscience libérale des ambitieux et des exécutants.   

Adieu. En attendant, je te garde sous le coude.

Ay.

Ayla

20 minutes d'écriture - forme imposée

Harasseur : n.m. 1. Professionnel extrêmement fatigant, éreintant dont la mission principale est d’aborder des personnes, principalement dans son équipe, en leur désignant plusieurs tâches d’affilée et, si possible, à travers les codes de la communication violente. // 2. Se dit également d’un torréfacteur de châtaignes dans les arts culinaires.

Ayla

Définition d'un métier inédit

Il était une fois un ramoneur qui était terriblement maniaque. Il ne supportait pas avoir les mains sales et passait ses journées tendu, se frottant énergiquement les mains et soupirant. Désespéré, ayant perdu le goût de la vie, il souhaitait souvent tout recommencer. 

C'est cependant dans la quête de renouveau que s'exprime le désir profond, l'envie essentielle d'exister. C'est un défi que saisissent parfois les plus fatigués, au moment même où ils n'en sont plus capables. 

Il devenait donc inutile. De là à se sentir condamné, ou simplement devenu une charge pour les autres, pour la société, il n'y avait qu'un pas, que certains refuseraient de franchir. 

Franchir les limites, explorer l'au-delà des normes sociales. Voilà toujours ce qui menaçait. La contestation, la remise en cause de l'autorité. Cet appel vers la liberté totale a explosé tel une bulle à la quarantaine. La soupape a cédé et la décompression a pris quelques années avant de retrouver un équilibre et les réalités. 

Texte collectif, rédigé sur le principe du cadavre exquis.

Une petite pièce dans laquelle deux bureaux se font face. Une fenêtre par lequel le soleil entre généreusement. Quelques affiches au mur et sur les bureaux, des photos d'enfants...

Virginie et Bryony

Mots imposés

Mon travail est-il pénible ? Mon travail me demande-t-il un effort contre rémunération ? En d’autres termes est-ce que je mérite mon salaire ? L’on associe souvent un travail pénible à un travail physique et méritoire. Or le seul moment où je sens la sueur perlée sur mon front ou dans mon dos sont les dix minutes que je fais d’un bon pas le matin jusqu’à mon travail. Pourtant physique ne renvoie-t-il pas à la physique, aux rayons, à la lumière ? Et bien il y a un axe que les acteurs du bien-être ont totalement abandonné, c’est celui des dommages causés par l’exposition aux écrans. Le paradoxe, le non-dit, est qu’on ne devrait pas s’exposer plus de deux heures aux écrans de téléphone, aux jeux, mais on peut travailler huit heures devant un ordinateur. J’ai perdu tout métier mais à ma façon j’accomplis une mission car aujourd’hui mon travail remporte mon adhésion personnelle.

Anne-Laure

20 minutes d'écriture - 5 mots imposés (métier, sueur, salaire, mission, façon)

Nous avons été accueillies avec ma collègue au même étage que tous les autres. Mais, parce que, ai-je pensé, notre arrivée avait été mal préparée, je me suis retrouvée dans le bureau des archives, tout poussiéreux, encombré d’armoires métalliques. Ce n’est qu’à l’instant où j’écris ces lignes que je comprends l’ampleur des détails qui m’ont fracassée dans cet emploi.

Anne-Laure

10 minutes d'écriture

« Tu n’as qu’à te mettre en congé maladie » me dit ma collègue. Je me crispe. Je me demande pourquoi elle me dit ça alors que j’ai simplement besoin de vacances, vacances que les RH refusent de m’accorder puisque c’est ma première année de travail en Belgique. J’y songe, puis je me rends à l’évidence, la tâche de la RH n’est pas de s’assurer que je me sente bien mais d’appliquer les règles. Elle m’a suffisamment répété qu’elle ne pouvait pas y déroger.

Me voici chez un médecin que je ne connais pas. Elle est jeune elle aussi, elle me pose beaucoup de questions sur mon état nerveux. Ce sont des questions orientées, qui ne sont donc pas neutres du tout. Elle peint un portrait de moi au bout du rouleau. J’en viens à me demander si je ne suis pas en pleine dépression, mais je ne dis rien de plus.

Sentant ma réticence, elle s’exclame d’un coup « mais vous ne pouvez pas tenir tout ce temps sans vacances ! » et je la regarde béatement rédiger une prescription pour un « repos total de deux semaines ».

