métiers

Artisan-fromager

Le travail dont je veux vous parler est celui d’artisan-fromager. Il m’est arrivé de voir des reportages sur des personnes qui se sont réorientées, et en particulier celui d’un jeune informaticien qui un jour avait suivi une formation d’affineur, et qui depuis avait reçu plusieurs récompenses pour son fromage. Je n’ai aucune idée de ce à quoi peut ressembler son quotidien. Cultive-t-il le fourrage des vaches, les traie-t-il lui-même ?  

Mais quand je vois les hautes étagères, appelées bibliothèques, remplies de grandes meules dorées, ce métier me paraît rempli de poésie... 

Sonia

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Astronaute

Si j’étais une astronaute, j’explorerais les galaxies pour trouver de nouvelles vies. Peut-être je rencontrerais des extraterrestres et parlerais avec eux. Si j’avais la possibilité de m’envoler dans le vaisseau spatial, je ressentirais l’apesanteur et la gravité.

Nathalie

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Blanchisseuse

Aujourd’hui, c’était notre dernier jour de travail. C’est fini. Le petit Ruys nous a donné notre congé. Il nous a dit en riant « Vous êtes des vraies bécasses. Vous auriez dû le voir venir quand les Menko sont arrivées que vos compétences ne seraient bientôt plus utiles ici. Les femmes ne savent pas faire tourner le monde ! Heureusement qu’on est là !» Avec Lucille, on a ri. On riait et on pleurait en même temps. Quitter des habitudes, ça fait toujours quelque chose au cœur mais on était surtout épuisé. J’avais des ampoules dans le creux des doigts d’avoir frotté avec ardeur les draps du Métropole sur la planche à laver pour la dernière fois la veille et d’autres dans l’interstice entre mon pouce et mon index d’avoir tourné une clé à molette les 9 dernières nuits avec mon Léon, qui installait les Menko.

Voir la vie entre les fentes de mes paupières, ressentir mes pas comme si ce n’était pas réellement les miens. Rire. Rire encore. Rire. Tout cela, ça rend la vie plus intense.

C’était étrange de se dire qu’on ne ferait plus cette ascension jusqu’au domaine, mais Lucille et moi on était tranquille. Avec notre Léon, on avait choppé une des Menko et on partait s’installer sur Lille pour ouvrir notre blanchisserie de quartier. Enfin, on était tranquille mais un peu inquiète qu’on nous repère. Qu’on nous arrache notre rêve, qu’on nous fume notre amour interdit. Le petit Ruys, il a toujours été mauvais en calcul. Avec notre Léon, on l’avait joué finaude. Fallait juste que ça soit juste ce petit crevard de Ruys qui s’en occupe et normalement, il ne le verrait pas. On a eu de la chance, il ne l’a jamais vu.

C’était ma rencontre avec des machines industrielles et le début de l’automatisation des machines à laver. Quand on regarde les engins du jour, ça semble incroyable la peine qu’on a eue de perdre nos emplois et l’enthousiasme qu’on a eu quand on a commencé à faire tourner notre wash’erette.  Tous les ans pendant plusieurs années mais pas à la même date, avec notre trio du love, on faisait une virée uccloise pour aller pisser dans quelques cuves de machines et glisser quelques clous. C’était notre manière de nous venger de ces années de larbin, ces années à mordre sur notre chique face au petit Ruys.

Être blanchisseuse c’était un job qui ne ramenait pas grand-chose et en plus tu devais te taper le sexisme du patron. Je ne comprendrais jamais comment on peut se dire qu’on fait du bien en traitant aussi mal des gens.

Je n’ai plus jamais frotté de vêtement par la suite. On m’appelait la mécano.

SAm

25 minutes d'écriture - texte inspiré par un objet exposé au Musée bruxellois des industries et du travail

Chauffeur-euse

Si j'étais un conducteur de bus je conduirais un bus, je veillerais à la sécurité des passagers pendant le trajet, je respecterais le code sur la route, je serais très prudent quand je conduis le bus, je m'arrêterais à chaque arrêt de bus et attendrais patiemment que les voyageurs montent dans le bus et finalement, je maintiendrais le bus propre.

 Bozhill

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Clown

Avant de partir, Monsieur Caracole a donné un bisous à son épouse qui était en train de préparer sa petite valise pour sa conférence à Paris.

Leur fille et leur fils avaient déjà pris le premier train du matin pour aller suivre leur cours de médecine à l'université.

Mr Caracole, pensif, s'éloignait de la maison en marchant calmement vers l'arrêt de bus.

Il était un peu plus calme aujourd'hui, l'air encore très triste, mais cette tristesse disparaîtrait sûrement comme tous les jours à l'entrée de l'hôpital où Mr Caracole travaillait en tant que clown.

Il y a une semaine, un enfant gravement malade avait perdu la vie.

C'était une passion pour Mr Caracole de passer toutes ses journées à faire des choses drôles pour les enfants hospitalisés qui ne vivraient pas longtemps et à les rendre heureux comme le clown qui l'avait fait rire énormément lorsqu'il avait été une fois hospitalisé dans son enfance et avait miraculeusement guéri de sa maladie incurable.

Nour

Décorateur.trice

Si j’étais conceptrice de décors de théâtre, je serais bricoleuse, j’aurais le sens de la spatialisation et des couleurs. Aucun jour ne ressemblerait au précédent, car il y aurait autant de décors que de pièces de théâtre. J’aurais beaucoup de travail de recherche préparatoire pour m’imprégner d’une époque et d’un univers. Les réunions d’équipes avec les différents intervenants seraient fréquentes : metteurs en scène, acteurs, scénographes, costumiers, techniciens du son et des lumières...   

Sonia

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Dompteur

Si j’étais dompteur de fauves, je me réveillerais le matin dans ma caravane, identique aux caravanes de autres membres de la trouve du cirque. Dans ce petit espace j’aurais toute ma vie, quelques habits de ville et des costumes de cérémonie, tous plus chatoyants les uns que les autres ; une coiffeuse en acajou, devant laquelle je me maquillerais avant chaque représentation. Dans cette caravane j’aurais aussi quelques livres : des biographies de dompteurs de fauves célèbres, des manuels d’éthologie et d’histoire du cirque. Chaque matin je me réveillerais dans cette caravane, dans une ville différente, chaque semaine, au gré des tournées de notre cirque. Mes matinées seraient consacrées à prendre soin des animaux que le grand public pense être féroces et sauvages. Moi je sais que ce ne sont en fait que de grands chatons un peu patauds et parfois maladroits dans leurs gestes. J’aime être en contact avec eux, leur parler, leur communiquer la passion du public, faire en sorte qu’ils n’aient plus peur des cris des enfants et des applaudissements. Les rassurer.

L’après-midi je prendrais du temps pour moi, me reposer et me concentrer pour le soir et le grand spectacle. Malheureusement, dompteur de fauves, ça n’a plus d’avenir. En effet, les cirques ne pourront bientôt plus avoir d’animaux sauvages et je devrai ranger mes fouets et costumes à paillettes. Alors je me reconvertirai et me contenterai de dompter les puces de mon chat Minouche.

Zoé

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Femme de ménage

Annonce : cherche femme de ménage pour le 14/10

 

Mettre en ligne à 12h50 votre annonce pour le jour-même témoigne autant de votre organisation déplorable que de votre mépris de classe. C’est plus une offre d’emploi c’est une livraison !

Vous voudriez qu’en 4h une femme de ménage (une femme forcément puisque votre condescendance semble ne pas se priver de sexisme) une femme vienne faire le ménage dans votre appartement dont vous venez de terminer la rénovation.

Félicitation.

Payer au lance pierre une personne précaire pour laver un chantier, à plusieurs dizaines de milliers d’euros, qui augmente la valeur de votre bien, fait montre d’un cynisme assumé. Ce sentiment de légitimité construit sur des années. Parfois des générations. Ce bon droit s’accompagne souvent de la plainte face aux gens qui ne veulent plus travailler. 

Lavez vous-même votre appartement. Vous sentirez dans votre chair que ces 4h dure 3 jours. Vos courbatures vous le rappellerons. 

Être à quatre pattes dans votre crasse n’est pas humiliant en soi. L’humiliation est dans votre regard, votre attitude. Laver est une tâche noble, un ceva en Inde. une prière.

La crasse est dans votre bouche et en cet instant dans la mienne. 

Mal à vous,

Thierry

Lettre de non-motivation

Laborantin.e

Ma mère était sous-cheffe dans un laboratoire de biochimie d’un hôpital bruxellois. Aujourd’hui elle est retraitée depuis de nombreuses années. Comme sous-cheffe, elle avait des longues journées et ne quittait le labo qu’à l’arrivée de l’équipe de nuit pour s’assurer que les machines servant aux analyses fonctionnaient correctement. Il lui arrivait de ramener du travail à la maison. Elle me demandait alors de l'aider à vérifier les résultats d’analyses de patients. Je parcourais avec elle les colonnes comportant plusieurs centaines de valeurs avec des virgules. Après l’école, il m’arrivait de me rendre au labo pour rentrer avec elle le soir. J’étais toujours fascinée par son univers étrange : le bruit haché des machines, les tubes en verre remplis de réactif aux couleurs pastel, les odeurs pénétrantes de produits... 

Sonia

10 minutes d'écriture - thème imposé

Lamineur-euse

Je sentais la chaleur m’envahir, mes joues étaient en feu. Même collée contre le poêle de mes grands-parents, je n’avais jamais ressenti une telle chaleur.

Je regardais les couleurs qui faisaient naitre cette chaleur, effrayée. Le rouge, l’orange, le jaune sortaient d’une grosse bouche de métal en branlant et en brayant. Les couleurs devenaient des cercles, je ne pouvais même imaginer les toucher, même si l’envie était là, même si les cercles étaient mous, comme une spirale jouet dans les mains d’un géant. Si j’étais un géant, j’aurais pu jouer avec.

La bande passait en dessous de nous, les couleurs s’estompaient, refroidies. Ma mère me tenait la main, j’étais une gamine de 5 ans. Elle ne disait rien, car le bruit nous faisait nous comporter comme des sourds-muets. Mais j’avais bien compris ce qu’elle voulait me dire : le lamineur, c’était là son travail dans l’usine.

Mara

10 minutes d’écriture – thème imposé

Malletier - malletière

Profession : ‘malletier, malletière’

 

Toute ma vie j’ai été malletière. Ce métier je l’ai rencontré par hasard. Il a croisé mon chemin pour devenir LE chemin. Je n’avais alors aucune qualification et n’avais absolument jamais entendu parler des malletiers et malletières auparavant. Aucune surprise en cela tant cette profession est confidentielle et exercée par un petit nombre d’élu.e.s. Dans mon cas, c’est le destin me l’a imposée et je l’ai accueillie gaiement. Les malletiers et malletières ne le deviennent que par copinage. En effet, il faut connaître du monde, avoir des contacts, comme on dit pour espérer pouvoir entrer dans la profession.

A cette époque, mon cousin travaillait au Ministère de l’Intérieur en France. C’était mon cousin préféré et nous étions très proches. Suivant son exemple, j’avais brillamment réussi le concours d’entrée pour Sciences Po Paris. J’ai lutté, lutté mais rien n’y pût, j’avais senti dès le début que ce n’était pas pour moi et après 3ans de travail acharné, bourrage de crâne et efforts d’intégration, j’ai fini par accepter mon sort et laissé tomber. Voyant mon désarroi et mes difficultés à trouver ma voie, mon cousin a alors pris les choses en main et organisé une rencontre avec un jeune et talentueux chef de cabinet du Ministère de l’Intérieur. Il avait, disait-il, décelé quelque chose en moi et souhaitait qu’un œil externe avisé confirme son intuition. S’en sont alors suivies trois étranges entrevues avec le fameux chef de cabinet. Il était, il faut bien l’avouer jeune, talentueux et d’une beauté saisissante qui plus est. Il était du genre de talent qui vous pétrifie tant il est écrasant et impressionnant. Il était du genre de beauté qui vous électrise et vous empêche de détourner le regard. Et moi j’étais du genre à relever les défis et ne pas me laisser impressionner. Ces trois entrevues n’étaient en fait rien d’autres qu’un processus d’embauche dont je ne savais rien. Il a évalué ma loyauté, mon goût pour le secret, ma capacité à tenir ma langue. Il a essayé de me faire parler. Et moi j’ai parlé, avec cette langue de bois typiquement scienpiste que je prenais plaisir à user pour répondre sans jamais répondre, brouillant juste habilement le discernement de mon interlocuteur.

Compétitrice et désireuse de plaire, j’ai sans surprise réussi haut la main réussi tous ses tests, évité ses pièges et même dépassé ses attentes, m’avouera-t-il bien des années plus tard. C’est ainsi que j’ai été sélectionnée. J’ai qui plus est le profil idéal. Jeune fille blanche, de taille moyenne à la beauté standard, issue d’une famille aisée de la bourgeoisie parisienne. J’ai toujours su profiter adroitement des avantages offerts par mon ascendance tout en me rebellant contre la fausse droiture de mes géniteurs. Séduisante mais pas trop, je plais facilement sans trop attirer les regards. Belle parleuse mais pas trop, je sais comment amadouer mes interlocuteur.rice.s sans les brusquer. Discrète mais pas trop, on remarque ma présence pour aussitôt l’oublier.

Après avoir été sélectionnée, j’ai exercé deux semaines en binôme avec ma prédécesseuse qui m’a transmis les ficelles du métier avant de se retirer. Elle m’a appris à capitaliser sur mes nombreux atouts et prédispositions naturelles à l’exercice de cette fonction clé. J’avais 20ans quand j’ai commencé et je n’ai jamais changé de métier. Être malletière au service du Ministère de l’Intérieur, servir la France, m’a apporté une indescriptible satisfaction. J’étais de toutes les tractations, médiations, rencontres de complaisance et rapprochements diplomatiques. Toujours j’avais le beau rôle mais aussi le plus subtil et risqué. Jamais je n’oublierai le clic clac de la mallette qui s’ouvre pour dévoiler les cadeaux gracieusement offerts par notre grand pays qu’est la France.

Beaucoup interpréteront mal ma profession, m’accuseront de corruption. J’y suis bien peu sensible. Ces critiques ne révèlent que l’incompréhension du peuple des us et coutumes politiques français, de la bien nommée diplomatie à la française. En interne comme en externe, j’ai travaillé avec acharnement et professionnalisme. Aujourd’hui, je suis fière d’avoir servi mon pays, d’avoir voué ma vie à notre grande nation française, d’avoir croisé le chemin et serré la main des plus grands de ce monde. C’est moi qui allumais dans leurs yeux la flamme de la cupidité. C’est moi qui apaisais les tensions. C’est moi qui relançais des négociations réputées impossibles. C’est sous mes yeux que, bien loin des discours politiques, l’avenir se tissait, bien loin des tribunes médiatiques, le présent s’ancrait, bien loin des cours d’histoire, le passé s’écrivait.

Lucie, 10 minutes d'écriture

Métier inédit

Médecin

Si j’étais médecin, j’aiderais les gens, en particulier ceux qui ont été blessés dans les guerres, les enfants dans des refuges qui n’ont personne pour s’occuper d’eux.

La médecine est une profession noble au niveau de la société et de l’humanité.

LAMIS

10 minutes d'écriture - début du texte imposé - atelier animé dans le cadre d'un cours de français langue étrangère

Médiateur - médiatrice

Je me suis souvent sentie utile quand je travaillais au Service de Médiation de la Commune de Schaerbeek. Les habitants pouvaient gratuitement faire appel à notre service pour être aidés dans le règlement des conflits que nous appelions « les conflits du quotidien » : conflits locatifs, de voisinage, familiaux, de copropriété… Généralement une personne, dans le jargon des médiateurs : P1, nous arrivait spontanément ou envoyée par un des nombreux services de proximité de la Commune avec une plainte. La première étape du processus était de lui proposer de transformer cette plainte en demande de médiation que nous l’invitions à faire à P2. J’ai toujours retiré beaucoup de satisfaction dans ce début du processus qui redonne à P1 la confiance dans sa capacité à résoudre le problème ensemble avec P2.

Maryvonne

10 minutes d'écriture - Je me suis sentie utile quand je travaillais

Dans mon travail de médiatrice locale

j’aimais proposer aux personnes une autre façon de résoudre leurs conflits

J’aimais les voir découvrir petit à petit qu’il n’y a pas de vérité

J’aimais écouter

J’aimais les voir reprendre confiance dans leur capacité à changer les choses

J’aimais l’idée de participer à un changement

J’aimais la puissance du silence et de l’écoute, la position humble du médiateur

J’aimais trouver de l’humain là où je ne m’y attendais pas

J’aime expliquer ce qu’est la médiation

J’aimais les intervisions avec les collègues, les remises en question, les partenariats

J’aimais travailler en Co médiation

J’aimais que la médiation soit un processus

J’aimais que la médiation que je pratiquais soit gratuite pour les citoyens

Je n’aimais pas la mainmise de la Justice sur l’activité des médiateurs

Je n’aimais pas les réticences de la société à reconnaître le métier de médiateur

Je n’aimais pas devoir constater avec l’une des personnes que l’autre ne voulait pas de la médiation

Je n’aimais pas les attitudes racistes

Je n’aimais pas le manque d’investissement de la société

Je n’aime pas que la médiation puisse être commerciale

Maryvonne

J'aime - Je n'aime pas

Mère de famille

Mona est mère de famille et c'est bien son métier reconnu à mi-temps en 2119, année d'aisance mais seulement dans quelques pays privilégiés. 

Son second mi-temps, elle l'occupe trois heures par jour à surveiller les robots viticulteurs. Elle doit voir s'ils font ce qu'ils sont sensés faire ou noter les déviations ou défectuosités. Elle ne peut pas les toucher car tout contact, même indirect, est interdit entre les plantes utiles et les humains. 

Le soleil, devenu trop brûlant depuis le changement climatique de 2080, décourage d'ailleurs toute longue activité externe. Sans être (re)devenu troglodyte, l'homme moderne est devenu un homme d'intérieur. Les pays côtiers sont devenus des pays sur pilotis et Venise n'attire plus personne depuis qu'elle est sous-marine. 

Mona est donc très heureuse d'être née dans ce qui a été jadis le Benelux. Désormais, on voyage peu et on rêve plutôt d'horizons lointains. 

Mona a su insuffler à ses enfants le plaisir de vivre simplement et sans le luxe superflu toujours bien existant grâce à la publicité adaptée aux nouveaux médias. Mona aime son vin, son pain maison, ses légumes maison et vit presque en autarcie. 

Elle donne cours mais bénévolement car les étudiants ne vont plus à l'école. Elle trouve cela dommage car elle a encore fait partie de la dernière génération scolarisée. 

Mais tout change et elle se demande ce que feront ses descendants en 2219... 

Daniel

20 minutes d'écriture - thème imposé

Dans ce travail, je me souviens que j'avais peur de ne pas être capable d'élever mes enfants. 

Dans ce travail, j'étais la maman et le papa car les circonstances du travail de mon mari ne lui permettaient pas de m'aider. 

Dans ce travail, je me souviens que j'ai appris à avoir confiance en moi. 

Faiza

10 minutes d'écriture - forme imposée - dans le cadre d'un cours de français

Le travail de ma mère est presque terminé, pas parce que c’est, plus ou moins, l’heure de la retraite mais parce que nous sommes, plus ou moins, devenues grandes.

Ce ne fut pas un travail, ce fut un marathon.

 

Professeur, nous transmettant sa si belle langue dans ce pays étranger.

Gouvernante, nous ordonnant de ranger nos chambres sous peine de jeter, je cite « tout ce qui traînera encore d’ici cinq minutes ».

Taxi, nous dispatchant en temps et en heure à l’école, à la danse, aux cours de musique, aux anniversaires.

Chef-cuistot exerçant à l’époque des surgelés et autres commodités de la vie moderne.

Letizia

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Militaire

Si j’étais membre du corps des parachutistes de l’armée française, je devrais me cramponner de toutes mes forces à l’idée que ce que je fais, où je suis, est juste et a du sens pour supporter les cris, le sang, la destruction. Pour supporter leurs actes et pour supporter les miens.

Si j’étais membre du corps des parachutistes de l’armée française, je me sentirais investie d’un sens du devoir incomparable. Je me convaincrais du bien-fondé de mon engagement et de ses conséquences. J’aurais un mantra appris lors de mes années de formation. Nous l’aurions seriné toustes en cœur des centaines de fois alors que nous crachions nos poumons après l’entraînement. Me le remémorer m’aiderait à ne pas douter.

Si j’étais membre du corps des parachutistes de l’armée française, je devrais faire taire mon empathie et emplir mon cœur d’une froideur teintée de fierté patriotique et du sentiment de faire corps avec mes comparses. Je devrais faire taire mon empathie pour appuyer sans hésitation sur la gâchette. Je devrais museler mon cerveau qui réfléchit trop et qui m’empêcherait d’accomplir ma mission.

Si j’étais membre du corps des parachutistes de l’armée française, je ne penserais qu’en termes techniques lors des missions. Je n’effectuerais que des gestes techniques tel un automate. Je m’effacerais moi et ma conscience pour me mettre en mode automatique. Peut-on se retrouver soi-même quand on le désire une fois qu’on commence ce petit jeu ?

Si j’étais membre du corps des parachutistes de l’armée française, je ne sais pas quelle valeur j’accorderais à la vie. Une valeur différentielle ? Celle de ma famille, de mes concitoyen.ne.s n’aurait pas de prix ? Je détesterais, c’est sûr, cette stupide expression dénuée de sens. Aucune vie n’a de prix. La mienne pourrait être sacrifiée pour participer à la protection de mon pays. Celles que j’enlève n’auraient pas de prix car elles n’appartiendraient qu’à une masse informe de corps et de chairs anonymes.

Si j’étais membre du corps des parachutistes de l’armée française, fonderais-je seulement une famille ? Arriverais-je à faire porter le poids de mes absences, à faire porter le poids de mes silences, à faire porter le poids de mes tirs sur la conscience d’un.e partenaire aimé.e ? Parviendrais-je à croire suffisamment en la vie, en l’avenir et en ses voyageur.se.s pour songer à avoir des enfants ?

Si j’étais membre du corps des parachutistes de l’armée française, je serais aussi fermement dépendant de l’adrénaline qu’un.e consommateur.rice de crack l’est à son caillou. Retourner à la vie civile ne serait pas facile. Loin des terrains d’affrontements, en manque, je serais alors assaillie de flashbacks, d’images et de sons que je ne pensais pas avoir gardés en mémoire. Aucun mantra, aucun geste technique, aucun mode automatique ne pourra plus me protéger de mes ruminations. En aurais-je seulement ?

