Je me demande bien comment on peut définir le travail au féminin…
Est-ce que c’est l’outil qui fait la moinette ? ou la chaussure à talon ? est ce que c’est le nombre de promotions canapé avec ou sans capote ?
Je ne sais pas
Le travail au féminin c’est comme partir en voyage en vélo-tandem ; à l’avant le travail, à l’arrière la femme. Et oui coincée à l’arrière, à trimer, ramer, pédaler pour rattraper les inégalités présentes partout. Sexisme, racisme, fétichisme, préférentialisme masculin, blanchisme, virilisme, la femme ne fait pas le poids, c’est le parent pauvre du travail encore et toujours….
Une solution à cela dans le monde du travail selon mon humble avis c’est la Sororité.
Après "Egalité, Liberté, Fraternité" moi je dis "Equité, Liberté, Sororité".
Appelons par téléphone, fax, what’s app ou pigeon voyageur toutes les femmes à se serrer les vulves au travail, arrêtons d’être des conasses entre nous, arrêtons de nous comparer en tant que mères, arrêtons de donner notre puissance à l’autre sexe, reconnaissons-nous entre nous. Respectons notre travail, nos qualités, nos failles pour nous élever.
Ensemble les femmes, c’est tout !
Samia Mohammedi
20 minutes d'écriture - 5 mots imposés à partir d'image
C’est trop injuste…c’est toujours moi qui vais chercher les enfants, il faut que je laisse en plan ce plan que j’aurais pu terminer en un quart d’heure…
C’est trop injuste, Lui, tranquillou, il va quitter son bureau à 18h30, rentrer à 19h…le repas sera quasi prêt !
C’est trop injuste, quand ils seront au lit il faudra que je m’y remette…mais bon, j’aime bien travailler quand il fait noir et que tout est tranquille
C’est trop injuste, j’aimerais aller plus sur chantier
C’est trop injuste les salariés qui se plaignent, ils ne se rendent pas compte de leur confort, même leurs vacances sont payées !
Maryvonne
10 minutes d'écriture - début de phrase imposé
C’est trop injuste que le travail des femmes ne soit pas reconnu à sa juste valeur qu’il soit invisibiliser même
C’est trop injuste que les femmes doivent se battre 1000 fois plus dans le monde du travail pour avoir une place qui d’ailleurs est en dessous de ce qu’elles méritent
C’est trop injuste que les femmes qui sont ambitieuses soient comparées à des hommes
C’est trop injuste que le monde du travail soit pensé pour des hommes ne laissant qu’à la femme la possibilité de s’ADAPTER. La structure même est à revoir
C’est trop injuste que dans le monde du travail les femmes soient victimes de sexisme, que leur beauté et leurs corps soient utilisés comme des critères de sélection ou de progression
Samia Mohammedi
10 minutes d'écriture - début de phrase imposé
Ma grand-mère Céline est née en 1895, ma mère Régine en 1932, moi Béatrice en 59 et ma fille Anne-Line en 2006.
Aujourd’hui nous couvrons 129 ans. Quels sont nos boulots, comment ont-ils évolué ?
Les filles avant la première guerre mondiale étaient éduquées pour faire les tâches nobles : musique, dessin, borderie et à tenir leur ménage. Céline a appris à dessiner et peindre et broder à l’école où les enfants étaient mis en pension. Son père médecin de village les associaient durant les vacances d’été à la confection de pilules un peu comme un stage de vacances. Céline racontait soixante ans plus tard qu’elle s’étonnait qu’ils puissent faire ça avec leurs mains toutes salies des jeux au jardin.
La guerre a tout bouleversé. Mon arrière-grand-père est mort d’une chute de cheval, le fils aîné, René est parti à la guerre et les plus jeunes ont appris à faire de tout avec ce qu’il y avait. Céline racontait comment une couverture teinte, elles avaient cousu un manteau pour le jeune Edgar qui grandissait trop vite.