Je prends l’ordonnance et je rentre chez moi complètement sonnée par la signification de ce morceau de papier : je ne retournerai pas à mon poste du tout, puisque mon contrat se termine dans exactement deux semaines.

Pourquoi alors accepter ce congé maladie ? Pourquoi ne pas tenir encore quinze malheureux jours ?

Sur le moment j’étais trop épuisée pour y repenser, mais avec le recul j’ironise : 

tout l’art de gérer sa fatigue, sa tension, son ennui est finalement de jouer sur le système, de faire payer cette fatigue aux autres – à l’Etat ! Lui qui nous facture bien notre santé n’a qu’à pallier au manque de flexibilité des entreprises qui nous emploient…

B.U.

20 minutes d'écriture - mots imposés : tâche - facture - poste - maladie - art

Mon cher gagne-pain,

Je voulais t'écrire ces quelques mots pour te dire que l'on ne se reverra plus. Peut-être es-tu surpris, peut-être pas. Il est évident que tu m'as permis pendant ces quelques années de pouvoir vivre, manger presque normalement tout en continuant d'autres activités bien moins rémunératrices. Je t'en remercie d'ailleurs. Tu me permettais aussi de garder un pied dans un monde plus normal qui me faisait du bien, je dois le dire. Se lever tôt, avoir des horaires fixes, parler avec d'autres personnes au moins une fois par jour et avoir vaguement l'impression de servir à quelque chose. Cela m'a aidée, je crois, à tenir quand tout était si bousculé, si incertain. 

Mais je dois te dire que je n'ai pas aimé ce que tu as révélé de moi. Forcée par la réalité, efficace car devant l'être, je me suis découverte brutale, cynique et cassante. J'ai toutes les excuses, car ce que tu me proposais était ingrat, mais je t'en veux de m'avoir poussée à me montrer si dure envers ce qui demeure encore des enfants. Tu me diras que c'est le jeu, que ce rapport de forces est constitutif pour eux aussi. Il n'en demeure pas moins que mobiliser une telle énergie dans une optique de domination sans réflexion, aucune, ne fabrique rien de bon, j'en suis sure. 

Mon corps a fini par me le dire, car la violence que je produisais, je me la faisais subir à moi aussi. J'ai depuis appris qu'il existe d'autres manières de faire, que l'on peut apprendre à enseigner et appréhender un cours d'une manière réfléchie tout comme la relation que l'on va établir. 

Je ne dis pas que c'est plus facile, mais on en ressort moins sale et la difficulté devient constructrice en ce qu'elle pousse à chercher, à continuer la réflexion. 

Je ne reviendrai donc pas vers toi. Tu vas rester un souvenir de ces années où j'étais prête à tout, où je ne me mettais pas de limites. Des années violente... vraiment. Le goût de l'intense ne parvient pas à rendre cette violence excitante, je regrette. 

Je choisis donc la douceur ou, du moins, d'y aspirer. Il n'existe pas de métier qui nous demande tant de sacrifices, en tous cas, je ne veux plus faire ainsi. 

Je te fais confiance pour trouver de nouveaux nécessiteux d'un salaire vite et fort gagné. 

Je te souhaite de grandir, de te questionner sur ce que tu es, car ton impact est plus fort que tu ne le penses. 

Bon vent ! 

Virginie

A propos du travail d'enseignant-e remplaçant-e

20 minutes d'écriture - forme imposée

Ce travail est presque exclusivement informatisé.

Les tâches se répartissent à la fois sur une journée, le matin les paiements, l’après-midi les attestations, et sur l’année. Mais en ce moment, ça ne va pas. J’ai saisi après la première journée d’atelier d’écriture mon email pour m’affirmer un peu et écrit à quelques collègues de ne pas confondre urgence et précipitation.

Autrement, les actions se répartissent sur l’année au rythme de toutes les 2 ou 3 semaines. Après réunion solennelle des responsables, je mets en forme le courrier, assénant les décisions qui les concernent aux bénéficiaires. Je suis la seule à les nommer ainsi. D’autres préfèrent le terme d’usager ou de clients, c’est libre. Après avoir imprimé les courriers, je les scanne, les nomme sur le répertoire informatisé et les mets sous enveloppe. De la réunion à l’envoi des courriers, s’écoule une semaine, où d’autres tâches sont exécutées par mes collègues, des corrections, des paiements.

La semaine ou les deux semaines qui nous séparent de la réunion officielle suivante, je participe à encoder les propositions de décision à caractère social qui vont affecter les usagers. Mais ces derniers temps, j’ai tellement croulé sous les paiements et les attestations que j’ai été écartée malgré moi de cette opération.