Lucie

10 minutes d'écriture - un métier qui ne me ressemble pas

Pharmacien.ne

Le travail dont je veux vous parler est mal connu du grand public et souvent accusé à tort de sombre escroquerie. Je travaille dans le milieu de la pharmacie et je suis fréquemment confrontée à cette réplique : « Ah ! Vous les pharmaciens, ce qui vous intéresse c’est l’argent ! Grâce à nous, vous vous en mettez plein les poches ! ». Je mentirais si je disais que non. Certes l’industrie pharmaceutique a gagné en millions voire en milliards d’euros ces dernières années ; et oui, les pharmacies sont devenues aujourd’hui des commerces pouvant brasser beaucoup d’argent, mais nous, le personnel de la pharmacie, nous ne sommes que le revers de cette médaille. Voyez-vous, nous sommes sur le terrain, jour et nuit, pendant les jours fériés, les fêtes et les congés. Il y a toujours quelque part une pharmacie à la disposition du peuple ; nous sommes la porte ouverte à tous, à toutes. Le pharmacien a dans sa poche maintes cartes. Certaines fois, il est le psychologue, d’autres fois, il est l’infirmier, il peut être l’assistant social et le médecin, l’herboriste et le cosmétologue, le secouriste et le sophrologue. Oui, nous entendons les cris de la population, les plaintes de la société, on entend des hurlements, des voix brisées, qui peuvent hanter nos pensées pendant de longues années. Oui, on s’imprègne de ça, de ce tumulte d’émotions qui entraine de plus en plus les nôtres à vouloir quitter ce métier. Le pharmacien a la responsabilité de garantir une qualité ultime de ses produits, le tout, honorer de conseils pertinents et toujours à la pointe des dernières recherches. Sans relâche, nous devons nous maintenir à jour, et nous nous devons de répondre aux demandes de toutes les classes sociales. De la bourgeoisies aux personnes les plus vulnérables de la société. Nous devons les maintenir en bonne santé mentale et physique, « un corps sain dans un esprit sain » dit-on. Mais nous, le sommes nous nous-mêmes ? Les heures supplémentaires, les responsabilités de plus en plus lourdes, les honoraires misérables, les horaires de plus en plus longs… Où va-t-on ? Le pharmacien est psycho-physiquement déprimé. Nous soignons le public alors que nous-même nous avons besoin d’aide. Des fois je me demande comment nous faisons pour avoir ce sourire aux lèvres pour accueillir chaque patient ? Comment faisons-nous au quotidien pour rester sains d’esprit tous les jours ? Ou alors peut-être que je me trompe, peut-être que nous somme déjà tous fous. 

Fozia

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Tortionnaire

Torturer un corps demande une certaine TECHNIQUE. Je fais pas ça uniquement pour le plaisir. Y a tout un savoir-faire, des heures d’apprentissage, beaucoup d’observation. On commence tous par observer. S’habituer aux odeurs, aux cris, à la musique des cris. 

Faire taire ou faire parler nécessite des connaissance en biologie, anatomie, psychologies, neurologie… les gens ne se rendent pas compte. C’est des heures et des HEURES SUPPLÉMENTAIRES à étudier des techniques du monde entier. L’humanité semble torturer depuis l’antiquité. Il existe tellement de sources d’inspirations possibles à portée de main. Ça demande juste ces heures et ces heures de visionnage, d’écoute, de lecture. Tout ce travail est rarement reconnu. 

J’ai commencé à écraser des doigts et des genoux comme GAGNE-PAIN. J’utilisais une masse. Je répondais à des commandes. J’aimais bien ça. Lire la terreur dans les yeux juste avant que je frappe. 

Puis je me suis professionnalisé. Être payé pour sa passion donne un autre goût à sa RÉMUNÉRATION. Et j’avais besoin de matériel, de sentir que je faisais parti d’un collectif, d’un réseau, tout ça. 

Bien sûr je suis passé par une phase prima le, brute, sanguinaire mais les résultats sont incertains, les informations obtenues trop douteuses et le NETTOYAGE ! N’en parlons pas. Ça gicle, c’est beau. Mais après… trop de boulot. 

Maintenant j’utilise des techniques de privations sensorielles. C’est l’école américaine. Inconfort postural, torture psychique… Dénaturer une personne est si facile. Briser est l’acte le plus facile.

Moi, je ne me préoccupe pas des causes, des raisons, des… ça c’est pour les politiques. Moi j’aime juste briser, sans raison. 

Faire craquer psychiquement demande peu d’effort et la jouissance reste la même. Mon pouvoir sur l’autre reste total. J’aime ça. 

Parfois je reprends une tenaille par nostalgie. Pour me souvenir de mes débuts. 

 

Que de chemin parcouru.

Thierry

20 minutes d'écriture - 5 mots à placer

Allumeur de réverbères

Entre chien et loup, un demi-chien demi-loup qui hurle à l’aube de rentrer se coucher.

Tout, tout, tout pour ne pas voir encore un jour poindre par delà les forêts. Car le jour, il n’est plus rien, rien qu’un chien parmi les chiens.

Il grogne : non, allumeur, ne t’approche pas.

Il aboie : pour qui te prends-tu, allumeur ?

Tout, tout, tout, pour ne pas précipiter, annoncer, cristalliser la venue de l’aube.

L’allumeur et sa fronde de gamin grondent : vas-t-en, bâtard !

Le demi-chien demi-loup se sait perdu. Dans un instant, le dernier souffle du réverbère appellera le jour.

Un dernier grognement passe ses crocs émoussés.

L’allumeur fait ce qu’il fait le mieux, le réverbère meurt et le chien quitte ses rêves, sa peau de loup pour rejoindre l’errance quotidienne.

Il glapit, quémande, un peu, rien qu’un peu à manger.

Et l’allumeur l’envoie balader, lui qui n’est plus rien, rien qu’un chien parmi d’autres.

Delphine

Ma mère a trouvé un nouveau travail, mais elle culpabilise car elle dit qu’à cause d’elle, d’autres travailleurs vont devoir avoir des horaires plus longs. Aujourd’hui, on se rend aux étangs de Boitsfort, nous allons devoir allumer tous les réverbères qui longent cette longue étendue d’eau. Ma mère a travaillé dix ans dans une confiserie, elle se dit clémente vis-à-vis de la société de gaz qui l’a engagée malgré son handicap. Après avoir emballé d’innombrables bonbons toutes ces années, elle ne sait plus bouger son poignet, toutes les articulations de sa mains sont douloureuses. Alors c’était bien pratique pour elle que je l’accompagne travailler maintenant que je suis en âge de l’aider. On se rend sur place une heure avant le coucher du soleil, et je monte sur cette longue échelle en bois. Je suis petit et léger, c’est facile pour moi, et puis, je n’ai pas peur de la hauteur, et mes petites mains sont bien pratiques pour pénétrer dans ces lampes en verre. Un cliquetis, un, deux, trois, la lumière apparait. J’aime cette sensation, du haut de mes six ans, j’ai l’impression d’être un magicien qui illumine Bruxelles comme par magie.

Fozia

20 minutes d'écriture - texte inspiré par une photo faisant partie des collections de La Fonderie

Je vois sur la photo une femme à côté d’un lac et un enfant sur une échelle allumer un réverbère.

-          La femme dit : - ‘Allez, dépêche-toi et allume tout le village !’

-          ‘Oh, j’ai sommeil, je veux dormir.’ dit le garçon.

-          ‘Quand tu as fini, tu vas chercher le bois pour la cheminée. Après, tu vas dormir. ’ dit-elle.

-          ‘Ah je suis fatigué, je veux me reposer.’ dit le garçon.

Avant les enfants et les femmes travaillaient beaucoup. Les enfants n’étudiaient pas. Ce n’était pas bien, leur enfance. 

Romaissae

20 minutes d'écriture - texte inspiré par une photo faisant partie des collections du centre de documentation

Atelier d'écriture animé dans le cadre d'un cours de français langue étrangère

A 61 ans, Camille Dosto est fatiguée mais tellement fière de son métier.

Camille allume les étoiles tous les soirs et se lève à l’aube pour les envoyer se coucher.

Son mètre quatre-vingt lui est précieux pour cette tâche qui la garde en forme et la met en joie toute la journée.

 

Venue de Sardaigne à l’âge de 1 ans, elle a grandi dans cette petite ville d’Algérie qu’elle a fait sienne.

Peu de gens savent d’où elle vient … seuls deux grands yeux bleus perdus dans une broussaille de cheveux marrons qui sont maintenant parsemés de jolis fils d’argent pourraient trahir ses origines européennes.

Mais qu’importe, depuis 60 ans Camille est d’ici et le restera jusqu’à son départ.

Sa frimousse malicieuse qui a pris quelques sillons gracieux au fil du temps et son rire éclatant sont devenus indispensable aux habitants. Camille est leur rayon de soleil.

Celle qui éclaire leurs jours et leurs nuits.

 

Camille ferme les yeux et se souvient … Le petit pavillon de plein pied à l’entrée du domaine du château … Clément, Fanny et Antoine, les enfants du propriétaire venus l’accueillir dans des cris de joie à son arrivée et qui ne l’ont plus vraiment quittée depuis.

Il y avait Khalil, aussi, le fils du palefrenier, son amour de jeunesse qui ne lui parle plus depuis qu’il a croisé le regard de la jolie Jahmila il y a 4O ans. Elle se souvient pourtant de leurs rendez-vous à l’Aqua-Poney avec un petit soupir et un sourire en coin. Aujourd’hui, Khalil fait des podcasts d’histoires criminelles. Cela semble le passionner mais Camille trouve cela beaucoup moins drôle.

 

Rien ne destinait Camille à son métier tant aimé. 

Comme son père s’occupait des chevaux de course du haras, elle avait pu bénéficier des enseignements des précepteurs du château et ensuite aller à l’université pour devenir vétérinaire. Outre son rôle de maman, elle avait soigné les chevaux avec passion mais rien ne lui importait plus que d’éclairer les nuits des habitants de la ville.

Jour / Nuit, Jour / Nuit … Depuis le décès de Djamel, et l’envol de ses deux filles, Camille peut enfin remplir le rôle qui lui tient tellement à coeur … Tous les jours, elle enfile son vieux jeans et sa chemise à carreau et fait le tour de la ville accompagnée de White son fidèle compagnon.

Camille est enfin porteuse de poésie et de sécurité, Camille est allumeuse de réverbères.

Isabelle

30 minutes - personnage en patchwork

Assistant-e social-e

En travaillant, j'ai rencontré des personnes extraordinaires, à la fois humainement, intellectuellement et socialement. Le service de psychiatrie de jour dans lequel je travaillais offrait à de jeunes patients des activités multiples : des groupes de parole, des ateliers artistiques, des activités culturelles, des activités sportives. 

Les rencontres que j'y ai faites ne sont pas seulement les patients mais aussi des collègues impliqués, créateurs et souvent heureux. 

Les rencontres à travers les différents ateliers m'apprenaient énormément sur la diversité de l'humain, des familles, des cultures. Ce fut une réelle aventure extraordinaire qui demandait un investissement personnel important. Il s'agissait d'être là, présent, avec ses qualités, ses lacunes, ses capacités professionnelles mais aussi tout simplement sa personne. 

Michelle

10 minutes d'écriture - thème imposé

Le travail dont je veux vous parler est celui qui a constitué l'essentiel de ma vie. 

Dès mes 16 ans, j'habitais dans un hôpital psychiatrique parce que mon deuxième père ou père d'adoption était directeur général d'un hôpital psychiatrique. A ce moment, c'était ainsi : la direction générale, le directeur médical, le chef infirmier général habitaient sur le site même de l'hôpital. 

Pourquoi je vous dis tout cela ? C'est parce que ce fut l'origine du travail que j'ai choisi. 

Je voulais absolument aller travailler de l'autre côté de la porte de notre maison, aller voir ce qui se passait derrière ces murs. 

Un ami de Papy, psychiatre, m'a proposé d'aller faire les études d'assistante sociale à Bruxelles en me spécialisant en psychiatrie. J'y ai fait tous mes stages. Par la suite, j'ai évolué vers la psychothérapie systémique qui m'a donné encore de grandes satisfactions dans le travail. 

J'ai travaillé pendant 41 ans dans le même hôpital tout en évoluant bien sûr dans différentes structures, passant de la psychiatrie hospitalière pure et dure au centre de jour où les patients avaient un certain pouvoir de gestion. 

Michelle

10 minutes d'écriture - thème imposé

Tout au long de ma situation dans le travail en psychiatrie, j'ai effectué énormément d'heures supplémentaires parce que j'étais très investie mais comme nous ne pointions pas, ces heures n'étaient pas comptées. 

Le nettoyage, s'il m'est imposé, est quelque chose de très désagréable. Par contre, si je décide de nettoyer, je peux m'investir avec beaucoup de plaisir dans le rôle que je m'attribue moi-même. 

Je reçois le mot "art" et je me souviens tout à coup que par un concours de circonstances, j'ai introduit un artiste dans le centre de jour que j'ai initié, et qu'il a joué un rôle majeur pour l'évolution des patients. 

Proposer aux patients de s'exprimer peu à peu en atelier artistique fut un outil à la fois utile et splendide aussi. Nous avons été témoins d'évolutions remarquables. 

Michelle

20 minutes d'écriture

mots imposés : situation - heures supplémentaires - nettoyage - art - rôle

Audit

Audit : procès de contrôle de la comptabilité - Perspicace qui effectue ce contrordre

Anne-Laure

Définition absurde

Auteur-trice de théâtre

Le travail dont je veux vous parler, c’est un travail-passion, un travail qui justifie tous ces excès par sa créativité, un travail dont personne ne veut à la fin du mois mais auquel on rêve, enfant.

Une enfant m’a posé deux questions, auxquelles j’ai répondu par la négative :

         C’est vrai que vous êtes une artiste très connue ?

         Non.

         C’est  vrai que vous gagnez beaucoup d’argent ?

         Non.

Les questions auxquelles j’aurais pu répondre par l’affirmative sont les suivantes :

C’est vrai que vous n’êtes payée que pour un dixième de votre travail ?

Est-ce que vous vous sentez seule ?

Est-ce qu’il y a un manque de public ?

Est ce que vous aimez ce que vous faites ?

Êtes-vous conscientes du privilège que vous avez ?

Avez-vous peur d’avoir des enfants ?

Pensez-vous que le théâtre se trompe ?

Pensez-vous que le théâtre peut tout ?

         Allez vous continuer ?

Oui. Pour l’instant.

Delphine

10 minutes d'écriture - thème imposé

Balayeur de rue

Il est fort, très fort et un peu engoncé dans son corps épais. Il pousse sa charrette verte lentement, très lentement.

           Depuis plusieurs mois, sa face rubiconde disparait partiellement sous le masque mais, depuis toujours, il porte des écouteurs ou un casque. Il regarde à travers les passants.

           Ses pantalons sont trop longs et se tirebouchonnent sur ses bottines en hiver ou sur ses baskets, ma foi, assez modernes. Son dessus est toujours orange : sweat, gilet de sécurité, t-shirt ou polo, de la Ville de Bruxelles.

           Il marche lentement, la rue est en pente. Il balaye systématiquement un côté puis l’autre, préférant le terre-plein central aux trottoirs jouxtant les maisons.

           Il est là tous les jours ouvrables, la rue est toujours propre après son passage.

           Il manie la ramassette à long manche avec une lenteur qui me sidère mais il est irréprochable. J’essaye toujours d’accrocher son regard pour le saluer ou échanger deux mots comme l’unique fois où on s’est parlé alors que je balayais la neige devant chez moi. Mes enfants m’appellent Maman blabla.

           Il est là tous les jours ouvrables, la rue est toujours propre après son passage. Il regarde à travers les passants.

Béatrice

10 minutes d'écriture - thème imposé

C’est une femme qui nettoie dans mon quartier.

Elle est gentille et elle est tout le temps contente, même avec son travail dur, elle fait bien son travail.

Elle nettoie le trottoir tous les matins, et quand je passe à côté d’elle, elle dit bonjour.

Je suis contente, d’avoir des femmes comme ça, qui n’ont pas eu la chance d’étudier,mais qui cherchent un moyen de suivre leur vie, même à travers un travail dur mais honnête.

Mara

10 minutes d'écriture - texte rédigé dans le cadre d'un cours de français langue étrangère

Boucher-ère

Chère boucherie, 

Je te quitte. Je t'aime quand même beaucoup, j'ai envie de rester mais je ne peux pas parce que je ne me sens pas bien. Quand je travaillais, j'avais mal au genou. J'ai essayé mille fois mais je ne peux pas à cause de la chambre froide. Je suis vraiment triste de laisser mon travail. 

Je te pardonne, mais toi aussi pardonne-moi. 

Rachid

Lettre de rupture - 20 minutes d'écriture

Texte rédigé dans le cadre d'un cours de français langue étrangère

C'est une photo qui montre un boucher aux abattoirs d'Anderlecht en 1993. 

Les ouvriers ont enlevé la peau des animaux, ils ouvrent le ventre pour nettoyer, enlever les organes et après, ils découpent les animaux en 4 parties. 

Ils ont fait la distribution pour les magasins de boucherie. 

Rachid

Texte inspiré d'une photographie issue des collections de la photothèque de La Fonderie - 20 minutes d'écriture

Texte rédigé dans le cadre d'un cours de français langue étrangère

Chapelier-ère

C’est un objet de forme ronde et rigide, il est souvent décoré avec une matière identique ou avec d’autres matières. Souvent de couleur uniforme, c’est une parure nécessaire qui apporte une touche d’élégance à l’habillement de toute personne souhaitant avoir du style. Chapeau melon et bottes de cuir, les unir sur une même personne ne convient pas. N’est-ce pas Mr Steel ? 

Le couvre-chef - comme on l’appelle aussi - me fascine. Dès que j’en ai l’occasion ; je les essaie. Quel bonheur que sont les jours de soldes des grands centres commerciaux ! 

Dans cet objet, du plus simple au plus travaillé, l’inventivité de la chapelière devient sa signature. 

Lorsqu’elles glissent leurs doigts sur les matières, les couleurs, les plumes, feutres, paille, et autres, je ressens presque la joie qu’elles ont de savoir que les chapeaux vont sublimer les tenues de ces messieurs-dames. 

Une dame qui s’habille près du corps achète un petit rond orné d’une fleur de couleur noire qui descend sur son oreille. Celle qui porte une longue robe a un énorme chapeau qui cache leur visage comme pour jouer à cache-cache. Les beaux messieurs eux les portent pour rehausser une tenue sportive. Et également lors du mariage d’un enfant afin d’asseoir leur position de chef.

Les mains de chapelières pensent-elles vraiment à tout cela lorsque qu’elles mettent la plume finale sur le chapeau ? 

Ngalula

40 minutes d'écriture

Texte inspiré par la vitrine à chapeaux

de l'exposition permanente du Musée bruxellois des industries et du travail

Comptable

La compta...

sont des chiffres, des papiers, un logiciel, un bic, une latte, un compte en banque et bien plus encore.

Les chiffres nous parlent de gestion, de dépenses, de recettes, d’une année de travail, oui mais pas que…

...de joies, de créations, d’interrogations, de masques pas désirés, de solitude accompagné de son PC au fond vert comme décors pour les comédiens. Pourtant, Molière n’a pas été si heureux de son habit de vert, mort en est-il habillé. Les comédiens ont été obligés d’oublier cette superstition du vert, le vert c’est Zoom, le vert c’est rester en vie, cette année 2021!

La compta, je ne l’aimais pas avant, berk les chiffres, c’est le cours de math que je n’aimais pas, berk !

Ce jour la compta est pour moi équilibre budgétaire, raison, droiture, cases… mais aussi le cycle d’une année de vie bien riche!

Aujourd’hui elle est une poésie de temps de vie qui épouse aussi très bien les chiffres. 

Merci à elle, ici je fais « Le Bilan » et « Les comptes de résultats » que je l’adore cette compta, un bateau à juste bien naviguer ensemble.

Frédérique Biebuyck

10 minutes d'écriture - thème imposé

Nelly a commencé à travailler dans le grand magasin anglais après 1945. Elle est l’assistante du comptable général. Elle s’occupe du salaire et parait-il, elle s’occupe avec le propriétaire certains après-midi. Nelly apprend vite et ses petites mains habiles la rende imbattable sur la facturière. Elle maitrise mieux que tous, la réalisation des tableaux de paies. Il y a les petites touches du bas pour les chiffres et les touches du haut pour introduire les lettres et caractères spéciaux. Elle connait les noms et prénoms des 243 employé.e.s du magasin par cœur ainsi que leur numéro de matricule, leurs situations de ménage et le type d’horaire de leur contrat. Elle est imbattable sur les congés et prime méritée – ou non – de chacun.e. Les 3e mercredis du mois on l’entend cliqueter depuis la surface de vente. Sur un grand tabouret avec des petites échasses que le concierge lui a confectionnées pour atteindre la pédale, elle cliquette les savants calculs. Elle n’aime pas qu’il y ait des ratures. Tout est net comme le trait de son rouge à lèvre qu’elle porte avec allure et qui la distingue. Nelly est adulée par tout le monde à partir du 3e mercredi du mois. On baisse légèrement le volume de la radio du magasin central pour mieux entendre ses cliquetis, Jean s’assure que les lames de la facturière sont graissées suffisamment pour assurer la fluidité du geste de Nelly. Tout le monde écoute avec beaucoup d’attention les mouvements de Nelly, entre le cliquetis de ses doigts et celui de ses talons qui vont chercher le papier dans le bureau du comptable général. Lui il compte précautionneusement les billets du magasin. Ça arrive parfois que les employé.e.s demandent au client de passage de faire moins de bruit pour s’assurer d’entendre. Tout le monde redoute la rature. Car même si cela n’est plus arrivé depuis plusieurs mois, lorsque ça arrive les salaires tombent avec du retard et Nelly n’arrive plus à être contente. Tout le personnel est affecté. On attend le moment où par excitation de finir, elle se met à un léger petit trépignement d’impatience avec ses échasses et qu’on l’entend ensuite courir jusque dans le bureau du comptable général pour déposer ses calculs, fermer la porte pour assurer la tranquillité du comptable général pendant qu’il vérifie ses calculs et courir jusque dans le bureau de direction. A ce moment-là, le magasin central réhausse le volume de la radio pour couvrir ses gémissements lorsque le directeur lui rafraichit le gardon sur le bureau pour la féliciter de son travail.

Sam

30 minutes d'écriture - texte inspiré par un objet exposé au Musée bruxellois des industries et du travail (facturière)

Concierge

Hélène se leva avant le soleil, enfila ses vêtements et grignota une cracotte. Lorsqu'elle sortit de son appartement, une autre porte claqua, un ou deux étages au-dessus du sien. C'était sans doute Rita qui, vu l'heure, allait une fois de plus devoir courir pour attraper son bus. 

Hélène sortit sur le trottoir et jeta un œil aux sacs poubelles entassés là la veille au soir. Elle les regroupa afin de faciliter le travail des éboueurs.  Elle alla chercher le tuyau d'arrosage dans le local à vélos et en profité pour remettre bien droits les vélos abandonnés avec nonchalance par leurs propriétaires. 