Guerre disait aussi moins d’hommes. Céline a dû attendre 1922 pour se marier. Trois filles sont nées : Régine, ma mère, la cadette, en 1932. Jacqueline est morte en 34 d’une péritonite et Denise est morte en 1943 en institution où elle avait été placée très jeune.
Céline tenait son cahier de ménage depuis 1922. A gauche, elle notait ce qu’elle recevait de son mari qu’elle surnommait chaque mois différemment, Arthur, Mon petit Loup, Loup, Papa, Papounet… A droite, les dépenses. Parmi celles qu’on a oubliées aujourd’hui, teinturier, médecin, pharmacien, nappage… et l’institution à Ciney pour l’enfant handicapé.
Arthur travaillait avec ses frères dans la grande maison de maître rue du Peuplier, proche du Béguinage, maison aujourd’hui détruite, où Régine a grandi et j’ai fait mes premiers pas. Céline peignait. Des fleurs. Régine a grandi dans cet univers fleuri sans jardin, enfant unique par la force des choses. Timide, réservée, n’aimant pas la vie de groupe. Je vois sa vie très cocon et passablement sombre, comme les murs des pièces de cette époque.
Deuxième guerre mondiale. Arthur doit arrêter de travailler : import – export de fruits et légumes avec l’Allemagne. Couvre-feu, Céline devait mettre la chaise sur la table pour coudre ou lire à la lueur de l’unique ampoule. Encore des liens avec la campagne, Céline prenait le tram jusqu’à son terminus pour aller chercher une livre de beurre. Elle y a un jour giflé un soldat allemand qui regardait Régine avec trop d’intentions douteuses. Sans conséquence heureusement.
Régine étudie le droit à Saint-Louis puis à Louvain (Leuven). Les photos à la fac montrent les filles d’un côté et les garçons de l’autre. 80 à 85% de garçons. Elle est studieuse. En secondaire latin-grec aux Dames de Marie de la chaussée de Haecht, elle a suivi les cours de coupe et couture ainsi que de dactylo. Chez les nonnemies, comme disait Céline.
Régine va rencontrer Raoul comme jeune stagiaire au vestiaire des avocats, aux conférences du jeune barreau, dans la salle des pas perdus, en toge… Leur mariage civil se fait à l’hôtel de ville à la Grand Place. La famille de Raoul selon Régine juge cette union peu valorisante. Toute sa vie, Régine va ressentir ce drame de classe, une disgrâce pour laquelle je ne retrouve pas les mots de Régine. Les parents de Régine paient le mariage, la bague de fiançailles, les alliances. Céline va découvrir au décès d’Arthur en 1971 (le Gendarme à New York avec Louis de Funès venait de sortir) qu’il avait vendu ses terres (à elle) pour construire leur maison à Uccle, celle de Régine et Raoul ensuite.
Jeune mariée, Régine tire le diable par la queue. Raoul se fait engager comme professeur au collège Saint-Michel pour assurer. Ca va durer 3-4 ans. Je nais dans ce ménage où on regarde à trois sous. Mes parents travaillent comme avocats, profession libérale, comme indépendants. Maman travaille à un ouvrage ‘Droits et obligations des médecins’ qui lui apportera une brillante carrière universitaire en plus de celle d’avocat et de prof de droit dans trois écoles d’infirmières, dont celle où elle décèdera en 2021.
Je grandis comme enfant unique en les regardant travailler. Au décès du grand-père paternel, de l’argent vient permettre l’embauche d’une femme de ménage, on disait servante.
Au décès d’Arthur, ou peu après, Céline n’aura plus de servante. Au début dans les années 60, il y avait une servante tous les jours, puis ça a été deux jours puis un seul jour par semaine. A la même époque, mes parents ont eu une femme de ménage, une puéricultrice pour les 3-4 premières années de ma sœur et de mon frère, puis ça a muté en deux secrétaires pour leur association d’avocats. Plus de tâches ménagères dans cet univers-là. Que du travail professionnel.
