Cela fait maintenant 5 ans que l'atelier d'écriture Une vie de labeur est proposé aux groupes et aux individuel.les dans une formule aujourd'hui bien rodée. Des sous-thématiques du travail apparaissent régulièrement, de ci de là, qui sont reprises dans les onglets "thématiques" que vous trouvez en-haut des pages de ce site. Mais nous avions envie de creuser plus profondément certaines de ces sous-thématiques. C'est pourquoi, cette fois, nous vous avons proposés des journées "bonus" intitulées "Conciliation vie privée-vie professionnelle", "Travail et santé" et "Le travail au féminin". Vous trouverez ici quelques-uns des textes produits lors de ces 3 journées spéciales.
Je m’appelle Maryvonne et je suis ici pour le plaisir d’écrire, aussi pour prendre le temps de revenir sur une vie professionnelle bien remplie, passée sans trop de réflexion « la tête dans le guidon » comme on dit, mais aussi pas mal de satisfaction… je suis ici aussi parce que je sens qu’actuellement le rapport au travail change, une « désacralisation » peut-être…et aussi parce que, en même temps, je sens une tension entre travailler et ne pas travailler, travailler plus et travailler moins, et aussi parce que on parle beaucoup de bien-être au travail Et parce que je suis curieuse d’entendre comment d’autres vivent ça !
Maryvonne
10 minutes d'écriture - début du texte imposé
Je me rappelle ce temps, pas si lointain, où de mes journées je n’avais que le temps, peu de plaisirs, beaucoup de culpabilité, « pourquoi m’amuserais-je alors que d’autres travaillent ? ».
Je me rappelle ce temps, que je n’aimais pas, qui fut une torture à bien des instants et j’en viens à le regretter.
Qu’il était bon d'avoir du temps, maintenant qu’il me manque tant. Rentré 18h, faire les courses, raconter sa journée alors qu’on l’a vécue, puis voir qu’il est temps d’être raisonnable et d’aller se coucher pour demain tout recommencer.
David Paul
10 minutes d'écriture - thème imposé
Je me demande bien comment on peut définir le travail au féminin…
Est-ce que c’est l’outil qui fait la moinette ? ou la chaussure à talon ? est ce que c’est le nombre de promotions canapé avec ou sans capote ?
Je ne sais pas
Le travail au féminin c’est comme partir en voyage en vélo-tandem ; à l’avant le travail, à l’arrière la femme. Et oui coincée à l’arrière, à trimer, ramer, pédaler pour rattraper les inégalités présentes partout. Sexisme, racisme, fétichisme, préférentialisme masculin, blanchisme, virilisme, la femme ne fait pas le poids, c’est le parent pauvre du travail encore et toujours….
Une solution à cela dans le monde du travail selon mon humble avis c’est la Sororité.
Après ‘Egalité, Liberté, Fraternité’ moi je dis ‘Equité, Liberté, Sororité’.
Appelons par téléphone, fax, what’s app ou pigeon voyageur toutes les femmes à se serrer les vulves au travail, arrêtons d’être des conasses entre nous, arrêtons de nous comparer en tant que mères, arrêtons de donner notre puissance à l’autre sexe, reconnaissons-nous entre nous. Respectons notre travail, nos qualités, nos failles pour nous élever.
Ensemble les femmes, c’est tout !
Samia Mohammedi
20 minutes d'écriture - 5 mots imposés à partir d'image
Entre travail et vie privée
Sur le fil je dois marcher
Chacun son importance
Aucune allégeance
« C’est vite dit, ceci dit »
Me dis-tu…imbécile
Pour moi c’est difficile
Marcher sur un fil
Quand on sait que souvent
Il y a du vent
Que souvent
c’est au-dessus du vide
Que le fil de la vie se dévide
Alors, sur un fil, sur le vide
Moi, j’ai le vertige !
Maryvonne
10 minutes - forme imposée
Je suis une maladie chronique du travail et je m'ennuie terriblement, c'est vraiment chiant comme boulot !
Manière de voir, juger, critiquer, se plaindre. C'est trop facile pour être positif et constructif, mais pas assez pour me suffire. Du fait de mon appétit d'ogresse sociale, asperger cisgenre hispanophone et tou.te.s les autres. Ces mots que l'on entend, que l'on devine derrière des portes closes. Elles avaient été refermées pour que le malheur cesse. Mais le malheur ne cesse pas, en tous cas pas de lui-même. Il y a des choses à faire, des renoncements, des acceptations, qui nous conduiront vers la lumière. Il faut y croire ! C'est certain ! Après chaque période noire, il y a des demains heureux.