Hélène ressortit après avoir attrapé au vol la brosse à poils durs dans le placard de l'entrée. Elle brancha le tuyau sur le robinet du trottoir et aspergea copieusement le pavé sur toute la longueur de l'immeuble. Ensuite, elle brossa et ne s’arrêta que lorsqu’elle fut tout à fait satisfaite du travail accompli. A ce moment, le vieux Jules sortit avec Nestor, un jeune labrador encore un peu fou qui semblait mener son maître où il le voulait. Hélène salua Jules tout en essayant de caresser Nestor, qui ne tenait pas en place. En regardant s'éloigner le vieil homme, Hélène se demanda combien de temps il pourrait continuer à sortir et si c'était elle qui devrait s'occuper du chien quand il ne le pourrait plus. Pensive, elle rentra dans l'immeuble et faillit se prendre les pieds dans les cartables des enfants Lambert que ceux-ci venaient de jeter bruyamment en sortant de l'ascenseur. Les petits Lambert avaient plus d'une heure de trajet à faire pour aller à l'école et sortaient toujours beaucoup plus tôt que les autres enfants de l'immeuble. 

Par la porte encore ouverte de l'ascenseur, Hélène vit que les gamins avaient une fois de plus fait des dessins avec leurs doigts mouillés sur le miroir. Tout en les grondant, elle sortit une loque de son tablier  et effaça leur méfait. Lorsqu'elle ressortit de l'ascenseur, les garçons avaient disparu. 

Hélène remarqua alors que l'un des néons de l'entrée clignotait et se dit qu'elle devait aller chercher dans la réserve de quoi le remplacer. Mais pour cela, elle avait besoin de l'échelle que Jean était venu lui emprunter hier et qu'il n'avait pas encore rapportée. Il faudra, se dit-elle, que je passe chez lui ce soir, quand il sera rentré du bureau. 

Empruntant ce qu'elle appelait "la grotte", un long couloir froid et humide aux murs rugueux, elle sortit par l'arrière, dans le grand jardin communautaire. Il avait fait chaud hier soir et beaucoup des locataires s'y étaient retrouvés. Ces réunions du soir lui donnaient toujours beaucoup de travail lorsqu'elle devait nettoyer le bazar que tous y avaient laissé : bouteilles et gobelets vides, tupperwaere cassés, paquets de frites vides ou pas, sauces grasses dégoulinant des bancs... Hélène mit ses gants, prit la pince et le sac poubelle qu'elle avait pris la peine de préparer la veille et se mit au travail. Elle chatonnait pour se donner du cœur à l'ouvrage. Au bout de quarante minutes, elle regarda autour d'elle et repéra encore deux ou trois choses à évacuer. Les derniers déchets ramassés, elle rentra chez elle. 

Anne

40 minutes d'écriture - dernière phrase imposée

Contrôleur-euse

Le contrôleur de la STIB contribue à un service public d’une part et verbalise le public d’autre part.

Du point de vue des apparences, ils ont souvent le crâne rasé et la constitution de leurs équipes est presque toujours 100% masculine. Or on voit combien il peut être important comme en police qu’il y ait la présence de femmes. Je tergiverse.

Une fois, une seule fois, un contrôleur, ils n’étaient que 2 au total, a pris le temps de me demander pourquoi je n’étais pas en ordre de mon titre de transport. Pour des raisons qui me sont propres, j’ai dit rechigner à communiquer ma photo car c’est (une atteinte aux) une donnée personnelle.

Anne-Laure

10 minutes d'écriture

Danseur - danseuse

Le travail de mon père ça a toujours été compliqué pour moi. A la base, c'est un danseur classique. Il a même dit une fois : "Moi, j'ai dansé pour Béjart". Moi, je m'en foutais, je savais même pas c'était qui. Je l'ai vu danser à l'opéra quelques fois quand j'étais petit avec ma mère qui disait "Regarde, c'est lui !". J'ai juste retenu que c'était long un opéra, et puis la musique... Oui c'est très joli mais c'est pas trop mon truc. 

En plus petit, je le cachais parce qu'on m'avait dit que si c'était un danseur classique c'était forcément un pédé... Et à ce moment-là, ben je voulais pas qu'on dise que c'était un pédé. C'était facile à cacher parce qu'il faisait plein de boulots à côté. Il donnait des cours de danse, remplaçait des profs de sports de combat (capoeira, jiujitsu). C'est con mais on le respectait plus quand je soulignais ça. 

Mon père, c'est un être humain très curieux, je le comprends pas tout à fait pour être honnête. Mais je m'en fous de quel boulot il fait parce que pour moi c'était et ce sera toujours un guerrier. 

Taïno

10 minutes d'écriture - thème imposé

Dentiste

Un cabinet dentaire. 

Je vois qu'il y a plusieurs dentistes qui soignent les gens. Je vois qu'il y a beaucoup de matériel. Et je vois chaque dentiste avec son patient et avec son matériel. Quand je vois tout ça j'ai peur et je n'aime pas l'odeur du dentiste. 

Naïma

20 minutes d'écriture - texte inspiré par une photo du centre de documentation de La Fonderie - dans le cadre d'un cours de français

Dentiste :

Ouvre bien grand la bouche je vais te faire une petite piqûre comme ça tu ne sentiras rien quand je vais arracher la grosse dent du fond.

 

Petite Fille :

Aaaaaah aïe

 

 

D: Ca y est c’est fait, il ne nous reste plus qu’à attendre quelques minutes et je vais pouvoir travailler

 

PF : …

 

D: Ouvre bien grand la bouche

 

PF : Aaaaaaah

 

Le gentil monsieur qui avait l’habitude de venir me voir et de jouer avec moi et mon singe dans le jardin de mes parents s’approche de mon visage avec une grosse pince qu’il enfourne dans ma bouche grande ouverte, il attrape ma molaire et tire …

 

PF : Aaaaaaaaaaaie

 

Oups, il repousse aussitôt ma dent et recule d’un grand pas …

 

D : Je pense que la piqûre n’a pas fonctionné … je vais en refaire une … ouvre bien grand la bouche …

 

PF : Aaaaaah

 

D : Ah ouf, pas de aïe c’est donc quand même un peu endormi … Attendons quelques minutes …

 

PF : …

 

D : Allons y ouvre bien grand la bouche …

 

La main et la grosse pince se rapprochent à nouveau … je retiens ma respiration, la pince s’agrippe et ….

 

PF : Aaaaaaaaaaaaaaïe …

 

Le gentil monsieur se recule à nouveau d’un grand pas, la pince à la main…

 

D: Le produit n’a toujours pas fait son effet … Il est vrai qu’il est périmé depuis plus de 3 ans …

Nous allons encore attendre quelques minutes et puis il faudra procéder coûte que coûte

 

PF : …

 

D : Allons-y, il va falloir être courageuse … tu ouvres grand la bouche …

 

Les yeux écarquillés je vois à nouveau l’énooooorme pince s’approcher.

J’ouvre la bouche.

 

D : Plus grand s’il te plaît je n’y arrive pas

 

Il tire

Je hurle

Il repousse la dent et se recule

Il revient, retire

Je hurle encore plus fort, j’ai l’impression qu’il va m’arracher la tête …

Il repousse la dent et se recule encore

Je souffle, lui aussi …

Je pleure, lui devient pâle …

Il revient, retire

Je hurle, ce n’est plus une impression, il m’arrache vraiment la tête

Il repousse la dent et se recule

Il revient, retire, je hurle, il repousse …

Il revient, retire, je hurle, il perd l’équilibre fait 3 pas en arrière …

La dent est là dans son horrible pince …

Il sourit à la victoire, le sang coule sur mon polo blanc …

 

On me rempli la bouche d’ouate stérilisée et on me donne une petite réserve au cas où …

Je dois rentrer à pieds avec ma maman qui se montre forte mais ne doit pas en mener très large …

Il fait terriblement chaud, j’ai l’impression que je vais m’endormir … j’ai 8 ans … je ne veux pas mourir aujourd’hui.

Les personnes que nous croisons sur la route nous interpellent … votre enfant saigne madame !!!

 

En me rappelant de cet affreux moment, je me demande pourquoi je ne suis pas plus paniquée à l’idée d’aller chez le dentiste aujourd’hui.

Je sais pourquoi j’ai tout mis en oeuvre pour que mes filles chéries adorent leur première dentiste.

Isabelle

40 minutes d'écriture - texte inspiré par une photo faisant partie des collections du centre de documentation de La Fonderie

Frigoriste

J'aime le fait qu'on ne sait jamais trop où on va tomber. 

J'aime me retrouver sur des toits, pouvoir me poser et regarder la ville comme si elle n'était que mienne. 

J'aime utiliser mes mains comme ma tête et toujours chercher des solutions.

J'aime beaucoup mon patron et collègue et qu'on se retrouve dans des situations parfois incroyables. 

J'aime les conversations que j'ai avec lui et l'exemple qu'il me donne. 

J'aime les coulisses, les choses que peu voient et les endroits interdits au public. 

J'aime quand je l'entends dire "Oui, je vais envoyer une équipe" à un client alors que l'équipe c'est nous parce qu'on est que deux dans son entreprise. 

J'aime la débrouillardise et les petites escroqueries du monde ouvrier (les escroqueries sont partout et pas seulement dans ce monde-là !). 

J'aime quand on est accueilli en héros quand on vient faire un dépannage alors qu'en temps normal ces mêmes personnes ne nous calculeraient pas. 

J'aime la liberté et le moment où ça me fera chier, je garderai un ami mais pas les soucis. 

Je n'aime pas les journées où tu sais quand tu commences pas pas quand ça finit. 

J'aime pas les drôles de têtes qu'on a en face de nous, parfois, quand le client se demande pourquoi il y a deux métèques qui ont sonné à sa porte. 

J'aime pas les clients qui nous surveillent comme si on allait braquer la maison (en plus c'est moins souvent des riches que je le pensais).

J'aime pas porter cette énorme échelle que je dois trimballer partout et encore plus quand c'est pour rien. 

J'aime pas quand on bosse avec d'autres ouvriers et qu'on vient me dire "Eh vole pas mes outils hein !". Je m'en bats les c... de tes outils, la vérité. 

J'aime pas l'ambassadeur du Bangladesh qui nous a traités comme des boys alors que c'est pas lui qui paie mais son pays. 

J'aime pas déplacer le linge sale des gens (ça arrive souvent, je vous jure !). 

J'aime pas ce client qui m'a parlé du Maroc pendant blindé et me reprochait que je ne connaissais pas mon pays et qu'il était plus Marocain que moi au final. Ben oui, parce que je suis pas Marocain en fait, et je lui ai précisé trois fois. 

J'aime pas voir des gens qui se pensent supérieurs alors que quand tu leur expliques le fonctionnement d'un simple truc, là ils te regardent avec des gros yeux remplis d'incompréhension. 

J'aime pas que mon père m'ait dit : "Regarde-toi, on dirait que tu viens d'arriver du bled, ta situation est pire que les Brésiliens qui viennent d'arriver ici. Tu es Belge et ouvrier, ça va pas !". 

Taïno

Forme imposée 

Garnisseur-e

La façon est le travail de l’artiste, de l’artisan qui met en œuvre une matière. Dans mes études de garnissage, d’ouvrier tapissier garnisseur, ce que j’aime c’est cette façon d’être créatif à la chose, le partage de savoir-faire et de secrets à l’ancienne qui sont aux antipodes du bricolage à la manière d’Une brique dans le ventre ou des montages et des créations suédoises Ikéa.

Le rôle de l’enseignant est celui du maître face à son apprenti qui devient progressivement son disciple : il initie aux différentes étapes qui permettent de construire à partir de matériaux simples, une œuvre, une pièce, qui telle un travail de fin d’études vient couronner toutes les actions spécifiques de cet artisanat.

L’atmosphère de l’atelier est une atmosphère particulière où le temps immédiat n’a pas de prise. Ce qui doit être fait doit être fait, peu importe le temps que ça prend. Les mots n’ont plus besoin d’être distillés ou utilisés. Le bruit des outils vient parfois meubler le silence du travail des aiguilles.

Ramponneau, semences, tire-crin, tire-sangles, ciseaux sont parfois dominés par le ronronnement du compresseur et par les crépitements de l’agrafeuse pneumatique ou par la mécanique de la machine à coudre.

Peu d’odeurs sinon celles de la colle ou de l’huile de lin ou de la cire mais ce n’est pas tous les jours. La poussière fait parfois éternuer l’un ou l’autre des artisans apprentis. Celle du café prend parfois le dessus aussi !

Les tissus après la toile claire ou la toile forte et le calicot viennent chatouiller les mains et exercer leur pouvoir sensuel sur elles. Le derrière se prend du plaisir à essayer le moelleux des assises et se satisfait du fait que, dans le garnissage seulement, les bourrelets sont indispensables, nécessaires et beaux.

L’atelier regorge de trésors inachevés, les yeux survolent des boiseries aux teintes et essences diverses, des tissus bariolés, modernes ou classiques, clinquants, brillants, clous et sequins sur cabriolets, clubs, bergères, crapauds, voltaires et autres tabourets.

Le plaisir et la connaissance sont infinis.

Béatrice

20 minutes d'écriture - 5 mots imposés

Gérant-e de magasin

Boulot

 

On a un nouveau gérant au IKEA d’Anderlecht. Peu le savent mais les IKEA sont en fait des franchises, gérées comme on veut par qui a la chance d’en être… le gérant. On a été faire quelques recherches avec les collègues sur le nouveau gérant et le type avait fait faillite juste avant. Parfait.

 

Quelques semaines après son arrivée, je me souviens, c’était le lendemain d’un de ces week-ends où tout se barre en sucette, où tout le monde a décidé que tiens, il fait beau aujourd’hui, et si on allait chez IKEA se prendre la tête car bien sûr, t’as pas pensé à prendre les mesures pour le rideau de douche. Bref, c’était le lendemain de ce jour-là où à un moment donné, j’en avais eu ma claque, j’avais refilé un groupe d’Indiens à mon collègue et je m’étais rendu compte avant lui que les gars, après 5 ou 6 simulations sur notre logiciel, n’allaient rien acheter du tout car ils habitaient à Amsterdam, tout simplement. C’était juste pour info.


Du coup lundi : team-building. Premier exercice avec un coach. Il forme des groupes de 3 et nous distribue une balle. On doit attraper la balle lancée par un collègue et dire chaque fois quelque chose sur soi puis la relancer à un autre collègue. Et il faut aller vite, le coach nous le dit : allez, on donne une info et on relance. Et ça va tellement vite qu’en fait, à la fin de l’exercice, personne n’a rien retenu sur son collègue, trop concentré qu’on est par rattraper cette putain de balle et trouver un truc à dire.

 

Deuxième truc : le discours, dans le restaurant IKEA. Là, le gérant nous explique qu’on a vendu 25 000 boulettes cette année et il se met à applaudir. Donc on applaudit aussi. On n’applaudit pas Djibril qui décharge tous les matins les boulettes congelées du camion. On n’applaudit pas Sandrine qui ouvre les sacs super froids pour remplir les bacs de bain marie et réchauffer les boulettes. On n’applaudit pas Akan qui sert les boulettes dans les assiettes à une vitesse de dingue. Non, on applaudit… les boulettes. Bravo les boulettes. Vous vous êtes bien vendues.

 

Et puis cerise sur le gâteau : cache-cache géant dans l’IKEA. Là, y a comme un malaise. On se regarde tous. Parce qu’à un moment donné, on veut bien être polis mais voilà quoi. Donc le gérant capte un peu que globalement, on n’est pas trop trop chauds pour son cache-cache, il discute avec le coach qui a gardé une balle à la main – on sait pas pourquoi - et il nous dit : vous allez compter jusqu’à 50 et vous devrez nous trouver. Et celui qui me trouve gagne le salon de son choix. Celui qui trouve le coach gagne l’ensemble cuisine de son choix. On fait tous des petits waouh, on se motive.

Il dit : ok go ! Et il part à reculons en nous regardant, puis se retourne subitement et se met à courir et prend l’allée à gauche vers les chambres pour ados. On a compté jusqu’à 50, puis on s’est regardé, personne n’a bougé. Moment hors du temps. À 17h, fin de journée – c’était écrit dans le programme, on est partis se changer et dans le vestiaire, on en rigolait encore, à imaginer le gérant, accroupi derrière le bureau Vebjorn, son coach à côté de lui, toujours sa baballe dans la main. Priceless.


Jennifer

40 minutes d'écriture - genre littéraire imposé

Gestionnaire de ressources humaines

Je me souviens de mon rôle d’assistante des Ressources Humaines avec émotions et fierté.

Je me souviens que c’est durant cette période que je me suis sentie à la fois le plus utile mais aussi la plus épanouie.

Je me souviens avec bonheur de ce rôle tampon entre les travailleurs et la direction. 

Je me souviens qu’être la bonne oreille, celle qui conseille et accompagne dans les démarches parfois rébarbatives mais tellement importantes me tenait vraiment à coeur.

Je me souviens aussi que la partie plus administrative qui touchait aux lois sociales et aux calculs des salaires et appointements, me permettait cet espace « à moi » dans lequel mon perfectionnisme, mon côté matheux et un peu rigoureux pouvait s’épanouir.

Je me souviens que ce mélange de responsabilités sociales et de rectitude me convenait à merveille.

Je me souviens que, tellement investie dans ce rôle, je m’étais proposée pour faire une permanence pour l’équipe de nuit.

Je me souviens que cela permettait à mes collègues de mettre un visage sur ce rôle qui peut parfois être ingrat quand il n’est exercé que dans la rigueur.

Je me souviens de ce rôle dans lequel j’ai mis tant d’amour et de respect.

Isabelle

10 minutes d'écriture - je me souviens

Guide touristique

Mon travail de guide est un métier stimulant parce que le groupe n'est jamais identique. Contrairement à un musicien, je peux changer l'ordre et même les tonalités de mon discours mais il faut rester cohérent. 

Dans le travail, la cohérence est primordiale, et peu de place est offerte à la fantaisie. Il faut pourtant essayer d'y apporter de la variété. L'épanouissement est nécessaire. 

Je suis tout à fait d'accord avec cette phrase. 

Plus on est bien dans ses souliers, mieux on effectue son job. D'ailleurs, certains employeurs mettent des salles de repos ainsi que le yoga pour un mieux-être. 

Sans aucun doute, le travail m'apportait certainement un mieux-être. Il me permettait de m'investir tout en recevant des caresses des personnes que l'on aidait en faisant notre travail. Comme quoi le travail n'est pas toujours synonyme de difficultés. 

Les difficultés dans le travail, si elles se présentent régulièrement, peuvent soit être une sorte de divertissement, vues comme une série de défis amusants à relever, soit devenir pénibles et, pour peu qu'elles s'accompagnent de problèmes relationnels, les difficultés peuvent conduire au burn-out, maladie répandue à l'époque actuelle. 

Texte collectif rédigé sur le principe du cadavre exquis

Facteur-trice

C'est une sorte d'ange tutélaire, ou de diablotin bienveillant - selon le point de vue - qui sillonne mon quartier à toutes les heures de la journée, toujours à pied, elle aussi... Chaussée invariablement de lourdes bottines façon Caterpillar, affublée d'un bonnet qu'elle tire jusqu'aux sourcils quand il fait froid, revêtue de l'anorak rouge vif réglementaire, ce tout petit bout de femme d'un peu plus d'un mètre cinquante semble indifférente au climat. Plus qu'elle ne le tire, je dirais qu'elle danse avec le grand sac à roulettes qui lui arrive plus haut que la taille, passant d'un trottoir à l'autre d'un pas allègre et sautillant, comme si elle prenait plaisir à ignorer le poids de cet encombrant partenaire.

Je la croise pratiquement chaque jour et, la solidarité piétonne n'étant pas un vain mot, nous nous saluons en échangeant un sourire, jamais de discours... elle est pressée, toujours, "notre petite factrice", comme nous la désignons affectueusement entre nous, alors que, son secteur de distribution s'arrêtant pile à l'angle de notre rue, elle n'a jamais déposé le moindre courrier chez nous. Qu'importe!

Christiane

10 minutes d'écriture - thème imposé

Mon père était facteur, comme la chanson et, hasard épique, c'était un facteur sifflant à défaut de chantant. En allant à l'école, je l'entendais de loin et les gens souriaient souvent à son passage. Il faisait des tours longs et plein de côtes à vélo mais jamais je ne l'ai entendu se plaindre. Il aimait son vélo, son village et ses "clients". N'oublions pas qu'à cette époque, le facteur apportait les chèques postaux donc le traitement ou salaire fort attendu. A ma connaissance, jamais il n'a été attaqué et probablement n'y a-t-il jamais pensé. 

Quand la poste a mis une camionnette à sa disposition, je n'ai plus entendu mon père siffler mais au contraire jurer contre cet engin qui tombait en panne souvent et qui le faisait grossir. Comme ancien, il avait la priorité mais il a cédé sans regret sa priorité aux collègues enchantés mais pas chantant. 

Jusqu'à la fin de sa carrière, il fit donc probablement l'équivalent d'un tour de France mais sur une seule commune, Gemmenich. 

Daniel

10 minutes d'écriture - thème imposé

Couturier-ère

Ma mère a toujours travaillé en indépendante. Très jeune, elle s'est installée couturière à domicile. A l'époque, les vêtements, robes, manteaux, se faisaient sur mesure chez le tailleur ou la tailleuse. Sans avoir jamais suivi de cours de coupe ou couture, elle avait le don de créer, de coudre, de réaliser des modèles exclusifs, personnalisés.

Au cours des années, elle a repris la responsabilité d'un atelier de confection, géré précédemment par sa mère. Elle dirigeait une dizaine d'ouvrières dans la fabrication de colifichets, le colifichet spécialisé dans la confection de garnitures pour robes, cols, parements, manchettes, jabots... Ma mère créait et proposait deux collections par an. La diversité des matières et l'imagination dans la création lui donnait une belle satisfaction. 

Jeannine

10 minutes d'écriture - thème imposé

Encore une journée où mes doigts ont été piqués par ces fines aiguilles. Une petite goutte de sang fait son apparition sur mon index ; vite que je prenne un mouchoir pour stopper l’hémorragie. Si par malheur je tâche ce corset, on va me renvoyer travailler sur cette foutue Singer. Je préfère encore broder cette lingerie qui  ne me sera sans doute jamais accessible. Oui, je couds pour la grande bourgeoisie, pour ces dames qui pensent que s’étouffer chaque matin avec cet instrument de torture, en serrant une à une ces agrafes et ces ficelles, les placeront plus haut dans les sphères mondaines. Tic, tac, tic, tac, je ne me ferai jamais aux bruits de ces machines. Cela fait à présent deux ans que je travaille dans cet immense atelier. Les sons y sont tellement forts qu’ils ont percé mes tympans. Ils font partie de moi, c’est un bruit de fond qui ne cessera jamais. Est-ce que j’aurai un jour la possibilité moi aussi de porter ce genre d’extravagance ? Je me pose souvent cette question, mon père me dit : « tu as du pain sur la table, soit clémente de ce que le bon Dieu t’offre ! » je ne suis pas ingrate envers ma vie vous savez, mais « le corset : l’aimée », ta future propriétaire sait-t-elle ce que j’ai enduré pour lui confectionner cette pièce pour son plaisir coupable ? Elle qu’on ne verra jamais dans les environs ici, chez la sous-classe des travailleurs industriels. Et mon père aime ajouter : « Tu verras d’ici quelques années, ce seront ces machines qui nous remplaceront ». Je suis une optimiste dans l’âme vous savez. Moi j’espère seulement que dans le futur, certains se souviendront de nous, les travailleurs de la Fonderie.