Je quitte la maison à 22 ans. Papa pleure dans son assiette : une fille ça part quand ça se marie. Je suis prof. Régine n’aime pas ça. Disgrâce sociale. Je deviens directrice d’école en 1999, j’engage une femme de ménage, je me marie en 2003. J’ai deux enfants, un en 2003 et l’autre en 2006, sur le fil !
Mon mari n’a jamais rien fait au ménage ni au jardin. Je me sépare en 2016, préretraite en 2019, divorce en 2021. Je viens de ne plus renouveler l’engagement de mon homme de ménage qui, lui, n’a pu renouveler son permis de travail.
Anne-line, 18 ans aujourd’hui, découvre le plaisir de découvrir un siphon rempli de ses cheveux et des poils de son frère. Elle gère et apprend mais se défile sur les tâches qui l’embêtent. Elle n’a pas encore choisi la suite. Elle a son permis provisoire, pas son frère. Elle tente de choisir.
Céline, Régine, Béatrice et Anne-Line aiment dessiner, créer et rêver d’un autre monde, toutes les quatre, sans homme, finalement.
Béatrice
30 minutes - sujet imposé "Parler du travail de ma grand mère, de ma mère et du mien"
Joseph : tu viens à quelle heure chez maman dimanche ?
Ping
Sarah : 12h30
Ping
J : 12h30 tu es sûre ? Je compte 13h alors ?
Ping
S : Pffff, t'exagère, tu rouspètes toujours ! Je t'y verrais toi, avec 3 gosses sur les bras !
Ping
J : 3 gosses, j'en ai deux quand même et le troisième est en route D'ailleurs Marie-Cécile est vraiment chiante pour le moment, elle ne sait pas dormir et me réveille toutes les nuits
Ping
S : tu te plains toujours, franchement, tu te rends pas compte de ce que c'est d'être enceinte jusqu'aux yeux et de devoir gérer 2 gosses en parallèle. Toi tu pars le matin, tu reviens le soir....
Ping
J : quand même, je vais chercher Jérôme au foot tous les lundis et jeudis
Ping
S : waouh, le père modèle qui s'occupe de ses gosses ! ... bon je te charrie un peu... heu...
Ping
J : tu me charries mais tu le penses vraiment... tu sais, je fais aussi le repas tous les dimanches...
Ping
S : à propos, dimanche, comme tu arrives tôt, tu pourrais te charger de régler le problème de la tablette chez maman ? Apparemment elle fonctionne plus
Ping
J : Pfff les femmes ... faudrait lui enlever cette tablette, elle n'y comprend vraiment rien, c'est pénible !
Ping
S : ouais, peut-être mais ça permet quand même de la voir en visio une fois de temps en temps et de se rendre compte de comment elle va...
Ping
J : Oui c'est vrai tu as raison.... parlant de visio, j'ai besoin d'un conseil de ta part... il va falloir que j'amène un truc à Marie-Cécile... mon boss vient de me demander si je pouvais aller faire le lancement d'un nouvel outil de production en Inde...
Ping
S : Waw c'est une super opportunité ! T'as de la chance !
Ping
J : oui je trouve aussi mais ce ne sera que 3 mois mais malheureusement je vais devoir partir avant l'arrivée du 3e.... Elle va être folle de rage !
Ping
S : avec le poste que tu as, tu pourrais pas négocier de l'emmener avec toi ? Les gamins sont encore petits... c'est le moment non ?
Ping
J : accoucher en Inde ? Tu n'images pas... Non non je préfère qu'elle reste ici !
Ping
S : Si j'avais pas eu mes gamins si jeune, j'aurais peut-être pu avoir ce type de proposition ? J'aurais adoré...
Ping
J : pourtant je me souviens que tu as refusé il y a un an de partir juste 3 semaines au Bengladesh
Ping
S : je l'ai toujours au travers de la gorge, j'avais travaillé pas mal sur ce dossier... mais Claire a eu une grosse fièvre, Charles était absent, j'ai demandé pour postposer le voyage de quelques jours et ce connard d'Antoine a préféré envoyer Dimitri...