Participer à cette tâche m’intéresse pourtant beaucoup même si je l’appréhende et ne suis pas opérationnelles à cent pour cent mais j’admets volontiers que l’on me contrôle.

Cette tâche d’encodage des propositions consiste à parcourir très rapidement certaines informations confidentielles parce que privées mais décisives et à enregistrer des codes alphabétiques et numériques. Cette tâche m’intéresse non pas parce qu’on y lit de l’information privée mais parce que j’ai ainsi l’occasion de poser mon regard, mes yeux, sur autre chose que mon écran d’ordinateur. De la même façon, je n’ai pas attendu les conseils pour saisir des occasions de me lever et de marcher jusqu’à d’autres collègues.

Mon travail est de 7h30 par jour en moyenne mais les horaires flexibles bien que très très bien me font retomber dans les mêmes erreurs. Je dois bien avouer que depuis ce harcèlement dans cette grande institution européenne ainsi que d’autres outrages, mon rapport de plaisir au travail a disparu. Je passe moins de la demi-heure réglementaire en heure de table et me surinvestis en dehors du travail.

Anne-Laure

40 minutes d'écriture - style imposé

Je t'écris ce soir parce que je ne reviendrai pas. Je t'ai déjà dit plusieurs fois que notre relation ne me convenait pas. Tu ne l'entends pas. Tu demandes trop, de plus en plus. J'ai le sentiment d'être contrôlée, muselée et ce n'est pas vivable pour moi. 

Tu exiges de savoir pourquoi je n'ai pas répondu à tes appels incessants mardi soir, pourquoi je n'étais pas disponible ce fameux dimanche de septembre ? La réponse est simple : parce que je ne t'appartiens pas. 

Je m'en fous de ta grande famille, de tes barbecues annuels, conjoints et enfants admis. Je n'ai aucune envie de faire partie de ta famille. 

Tu vas sûrement me parler de l'engagement que j'ai pris envers toi, de prester ces heures interminables, l'engagement de m'investir en toi, de t'aider à vivre et à croître. Soit je l'ai signé mais cette signature ne me retient plus. Toi aussi tu t'étais engagé ! Engagé à me respecter, à me considérer comme une humaine à part entière, et devine quoi : tu n'as pas tenu tes promesses non plus. Je ne retrouve rien d'humain dans ce qu'est devenue notre relation. Rien de respectueux non plus. 

Tu n'acceptes pas mon absence lors de l'hospitalisation urgente de mon fils ? Mais mon fils aura toujours la priorité sur toi ! 

Je ne t'ai jamais dit que tu m'étais indispensable pour vivre. 

Je ne t'ai jamais fait croire que je n'avais que toi dans ma vie. 

Je te quitte, en étant certaine que tu vas vite me remplacer. 

Evitons donc les larmes et autres exagérations inutiles. 

Je ne te dis pas qu'on peut rester amis, honnêtement tu sais très bien que rien ne nous permettra jamais d'être amis. Nous n'avons tout simplement rien en commun. 

Valérie

20 minutes d'écriture - forme imposée 

À l'époque, je travaillais beaucoup, parfois en-dehors des heures de travail et pendant les weekends. Quelquefois, il y avait beaucoup de stress dans mon travail et je n'avais pas le temps de manger pendant la journée. Quand je rentrais à la maison après le travail, j'étais pressé, je n'avais pas la patience de manger doucement et j’engloutissais la nourriture rapidement. Ce n’était pas très sain du tout.

Bozhill

Je me suis sentie utile quand je travaillais dès le début de ma carrière.

Jamais je ne me suis ennuyée.

A chacun de mes départs, j’ai été remplacée par deux personnes tant j’avais donné de l’ampleur à la fonction que l’on m’avait confiée.

« Le travail c’est la santé » disait la chanson, « travailler pour deux c’est le conserver » était mon crédo.

Cela a toujours arrangé les entreprises et mes nombreux patrons avant que je m’écroule.

Durant la première moitié de ma carrière j’ai travaillé dans des départements de ressources humaines, toujours dans des rôles d’assistantes ou de spécialiste.

Dans la seconde partie de ma vie professionnelle, je suis devenue l’assistante executive de hauts responsables dans l’industrie pharmaceutique.

Faciliter la vie d’autrui au travail et ailleurs a toujours été mon moto. Je pense que je m’y suis un peu perdue.

Isabelle

10 minutes d'écriture - Je me suis sentie utile quand je travaillais