Fozia

30 minutes d'écriture - texte inspiré par un objet exposé dans l'exposition permanente du Musée bruxellois des industries et du travail (machine à coudre Singer)

Elle n'a pas fait de longues études. On lui disait : "tu as des mains habiles, tu es douée, tu peux t'épanouir dans le métier de la confection". On ne parlait pas encore de maisons de confection à la chaîne, le travail se faisait à façon. Les clientes choisissaient le modèle, le tissu, le style. Son don de création lui permit une évolution remarquable. Le salaire au début n'était pas très attrayant mais il devint prometteur quand elle réussit à s'installer en indépendante. Alors ce fut le succès, la clientèle fidèle lui apporta la reconnaissance du travail accompli. Sa vie devint agréable. Elle dirigea un atelier de dix personnes. A chaque fin de semaine, elle distribuait les enveloppes des salaires. Souvent, par ces gestes, elle se remémorait sa première enveloppe, son premier salaire. Que de chemin parcouru ! 

Jeannine

20' d'écriture

5 mots obligatoires : études - mains - façon - salaire - évolution

Après la deuxième guerre mondiale, mon papa, qui avait été prisonnier de guerre pendant 5 ans, a eu fort difficile à se remettre et retrouver un travail.

En 1947, mes parents avaient  acheté tout  un matériel de camping dans un stock américain, y compris une voiture Jeep.  Peu de temps après, ma maman,  qui n’avait jamais arrêté de travailler, avait  trouvé très facilement un nouveau boulot qu’elle adorait.  Voici en quoi il consistait...

Elle allait rendre visite à des gens intéressés, avec valises  d’échantillons de tissus, patrons, modèles, etc…,  afin de les aider à se choisir un vêtement  dans le  tissu et le style qui leur plaisait.   Tombés d’accord, elle établissait le prix et, si le client était d’accord, elle prenait ses mesures et communiquait le tout à la compagnie qui fabriquait le vêtement.  Quand il était prêt, elle allait le porter au client.  C’était un travail qui lui plaisait beaucoup :  relations humaines, beaux tissus, compagnie sérieuse, et elle avait une belle commission. 

Malheureusement, elle n’a pas pu continuer longtemps car c’était mon papa qui la conduisait visiter les clients – pendant qu’elle restait avec  eux,  mon père était dans la voiture à attendre et se geler.  Au bout de quelques mois, il a décidé d’arrêter d’être son chauffeur !   Ma maman a donc dû  abandonner ce travail qu’elle aimait.  Les choses ont bien changé – maintenant, on trouve des boutiques presque partout,  on peut commander par correspondance tout étant assuré de pouvoir retourner la marchandise si elle ne convient pas et d’être remboursé, il y a des autobus qui emmènent les clients dans les villes des environs et surtout les femmes conduisent et ont souvent leur propre voiture !

Je pense que la compagnie pour laquelle travaillait ma mère s’appelait Neuville Frères !

Josiane

10 minutes d'écriture - thème imposé

Homme (femme) à tout faire

Fernand a 55 ans et 55 kilos, c'est une femme "homme à tout faire". Tout un programme ! Elle aurait voulu devenir artiste et aller à l'académie mais ses parents n'étaient pas pour. Son père lui a dit : "Ma petite Fernand, tu deviendras homme à tout faire comme moi. Je vais tout t'apprendre". Elle a commencé par de petites réparations dans son quartier d'Etterbeek. Et elle est très vite devenue très populaire dans tout Bruxelles. Les voisins, les voisines, le fritkot "Chez Jules", l'AFSCA, l'Institut du Patrimoine Solanacéen, elle dépanne tout le monde avec passion et précision. Au fil des années, elle a appris à connaître tout Bruxelles. Faut dire, la Fernand, on ne peut pas l'oublier ! Grande et mince, avec ses cheveux blancs, son grand front, sa voix rocailleuse, ses lunettes, son jeans et son col roulé. Entre deux interventions dans le quartier, elle aime retaper des luminaires trouvés sur les brocantes et discuter au café du coin. Fernand par-ci, Fernand par-là ! Fernand peux-tu me réparer ci ? Me réparer ça ? Ses journées sont un tourbillon de choses à répare, régler, dépanner, déboucher, accrocher, décrocher, peindre, repeindre, fixer. Le soir, épuisée, elle rentre dans son appartement auprès de sa sœur et de ses très gros chats bien nourris.  Elle se dit souvent en regardant la pièce qu'il y aurait des travaux à faire mais elle n'a pas le temps. 

Fernand par-ci, Fernand par-là. 

Fernand, la femme homme à tout faire du quartier, est là pour les autres. Elle s'endort dans son canapé avec la quiétude, la satisfaction du devoir accompli, avec en pensées ces petites choses décoincées, remises en place, réparées. 

Demain, c'est dimanche, enfin. Elle regardera le grand prix de moto puis enfilera ses chaussures pointues pour aller dans le centre, chiner place du Jeu de Balle. 

Emilie

30 minutes d'écriture - personnage

Influenceur-euse

Le travail dans les réseau sociaux est ultramoderne, les influenceurs peuvent

gagner des milliers d’euros pour une seule vidéo, plus les revenus publicitaires.

Mariam

Mots imposés - 10 minutes d'écriture

Rédigé dans le cadre d'un cours de français langue étrangère

Ingénieur-e

Je veux vous parler du travail d’ingénieur. Un ingénieur de construction fait de la planification de projet de construction. Il s’assure que le travail est bien fait et dans les temps. Il analyse aussi les coûts des projets. Il fait la coordination et le suivi, en lien avec le conseil d’administration. Il doit connaitre beaucoup de logiciels qui sont utilisés pour les projets. Il vérifie aussi si le projet devrait se terminer dans les temps avec une utilisation optimale des ressources.

Pritisikta

10 minutes d'écriture - début du texte imposé - dans le cadre d'un cours de français langue étrangère

Mécanicien-ne

Si j’étais mécanicienne, je ferais de la gym. Pour prendre les pièces lourdes c’est nécessaire un bon physique et des bons outils pour m’aider.

C’est nécessaire d’étudier beaucoup pour ne pas faire de bêtise.

La sécurité des clients c’est la priorité. 

Cristina

Si j'étais...

Texte rédigé dans le cadre d'un cours de FLE (français langue étrangère) de Bruxelles Formation

Mineur

Parlons "travail", cette chose qui a fait fuir mon père de son pays natal, l'Italie. Il n'y avait pas de travail, il fallait aller ailleurs. Au fond des mines de charbon, mon père y travaillait de longues heures, c'était un travail posté comme on dit, "les 3 fois 8", tournée matin, après-midi et nuit. Il fallait faire silence pour qu'il puisse se reposer et enchainer ainsi les heures de travail. 

Des combats et des luttes ouvrières pour améliorer les conditions de travail des mineurs. 

Très tôt, j'ai pris conscience de cette dure réalité. A 16 ans, j'ai commencé à travailler pour avoir une petite autonomie financière. Je me souviens à l'âge de 9 ans avoir dit à ma mère : "Ne t'inquiète pas, quand je serai grande, je serai docteur et je t'achèterai une belle maison". 

Pasqualine

10 minutes d'écriture - thème imposé  

Labeur ce mot à la fois dur et désuet,  m’évoque la vie au goût amer et de poussière des travailleurs européens du siècle passé.

Je pense à ces mineurs qui crevaient parfois au coeur de la mine. Ces mineurs qui finissaient toujours par mourir à cause de la poussière qui remplissaient leurs poumons de ce noir profond qui ressemble tellement à un chagrin sans fin.

Ils étaient pourtant fiers de leur situation,  ces hommes qui plongeaient dans le ventre de la terre à la recherche du charbon qui allait participer à l’industrie mais aussi réchauffer les foyers en hiver.

Rien ne les arrêtait …. Poussés par une motivation qui les faisait descendre tous les matins en chantant et en tremblant parfois. Espérant remonter le soir pour réchauffer le monde, nourrir leur famille, payer leurs factures et s’écrouler, épuisés jusqu’au lendemain.

Isabelle

20 minutes d'écriture - 5 mots obligatoires

Comme des animaux, comme si ils étaient de petits vermisseaux les gueules noires rentraient dans la terre par de petits trous pour trouver du charbon. Ils faisaient leur devoir de mineurs pour ne pas crier famine, pour subsister.

Quand il y a un coup de grisou, dans les corons, les uns pleurent, les mères, aux fenêtres crient.

Le 6 août c’est le jour de la kermesse, ils et elles sont heureux, ils croient être dans l’enfance ; elles dansent, ils chantent, parlent fort, payent des verres de vin chaud à leur semblables. Les hommes font la bise sur la joue de leurs voisines. Pas un n’est seul. Ils sont à l’aise et font aller leurs bras, ils sont mouillés. C’est le temps de poser les fourmis dans la fosse, de faire rentrer chacune dans les trous, pour l’argent. Maintenant il fait nuit, ils parlent de la campagne de la mairie qui leur déplait, ils prennent la mouche ! « Ces bleus contre ces roses, c’est tous semblables ». Ils ne comprennent pas : devoir aller jusqu’à être emprunteur pour avoir une lessiveuse ! Quel intérêt ?

Avant dans leur enfance à Jean Jaures, ils apprenaient qu’à défaut de diamant ils auraient du grain en toute saison si ils avaient la foi, si ils priaient.                                                                              Au fond de leur cartable des leçons à savoir et des devoirs à faire chez eux avec leurs parents aux cheveux blancs ; parents dont ils sont fiers, les yeux mouillés de buée : ils sont mineurs !       

Axelle

50 minutes d'écriture - tous les mots imposés

De toute saison, la kermesse faisait danser les hommes. Et n’en déplaise au grisou, les gueules noires de charbon étaient maintenant heureuses et fières. Leur foi subsistait dans la nuit.
Voyant la pluie mouiller leurs joues chaudes et roses, mon père et ma mère chantaient pour le ciel généreux.
Je vous parle d’un petit morceau de photo de mes parents trouvés dans le terril, là-haut. Si vous y allez, vous verrez les vermisseaux rentrer dans le trou que j’ai fait pour l’avoir. Et à l’horizon, vous croirez les voir chanter et danser comme je vous l’ai dit.

Justine

40 minutes d'écriture - tous les mots sont issus d'une liste de mots imposés

Ouvrier.ère

Le travail dont je veux vous parler, celui de Laura. 

Laura a travaillé à la chaîne quelques mois, dans une usine qui vendait des cosmétiques en ligne. Elle devait préparer les colis à poster. C'était un travail contradictoire, c'est à dire intense pour le corps et d'un ennui fou pour l'esprit. Laura m'a dit : "j'avais une collègue qui avait fait ça toute sa vie et un jour, avec l'autre intérimaire, on lui a demandé : "mais tu voudrais pas faire autre chose ?" et ça m'a fait de la peine parce qu'elle a répondu : "mais c'est la seule chose que je sais faire" ; et quand je voyais son âge, je savais que personne ne la formerait à autre chose, effectivement."

Le seul truc amusant que Laura et sa collègue intérimaire ont trouvé durant ces longs mois d'ennui, ça consistait à prendre l'ascenseur et à jouer au roi du silence. Ça veut dire que que quand quelqu'un leur demandait "à quel étage vous allez ?" elles ne pouvaient pas répondre et elles allaient ainsi d'étage en étage jusqu'à ce que par miracle, quelqu'un aille à l'étage où elles devaient effectivement aller. 

Jennifer

10 minutes d'écriture

Tous les jours, au petit matin,

les mains-d'oeuvre prenaient désespérément

le chemin de l'usine.

 

Une fois y arrivés, ils se mettaient à l'ouvrage

jusqu'à ce qu'ils s'épuisent complètement.

 

S'ils avaient d'autres moyens de gagner leur pain,

ils ne s'efforçeraient à supporter ni cette usine

ni la façon du patron

qui consumait leur vie goutte par goutte.

 

La seule action du patron était de grogner et de bouffer toute la journée.

Nour

20 minutes d'écriture - mots à  placer

Douze dames autour d’une table : elles comptent, elles emballent des pralines. Pourquoi sont-elles si sérieuses : elles ont dû recevoir des consignes : ne pas parler, ne pas se regarder, juste compter et emballer. Elles ont surement aussi des quotas à réaliser chaque jour ! c’est troublant : il doit bien parmi elles y avoir au moins une « rebelle », un clown, une chanteuse, une farceuse… Où se cache-elle ? Peuvent-elles parler au vestiaire ? Peuvent-elles s’arrêter à midi, y a-t-il un réfectoire ? Je me demande si celle à droite est la chef ? elle a l’air encore plus sérieuse que les autres… Je crois qu’en fait il n’y a pas de vestiaire : sur les petites tables entre leurs chaises, je vois leurs chapeaux ! je suis sûre qu’en plus elles ne pouvaient même pas manger de temps en temps une petite praline. C’était il y a plus ou moins 100 ans, les pauvres ! elles n’auront pas connu le moindre confort de travail…si elle pouvait revenir aujourd’hui il n’y aurait plus de place pour elles, juste des machines ! mais oui des machines c’est ainsi qu’elles sont utilisées… Je me demande si elle pouvaient aller à la toilette et si chaque petit pipi était chronométré, si elles étaient fouillées à la sortie pour être sûr qu’il n’y avait pas le moindre chocolat dans leur poche, si elles pouvaient avoir des enfants qui tombaient malades…

Maryvonne

30 minutes d'écriture - texte inspiré par une photo faisant partie de la collection du centre de documentation de La Fonderie

Pilote

Si j’étais pilote, je réaliserais mon rêve de voyager d’un pays à l’autre, de rencontrer des gens de toutes les nationalités et d’avoir une vie différente des autres.

J’aurais une vie sans ennui, sans complication de faire les démarches administratives (la demande de visa ou bien chercher un logement…)

Avoir l’opportunité de voyager sans limite comme un oiseau, d’être libre.

Meriem

10 minutes d'écriture - début du texte imposé - atelier animé dans le cadre d'un cours de français langue étrangère 

Policier-ère

Si j'étais policière, je voudrais choisir le travail administratif et m'occuper de tout ce qui est papier, parce que je trouve le travail de policière à l'extérieur est très dangereux pour elle parce que qu'il peut entrer en contact de nombreux criminels qui peuvent constituer un danger pour elle même si elle prend son arme.  

Fatima

10 minutes d'écriture - début du texte imposé - texte rédigé dans le cadre d'un cours de français langue étrangère

Si j'étais policier, je voudrais l'être à Roubaix, dans cette ville où 45% des habitants vivent en-dessous du seuil de pauvreté. J'écouterais les récits et parfois, mes oreilles ne voudraient pas entendre. Ma collègue conclurait avec justesse y a des histoires qu'on ramène avec nous à la maison. Celle de cette femme assise dans sa chaise roulante, semblant dormir mais une fois qu'on la contourne, on voit derrière son crâne qu'on lui a tiré une balle. Et son mari sur la chaise de la salle à manger. Balle dans la bouche. Et après l'enquête obligatoire, cette lettre sur la table du centre dans lequel elle résidait lui annonçant que faute de paiement, madame handicapée, devait rentrer à la maison où monsieur, lui-même invalide ne pourrait s'en occuper. Et mon collègue de préciser au micro de France Inter : on a appris plus tard qu'il avait fait les démarches pour donner son corps à la science. Vous imaginez le message ? La société ne veut rien me donner mais moi, je lui donne quand même tout ce qu'il me reste. Si j'étais policier, j'en aurais chialé mais même pas eu besoin d'être policier, le casque sur les oreilles, derrière mon écran, au bureau, j'avais du mal à retenir mes larmes. 

Jennifer

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Sur cette photo, il y a deux personnes. Je vois sur les motos deux femmes policiers qui sont très sérieuses. Elles accompagnent une manifestation. Leur travail est très dangereux. Elles doivent toujours être prêtes. Les deux flics portent des armes.

Rizvan

20 minutes d'écriture - texte inspiré par une photo faisant partie des collections du centre de documentation

Atelier d'écriture animé dans le cadre d'un cours de français langue étrangère

Psychologue

Si j’étais psychologue, j’aimerais aider les gens, écouter leurs problèmes et j’essaierais de trouver les meilleures solutions. J’aimerais que les gens me fassent confiance pour que je puisse les aider. Ce métier t’offre une satisfaction financière mais aussi personnelle.

Anca

10 minutes d'écriture - début du texte imposé - atelier animé dans le cadre d'un cours de français langue étrangère

Réalisateur-trice

Quand viennent les glaneurs la nuit

Par hasard, elle s'est réfugiée dans cette ville. 

Soulagée, elle n'y connaît personne. Elle a éteint son téléphone, restera injoignable et muette le temps qu'il lui faudra. Elle n'en peut plus de ces discussions interminables de marchands de tapis, alors qu'il s'agit de son bébé, de SON film. Alors elle a pris le train, des trains. A beaucoup roulé, perdue dans ses pensées, elle n'a suivi aucun itinéraire, pris aucune correspondance connue. Et la voici ici dans cette petite ville du nord. D'abord elle déambule un peu, en profite pour respirer, puis trouve une terrasse donnant sur la place du marché, accueillante, baignée de cette lumière pâle, elle y commande un café. 

Au fond, elle veut juste prendre un peu de temps pour elle, réfléchir à la suite à donner aux événements. Elle sent que de son projet initial, il ne reste plus grand-chose. Le malheur de ces coproductions franco-belges, c'est cette éternelle compétition entre les producteurs. L'un refuse telle actrice mais exige tel monteur. L'autre hait Sandrine Bonnaire dans le rôle principal et veut un tournage en extérieur. Aucune de ces exigences ne lui convient, elle a écrit son film pour Sandrine en huis clos, avec cette équipe technique-là !

De compromis en compromis, le film qu'on lui demande de réaliser ne l'inspire plus, ne l'excite plus. 

Elle réfléchit au contrat signé. Comme elle ne l'a pas pris avec elle dans sa fuite, elle essaie de se remémorer les petites lignes et alinéas. Elle ne se souvient plus du tout, sa mémoire n'est plus ce qu'elle était. 

Distraite, épuisée, elle fixe les étals et entend les clameurs des vendeurs. 

Et si j'abandonne le projet pour incompatibilité créatrice, qu'est-ce que ça va me coûter ? Ou alors, comment transformer mon scénario pour le tourner en extérieur ? Prendre Huppert plutôt que Bonnaire ? Pas la même énergie, ça ne passera jamais à l'écran. 

Fatiguée, elle commande le plat du jour, espère y trouver un peu de force, de ressource pour trouver ce qu'elle va répondre aux dizaines d'appels en absence quand elle se décidera à rallumer son téléphone. 

Elle mange, lentement, sans entrain ni appétit. 

Elle ne sait plus, se demande si ce ne serait pas le moment d'arrêter là sa carrière. Autant arrêter maintenant sur le dernier César remporté plutôt que de rater le suivant ou pire : plutôt que de tourner un film qui ne lui correspond pas. 

Elle hésite, ne sait vraiment pas, s'en mord les doigts. 

Comment en est-elle arrivée là ? Se retrouver coincée entre des caprices de producteurs, elle Agnès Varda ? 

Son plat, non terminé est maintenant froid. Elle aussi a froid, n'a aucune idée de l'heure. Le marché se termine, visiblement il doit déjà être tard. Trouver un autre sujet, fort, interpelant. Monter sa propre équipe, l'auto-produire : voilà la solution. Oui, mais quelle solution !

Quel boulot, tout recommencer : l'écriture, les castings et comment financer ? 

Ou alors faire plus petit, plus léger. Un format documentaire entre deux longs métrages...

La lumière a changé, devenue artificielle, il se fait vraiment tard. Le marché s'est vidé, les étals se ferment, se replient les uns après les autres. Elle reste les yeux fixés sur ce marché qui s'étiole. Il y a là quelque chose de fantomatique. Les éclairages diminuent, les voix se taisent. Le silence vient avec la nuit. La place est maintenant vide, la terrasse aussi. Elle est la dernière assise là. Elle les aperçoit, discrets, silencieux, presque ombres parmi les ombres. Ils s'accroupissent devant les cageots de légumes abimés, invendus, laissés là pour eux. Ils fouillent, repèrent et prennent. Remplissent des cabas entiers. Des femmes, des hommes en silence. Des enfants aussi. 

Quand viennent les glaneurs la nuit. 

Valérie

40 minutes d'écriture - texte inspiré par un titre inventé

Rédacteur-trice pour le dictionnaire

Si j'étais rédactrice de dictionnaire, j'enlèverais les mots compliqués ou en tous cas, j'en simplifierais l'orthographe. Ou bien encore, j'accepterais une quantité conséquente de façons d'écrire ces mots. 

Si j'étais rédactrice de dictionnaire, je multiplierais à foison le nombre d'exemples de phrases dans lesquelles chaque mot peut être utilisé, pour être certaine que chaque lecteur ou lectrice puisse y trouver son bonheur. 

Je créerais également plusieurs versions de mon dictionnaire : une version pour les dyslexiques qui ne contiendrait ni a, ni o, ni p, ni b... Une version pour les intolérants dans laquelle on ne pourrait pas trouver le mot "race", par exemple. Une version pour les égoïstes dans laquelle des mots comme "générosité" occuperaient plus de cinq pages. Une version pour les employeurs dans laquelle certains mots apparaîtraient en rouge comme "bienveillance", "repos" ou bien encore "enthousiasme". 

Si j'étais rédactrice de dictionnaire, il faudrait à chacun-e une bibliothèque entière dédiée à mes oeuvres. 

Anne

10 minutes d'écriture - thème imposé 

Réparateur-trice

Une brise légère soufflait à travers les pales du climatiseur. C'est avec délicatesse que le réparateur ferma le clapet de la machine, brandissant fièrement les bras en l'air en signe de victoire. 

Il toisa avec un regard dur l'assemblée entourant sa haute échelle. C'est qu'il se sentait puissant, là-haut, avec les yeux des fonctionnaires braqués sur lui. 

L'homme lança un bref : "C'est bon". 

Un énorme soulagement se fit entendre avant que le brouhaha revienne à nouveau. Quel bruit ! Bruyants, ces hommes de calculs. 