Ping
J : ben oui c'est bien pour ça que je ne veux pas prendre le risque de négocier un départ après l'accouchement. Puis franchement c'est le 3e.... Marie-Cécile a l'habitude... et puis comme papy est décédé l'an dernier, sa maman est là pour l'aider... Elle n'a que ça à faire.... Elle s'ennuie...
Ping
S : (soupir) – toujours réponse à tout, tu m'énerves à la fin. Tu vas lâcher cette bombe au repas de famille ? Trop sympa....
Ping
J : oui j'entends déjà maman, féministe avant l'heure « c'est pas comme ça que je t'ai éduqué et patati, et patata... ». Je vais encore en prendre pour mon grade et me faire traiter de sale macho et de carriériste
Ping
S : je suis partagée.... J’aurai tellement envie d'avoir cette opportunité ! Je voudrais pouvoir laisser les enfants à Charles pendant 3 mois et te dire que son père s'ennuie et viendra lui tenir compagnie....
Ping
J : Mais faut te lâcher ma fille, tu n'as qu'à demander... je ne te reconnais plus... quand nous étions à la fac tu étais la première à dire que tu ne te laisserais jamais arrêter dans ta carrière... et là juste partir 3 mois en laissant Charles et les enfants semble une montagne pour toi...
Ping
S : je me suis attachée aux petits, Charles n'a pas la main avec eux... fait chier.
Ping
J : Je croirais entendre Marie-Cécile quand elle parle de moi... j'avoue que ça m'arrange. Je ne vois vraiment pas la laisser partir pendant 3 mois pendant que je suis coincé à la maison avec les mômes.... même si je les adore !
Ping
S : Et dire que maman reste convaincue de nous éduquer de la même façon ! On en reparle dimanche !
Laetitia & Isabelle
50 minutes d'écriture - Thème imposé
Je suis ce qu’on appelle joliment une transfuge de classe.
J’ai pété les plafonds de verre, déserté les HLM (Habitations à Loyer Modéré) insalubres de la banlieue parisienne aux murs en papier carton.
J’ai refusé de suivre les traditions archaïques qui m’enfermaient dans des cases trop petites pour ma soif de liberté.
J’ai tenu tête à tous ceux et celles qui ont voulu me réduire à une descendante fidèle et loyale, juste parce que le même sang coule dans nos veines.
Comment j’ai fait ?
J’ai travaillé dans tous les sens du terme !
J’ai travaillé comme ma mère car j’ai compris très tôt que c’est la condition de vie essentielle de toute femme : l’INDEPENDANCE.
Ma mère, elle, a tricoté des pulls, des bonnets, des écharpes, des chaussons, des chaussettes à s’en écorner les doigts pour se payer un billet Air France.
Moi j’ai travaillé un peu partout, en usine, j’ai soulevé des caisses bien trop lourdes pour mes petits bras post-adolescente et telle une fourmi j’ai accumulé patiemment mais sûrement le butin nécessaire à mon envol vers d’autres horizons.
Hors de question comme ma mère-grand de rester sur la Terre Natale entourée des mêmes gueules défraîchies par la misère… de lutter pour sa survie, de traverser les nuits à la lumière d’une bougie qui n’éclaire que des yeux tristes et affaiblis, de passer des journées à faire paître des animaux, à cultiver sur des terres hostiles pour apporter chaque soir une maigre pitance à une ribambelle de gosses offert par un connard comme preuve de sa virilité phallique !
NON MERCI
Moi, j’ai préféré côtoyer des milieux pas pour moi. Des milieux où t’as un ticket d’entrée à payer de base, où l’on ne connait pas la difficulté, où c’est papa maman qui payent d’office, où la question de l’argent n’est pas une question, où les conversations sont esthétiques, les préoccupations belles et là où tu peux passer 3h à philosopher sur un agencement de 3 notes de musique ou sur l’ombre d’un rayon de soleil sur un parquet nouvellement ciré.
Moi, j’ai préféré embrasser les livres, la lecture, l’apprentissage, le rire, l’intelligence, le prout-prout même parfois.
J’ai préféré embrasser des études supérieures en école de commerce, école prestigieuse au ticket d’entrée salé aussi où j’avais pas franchement les codes….
J’ai travaillé à la sueur de mon front.
La sueur de mon front a une odeur différente de celle de ma mère
L’odeur de la sueur de ma mère est rosée et fraiche comme celles des autres bébés cadum qu’elle gardaient au lieu de s’occuper de nous.
L’odeur de la sueur de ma mère c’est celle de la javel des baraques des connasses autoritaires perverses et maniaques chez qui elles faisaient le ménage à l’aube.
Elle et moi on a été victime de différentes discriminations au travail. Elle, par sa peau basanée c’était clair et franc, moi c’était plus subtil. Toujours un clignement d’œil suspicieux en direction de mon visage trop blanc et rosé par rapport à mon nom de famille si chaud et méditerranéen.
J’avais décidé de me fondre dans le statut de cadre bien défini, bien lisse pour ne plus qu’on m’emmerde avec ces questions.
Ma grand-mère est restée dans son cadre à elle de survie, bien vivant, bien primal où vraiment chaque jour t’as la dalle, pas juste quand il est 11h59 et que tu te dis ‘oh la la je meurs de faim, j’ai pas mangé depuis 3h’, non la vraie, celle qui te tiraille les tripes et te poignarde le cœur quand tu vois la chair de ta chair manquer.
Elle a travaillé toute sa vie avec sa copine la Survie, jour après jour, avec l’espoir de voir grandir sa progéniture et la voir s’envoler un peu plus haut que l’horizon des montagnes qu’elle côtoyait chaque jour.
Moi je me suis envolée loin de tout ça, j’ai fuis la survie, le manque, la misère comme on fuit un animal dangereux qui va vous déchiqueter en 1000 morceaux
A toi le flambeau, ma fille, ma Nour, ma lumière.
Samia Mohammedi
30 minutes - sujet imposé "Parler du travail de ma grand mère, de ma mère et du mien"
Ma mère travaillait dans l’ombre : dans celle de mon père surtout, dans la nôtre aussi, et puis dans l’invisibilité que la société toute entière impose aux femmes discrètes, pourtant gardiennent du maintien de l’ordre familial, et, j’ose le dire, de l’ordre social même.
Quand j’étais petite je ne savais pas ce qu’elle faisait en dehors des murs du foyer familial. Pour moi elle était maman et c’était déjà énorme.
Quand on me demandait ce que je voudrais faire plus grande, je disais : « maman ». On me répondait que ce n’était pas un métier.
Il faut vraiment ne pas être maman pour dire que ce n’est pas un métier.
En grandissant, j’ai compris qu’elle n’était pas que ça.
Je me suis demandé comment elle faisait, comment elle avait fait toutes ces années.
Aujourd’hui, j’aimerai qu’elle se pose, qu’elle se repose, mais elle ne peut pas, ou elle ne veut pas, ou elle ne sait pas.
Ma mère travaille au passé, au présent et au futur, elle n’arrête jamais, pas de temporalité, juste un flux continu d’efforts.
Je crois qu’elle se dit que si elle arrête, elle risque de s’éteindre. Elle existe dans le mouvement.
Ou elle croit qu’elle n’existe que dans le mouvement.
Il n’y a qu’avec nous que réellement elle relâche. Assise au bout de la table, elle nous contemple tous les quatre, fruit de son dur labeur de son métier premier qui soi-disant n’en est pas un.
Dounia Largo
10 minutes d'écriture - Début de texte imposé
« Gardienne de la forêt sacrée », c’est comme ça que Jeanne décrit son métier.
Ses journées sont longues, elle orchestre, elle conseille, elle réfléchit à des stratégies à adopter lorsqu’elle et tous les autres se font encercler et gazer.