"Faut dire qu'en plein mois de juillet, la clim dans un bureau, c'est invivable sans !", il avait d'abord été accueilli comme ça. 

Le manager avait pas simplifié l'affaire ! 

Un froid : "Deux mois que votre compagnie m'a dit qu'elle enverrait quelqu'un" suivi d'un : "Allez, par ici, tout le monde vous attend à la compta ; ils allaient péter un câble si c'était pas aujourd'hui !" pressé.  

L'ambiance à la compta ; pas mieux : "Putain, Michel, regarde il est enfin là !". 

"Qu'il se magne, le reste je m'en fous. Suis au bord du gouffre."

Une petite salle, plein sud, remplie de petits comptables énervés. Des heures pour trouver le souci avec, en arrière-fond, les remarques du personnel : "il fait quoi cet enculé, on étouffe ici !". 

Une journée affreuse, entouré de gens encore plus affreux que la journée elle-même ! 

Elle se finissait enfin. 

Sa longue échelle commençait à tanguer tellement le manager distrait l'oubliait au lieu de bien la tenir ; plus concentré à célébrer avec ses collègues. Même pas le temps de descendre qu'un petit clic se fit entendre. Et merde, c'était le ventilo ! La foule en-bas changea vite de mine et sous la colère et la déception, bouscula le brave homme qui n'était pas descendu surpris par la rapidité des événements. 

C'est la tête la première qu'il tomba. 

Dans le bureau, tout le monde s'était tu. 

Taïno

40 minutes d'écriture - chute imposée

Scénariste

Si j’étais scénariste, je chercherais une ou des idées. Puis je les coucherais sur le papier ou plus certainement dans mon ordinateur. Après, je chercherais un producteur. En me relisant, je me rendrais compte du manque d’originalité de mon histoire. Je choisirais de développer un passage que j’avais survolé car refoulé.

Je chercherais des personnes de confiance pour lire ce scénario, y apporter leurs remarques, puis je me lancerais. Je saisirais mon e-mail et l’enverrais à ce producteur que j’ai repéré, après avoir peut-être fait enregistrer mon « œuvre » à la société de protection des artistes.

Anne-Laure

10 minutes d'écriture

Tailleur en confection

Je me souviens quand papa avait faufilé les différentes pièces du costume, s'installait derrière la machine à coudre. 

A cette époque, elle n'était pas électrique. Il y avait une pédale sur laquelle on déposait un pied. Selon la vitesse qu'on activait le pied, les points étaient plus ou moins grands, réguliers ou pas. 

Il y avait aussi la tension du fil, ainsi que le fil dans la cassette. Parfois, même souvent, quand je tentais de piquer avec la machine à coudre, comme résultat, j'obtenais une masse de fil coincés sous la pièce de tissu. Alors, la machine refusait de fonctionner... Une sorte de rébellion, cela me fait sourire. 

Cette machine à coudre, si elle savait parler, raconter les kilomètres de points qu'elle a réalisés. 

Peut-être qu'elle raconterait des souvenirs dont je n'ai aucune idée, des secrets inavouables. 

Enfin, c'est plus facile depuis qu'elle fonctionne à l'électricité. Une pensée pour toutes les personnes d'antan. 

Marie Muriel

20 minutes pour trouver un objet, s'en inspirer et écrire

Texte inspiré par une machine à coudre dans l'exposition permanente du Musée bruxellois des industries et du travail

Ce que je sais, c'est que papa avait commencé un job vers 12 ans, car sa maman était veuve depuis environ 5 ans. 

Que la été son premier job ? Peut-être celui que j'ai connu quand j'étais jeune ? 

Il exerçait le métier de tailleur en confection donc couturier main pour les messieurs riches. Est-ce que c'est une coïncidence ? mon grand-père paternel, que je n'ai pas connu, exerçait comme profession "tailleur de pierres". 

Adolescente, j'avais un point de vue négatif sur ces métiers. Aujourd'hui, quand je vais me balader à Malines ou dans les environs, que j'admire une église, une cathédrale, je suis très fière en me disant que peut-être ces grand-père et père inconnus ont oeuvré à ce bel édifice. 

Pour en revenir à papa, j'avais peut-être une dizaine d'années... Dans la chambre où l'on dormait, il y avait dans un coin sa grande table de tailleur ainsi que la machine à coudre. Quelques fois, j'ai effectué des points en V sur les épaulettes des vestons. C'est un des rares bons souvenirs du temps que j'ai eu avec papa. 

Marie-Muriel

10 minutes d'écriture - thème imposé

Tailleur de pierre

Ce que je sais, c'est que papa avait commencé un job vers 12 ans, car sa maman était veuve depuis environ 5 ans. 

Que la été son premier job ? Peut-être celui que j'ai connu quand j'étais jeune ? 

Il exerçait le métier de tailleur en confection donc couturier main pour les messieurs riches. Est-ce que c'est une coïncidence ? mon grand-père paternel, que je n'ai pas connu, exerçait comme profession "tailleur de pierres". 

Adolescente, j'avais un point de vue négatif sur ces métiers. Aujourd'hui, quand je vais me balader à Malines ou dans les environs, que j'admire une église, une cathédrale, je suis très fière en me disant que peut-être ces grand-père et père inconnus ont oeuvré à ce bel édifice. 

Pour en revenir à papa, j'avais peut-être une dizaine d'années... Dans la chambre où l'on dormait, il y avait dans un coin sa grande table de tailleur ainsi que la machine à coudre. Quelques fois, j'ai effectué des points en V sur les épaulettes des vestons. C'est un des rares bons souvenirs du temps que j'ai eu avec papa. 

Marie-Muriel

10 minutes d'écriture - thème imposé

Vidéaste

"Je suis mon travail". Alors là, si des gens qui me connaissent étaient dans la pièce, ils souriraient ou riraient parce que c'est certainement la phrase qui me définit le mieux. Je suis mon travail et c'est marrant, mon travail consiste à suivre le travail des autres, puisque je suis vidéaste et je fais beaucoup de portraits de travailleurs. Hier, j'ai suivi un chef coq occupé à faire des moules et une serveuse les a déposées sur une table puis quelques minutes plus tard, le client a renversé les moules alors la serveuse a couru au bar pour demander une balayette et une ramassette mais comme elle parlait pas néerlandais et que c'était une équipe de néerlandophones, elle a mimé le geste mais la meuf en face d'elle ne comprenait pas et moi à travers mon écran LCD, je rigolais parce que c'est vrai que c'était pas bien mimé. 

Si j'aime autant être mon travail, c'est pas juste parce qu'il fait sens pour moi ou parce qu'on assiste à des scènes drôles comme celle-là mais c'est surtout parce qu'il donne un relief aux gens et à leurs boulots. Ils se voient autrement, dans d'autres mots que ceux qu'on utilise beaucoup pour parler du travail : la torture, l'humiliation, l'ennui. Pas que ces trois mots n'existent plus, faut pas rêver mais avec quelques coupes, on peut articuler des choses qui existent aussi. Les gens font sans se voir faire. Le chef coq, il a dit à un moment qu'il n'y avait que 250kgs de moules alors l'équipe a dit que peut-être, y en aurait pas assez pour tout la journée et moi, je me suis dit : mais c'est énorme 250kgs. Je sais pas qui de lui ou de moi se rendait pas compte mais il a conclu par : "après, il restera des patates" et ça l'a fait rire. 

Jennifer

Début du texte imposé - 20 minutes d'écriture

J'aime Adrien et son sourire et son inépuisable gaité et sa voix grave. La dernière fois, il a entendu que j'écoutais Polnareff, Love me please love me, et il m'a demandé si j'avais besoin d'un câlin de collègues et j'en avais besoin, Adri. 

J'aime Axel et nos trajets en voiture dans toute la Belgique pour filmer les gens ou les actions ou les manifs et nos questions existentielles sur l'amour. On s'arrête chaque fois dans une station essence prendre un café et malgré le nombre de stations testées, on n'a à ce jour trouvé aucun café correct. 

J'aime Loes, et qu'elle partage ma folie au point qu'on veut se faire tatouer le même émoji en forme de fusée, notre symbole quand on veut parler de concepts vidéo tellement ambitieux... que nos chefs nous disent non direct. 

J'aime Timothée même si on se dispute tellement que le chef a planifié un rendez-vous qu'il a appelé "Workshop : conflict response". Il a dû le décaler une première fois et entretemps, on s'est pris la tête deux fois. 

J'aime l'adrénaline en manif, en montage, en prépa, en livrant. 

J'aime ne plus avoir le temps de manger et 4 tasses à moitié pleines de café froid sur le bureau, et finir à 22:00 sept jours consécutifs. 

J'aime voir ce que j'avais imaginé dans ma tête devenir autre chose, sous mes propres mains. Des fois c'est mieux. Des fois c'est moins bien. 

J'aime devoir sortir de ma zone de confort.

J'aime qu'on me félicite même si je sais jamais quoi répondre et qu'au fond, minimiser ses compétences, c'est une forme de vanité selon Elle Magazine. 

J'aime me dire que je fais tout ça pour changer le monde et que c'est ma place. 

J'aime pas les moments entre deux projets, où je fais rien et mon chef me dit : "i y a des tâches de fond" mais ranger le local du matériel, ça me dit rien. 

J'aime pas quand à cause du retard des autres, je me retrouve dans le jus. Je trouve ça injuste. 

J'aime pas les disputes avec Axel car des fois, je perds confiance en lui. 

J'aime pas quand mon ordi plante. 

J'aime pas quand mon ordi plante au moment de l'export final. 

J'aime pas quand on me chasse du bureau car c'est l'heure de fermeture. 

J'aime pas les toilettes de mon boulot, elles puent à cause de l'eau recyclée. 

J'aime pas être vulnérable. 

J'aime pas les jeudis. 

J'aime pas quand, au tout début d'un projet, la quantité de travail m'apparaît comme une montagne et ça me démotive. 

Jennifer

Forme imposée

Historien-ne

Mon arrière petite-fille a 50 ans. En 2119, elle habite sur l'île de Basse-Savoie, aux Etats-Unis d'Europe. 

Elle est ratisseuse de fonds marins et passe donc le plus clair de son temps au fond des mers. Elle y fait des fouilles, y trouve des trésors enfouis qu'elle sort précautionneusement et met alors entre les mains des historiens de l'environnement. 

L'autre jour, elle é trouvé une voiture à moteur diesel très bien conservée. Immédiatement, elle a pris contact avec le musée de la voiture d'Everest pour leur faire part de cette incroyable découverte. La voiture comprenait encore son moteur, protégé par la carrosserie, mais également - ce qui est très rare - son volant, ses sièges (en tous cas leur ossature) et elle y a même trouvé ce que l'on appelait alors un auto-radio, qui n'était pourtant plus très répandu à l'époque où fut fabriquée cette voiture. 

Il y a quelques années, elle avait trouvé un lot fort intéressant de sacs en plastique. Ce type de sacs n'est plus fabriqué depuis la fin des années 2020 et a heureusement presque disparu des océans depuis le grand ramassage de 2073. Ce lot qu'elle a trouvé a permis aux historiens de dater l'existence de certains commerces à l'époque fort connus et très répandus tels IKEA, bien sûr, qui existe encore aujourd'hui mais également des commerces oubliés depuis comme H&M, Proximus ou Delhaize. 

Je suis très fière de mon arrière-petite-fille car ce qu'elle fait permet à l'humanité de ne pas perdre la mémoire. 

Anne

20 minutes d'écriture - thème imposé

Commerçant-e

Le travail de ma mère était commercial. Elle avait créé un commerce à deux pôles très différents... D'un côté tabacs, cigares et cigarettes et de l'autre objets de toilette, savons, parfums. Donc, dans ces années 1948-1962, cela voulait dire un côté hommes et un côté femmes. 

Elle assurait très sérieusement toute la gestion, sa soeur l'aidait de temps à autres pour assumer la clientèle. 

La période des fêtes était celle où la sonnette de la porte du commerce n'arrêtait pas, de 9h le matin à 9h du soir. 

Comme elle devait, dans notre maison pas très grande, assurer les réserves ; tous nos lits étaient garnis en-dessous par des réserves de cigares, de savons et de parfums. 

Elle n'avait que le dimanche comme congé et 15 jours durant l'été. Dur labeur qui rapportait pas mal d'argent puisqu'elle nous gâtait beaucoup. 

Michelle

10 minutes d'écriture - thème imposé

Fonctionnaire de l'Etat

Vous avoir entendus parler de votre travail m'a donné envie de parler de mes quarante-deux années à l'Etat. J'ai souvent l'impression d'avoir vécu plusieurs vies et selon les supérieurs et l'époque, la même administration pouvait être un paradis ou un enfer. 

Ainsi, l'INS avait deux entrées et deux lignes du temps pour moi. D'abord en service externe, j'ai connu mes meilleures années et j'ai lu des centaines de livres dans des trains, car j'étais le seul à faire la province (de Liège) sans voiture. Une année, j'ai fait le calcul : j'avais fait le tour de la planète entre Bruxelles et Wolvenraedt. Fou, fatigant mais aussi un moment de liberté et de voyage, même si répétitif. Par contre, le bâtiment était Kafkaïen. J'ai eu des cauchemars qui avaient comme décor ce bâtiment, tout à fait construit en dépit du bon sens. Un souvenir écrasant est une semaine dans un bureau provisoire où des ouvriers construisaient un nouveau mur. La poussière, le bruit n'avaient aucun obstacle entre la source et nous, fonctionnaires. Nos bureaux étaient donc envahis de poussière soit rouge, soit blanche, et l'odeur de chantier m'est restée à jamais dans ma mémoire. Décoffrage d'une nouvelle cloison bétonnée, on arrache le bois et cela sent le bois, le béton et le métal. 

Daniel

10 minutes d'écriture - thème imposé

Eboueur-euse

Si j'étais un éboueur, je crois que j'aurais très difficile à me lever le matin tôt pour aller exécuter ce métier pénible et peu reconnaissant par les autres. Aurais-je une satisfaction à l'effectuer ? Je ne crois pas. 

D'après ce que j'ai déjà pu observer, il faut ramasser des sacs de poubelle lourds, parfois dégoulinant, et de surcroît, il faut aller vite. 

Si le camion bloque la rue, on a droit à entendre des coups de klaxon répétitifs et coléreux. 

Je démarrerais les journées avec des pieds de plomb et, très heureuse à la fin de la journée, rentrée chez moi, la première chose, ce serait direction salle-de-bain, pour me shampouiner de la tête aux pieds afin de ressentir la propreté et ainsi passer une soirée agréable chez moi. 

De plus, qu'il pleuve, vente, froid, chaud... c'est toujours courir et ramasser les sacs plastique. J'ai un profond respect pour toutes ces personnes qui exercent un travail insalubre. 

Marie-Muriel

10 minutes d'écriture

Marie est une femme de 30 ans, elle a commencé à travailler il y a un mois à Bruxelles Propreté, comme conductrice de camion.

Chaque jour elle se lève à 4h du matin, pour rejoindre son équipe dans le dépôt de la société.

Elle porte son uniforme, elle s’installe dans son véhicule, quand ses collègues sont prêts, elle démarre puis elle commence à ramasser les poubelles dans tous les quartiers indiqués sur la liste.

Les derniers déchets ramassés elle rentre chez elle. 

Mariam

fin du texte imposée

Texte rédigé dans le cadre d'un cours de français langue étrangère

Le travail d'éboueur a changé d'image. Quand j'étais petite, combien de fois ai-je entendu "Si tu ne réussis pas à l'école, tu seras éboueur". Maintenant, depuis le covid, on est fiers des éboueurs et encore mieux que cette fierté collective : ils sont fiers d'eux-mêmes. 

Fiers et heureux comme des baigneurs sur plage. Laissant leurs empreintes de pieds sur le sable mouillé et exhalant des arômes iodés. 

Ces arômes me font penser aux côtes basques où j'ai passé ma jeunesse loin de la froideur de Bruxelles, où on peut sentir des arômes de curry, de la tomate, de la sauge ou encore de la friture, largement suffisant pour me faire apprécier Bruxelles multiculturelle autant que mon pays basque natal. 

Angela, Mélanie et Jennifer

Texte écrit sur le principe du cadavre exquis

Dire bonjour à un éboueur sur son passage.

Mais dire bonjour à cet éboueur qui, beaucoup de matins, croise mon chemin.

Par sa tenue fluorescente, il se fait vite remarquer, malgré sa présence apparemment quelconque.

 

Mon esprit se laisse traverser par une mélancolie enfantine.

Comment a-t-il pu accepter ce travail ? 

Un travail dévalorisant, voire parfois humiliant... n’est-il pas ?

N’est-il pas pour qui, pourquoi ?

Il n’avait pas le choix et cela malgré ses diplômes ?

Il avait purgé sa peine, il fallait donc survivre ?

Il avait immigré avec peu de chance d’embauche ?

Il aimait l’environnement et la propreté ?

Et pourquoi pas ?

Intermédiaire dans ce travail, il lui restait énormément de temps pour se donner à sa passion ou à ses enfants ?

 

Tout travail, toute tâche a une valeur et aurait à être vécue dans sa plénitude ….

Toute cette théorie feinte de mélancolie s’en alla ébranlée ; lorsque l’éboueur du jeudi parla de Spinoza.

 

Ou cet autre éboueur gagna à Euromillions ?

 

Probablement parce que la vie n’est pas une ligne droite, toute tracée mais une sinuosité de chances et d’opportunités.

 

 Angela

10 minutes d'écriture - thème imposé

Si j'étais éboueur, je me réveillerais très tôt pour commencer à travailler. Je porterais de vêtements verts pour me distinguer des  autres. Je travaillerais jusqu'à midi. J'aurais plus de temps libre. J'aurais toujours les vêtements sales. Je travaillerais avec une machine glouton, qui aspire les déchets. J'aurais les pinces spéciales pour collecter les déchets. 

Victoria

10 minutes d'écriture - début du texte imposé - texte rédigé dans le cadre d'un cours de français langue étrangère

Vendeur-euse

Avez-vous une idée du travail de vendeu-r-se dans les salons et foires commerciales ? C'est un travail saisonnier qui demande une grande énergie. Les journées sont ininterrompues, étalées sur quelques jours, voire deux semaines. Vendre ne s'arrête pas là. Il faut avant tout démontrer les qualités incontournables de la marchandise exposée. Ses atouts majeurs, son efficacité, sa maniabilité. Le vendeur déploie les arguments les plus convaincants face à une concurrence omniprésente. Le travail en salon est donc un travail de tous les instants. Il faut séduire, convaincre, expliquer. Vendre est un jeu qui demande souplesse, empathie, imagination, répartie verbale et psychologie. Souriant, affable, à l'écoute du client, le vendeur doit le rejoindre dans ses exigences tout en veillant au bot final : conclure la vente. 

Si vous observez le travail des vendeu-r-se-s en foires et salons, vous serez témoin du jeu qui se déroule sous vos yeux, et ce jeu vous fera penser à un spectacle de théâtre. Le vendeur est un comédien, le visiteur est le public. C'est un travail où chacun joue son rôle. 

Jeannine

10' d'écriture - thème imposé

Le travail dont je veux vous parler c’est mon premier métier.

J’ai commencé à travailler à 14 ans. J’ai senti la nécessité d’une indépendance financière, pour acheter mes choses sans demander à mes parents.

J’ai trouvé un travail dans un magasin de chaussures et vêtements dans un centre commercial à São Paulo – Brésil.

Au début, j’ai travaillé cachée de mon père, parce qu’à l’époque il n’accepte pas. Mon premier métier c’est vendeuse.

Cristina

Début du texte imposé

Texte rédigé dans le cadre d'un cours de FLE (français langue étrangère) de Bruxelles Formation

Je travaillais tous les ans au Salon des vacances de Bruxelles, et au Salon des arts ménagers et loisirs de Charleroi... C'était une activité fort accaparante mais très agréable. J'y rencontrais beaucoup de monde. Les visiteurs s'y rendaient parfois par curiosité, souvent dans le but de rêver et aussi d'organiser leurs futures vacances. Mon département du camping et caravaning m'a permis de rencontrer les inconditionnels de cette formule au grand air. J'ai entendu maints et maints récits de vacances, d'aventures, d'anecdotes. Des situations cocasses, amusantes, inimaginables qui égrainaient les souvenirs de ces clients enthousiastes. Je ne suis absolument pas adepte de la formule du camping et je m'amusais énormément à constater que les gens ne racontèrent jamais les difficultés rencontrées pour installer le matériel. Mais tous aimaient raconter, parler, évoquer ces moments inoubliables de leurs vacances. 

Jeannine

10 minutes d'écriture - thème imposé

Je me souviens des bousculades pour une cigarette gratuite. 

Je me souviens des douaniers bien plus malins qu'on ne le pense.

Je me souviens de la vision à long terme américaine : le whisky prêt à remplacer la cigarette. 

Je me souviens de ma découverte du Luxembourg grâce à ce job estudiantin.

Je me souviens de ma première relation avec un patron autoritaire. 

Je me souviens de ma stupéfaction lorsque mon patron m'avoua avoir honte de son job. Je me souviens de l'élégance au job de mon meilleur ami, pourtant timide. 

Je me souviens de ma déception quand Pall Mall supprima les students pour mettre des professionnels au même travail. 

Je me souviens de l'apparition du whisky Pall Mall, bien plus tard. 

Daniel

10 minutes d'écriture - thème et forme imposés 

J'aimais bien cette impression d'accompagner les gens dans leur réveil, juste avant leur train ou leur arrivée au boulot. 

J'aimais bien les gens qui venaient tous les jours acheter le même journal de course et la complicité au bout de quelques semaines, quand en arrivant, je leur tendais le journal avant qu'ils ne le demandent. 

J'aimais bien l'inventaire car on a retrouvé des dizaines de pièces tombées dans les rangées de chewing-gum devant la caisse. Même s'il a fallu les remettre dans la caisse héhé. 

J'aimais bien l'équipe et les ragots, les profils différents, Karima la célibataire désespérée, Jean-Baptise l'ancien héroïnomane qui avait toujours l'air triste sauf quand il parlait de son fils Gabriel dont il s'était fait tatouer le prénom sur le bide, Michaël le métalleux aux cheveux longs. 

J'aimais bien et même plus que bien Vivien qui me ramenait parfois en moto et qui roulait tellement vite que je flippais que mon casque trop grand ne s'envole. 

J'aimais bien la Gare du Nord et les annonces presque exotiques de tous ses trains et cette voix qu'en France, tout le monde connaît précédée de cette musique : tan tan tanin.

J'aimais bien et j'ai toujours aimé le souvenir que c'était mon premier job et qu'avec ma première paie, j'ai acheté un ensemble costume classique chez Gap sur conseil de ma mère et que ça ne m'a absolument jamais servi plus tard mais j'ai gardé le pantalon, que je mets sans raison parfois. 