En fait, elle est militante à plein temps, cela fait plusieurs années qu’elle tente d’enrayer plusieurs opérations de coupes claires qui menacent les forêts sacrées.
« Militer n’est pas travailler »… pour elle, si ! Vivre en forêt dans une communauté ne lui coûte pas très cher et plus de loyer à payer !
De toute façon, pour elle ce n’est pas tant un choix mais une nécessité.
Elle a entendu plusieurs fois ces voix lui murmurer qu’elle devait le faire, une mission de dé-suicide, enrayer la machine destructrice par tous les moyens.
Même si elle se considère comme gardienne de la forêt sacrée, d’autre la décrive plutôt comme écoterroriste.
Jeanne d’Arc se menotte les poignées aux autres de façon à former un cercle protecteur autour de l’arbre centenaire, les tronçonneuses abandonnent. Jeanne d’Arc 1, Ikea 0.
Nina
Imaginer le métier actuel d’une figure de fiction ou historique - 30 minutes
La vie ça peut être violent, ça peut être doux, amer ou sucré, chaotique ou idyllique.
Violent comme un contrôle au faciès, violent comme des images d’humains affamés, violent comme une insulte, droit dans les yeux.
Ça peut être doux, comme l’activité que je préfère pratiquer, à savoir regarder le ciel étoilé.
Doux comme un repas partagé, doux comme une promenade en forêt.
La vie ça peut être violent ça peut être doux, rugueux, soyeux, tranchant ou pétillant.
Violent comme un régime imposé, violent comme un accident, violent comme les étiquettes collées sur les fronts.
Doux comme un rêve dans lequel j’aimerais rester, doux comme les bras de ma grand-mère, doux comme le souvenir des sons de mon île.
La vie ça peut être violent, ça peut être doux, terrifiant, amusant, lamentable ou adorable, hasardeux ou merveilleux.
Nina
Texte à partir de 5 mots tirés au sort - 10 minutes
Aie ! CV refusé.
De nos jours, beaucoup d’entreprises utilisent une intelligence artificielle qui a pour but de filtrer les CV avant même qu’ils soient dans les mains de la RH.
Et celui de Sara a direct été jeté par cette machine, BIM !
La raison ? Elle est une femme et pour un poste comme celui là c’est littéralement impossible d’en être une, ouch !
Pourquoi ?
Elle aurait l’air trop douce, trop gentille, oups.
Elle pourrait avoir des enfants dans quelques années, ouille !
Peut-être ne pourra-t ’elle pas supporter toute la pression à gérer, snif !
Elle avait qu’à être un homme, et la machine à CV l’aurait sélectionnée, hihi.
Nina
Onomatopées – 10 minutes
Dans la confiserie, je ne sais pas vraiment ce que faisait Mamie. Je l’ai connue vieille alors que j’étais jeune et quand on est jeune, on s’en fiche un peu de ce que font les vieilles dans leur jeunesse. Pourtant, elle devient bien faire quelque chose, c’est la fille du confiseur tout de même. Et puis quand papa en parle il me dit « la confiserie de mes parents ». Mais on n’entend que parler des grosses mains de grand père tirant la pâte à sucre brulantes, les gros bras de l’employé qui portait les sacs de poudre de cacao. Que faisait Mamie au milieu de tout ça ? Faisait-elle les comptes ? Empêchait-elle les petits de se bruler les doigts ? Faisait-elle l’accueil des clients des foires environnantes ? Peut-être qu’elle mettait les berlingots dans des boites, peut être enfonçait elle les bâtonnets dans les chiques. Peut-être passait-elle le balai, retirait les guêpes dans la pâte à sucre brulantes ? Peut-être devait elle empêcher le facteur de manger les guêpes sucrées qu’il prenait pour des bonbons.
Je ne sais pas ce que faisait Mamie à la confiserie où elle a passé sa vie.