Jennifer

Je pratiquais du travail temporaire. J'ai commencé l'activité de vendeuse démonstratrice à l'époque de la Saint Nicolas à Bruxelles. Pendant six semaines, les firmes de jouets engageaient des démonstratrices et démonstrateurs pour animer des points de vente. Vanter la qualité didactique et la solidité de la marchandise présentée. Et bien entendu, séduire la cible principale, les enfants, en leur permettant de manipuler et expérimenter le jeu devant les parents. Si l'enfant était enthousiaste, le but était atteint et le client achetait la boîte de jeu. Chaque vente était gratifiée d'une commission financière pour la démonstratrice. 

C'est ainsi que j'ai lancé les premières voitures téléguidées au rayon des jouets des Galeries Anspach. Je disposais d'une grande table et j'offrais la possibilité aux bambins de tester leur adresse. La consommation quotidienne de piles était impressionnante. 

En boutade, j'évoque parfois l'idée d'avoir involontairement participé aux déficits irréversibles des Galeries Anspach. 

Jeannine

10 minutes d'écriture

Le vendeur de bricolages est toujours un homme, il est revêtu d’un uniforme qui permet de l’identifier. Il est serviable et communicatif. Assailli par plusieurs clients à la fois, il gère. Il informe et avertit sur les produits, offre des solutions, donne des idées. Le vendeur de bricolages est bienveillant et vous conduit vers la caisse une fois les achats terminés.

Anne-Laure

10 minutes d'écriture - thème imposé

Dans cette photo, je vois un vendeur avec des clients dans une épicerie. Être vendeur, c'est un métier pas facile. Pas loin de chez moi, se trouve une épicerie. Chaque matin, je vois le pauvre vendeur en train de sortir les légumes et les fruits. Il les dépose dehors et le soir, il doit les faire rentrer. 

Le problème : il fait ça tous les jours ! C'est pas facile de gagner de l'argent. Je comprends. Mais franchement, il m'a touchée. 

Touria

20 minutes d'écriture - dans le cadre d'un cours de français

Selim travaille dans la petite épicerie fruits et légumes de son oncle, située avenue de la Reine à Schaerbeek. Malgré ses vingt ans, il a l’impression d’y avoir travaillé depuis toujours. II avait à peine douze ans que son oncle lui demandait déjà ponctuellement de l’aide pour des travaux plus légers : aider à ranger des boîtes dans les rayons, disposer les fruits et légumes dans les cageots, assurer la surveillance du magasin le temps que son oncle fasse des petites courses. De manière générale, il est satisfait de son travail, malgré les longues journées. Il connaît la plupart des clients, qui habitent pour la plupart le quartier. Les courses à l’épicerie sont souvent un prétexte pour échanger des nouvelles sur la famille ou l’actualité en Belgique ou au Pays. Aujourd’hui par exemple, Monsieur Kosoglu vient acheter un paquet de 500 grammes de fromage bejaz pejnir et une boîte d’olives noires genlik. Sans s’intéresser au football, Selim sait que ce soir se joue le match décisif entre son équipe favorite Galatasaray contre sa rivale Adana Demirspor... 

Sonia

Texte inspiré par une photo tirée des collections du centre de documentation de La Fonderie

Cuisinier-ère

Si j'étais cuisinier, je crois que je serais très fatiguée parce que c'est un métier qui demande beaucoup d'activité physique. 

Je crois que j'aimerais être entourée de personnes qui aiment vraiment cuisiner et aussi seraient des aides efficaces et me donneraient un environnement agréable. 

Je crois que j'essaierais au fur et à mesure de m'améliorer de façon à récolter des fans. Peut-être écrirais-je mes recettes pour les partager. 

J'essaierais aussi d'inventer de nouvelles choses, y compris en allant chercher dans les autres cultures ou pays. 

Quand je retournerais à la maison, j'écouterais de la musique, je lirais mais surtout, je ne ferais plus à manger pour la famille. Oh ! Non ! 

Michelle

10 minutes d'écriture

Illusionniste

Si j'étais né adroit, j'aurais peut-être choisi illusionniste ou prestidigitateur comme carrière. Quel métier passionnant cela doit être : étonner les gens chaque jour. Le geste répétitif n'est plus une corvée mais un fil rouge de la magie journalière. Des objets quotidiens deviennent des amis de l'illusion : un mouchoir, un chapeau, une carte, un oeuf, une cuillère ou un foulard. Evidemment, le perfectionnisme peut, comme partout, entraîner des excès. Houdini était obsédé par toujours faire mieux. Plus récemment, le grand magicien anglophone a totalement disparu : tour de magie totale ? Décès ou plus rien à prouver ? Il a fait disparaître un éléphant, une voiture et je pense même un petit avion. Les nouveaux se promènent dans la rue et vraiment, tout semble possible : marcher sur l'eau, planer... De vrais rêves d'enfant réalisés... La technique aide à faire l'illusion totale. 

Daniel

10 minutes d'écriture 

Chirurgien-ne

Si j'étais chirurgien, je ferais ma spécialité en chirurgie de la face. Réparer les accidentés, les malformations. Redonner forme à un visage blessé, mutilé ; rétablir un aspect acceptable au regard. Greffer des lambeaux de peau aux brûlés. Reconstruire une mâchoire, redonner un sourire à celui qui se cache. Travailler dans la minutie, la délicatesse afin d'obtenir le meilleur résultat. 

Si j'étais chirurgien de la face, je pourrais suivre l'évolution de ces transformations successives. 

Expérimenter des techniques nouvelles, aider aussi les étudiants à modeler les chairs, les os. Obtenir un résultat satisfaisant pour les patients serait pour moi, chirurgien, une récompense sur la patience, la persévérance, la recherche. 

Jeannine

10 minutes d'écriture

Balayeur-balayeuse

Tu t'appelles Mamadou, Alain, Roger, Paul, Kévin ou Mohamed (surnommé Momo), et je te croise parfois dans la rue.

Je te vois mais me vois-tu, toi qui as toujours le regard bas, penché vers le sol, vers ces détritus que d'autres ont négligemment jetés par terre. Parce que, de toutes façons, il y a des gens qui sont payés pour les ramasser.

Ces "gens", c'est vous. Vous faites un métier bien ingrat : ramasser les déchets des autres. Et pourtant, vous le faites parfois avec plaisir, et même avec le sourire, en chantonnant, hors du temps. En oubliant que vous êtes dans la ville et dans le trafic.

Où es-tu alors, Momo, dans ta tête ? Toi qui gagnes à peine le Smic?

Sur une plage déserte de l'autre côté de la Terre, au soleil ? Au sommet d'une montagne, que tu as gravi petit à petit, et dont tu as enfin atteint ce que tu croyais être le sommet, mais derrière lequel tu découvres un autre sommet, encore plus haut, encore plus grand ? Au milieu du désert, peut-être, entouré de bédouins et de chameaux, avec ta tribu tu avances petit à petit... Où es-tu Alain ? Sur une planche de surf, au milieu des vagues ? Où es-tu Kévin ? Au chaud, blotti dans les bras de ta femme, avec tes enfants qui vous sautent dessus ?

Alors je continue ma route, et tu continues ton travail, mégot après mégot, canette après canette...

Et le soir arrivé, tu rentreras chez toi. Fatigué de ta journée. Est-ce que tu es fier du travail que tu accompli ? Parce que oui, tu es utile à la société. Peut-être bien plus utile que certains bureaucrates qui sont pourtant payés cinq fois plus que toi. Et qui, le soir, sur le chemin de la maison, balancent négligemment de la vitre de leur grosse BM un mégot, ou une canette, que toi, le lendemain, tu ramasseras.

Et si nous nous rassemblions, Momo, Alain, Roger, Paul, Kévin et Mamadou, et si au lieu de ramasser leurs déchets nous nous barrions sur une plage, pour prendre ce repos que nous avons bien mérité ? Et si nous les laissions s'enterrer, petit à petit, sous une montagne de déchets, est-ce que vous pensez qu'ils nous rappelleraient ? Qu'ils nous supplieraient de revenir en nous offrant une augmentation ? Ou qu'ils arrêteraient enfin de jeter des déchets de la fenêtre de leur grosse voiture?

Me voilà arrivé au bureau. Mon esprit a encore vagabondé à tel point que je ne me souviens pas d'avoir effectué le trajet.

Alors, merci à toi, Mamadou, Alain, Roger, Paul, Kévin, Mohamed (surnommé Momo), car sans le savoir, armé de ta pince et de tes vêtements de protection, tu m'as une fois de plus fait voyager!

Philippe

10' d'écriture - thème imposé

Ils sont là, fidèles au poste, à ramasser nos déchets, nos ordures, nos impolitesses, particulièrement en ce temps de crise : gants de latex, masques jetés à terre, et…tant pis pour les autres.

Ils viennent de tous les pays, de chez nous aussi, obscurs, sans grades, oubliés et indispensables, les balayeurs de rue de nos grandes villes.

Je les apercevais de derrière les vitres du bistrot où j’allais prendre mon café et je les côtoyais l’hiver, quand ils y entraient se réchauffer un peu et déposaient sur les radiateurs leurs gants trop légers pour la saison.

Toujours présents, je les rencontre lors de ma promenade très matinale avant de me confiner pour la journée : Mamadou, venu du Sénégal, 22 ans peut-être, qui espérait tant trouver ici autre chose, mais content quand même, et qui me fait le cadeau de son sourire éclatant: « Bonjour Mama, ça va Mama? »; Ruffin, de la Guinée-Conacry, il gratte à longueur de temps les affichettes et les tags des poteaux de signalisation accompagné  de son éternel alter ego, Mohamed : on s’arrête un moment pour bavarder. Je leur demande si ils n’en ont pas assez de faire ça: « Tu sais, on est content, on a du boulot, pourquoi on ne serait pas content ? »

Momo, arrivé d’Algérie, il y a bien longtemps déjà, installé, sans travail et puis…CPAS, article 60, il a ce boulot. Il a balayé les rues de Saint-Gilles 15 mois. Puis la peur s’est insinuée en lui : qu’allait-il advenir de lui après ces mois-là? Il partageait avec moi, ses « Petit Prince » au chocolat.

Puis il a disparu de ma vie. Quelques mois plus tard, on s’est rencontré : il ramassait les poubelles, puis quelques mois encore, et il m’a saluée de loin avec un sourire joyeux, au volant du camion de ramassage qu’il conduisait : la partie était gagnée.

Il y a Paolo aussi, Portugais, depuis 25 ans chez nous, charmeur, charmant et d’une méticulosité sans pareille. Jamais nos rues de Saint-Gilles n’avaient été si propres. Christian, Belge qui conduit ces drôles de petites voitures accompagné d’un acolyte pour changer les sacs des poubelles métalliques de nos rues.

Il y a quelques femmes aussi et chapeau, mais je ne les ai pas beaucoup rencontrées ici.

Ils sont souvent le sourire de ma journée, alors, pensons à les saluer, à remarquer leur travail, nous qui aurions tant aimé être remarqué-es dans le nôtre parfois: chacun de nous participe à cette chaîne, et aucun de nous, ni roi, ni prince, ni patron, ni employé ou ouvrier, ni femme au foyer, ni jeune entrepreneuse, ni étudiante ne peut survivre sans l’aide des autres.  

Mona

10' d'écriture - thème imposé

Un balai. 

Un vieux balai. 

Tout miteux. 

Certes, c'est un balai qui a une histoire puisqu'il se trouve dans un musée. 

Peut-être est-ce un balai dadaïste ? Un balai surréaliste ? 

Car on dit "détournement d'objet" dans le langage du Pop Art. 

Que nenni, c'est un simple balai, un "bête balai" comme on dit à Bruxelles. 

Mais que fait-il donc dans un musée ? 

Est-ce un musée sérieux parce qu'il y en a de drôles à Bruxelles, savez-vous ? 

Ainsi du musée du slip ou musée des objets érotiques près du Sablon, en plus... Vous imaginez ?!

Non, non, rien de tout ça. 

C'est un musée on ne peut plus sérieux. C'est le musée de La Fonderie et là, bien mis en valeur, un balai de balayeuse de rue. 

Jacqueline

20 minutes pour trouver un objet, s'en inspirer et écrire

Texte inspiré par un balai dans l'exposition Journal de rue du Musée bruxellois des industries et du travail

Employé-e de banque

En travaillant, j'ai rencontré des personnes riches, même très riches. Cependant, il y a une différence certaine, ce n'est pas un leurre, entre les personnes nées dans la richesse et les nouveaux riches. Leurs comportements sont totalement différents. 

Travaillant depuis des années dans une agence bancaire, quand un nouveau, une nouvelle cliente entrait dans l'agence, je savais déjà à qui j'avais à faire. 

Aussi, ça c'était une personne avec qui nous aurions des difficultés. 

A cette époque, les chèques existaient encore en Belgique, et chaque chèque était garanti par une carte bancaire européenne s'il avait une valeur de 7000 francs belges. 

Comme un chéquier contenait plusieurs chèques, si nous avions un client ou une cliente mal intentionné-e qui émettait des chèques sans provision, ce n'était pas la joie pour nous. 

Heureusement, dans l'agence où j'ai exercé, la majorité des clients étaient fortunés. Rien n'est dû au "hasard". 

Marie Muriel

10 minutes d'écriture - thème imposé

Chauffeur-euse

Celui la, je le guette, je l'attends, je me réjouis quand je le vois venir, je me désespère quand je crois l'avoir loupé. Le conducteur du bus ! Grâce à lui, la longue rue qui monte jusqu'à la gare me semble bien courte, et mon lourd sac ne me pèse plus. L'habitude, "en province" (je sais qu'à Bruxelles ça ne se passe pas ainsi), c'est de saluer quand on monte et quand on descend du véhicule. Le conducteur, ou la conductrice, répond à chacun de manière fort courtoise. Courtoisie bien vite oubliée devant les chauffards du matin, déclenchant à coup sûr la complicité de tous les passagers. Quelques fois, le conducteur semble nous ignorer en téléphonant à je ne sais qui, et, quand ce n'est pas en français, il me plaît d'essayer de déterminer la langue utilisée, distinguant quelques mots connus. Rarement, il semble râler un peu, tellement rarement que je préfère le souvenir de toutes les fois où, me voyant galoper pour ne pas être en retard à l'arrêt, il s'arrête un peu plus tôt et me fait monter. C est gage alors d'une belle journée, et je sais que grâce à lui tout va me sourire. 

Madeleine

10 minutes d'écriture - thème imposé

Vous avoir entendus parler de votre travail me dit que je ne suis pas la seule à avoir accumulé les plaisirs et le bonheur dans le travail. Bien sûr, je n'oublie pas que certaines professions cumulent des difficultés, de fatigue, d'épuisement. Aujourd'hui pourtant, pensionnée, je suis témoin des difficultés majeures que représente le métier de chauffeur de bus à la STIB. 

A la fois malmenés par la circulation automobile, par les stationnements nombreux en milieu de circulation mais aussi la maltraitance des clients. Quand je les quitte, parfois en milieu de soirée, je me demande comment ils vont trouver le sommeil après avoir vécu leurs voyages chaotiques, cachant parfois très bien leur situation difficile et leurs nerfs à fleur de peau. 

Je ne peux les quitter qu'en leur disant merci. 

Michelle

10 minutes d'écriture - thème imposé

Les bus circulent. Je les vois passer régulièrement près de chez moi. Des longs bus jaunes et gris, avec articulation en extension. Le terminus en correspondance avec le métro est proche. En temps normal, ces bus sont toujours bondés aux heures de pointe : à 8h bureaux et écoles, à 17h écoles et bureaux. Les chauffeurs parfois patiemment, parfois en haussant la voix, essaient de convaincre les passagers de se déplacer vers l’arrière. Ces chauffeurs, en fin de parcours, ont quelques minutes de répit pour se détendre, fumer une cigarette, passer un appel téléphonique ou juste quitter le siège du véhicule pour respirer, se dégourdir les jambes.  

En temps normal tout se passe ainsi. Aujourd’hui nous sommes en confinement. – « Restez chez vous ! tout le monde à la maison».

Ces chauffeurs sont toujours au travail mais - chose étrange - les bus sont vides. Vides... désespérément vides. En les voyant passer, je pense à la solitude du conducteur dont la mission première est de transporter les personnes, de servir le public. Comment vit-il cette situation incroyable ?  A qui parle-t-il ?  Pas de cohue, personne ne lui dit bonjour. Personne ne lui fait signe à l’arrêt. Ce chauffeur de bus m’émeut, je compatis mais je suis rassurée pour lui, les contacts sont rares. 

Restez chez vous, restez à la maison !  Et lui, il travaille. 

Jeannine

10' d'écriture - thème imposé

Le travail dont je veux vous parler c’est le travail de conducteur de transports en commun.

Il se lève tôt le matin, il termine son travail tard le soir souvent après minuit. Il doit être très vigilant et respecter le « Code de la route ». On lui confie notre vie et il nous conduit sain et sauf dans les arrêts et endroits indiqués. J’ai souvent pensé à lui quand je suis dans un bus, tram ou métro. C’est le travail auquel on ne pense presque jamais, mais si on n’a plus les bus on sera très stressé et énervé, on panique et on doit marcher. Mais grâce à eux on arrive au travail sans retard.  C’est le travail qu’on ne remercie jamais.

Marina

10 minutes d'écriture - thème imposé - texte rédigé dans le cadre d'un cours de français langue étrangère

Garde des eaux et forêts

Irma, la folle

Irma. Ainsi s'appelait ma grand-mère paternelle. Elle vivait au beau milieu d'un grand bois avec sa fille et son beau-fils. 

Son beau-fils était garde des eaux et forêts, un emploi de l'Etat. Mais en plus, il était le gardien du bois où il vivait et qui appartenait à un homme puissant de la région de Tournai. 

Il s'agissait d'un endroit assez magique. Dans cette villa au milieu des arbres, il y avait à la fois un logement pour toute la famille mais aussi une partie était consacrée à l'accueil des chasseurs, de leurs chiens et de leurs fusils. 

Les murs étaient décorés de têtes d'animaux empaillés et le feu de bois était si grand que l'on pouvait s'y tenir debout. 

Irma n'aimait pas trop l'ambiance de la chasse mais elle était cependant bien obligée de s'y soumettre lorsque les invités arrivaient. Elle se réfugiait dans une petite cabane et nous y emmenait ma soeur et moi. 

Parrain François, le garde-chasse, interdisait tout feu à l'extérieur de la maison puisque les bois nous entouraient. Pourtant, ma grand-mère Irma, en provocatrice qu'elle était, allumait de petits feux de bois pour réchauffer de la graisse et nous proposait des frites cuites au feu de bois. 

Elle avait à ce moment-là un mot dont elle ne pouvait se passer, une phrase qu'elle disait toujours en picard : "Un baudet qui fait a smod c'est l'mitant de s'nourriture". 

Un âne qui fait comme il veut, c'est comme s'il avait déjà mangé à moitié. 

Pas si folle, Irma. 

Puisqu'elle nous disait qu'agir librement, c'est du bonheur. 

Je n'ai jamais oublié cette expérience extraordinaire, et l'ai expliquée à mes petits-enfants. En espérant qu'ils prennent la consigne. 

Michelle

30 minutes d'écriture - texte inspiré par un titre 

Charbonnier

Mains rougies par le froid, présentées à la chaleur du poêle à charbon, poêle qui avale sa pitance noire, livrée par le charbonnier, par un soupirail qui donne de la rue vers la cave.

Noirci des pieds à la tête, il porte sur son dos les lourds sacs d’anthracite, ou de boulets, ces morceaux de charbons un peu ronds et polis comme des galets.

Petits poêles, d’abord, puis ce gros poêle en fonte, à chaleur "continue" ou presque et qu’il ne fallait pas rallumer chaque jour, si son feu était bien entretenu.

Des souvenirs affluent: il fallait tordre des feuilles de papier journal, les déposer dans le foyer, y ajouter le petit bois, craquer une allumette et y mettre le feu, attendre un peu avant d’ajouter un peu de charbon, puis aux premiers rougeoiements, en rajouter une bonne dose et refermer la petite porte à l’avant du poêle.

À la surface, il y avait des cercles d’acier, fermés par des plaques par lesquelles on pouvait l’alimenter, mais aussi où l’on pouvait  déposer les casseroles où mijotaient carbonnades et potages.

Là aussi se déposaient les fers à repasser en acier, et ce souvenir de l’enfant, qui empoigne le sien, plus petit et dont la poignée est protégée par un chiffon, pour jouer à la ménagère et lisser fièrement les mouchoirs à carreaux.  

Mona

20' d'écriture - texte inspiré par un poële dans l'exposition permanente du Musée bruxellois des industries et du travail

Forain-e

Si j’étais foraine... 

J’aurais un manège de chevaux de bois. Un beau manège à l’ancienne, avec des miroirs rutilants de tous côtés. Je le voudrais le plus beau de la foire. Le manège le plus envié par petits et grands. Mes chevaux blancs auraient la crinière abondante, se mouvant de haut en bas, lentement le long d’un tube de métal brillant. Un métal bien astiqué qui reflèterait toutes les couleurs des lumières ambiantes. Mon manège prodiguerait du bonheur. Sa musique d’orgue de barbarie porterait le public à frissonner, à rêver, à se souvenir.  Si j’étais foraine d’un manège de chevaux de bois j’aurais l’immense plaisir d’observer toute l’année les yeux brillants des enfants. Personnellement, regarder ces chevaux majestueux, impassibles, monter et descendre en cadence m’ont toujours enchantée. Je serais libre enfin de faire tourner le manège à volonté et je donnerais régulièrement la possibilité aux familles nombreuses de profiter d’un tour de manège gratuit. Si j’étais foraine, si j’avais ce manège de rêve, tout le monde en profiterait. 

Jeannine

10' d'écriture - thème imposé

Chef d'Etat

Moi Présidente, je commencerais par exiger des fleurs à tous les balcons.

Moi Présidente, je distribuerais les fruits de saison en abondance, en particulier cerises et fraises belges. 

Moi Présidente, j’abolirais à la radio les bruits inaudibles baptisés par des commerçants « musique ». 

Moi Présidente, j’imposerais aux médias de diffuser un journal des bonnes nouvelles.

Moi Présidente, je supprimerais tous les panneaux publicitaires et les annonces publicitaires sur les médias. 

Moi Présidente, j’abolirais la chasse. 

Moi Présidente, j’installerais dans les écoles des cours d’apprentissage à l’humour.

Jeannine

10' d'écriture - thème imposé

Moi présidente ? Jamais je voudrais l’être, je n’ai ni cette ambition, ni ce désir de pouvoir, ce pouvoir qui corrompra un jour les meilleures intentions.

Moi présidente ? Tu rigoles! Me pavaner en Lagersfeld, être saluée dans les salons par des obséquieux avides de bien poser leurs pions.

Moi présidente ?Tu m’as bien regardée, je suis un électron libre, sans Dieu, ni maître, du moins, j’essaye. Il, elle est moins libre que moi.