Lise
Le métier de votre grand mère - 10 minutes
Je fais attention à plier le papier comme il faut, à bien nettoyer mes mains, à assembler les pages dans le bon ordre. Je fais des livres et c’est un boulot que j’aime et pourtant je me sens faible. Comme si je faisais tout mal. Comme si je faisais perdre de l’argent à l’entreprise alors que je suis payée 150 euros par mois. Pourtant j’accepterai d’avoir un salaire encore plus bas si c’était pour être bien traitées.
Un jour je dis je veux être bien traitée et je suis prise dans le tambour de la machine. On me tourne et retourne, le haut devient le bas et je ne sais plus vraiment de quoi on parle.
Une fois bien lessivée, et à la fin, elle me serre fort dans ses bras pour m’essorer
Lise
Texte à partir de 5 mots tirés au sort - 10 minutes
Dans l’usine à serrures, on ne fabrique que des serrures. Si vous voulez des clés pour ouvrir les serrures, il faut aller à l’usine à clef. C’est un système pratique et économique car le travail peut se faire rapidement. C’est déjà plus simple de fabriquer des tiges là où on fabrique déjà d’autres tiges, et des trous là où on fabrique déjà d’autres trous. Imaginez sinon, devoir fabriquer une tige, un trou, une tige, un trou. C’est débile. Une tige, une tige, une tige et puis quelques kilomètres plus loin, un trou, un trou, un trou, c’est plus simple.
Bien évidemment, il faut ensuite trouver la bonne clé pour la bonne serrure et pour ça il existe les essayeuses et essayeurs de clés et serrures. Comme tant d’autres métiers, menacés par l’intelligence artificielle aujourd’hui. Pourtant, il y a des actes humains qui sont irremplaçables, et cette histoire que l’on m’a un jour racontée en est une preuve bien évidente :
Un essayeur de clé et de serrure se rendait un jour à l’assemblage qui se trouve entre l’usine à clé et l’usine à serrure.
Rapidement, il se met à essayer clé sur clé dans sa serrure. En face de lui, une essayeuse de clé et serrure essaye différentes serrures sur sa clef (elle fait parti d’un autre département). Ça fait déjà 5 ans de salariat qu’elle cherche sa serrure pour sa clé et lui cherche une clé depuis un peu plus de 6 ans, après une réorientation professionnelle.
Vous me voyez venir.
S’ils avaient été des robots, iels auraient passé leur temps jusqu’à leur retraite à chercher la clé et la serrure qui étaient en réalité devant elleux. Mais fort heureusement, iels n’étaient pas des robots et iels étaient passionnément et secrètement fou et folle amoureuses l’un de l’autre.
Un jour, voyant les congés des fêtes approcher à grands pas, l’essayeuse de clé et serrure s’adressa à son collègue d’en face :
- Excusez-moi, serait-il possible d’essayer votre serrure ?
L’essayeur en face répond, fébrile :
- Bien-sûr, mais je doute que cela fonctionne. Voilà 6 ans que rien ne l’ouvre. (il était désespéré de lancer la conversation).
- Comme on dit dans le métier, on peut toujours essayer ! répond-elle, enthousiaste.
Qu’elle ne fût pas leur surprise quand la clé ouvre la serrure. Aussitôt, ils s’échangèrent leurs numéros de téléphone et se promettent de venir chaque jour ensemble au travail dans la voiture tantôt de l’un, tantôt de l’autre.
Cette histoire nous montre que le travail des humains ne peut pas être remplacé par des machines, même à l’usine.
Lise
Texte à partir d'images tirées au sort - 40 minutes
Ding ding, on se réveille.
11h31 10 novembre, aller hop on bosse gratos mesdames.
Pas de « gnagnagnagna on fait le même nombre d’heures de travail » allez chut ! Oui je sais, c’est pas juste mis si vous gaspillez votre temps avec des vos patati, vos patata vos hihihi et vos ragnagna vous seriez peut-être un peu mieux payées ahah !
Lise
Onomatopée – 10 minutes