Moi présidente ? Entourée de valets, de bénis oui, oui, de chefs d’États plus pourris les uns que les autres et invitée à des inaugurations dont je n’aurais que faire, à serrer les mains moites d’arrogants envieux.

Moi présidente ? Je préfère ma banalité, mon anonymat, ma liberté aussi illusoire soit-elle et rien ne dit que je ferais mieux que les autres, que le pouvoir ne rendrait pas mon âme de plus en plus grise et sans éclat, rien ne dit que, bercée d’illusions sur mes propres capacités, je pourrais prendre les bonnes décisions.

Moi présidente ? Ni présidente, ni soumise, du moins en mon être profond, en ma pensée autonome, sur le même pied d’égalité que ces  « misères aux longs cheveux » mes soeurs: les femmes. 

Mona

10' d'écriture - thème imposé

Chef coq

Un matin d’été torride : la cuisine du petit restaurant du Quai aux Barques embaume les senteurs du Midi. La porte est ouverte sur la terrasse abritée des regards, où des lavandes  odorantes se dessèchent et exhalent leurs parfums sous la canicule. Des fuchsias laissent éclater leurs flamboyances aux balcons de la vieille maison.

Dans la cuisine, oignons, ail, tomates, fenouil, bouquets garnis, huile d’olive, planche à découper, et couteaux affutés, attendent que le chef se mette au travail. 

Près de l’évier, le commis lave, écaille, lève les filets des dorades, rascasses, rougets, rougets barbets, et merlans, et termine en ôtant méticuleusement les dernières arêtes récalcitrantes. Il jette les restes dans une grande casserole remplie d’eau et d’herbes diverses, pour y mettre le fumet à réduire.

Le chef noue un tablier blanc autour de ses reins, jette un essuie sur son épaule, et commence  à préparer les légumes en julienne… Il s’affaire, le plat prend forme, les effluves se faufilent dans la salle du restaurant où les clients devisent en attendant la spécialité du patron.

Le commis prépare la rouille, débite des baguettes en tranches, les frotte d’ail, et les rissole rapidement dans l’huile d’olive avant de les entasser dans de petits paniers garnis de papier absorbant. 

Les poissons coupés en tronçons, sont rapidement jetés dans le « jus » fait des légumes tendres et du fumet filtré, juste quelques minutes : cela ne doit pas bouillir. 

Un dernier tour de moulin à poivre, une pincée de sel, et… un peu de zeste d’orange, et voilà que, aux yeux ravis et aux narines palpitantes des convives, elle apparaît enfin : la Bouillabaisse du Loup Galant. 

Mona

10' d'écriture

Texte inspiré par l'association des mots "travail" et "bouillabaisse"

Guichetier-e à la poste

A première vue votre métier est assez sympathique ! J’y vais rarement mais le personnel de la poste de mon quartier est fort aimable. L’un d’entre eux aime rire et n’hésite pas à faire des mots d’esprit. Je vous vois parfaitement dans le même état d’humour, d’espièglerie. Je n’ai pas senti d’animosité dans votre récit, vous ne vous plaigniez pas de votre travail de postier au guichet.  Je ne connais pas les exigences du métier, vous avez sauté ces détails, néanmoins le contact avec le public nous semblait assez intéressant. Je vous imaginais passant des paquets aux clients impatients, observant les mimiques, les gestes et subodorant la valeur du contenu.   Distribuant des timbres pour l’Europe vous permettait peut-être de rêver à la destination de certains courriers.  Je vous vois très bien présentant les cartes d’anniversaires avec quelques influences à peine voilée. Merci de nous avoir donné l’approche d’un métier qui offre des moments agréables à partager. 

Jeannine

10' d'écriture - thème imposé

Livreur

De la fenêtre de ma chambre à coucher, je peux voir ma mini rue et une courbe d’une chaussée animée. Mais peut-être devrais-je dire une rue qui était animée avant le corona.

Désormais la rue est plus calme, mais deux circulations sont restées similaires. Les bus sont vides et tristes mais passent toujours et les camionnettes blanches sont toujours omniprésentes. Toutes marques confondues, je serais curieux de savoir combien de camionnettes blanches il y a dans les pays proches : dans le Benelux, en  Allemagne et en  France?

Elles doivent être moins chères que les autres couleurs car, à part les vieilles camionnettes brunes, survivantes  d’un autre temps, toutes les camionnettes qui livrent les paquets semblent être obligatoirement soit blanches soit blanches avec des logos et/ou textes rouges. Elles ont souvent des coups, des griffes et montrent qu’elles en voient de toutes les couleurs......

Et les chauffeurs livreurs sont vraiment majoritairement noirs, mais d’une diversité de styles étonnantes. Certains portent bien leur gants et masques et sont très disciplinés quant à leur manière de livrer. Ils sonnent et déposent le ou les paquets devant la porte. D’autres les donnent à celui qui ouvre la porte, même si c’est quelqu’un qui sort par hasard au moment d’arrivée. J’en ai  vu un seul qui parlait au client et qui a scanné le code-barre quand le client tenait la boite. Avant la crise du virus corona, certains sonnaient  à toutes les sonnettes du bâtiment et aussi bâtiments voisins et le premier ouvrant une porte était l’ heureux élu bénéficiaire intermédiaire. J’ai ainsi découvert trois voisins que je n’avais encore jamais vus  ni entrer ni sortir de chez eux. Seules les poubelles prouvent parfois que les maisons sont bien habitées. Certains livreurs courent, semblent danser, jongler avec leurs paquets, un vrai ballet à domicile!

Certains mettent des remerciements aux courageux livreurs et postiers et donnent sans hésiter la consigne de déposer tous les paquets devant la porte, sans même sonner. Des gens qui guettent les camionnettes blanches ou des gens qui vivent en toute confiance? Les grands sacs de courrier sont également déposés en toute confiance, les caméras ont-elles découragé les voleurs?

On remercie visuellement les gens qui soignent et c’est bien mérité mais des autres petites mains (et jambes)  moins remerciées sont aussi importantes, les livreurs, les camionneurs, les gens dans les dépôts qui chargent les camionnettes et camions, mais donc ce jour je remercie particulièrement  tous les livreurs, en véhicules blancs ou véhicules plus écolos, les vélos-livreurs qui deviennent vraiment de plus en plus nombreux et c’est très bien. La fleuriste locale a fermé mais livre gratuitement (en camionnette blanche) ses fleurs, le boucher local est moins généreux, gratuit à partir de 25 Euro (peut-être livraisons en vélo, je l’ignore). Les pizzas étaient déjà livrées gratuitement ,soit en motos soit désormais aussi à vélo.

Daniel

10' d'écriture - thème imposé

Comédien-ne

J'aime travailler sur un texte, découvrir un sens nouveau, le secret d'un personnage.

J'aime évoluer avec une équipe dans les moments de joie ou ceux de doute. 

J'aime l'attente voire l'ennui des temps morts.

J'aime le mode de communication entre nous lorsqu'une représentation est lancée, des regards, signes, des phrases pas finies, suggérées. 

J'aime le rituel puissant et omniprésent en répétition puis en représentation : un groupe d'inconnus qui apprend à vivre ensemble. 

J'aime le plaisir de l'adresse au public quand je me sens bien, que je tiens mon texte et que je les sens, présents, avec moi. 

Je n'aime pas dépendre du désir de l'autre. 

Je n'aime pas que l'on pense encore que les grandes gueules disent de grandes vérités. 

Je n'aime pas que créer un projet de théâtre soit devenu une opération marketing et public relation - mon cul !

Je n'aime pas que l'on passe régulièrement par l'exercice du concours et de la mise en compétition pour pouvoir faire son travail. 

Je n'aime pas que pour pouvoir faire son travail, on doive se montrer si mauvais, si malhonnête, si petit, si "Salut ma chérie !". 

Je n'aime pas la peur. 

Virginie

10 minutes d'écriture - forme imposée

Si j'étais comédienne.... avec passion, avec obstination, je mémoriserais les plus beaux, les plus doux, les plus émouvants, ou les plus durs textes du répertoire théâtral - ou poétique - qu'offre la langue française (et qu'un metteur en scène de talent, si possible, songerait à me proposer!). La scène serait mon aire de jeu, mon aire de vie, le lieu où, par le pouvoir des mots, par leur puissance d'évocation, par le don du jeu, une formidable magie se déploierait, qu'au fil des répétitions, je modulerais, patiemment, peut-être péniblement....

Mais quand le "grand soir" viendrait, quand le silence se ferait dans la petite salle (ou la grande?), quand le rideau se lèverait et que je m'avancerais, comme gagnée par le vertige, je me souviendrais que je suis là parce que j'ai désiré depuis toujours ce rendez-vous, et je rassemblerais toute l'énergie dont je suis capable pour faire vibrer les mots, pour qu'ils touchent au coeur ceux qui sont assis là, qui ne me connaissent pas, mais qui se souviendront que ce soir-là, quelqu'un leur a fait entrevoir l'autre côté des choses, quelques instants....

Christiane

10 minutes d'écriture

Les hérissons de Central Park

Chaque jour à la même heure, quel que soit le temps, Ma John se rendait à Central Park.

Elle devait parcourir 30 minutes à pied à partir de son domicile. Bien apprêtée, lèvres rougies, paupières fardées et pommettes rosées. 

D'un pas cadencé, et d'humeur joviale, elle chantonnait tout le long du chemin. 

Arrivée à Central Park, un banc à son effigie l'attendait. 

Elle s'y installait, rêvassait et observait les hérissons qui se pavanaient. Elle avait donné un nom à chacun car ils étaient devenus si familiers. Elle pouvait y rester des heures, jusqu'à la tombée de la nuit. Le temps s'arrêtait. Elle revivait tous les moments de sa vie où elle fut une actrice de renom. 

Elle avait consacré toute sa vie à sa carrière, découvert le monde, adulée. Toutes ces vies vécues à travers tous les personnages qu'elle avait incarnés. Une vie exaltante et excitante...

Mrs John à l'aube de sa vie. 

Sur ce banc de Central Park. 

En compagnie des hérissons...

Enfin en lien avec elle-même. 

Aucun personnage derrière lequel se cacher. 

Quelle chance j'ai eue de vivre cette vie. Libre et indépendante. 

Ce n'était pas une vie de labeur. C'était une vie de bonheur. Même si la solitude m'accompagne aujourd'hui. 

Cette solitude est remplie de souvenirs, où chacun est le chapitre d'un livre. Le livre de ma vie. 

Pasqualine

50 minutes d'écriture à partir d'un titre choisi

Écrivain-e

Accoudée tous les jours à une table où elle écrit. Peu importe la table d'ailleurs, sa rigueur demeure. Journal intime, remarques ou projets au long cours, elle s'attable quotidiennement et de ses mains baguées elle fait ce qui donne sens à son existence. 

Cheveux noués parfois complexes. Turban des fois, boucles d'oreilles souvent. Elle écrit et par ce seul geste elle vit pleinement. Sa tête posée dans sa main gauche s'allège au fur et à mesure des pages et le thé commandé est déjà froid lorsqu'elle s'en souvient. 

Écrire sa vie et la façonner comme une œuvre. Obéir à ses propres lois et travailler à rendre le monde meilleur. 

Et pourtant sa vie est aussi pleine et compliquée à déchiffrer que son écriture. 

Virginie

Portrait de l'écrivain - 10 minutes d'écriture

À sa table,

Devant la fenêtre,

Affairées à sa tâche

 

Les outils sont là,

 

Le stylo dont la façon de glisser sur le papier permet le juste suivi des éléments construits mentalement au fur et à mesure

 

Un support dur qui permet de résister à la pression de la main qui ne cesse d’aller et venir de droite à gauche lentement et de gauche à droite plus rapidement sur la feuille.

 

Les ouvrages de références tels une mutuelle complémentaire prise juste avant de lancer un projet d’enfant et qui ne servira à rien

 

Le spray désinfectant prêt à l’emploi si un élément venait à couper le fil de cette session de travail, impliquant une manipulation inattendue.

 

Inattendue?

N’attendons-nous pas justement un événement?

Hélène

Portrait de l'écrivain (portrait de Rolande)

10 minutes d'écriture

La vie d’auteure n’est pas simple. Pour le moment, je suis plongée dans les mots justes et vrais.

Qui ne cherchent pas la tournure magistrale, juste les mots d’un cœur ouvert.

Elle écrit la vie avec réalisme, amour et humour. Elle boit beaucoup de thé.

Sa plume ne se repose qu’entre deux pauses imposées ou un autre thé.

La vie pour certains est simple, pour elle pas de cadeau mais quelle richesse.

Alors sur ses maux elle colle des mots. Ces mots déclamés avec pudeur dans une mélodie mélancolique. 

Parfois elle est dure comme le fer puis vous tend le gant de velours en guise de sourire qui vous fait oublier qu’elle vient de loin et peut vous conquérir en en un clignement de cil.

Ngalula (inspirée par Jennifer)

thème imposé - 10 minutes d'écriture

Né en 1992 d'un père Brésilien, Taïno Machinchose écrit principalement dans les transports en commun bruxellois, donnant à son style une cadence aussi décousue que les horaires de la STIB. Fort de son premier succès Les aventures de René, il revient avec un second roman tout aussi haletant Se lever dans le bus ou garder sa place, synthèse d'un monde paradoxal où les héros sont parfois ceux qui osent ne pas l'être. Paru dans la collection La Fonderie. 

Jennifer

Portrait d'un écrivain - inspiré par Taïno - 10 minutes d'écriture

Je regarde Touria en train d'écrire avec son beau voile bleu, son visage innocent. 

Je sens la tendresse, la douceur avec son visage innocent et très sérieux. 

Je vois tout de suite de l'amour à ce qu'elle fait. 

Elle écrit avec beaucoup d'amour. 

Je suis impatiente de lire son roman. 

Karidjatou

Rédigé dans le cadre d'un cours de français - 10 minutes d'écriture

Juge

Si j'étais juge... 

Il y aurait toujours, après l'avoir annoncé, ce petit silence respectueux. Viendraient alors quelques questions, auxquelles je répondrais faussement blasée, sur cette profession pas banale. Les affaires les plus cocasses, les plus étranges, ce qu'on ne dit pas aux infos, les tentatives de corruption, et au final, moi, qui aurais le dernier mot. Je commanderais facilement. Je serais celle dont la parole compte, celle qu'on espère et qu'on craint. Je serais celle qui sait décider, qui sait fixer les limites, qui connaît le bien et le mal. Celle qui ne doute plus. 

Madeleine

10 minutes d'écriture

Infirmier-e

Je voulais son patient.

Je voulais son assurance, sa bonne réputation, son succès. Je voulais les regards qui l'enveloppaient dès qu'elle entrait quelque part. Je voulais l'approbation dans les yeux des médecins, quand elle se permettait de commenter, au chevet du malade, leurs incompréhensibles commentaires.

Nous, les infirmières, habituées à n'être que les petites mains, les bonnes à tout faire des malades qui nous ignoraient et nous engueulaient, habituées aux "plus vite voyons", "ça fait trois fois que j'appelle", et elle, même statut que nous pourtant, mais toujours considérée, "la petite fée du service", celle dont les mains apaisent, le sourire guérit. 

Tous ces malades, avachis, geignant, crachant et pleurnichant, qui, en sa présence, se redressent, se recoiffent, les petits cadeaux immanquablement laissés à son intention, comme je les hais. 

Alors oui, quand il y a eu ce gars-là, fraîchement opéré, un cas rare, la fierté du service (pensez donc, même la presse a parlé de la réussite de l'intervention), et qu'on le lui a attribué, à elle, rien qu'à elle, alors que nous on a tout l'étage à gérer, j'avoue, ma haine s'est décuplée. 

Mais quand elle nous a annoncé qu'elle s'en allait, qu'elle déménageait, loin, qu'elle n'en voulait plus de la vie d’hôpital, de ses odeurs, de ses douleurs, et qu'on me l'a refilé, le patient, quand j'ai compris que je n'étais pas l'élue, mais le second choix, je n'en voulais plus, moi, de son patient. J'ai pas déjà assez à faire ?

Madeleine

20 minutes d'écriture - première phrase imposée

Il était une fois une infirmière qui prenait grand soin de ses patients. Courageuse, enthousiaste, à l'écoute, elle passait de l'un à l'autre distribuant sourires et mots rassurants, relevant la tête de lit de la vieille dame, remontant le drap sur le bambin endormi, dessinant une fleur sur le plâtre d'une troisième. 

Un jour, le docteur Cruello - qui s'était forgé une réputation de tortionnaire dans l'hôpital - la chargea de surveiller un jeune patient qui venait d'être opéré de la rate mais qui, en outre, présentait quelques problèmes de santé mentale. Cruello prétendait que si l'on ne le surveillait pas de près, le patient s'enfuirait et qu'on le retrouverait dans une décharge, mort de faim, de soif ou de froid. L'infirmière, prenant sa mission très au sérieux, ne quitta plus le chevet du jeune malade, l'entourant de soin et d'affection. Et chaque jour, Cruello passait à une heure différente, espérant ainsi la prendre en faut, en train de dormir ou de regarder la télévision sans se soucier du garçon. Et bien entendu, un malheur finit par arriver, lors d'une belle matinée d'hiver. Elle était allée aux toilettes et le jeune en avait profiter pour lui fausser compagnie. Après l'avoir cherché pendant des heures dans les couloirs de l'hôpital, sur le parking et même dans les containers à déchets, elle dut se résoudre à prévenir le docteur Cruello. Ce dernier se mit à ce point en colère qu'elle crut qu'il allait la frapper. "Je vous l'avais bien dit !" gronda-t-il. "Demandez un coup de main à la sécurité et retrouvez-le". 

Flanquée de deux gardes, elle fouilla le quartier et sonna à toutes les portes. Lorsqu'elle arrivé chez monsieur Charmant, qui habitait une jolie maison de banlieue à quelques rues de l'hôpital, celui-ci la pria de rentrer et lui servit un café pendant qu'elle répétait pour la centième fois son histoire. Charmant lui demanda alors s'il pouvait l'accompagner à l'hôpital, mit au cou de son chien une laisse, et la suivit. Arrivés devant l'hôpital, il demanda alors aux deux gardes de les laisser seuls, et à l'infirmière d'aller chercher un vêtement appartenant au fugitif, ce qu'elle fit sans tarder.  Lorsqu'elle revint avec un t-shirt de l'enfant, Charmant mit le vêtement sous la truffe de son chien et l'animal fila entre les voitures garées, manifestement sur la piste du jeune patient. Il ne fallut pas plus de vingt minutes au chien pour retrouver l'enfant, qui s'était caché derrière un distributeur de bonbons et s'y était endormi. Charmant et l'infirmière le ramenèrent dans sa chambre en fauteuil roulant. En chemin, ils croisèrent Cruello, qui se mit à hurler à l'infirmière qu'elle était une incapable en qui l'on ne pouvait avoir confiance. Charmant prit alors sa défense, accusant Cruello de l'avoir mise dans une situation inacceptable, puisqu'elle avait dû travailler plusieurs jours d'affilée sans repos compensatoire et sans sur-salaire. Charmant, qui était permanent syndical, eut tôt fait de ramener de l'ordre dans l'hôpital et d'obtenir pour ses travailleurs des conditions de travail décentes. Cruello fut mis à la porte pour harcèlement moral et l'infirmière obtint la responsabilité d'un service. 

Charmant et l'infirmière se revirent très souvent, jusqu'au jour où il la demanda en mariage. Ils eurent, c'est évident, beaucoup d'enfants. 

Anne

40 minutes d'écriture

Texte inspiré par le mot "soin" - genre imposé

Elle range sa patiente. L'infirmière passe toujours dans la chambre de cette patiente. Elle s'en occupe tous les jours. C'est une vieille femme qui pense toujours que les infirmières ne font pas leur travail. Souvent, la vieille femme fait des remarques et se dispute avec elles. Elles ne répondent pas. Un jour, l'infirmière était malade. La vieille femme cherche la femme qui s'occupe toujours d'elle et range sa chambre. Elle sait ce qui arrive. Elle était vraiment très triste et depuis ce jour-là, elles ont une bonne relation. Elle connaît sa valeur. 

Fatima

20 minutes d'écriture - première phrase imposée

Atelier animé dans le cadre d'un cours de remédiation à l'écrit

Ouvrier-e en biscuiterie

Cela fait deux semaines que je suis là, à la biscuiterie de la rue Verheyden, et déjà je m’ennuie. Quand vous faites la même chose dix heures par jour, tous les jours, il vient un moment où les détails grossissent. Où le pendentif de la contremaître vous obsède. Où la manière dont les biscuits sont disposés sur le plateau qu’on vous apporte prend un sens, en dépit du bon sens.

On ne peut pas parler, mais j’interprète aussi les bruits. Les toussotements, la vivacité des gestes. Aujourd’hui, ma voisine d’en face n’est pas en forme. Elle est énervée et lente à la fois.

Je pose une demi-cerise confite sur chaque biscuit et j’élimine aussi les biscuits mal formés. Je me demande ce qu’ils deviennent. J’imagine des chiens, derrière l’entrepôt, devenus énormes à force de les manger. Ou plutôt des cochons. Ils seraient nourris aux biscuits mal formés, et ils engraisseraient. Puis on les tuerait et on utiliserait leur saindoux pour faire des biscuits.

Je me sens un nazi en train d’opérer une sélection. Pourquoi est-ce qu’on ne tolère pas les biscuits mal formés? L’industrie est uniformisante et totalitaire. D’ailleurs il n’y a qu’à regarder la posture des matrones qui nous surveillent: en uniforme, droites comme des militaires. Parfois, j’élimine un biscuit parfaitement formé. C’est ma minable forme de résistance.

Je ne rêve pas. Chaque fois qu’on m’apporte un plateau, il y en a un peu moins. Il doit y avoir quelqu’un ici qui me veut du bien. J’ai même remarqué que les biscuits allongés pointaient tous dans la même direction. Est-ce que j’hallucine? Est-ce que je m’invente des signes mystérieux pour tenir le coup? Non, ce n’est pas possible. Il doit y avoir un sens. Les biscuits pointent peut-être dans la direction de  quelqu’un. Est-ce ma voisine de gauche, à l’autre table? Ou la contremaître, derrière elle? Oui, plutôt elle. Que veux-tu me dire? Elle ne cesse de me regarder. Ce n’est plus possible, le dernier plateau comptait au moins un tiers de biscuits en moins que ceux des autres. Elle va finir par me transformer en chouchou ou en tête de turc. Il faut que ça cesse. Elle ne cessera pas avant que j’aille lui parler. A la pause, je dois essayer de la trouver.

Peut-être aussi que les biscuits inclinés montrent la direction de la porte. Peut-être que cette femme veut faire baisser mon rendement et m’indiquer la sortie.

Je sais. Je vais répondre. Je dispose les biscuits en forme de point d’interrogation. Mais la contremaître principale au pendentif me voit faire. Et si j’en mangeais un sous son nez, juste pour voir sa tête?

Le dernier plateau vient d’arriver. En clignant des yeux, je vois , formé par les biscuits un visage avec un sourire. Ma mystérieuse correspondante a reçu mon message. C’est un signe de bienvenue! Je vais arriver à rester au moins une semaine de plus. Après, j’essayerai la chocolaterie.

Chantal

Texte inspiré par une photographie - 20 minutes d'écriture

Enseignant-e

Vous avoir entendue parler de votre travail m’a enchantée. Votre visage s’éclairait quand vous évoquiez vos élèves. J’ai senti, non seulement de la considération pour eux et l’envie de transmettre mais rien de moins que de l’amour. Je pense que c’est le propre de celles et ceux, rares, qui ont trouvé leur voie, leur place dans la société, dans le monde, dans leur vie. Vous décriviez votre salle de classe comme une pièce de votre maison, décorée d’affiches à votre goût et d’objets personnels. Vous me rappelez les professeurs qui ont joué un rôle déterminant dans ma trajectoire de vie et dont je me remémore souvent les mots dans des instants décisifs. Comme ceux de Monsieur Swaelus, qui à la fin de ma sixième primaire, avait écrit quelques vers de Khalil Gibran dans mon cahier de poésie. Le mot « élan » m’avait, de sa puissante évocation, propulsée avec confiance vers mes études secondaires.

« Et tout élan est aveugle sauf là où il y a savoir,

   Et tout savoir est vain sauf là où il y a travail,

   Et tout travail est vide sauf là où il y a amour (…) »

                                                                                              Khalil Gibran, Le prophète

Gina

Thème imposé - 10 minutes d'écriture

Mon cher gagne-pain,

Je voulais t'écrire ces quelques mots pour te dire que l'on ne se reverra plus. Peut-être es-tu surpris, peut-être pas. Il est évident que tu m'as permis pendant ces quelques années de pouvoir vivre, manger presque normalement tout en continuant d'autres activités bien moins rémunératrices. Je t'en remercie d'ailleurs. Tu me permettais aussi de garder un pied dans un monde plus normal qui me faisait du bien, je dois le dire. Se lever tôt, avoir des horaires fixes, parler avec d'autres personnes au moins une fois par jour et avoir vaguement l'impression de servir à quelque chose. Cela m'a aidée, je crois, à tenir quand tout était si bousculé, si incertain. 

Mais je dois te dire que je n'ai pas aimé ce que tu as révélé de moi. Forcée par la réalité, efficace car devant l'être, je me suis découverte brutale, cynique et cassante. J'ai toutes les excuses, car ce que tu me proposais était ingrat, mais je t'en veux de m'avoir poussée à me montrer si dure envers ce qui demeure encore des enfants. Tu me diras que c'est le jeu, que ce rapport de forces est constitutif pour eux aussi. Il n'en demeure pas moins que mobiliser une telle énergie dans une optique de domination sans réflexion, aucune, ne fabrique rien de bon, j'en suis sure. 

Mon corps a fini par me le dire, car la violence que je produisais, je me la faisais subir à moi aussi. J'ai depuis appris qu'il existe d'autres manières de faire, que l'on peut apprendre à enseigner et appréhender un cours d'une manière réfléchie tout comme la relation que l'on va établir. 

Je ne dis pas que c'est plus facile, mais on en ressort moins sale et la difficulté devient constructrice en ce qu'elle pousse à chercher, à continuer la réflexion. 

Je ne reviendrai donc pas vers toi. Tu vas rester un souvenir de ces années où j'étais prête à tout, où je ne me mettais pas de limites. Des années violente... vraiment. Le goût de l'intense ne parvient pas à rendre cette violence excitante, je regrette. 

Je choisis donc la douceur ou, du moins, d'y aspirer. Il n'existe pas de métier qui nous demande tant de sacrifices, en tous cas, je ne veux plus faire ainsi. 

Je te fais confiance pour trouver de nouveaux nécessiteux d'un salaire vite et fort gagné. 

Je te souhaite de grandir, de te questionner sur ce que tu es, car ton impact est plus fort que tu ne le penses. 

Bon vent ! 

Virginie

A propos du travail d'enseignant-e remplaçant-e

20 minutes d'écriture - forme imposée

Rapatrieur de motos et voitures en panne

Un jour, mon père a remis ses affaires de grossiste pour boulangeries et pâtisseries et s'est acheté un 4X4 et une remorque plateau, puis une dépanneuse, et il a changé de métier. Il est devenu rapatrieur de motos, puis de voitures, en panne sur les lieux de vacances, pour les sociétés d'assistance. Cela lui permettait d'être beaucoup parti de la maison et d’échapper à une vie conjugale et familiale décevantes. Sa vie, et bientôt la nôtre, furent alors suspendues à la sonnerie du téléphone. Les appels pour les missions devaient être pris le plus vite possible, même moi j'avais appris à dire oui pour lui et à aviser ensuite. Ensuite il y a eu le mobilophone, une sorte de pré-GSM qui ressemblait à un téléphone de l'armée, avec un boîtier de 5 kg en bandoulière, puis le sémaphone et enfin, il eut un des premiers GSM sur le marché. Ces sonneries et ces départs précipités passaient avant tout, fêtes de famille, promesses en tout genre, nuits. Parfois mon père me faisait tomber dans l'escalier ou me poussait sans ménagement pour arriver plus vite au téléphone. Il s'était mis à faire du dépannage auto local en plus, et savait que les gens en rade sur la route laissaient sonner quatre ou cinq fois seulement avant d'appeler un autre dépanneur. Il y avait de l'obsession là-dedans. Je crois qu'il avait très peur de faire faillite comme ses parents en 1929. A son décès, ma soeur a placé le GSM chargé de mon père dans le cercueil. Pendant toute la cérémonie, j'ai craint et espéré qu'il sonne.

Chantal

10 minutes d'écriture - thème imposé

Marin

Si j'étais marin dans un sous-marin nucléaire, j'aurais certainement une foi dans la patrie et des croyances tellement différentes des miennes que je ne serais pas moi. Je croirais que défendre mon drapeau et pas celui des autres, au besoin en lançant des missiles, est une grande idée, et que j’œuvre à la paix dans le monde. Puisque je serais un autre, et à mon avis, un homme, ce serait tout à fait exotique d'être lui. Je serais jeune, pas claustrophobe, je ne serais peut-être même pas née quand s'est passé la tragédie du Koursk. J'aurais des soucis de soldats, des plaisirs de camaraderie virile, au lieu de mes soucis de femme pré-ménopausée dont l'enfant quitte le nid. Ce serait très dépaysant, mieux qu'un voyage. J'aurais du respect pour mon chef, je me serais défaite de mon sens aigu du confort pour coucher sur une couchette étroite. Je me sentirais importante de charrier ainsi l'apocalypse au fond des mers. Je compterais les jours jusqu'au congé où je pourrais de débarquer, alors que maintenant, je compte les jours pour rien.

Dans mon monde tout serait en ordre et hiérarchisé, ce que j'aurais à faire serait clairement défini et peut-être que je me sentirais à ma place dans quelque chose de plus grand que moi. Il n'est pas dit que je serais plus malheureuse.

Chantal

10 minutes d'écriture

Médecin

Si j'étais médecin, j'aurais tout simplement trop la classe !

En plus des connaissances ahurissantes que j'aurais sur le corps humain, j'aurais la sensation agréable de faire partie d'un ensemble passionnant : l'hôpital. 

Aucun problème d'heures supplémentaires non payées, de vieux chirurgiens dégoûtants, ni de harcèlement, bien entendu ! Ce serait trop la classe on a dit ! 

Je pourrais accomplir toutes ces tâches, ces gestes médicaux dans une chorégraphie parfaite parce que si souvent répétée. J'aurais la grâce de la serveuse qui prépare six cafés en moins de deux minutes. 

Mes actions s'égrèneraient rapides, précises, efficaces. Les patients guériraient, mai sils n'ont pas une grande place dans ce rêve médical. Narcisse mon ami ! 

Mon visage ne trahirait aucun signe de fatigue malgré mes gardes de plus de douze heures. Je porterais avec élégance les pyjamas bleus ou roses informes et les Crocs me donneraient une démarche sautillante. 

J'aurais juste la joie de ressentir le pouvoir que cela procure de savoir quoi faire, comment agir de manière presque automatique. Le bonheur de l'action continue. 

Virginie

10 minutes d'écriture - thème imposé

Si j’étais médecin, je travaillerais dans un hôpital. Je ferais beaucoup de prescriptions. Je vérifierais les soins des gens. Je ferais le bilan de santé des gens et aussi je ferais des injections. Je travaillerais, je ne sais pas jusqu’à quelle heure. Je pense que je serais très fatiguée.

Pritisikta

10 minutes d'écriture - début du texte imposé - dans le cadre d'un cours de français langue étrangère

Mineur

Dans les corons, on parle six pays et on prie chaque jour, chaque nuit, chaque temps, chaque maintenant pour pas d'accidents. Dans ce petit pays à l'horizon noir, dans le charbon, dans la fosse, dans le terril, dans le ciel, dans l'enfance des hommes et sur les joues des mères, dans les bras des parents et presque dans les yeux bleus des voisins, on trouve un mineur dépourvu de jour, dépourvu de nuit, dépourvu de temps mais fier du maintenant. 

Sa gueule crie la silicose, son bras lui fait défaut, ses cheveux sont noirs sur du blanc mais il est fort et haut et semblable au jour dans cette nuit sur terre, la nuit des mineurs, la nuit avec pas d'horizon, la nuit des trous, des vermisseaux, des coups, la nuit de charbon. 

Il fait, il va, il donne, il crie pour rentrer et payer le cartable, payer la kermesse, payer un morceau d'animal, payer le grain et le vin. 

Dans l'enfance des hommes et sur les joues des mères, on prie contre le grisou et on chante l'horizon noir du maintenant. 

Jennifer

50 minutes d'écriture - mots choisis dans une liste de mots imposés

Plombier-ère

Le plombier range mon pantalon et ce geste me bouleverse. C'est infime. Cela va tellement vite que je me demanderai longtemps après si je n'ai pas rêvé. Une attention. Une habitude de papa, sûrement. Un geste sûr, précis, et efficace, appliquant une face d'une jambe sur l'autre, lissant le tout et d'un mouvement souple, il plie mon jeans (laissé là sûrement la veille au soir) en trois et le pose sur la chaise à côté. 

Il y a des moments minuscules dans une existence qui ont pourtant le pouvoir d'en modifier radicalement la suite. 

Cet homme appelé un dimanche après-midi et travaillant pour une agence ponctionnant très certainement une grosse partie de la somme scandaleuse demandée pour une réparation en urgence d'une fuite d'eau, bouleverse significativement sans le savoir ma vision des êtres humains. Le visage fatigué d'un trop grand nombre de dépannages dominicaux ou d'un surplus d'heures de travail, il ne m'apparaît pas spécialement sympathique de prime abord. Il se dirige vers la salle de bain, pénètre dans ma chambre avec une petite hésitation. Pose sa boîte à outils, évalue ce qu'il faut faire. Éponge grossièrement l'eau que j'ai tenté d'essuyer dans l'intervalle de sa venue. Et c'est en m'attendant après m'avoir demandé un seau qu'il a cette attention. Rien de lui demandait de le faire. Le pantalon gisait sur le sol mais largement hors de son chemin. 

Et c'est cette petite douceur que je vois juste lorsque je pénètre dans ma chambre qui pourrait me tirer les larmes. Mon cœur se remplit d'un liquide chaud. Alors ça... c'est quelque chose qui est juste gentil. Une aide gratuite d'un humain à un autre. Il n'attend rien en retour. Peut-être même un peu gêné que je l'aie vu, mais il n'en montre rien. Il répare cette fuite en encore moins de temps qu'il faut pour écrire sur un papier le montant qu'il me demandera. Et s'en va me laissant l'évier sec et les yeux humides. 

Virginie

20 minutes d'écriture - début imposé

Plongeur-euse

Avant toute chose, il y avait la machine. Grosse et lourde. Brûlante, mais rassurante avec son odeur de savon. L'atmosphère humide et chaude du milieu de soirée, puis collante et fatiguée de la fin, donnait à cette partie un côté parfois infernal, mais aussi nostalgique. 

Puis, à gauche, l(évier où venaient s'amonceler poêles et casseroles à un rythme qui suivait une courbe exponentielle. Du même côté, les planches et l'endroit des entrées. Mon endroit. Après les préparations démesurément longues (dix kilos d'oignons puis dix kilos de patates, puis dix litres de vinaigre, etc) qui étaient déjà sources d'épuisement, plus par leur aspect interminable que par la difficulté des tâches, il y avait la ferveur du service. 

L'angoisse de la clochette qui ne s'arrête plus. La fièvre qui nous prend quand de toute façon, on est en retard, dépassé et que la seule chose à faire pour rattraper la bourde, le raté est de se jeter puissamment dans l'action de ce service qui finira bien à un moment donné.

Rester ouverte juste des oreilles aux ordres hurlés. Activer ses mains, ses jambes le plus vite possible et tenir, tenir jusqu'à ce que mes forces me le permettent. 

Virginie

10 minutes d'écriture - thème imposé  

Secrétaire

Ce travail est presque exclusivement informatisé.

Les tâches se répartissent à la fois sur une journée, le matin les paiements, l’après-midi les attestations, et sur l’année. Mais en ce moment, ça ne va pas. J’ai saisi après la première journée d’atelier d’écriture mon email pour m’affirmer un peu et écrit à quelques collègues de ne pas confondre urgence et précipitation.

Autrement, les actions se répartissent sur l’année au rythme de toutes les 2 ou 3 semaines. Après réunion solennelle des responsables, je mets en forme le courrier, assénant les décisions qui les concernent aux bénéficiaires. Je suis la seule à les nommer ainsi. D’autres préfèrent le terme d’usager ou de clients, c’est libre. Après avoir imprimé les courriers, je les scanne, les nomme sur le répertoire informatisé et les mets sous enveloppe. De la réunion à l’envoi des courriers, s’écoule une semaine, où d’autres tâches sont exécutées par mes collègues, des corrections, des paiements.

La semaine ou les deux semaines qui nous séparent de la réunion officielle suivante, je participe à encoder les propositions de décision à caractère social qui vont affecter les usagers. Mais ces derniers temps, j’ai tellement croulé sous les paiements et les attestations que j’ai été écartée malgré moi de cette opération.

Participer à cette tâche m’intéresse pourtant beaucoup même si je l’appréhende et ne suis pas opérationnelles à cent pour cent mais j’admets volontiers que l’on me contrôle.

Cette tâche d’encodage des propositions consiste à parcourir très rapidement certaines informations confidentielles parce que privées mais décisives et à enregistrer des codes alphabétiques et numériques. Cette tâche m’intéresse non pas parce qu’on y lit de l’information privée mais parce que j’ai ainsi l’occasion de poser mon regard, mes yeux, sur autre chose que mon écran d’ordinateur. De la même façon, je n’ai pas attendu les conseils pour saisir des occasions de me lever et de marcher jusqu’à d’autres collègues.

Mon travail est de 7h30 par jour en moyenne mais les horaires flexibles bien que très très bien me font retomber dans les mêmes erreurs. Je dois bien avouer que depuis ce harcèlement dans cette grande institution européenne ainsi que d’autres outrages, mon rapport de plaisir au travail a disparu. Je passe moins de la demi-heure réglementaire en heure de table et me surinvestis en dehors du travail.

Anne-Laure

40 minutes d'écriture - style imposé

Quand j'ai fini mes études, j'ai travaillé en tant que secrétaire. Mon patron était sympa. Il m'a aidée à apprendre beaucoup de choses. Il me donnait des exercices pour appliquer ce que j'avais appris à l'école. J'aimais mon boulot. J'étais toujours en forme. Mon travail ne s'arrêtait pas sur les tâches de secrétaire mais j'ai fait aussi un peu de comptabilité. J'ai saisi des factures, faire les comptes des clients et fournisseurs. La tâche que je n'aimais pas le plus c'était envoyer des courriers à la poste. C'était pénible. Il y avait toujours des longues files et je trouve que ce temps-là est du temps perdu pour moi. 

Siham

10 minutes d'écriture

Atelier animé dans le cadre d'un cours de remédiation à l'écrit

Tourneur

Je tourne

J’aime tourner, j’ai l’impression de faire exister la matière

Je tourne

La plus grosse roue

Frotter les pierres, frotter le métal, le façonner,

Je tourne

Ces engrenages, ces bras de leviers, ces personnages d’acier

Chaleur, lourdeur, bruits, étincelles

Je tourne

J’usine

Je sculpte

Je suis partie d’un tout

A quoi pensent-ils les autres ?

Ces jeunes concentrés sur leur travail des heures entières

Des jours entiers

Ils pourraient être mes fils

Serait bien que ce soit mon fils

Enfin au travail

Dans les traces de ma vie ….

Ils tournent

Sous l’œil attentif du contremaître

Ils tournent dos à la misère

Tournent-ils le dos à l’avenir ?

Concentrés, sages, appliqués, nombreux

Rangés dans cet atelier

Sont-ils fiers comme moi je l’ai été

À l’aube de cette compagnie florissante

Je tourne

Devant moi ces meules,

Derrière moi ces marteaux, lames, barres

Raides comme des soldats de métal

Ce décor de ma vie

J’en ai en moi les particules,

La couleur

L’odeur âcre,

La chaleur,

Le mouvement

Etincelles du métal qui s’envolent,

Chassées par la pierre tournante

Je tourne

J’affine….

Ma dextérité de tourneur m’a faite exister,

Par la maîtrise de mon travail ils m’ont reconnu comme des leurs,

Par l’art qu’il sous-tend ils m’ont porté tant d’années parmi eux,

Je tourne

Très bien m’a dit le contremaître

Contre l’avis du maître aujourd’hui hydre invisible

Tu tournes comme un chef

Prends ma place

Je suis fatigué de ces années interminables ..

Je me rappelle de ces paroles

De cette époque

Observant avec bienveillance celui de l’atelier qui sera moi demain

Comme j’ai été moi le lendemain d’un autre

Je tourne

Un peu plus lentement

Je rêve les yeux ouverts

Mes pensées s’échappent de l’atelier, de cette vie

J’ai la tête qui tourne maintenant

Le tournis du passé, celui du futur

Je tourne la page bientôt

Pour découvrir enfin la femme aimée

Que j’ai quittée chaque matin de ma vie ,

Beaucoup trop tôt à l’aube…..

Martine

40 minutes d'écriture - texte inspiré par une photo issue de la photothèque de La Fonderie

Animateur-trice pour enfants

Je me souviens que c'était souvent en plein air donc le cadre était sympa. 

Je me souviens que j'étais pas mauvais mais ça me plaisait pas trop. 

Je me souviens de ce petit qui m'avait mordu et qui était resté en suspension, accroché à la paume de ma main, quand j'avais levé mon bras. 

Je me souviens de ma patronne qui était jeune, dynamique et souriante mais qu'on aurait dit que ce n'était qu'une façade. 

Je me souviens d'un jour où j'ai du venir en renfort pour l'animation sur un parking de supermarché, tout ça pour qu'elle m'annonce que j'allais devoir être un ours en peluche avec costume et tout. Journée de merde. 

Je me souviens quand on nous a grimés en schtroumpfs pour la fête de l'entreprise Solvay, pour son personnel et leurs enfants. 

Je me souviens quand elle a voulu me grimer en noir pour faire Père Fouettard et que mon refus l'avait étonnée. 

Je me souviens de plein de trucs maintenant et je me suis bien marré quand même avec tout ce que j'ai vu et les endroits où elle m'a amené. 

Taïno

Forme imposée

Je me suis sentie inutile quand je travaillais comme animatrice de centre de vacances à la mer du Nord. Je m'occupais pendant une semaine de petits bouts de quatre ans ayant traversé des choses très difficiles que même en tant qu'adulte, parfois, on ne peut imaginer. 

C'était les vacances de Noël... ils ne les passaient pas en famille. Dans leurs valises, alors que c'était l'hiver, il y avait bien peu d'affaires, parfois un slip pour sept jours. Toutes les nuits, je devais me lever pour calmer des cauchemars. 

J'ai mis toute mon attention à leur apporter quelques petits moments de bonheur mais je me sentais inutile car quelque chose en eux était cassé. Leurs yeux ne brillaient pas sur les manèges. Les glaces et biscuits n'avaient pas de saveur. Les chansons se chantaient sans sourire. Leur petite pépite d'insouciance était éteinte. 

J'ai mis beaucoup d'énergie, ce que j'ai pu mais je savais qu'il faudrait beaucoup beaucoup de temps et d'amour pour se reconstruire. Je me suis sentie inutile mais j'espère que ce moment avec moi leur a été doux. 

Emilie

10' d'écriture - Je me suis sentie inutile quand je travaillais...

Diététicien-ne

Si j’étais diététicienne, je n’utiliserais pas de régime ou de méthode brevetée, toute faite, prête à l’emploi, pour tous les clients qui se décideraient à pénétrer dans mon cabinet. D’ailleurs, je n’aurais pas de cabinet. J’irais chez les gens, observerais leur frigo, analyserais leur placard, questionnerais leurs habitudes et je leur dirais : « c’est très bien et on peut faire encore mieux ensemble ! » Encore faudrait-il que je devienne ma propre diététicienne. Connaître les rouages de mon corps, les pièges de mon inconscient et les secrets des aliments. Je me sentirais alors comme une chamane.

Si j’étais chamane, j’aurais les cheveux longs et de mystérieux codes tatoués sur mes avant-bras. Ma voix serait claire et profonde. Mes mots seraient lentement posés. Ma conscience serait telle que je n’aurais qu’à observer pour savoir. Je vivrais une vie parallèle au groupe, mais je remplirais mon rôle de le guider vers la sagesse infinie. Encore faudrait-il que je sois moi-même sage. Connaître les rouages de la nature, les pièges de ma conscience et les secrets de l’univers. Je me sentirais alors comme une déesse.

Si j’étais une déesse, je n’aurais pas besoin d’expliquer quoique ce soit.

Ayla - 10 minutes d'écriture

Comptable

J’aime, j’aime pas comptable

Dans ce travail,

j’aime l’autonomie

j’aime être au courant des affaires de l’entreprise

j’aime plus particulièrement m’occuper de la clôture

j’aime les interactions avec mes collègues

j’aime rire de temps à autre même si ça fait pas sérieux

j’aime le service aux autres

j’aime faire usage de mes compétences

j’aime les enjeux

j’aime être irréprochable

j’aime utiliser les langues étrangères


Dans ce travail,

j’aime pas la haine à notre égard

j’aime pas la monotonie

j’aime pas la répétition

j’aime pas l’immobilité

j’aime pas l’ennui

j’aime pas la haine à l’égard du chiffre

Anne-Laure

10 minutes d'écriture - J'aime/J'aime pas