Le bonheur, n'est-ce pas ce que l'on souhaite à chaque être aimé ?
A caque être aimé ! Ça va en faire du monde ! La fête sera giga énorme : ça va danser, chanter, se divertir et s'embrasser.
C'est ça finalement le travail, une succession d'activités qui font frétiller nos sens en toutes circonstances, à tout moment. Oui, c'est ça... alors changeons le nom du "travail" et disons "Je vais à la jouissance". Ça nous cassera moins les burnes et les ovaires que les bures !
Texte collectif écrit sur le principe du cadavre exquis
Quand je rentrais du boulot, je récupérais les enfants à la crèche, puis à l’école, tout en pensant au repas du soir et à tout le reste… Un jour je ne suis plus rentrée du boulot, j’ai travaillé chez moi : une amie qui en avait l’expérience m’a dit : « si le table du déjeuner n’est pas débarrassée, va quand même dans ton bureau et si l’envie te prend de vider le lave-vaisselle ou le séchoir pendant les heures de bureau, résiste… ». J’ai rapidement compris combien ce conseil était sage… Et puis il y avait toujours les soirées pour terminer les choses urgentes. Puis j’ai connu la période où il n’y avait plus personne à aller chercher à l’école, et de moins en moins de monde à la maison, c’était le moment de tenter un nouveau changement…
Maryvonne
Début du texte imposé
Le travail dont je veux vous parler est le travail assis.
Pas juste, assis ou assise. Le travail qui oblige à rester assis(e) pendant de longues périodes. Par sa nature même mais surtout parce que le contrôle « social » ne permet pas de se lever.
Ça commence à l’école. L’enfant studieux, soumis et obéissant, qui même quand il ne doit pas écrire est prié de rester assis sagement.
Peu importe le contenu, le travail assis envahit le monde du travail, celui de l’entre-deux, la classe moyenne des jobs, ni ouvrier/ouvrière, ni manager. La zone-tampon des jobs à mériter et à garder car il y va de sa propre survie.
Alors oui, je vais parler du travail assis, semi-soumis, douloureux pour le dos, qui fait gonfler au fil de la journée, qui raidit et bétonne la nuque, tasse et avachit le dos. Là où ergonomie rime avec hypocrisie. Bien sûr qu’une bonne chaise améliore un peu les choses mais c’est une mini-béquille pour cul-de-jatte.
A propos de jatte, il y a quand même les pauses café, qui à défaut de soulager vraiment les lombaires, permettent une moisson de bruits de couloirs qui traînent dans l’air.
10 minutes d’écriture – thème imposé
Claire
Chère Marie-Paule,
Il est certain que la conciliation entre vie privée et professionnelle est un vrai sujet de débats au sein de notre société, et l'espace de quelques mois, nous avions imaginé que nous aussi, secteur associatif, pétri des valeurs de l'éducation permanente, nous devions également faire de la place à cette préoccupation.
Néanmoins, après plusieurs mois d'occupation de ta fonction, nous décidons de mettre fin à ton contrat. Tu comptes tes heures (alors que tu ne travailles qu'à temps partiel), tu réclames pour tes collègues une clarification sur la façon de compter les heures de travail pour la participation à telle ou telle activité. Tu réclames des temps conviviaux durant le temps de travail.
Cela suffit ! Nul besoin de conciliatrice quand on travaille dans un secteur dont la visée est l'émancipation des hommes et des femmes ! Pas de distinction entre vie privée et professionnelle dans notre secteur, c'est indécent ! Juste de l'ENGAGEMENT !!! Mais... apparemment c'est quelque chose que tu ne connais pas puisque tu as besoin de tout comptabiliser ! Notre mission est pourtant suffisamment grande et noble pour qu'on ne doive pas s'arrêter à ce genre de considération.
Bonne continuation dans ce combat qui n'est pas le nôtre,
Le groupe de coordination.
Laetitia
20 minutes d'écriture - Lettre de licenciement
Depuis que je suis pensionnée, j’ai l’impression que le temps passe tellement vite …
C’est juste parce que tu fais tout plus lentement m’a-t-on expliqué … et c’est bien vrai !
Depuis que je suis pensionnée, je déguste le plaisir de ne pas mettre de réveil … enfin pas tous les jours …
Aujourd’hui par exemple … il a bien fallu … pour venir à l’activité
Eh oui !
Depuis que je suis pensionnée, j’ai découvert que le projet d’un bénévolat, c’était juste dans ma tête …
J’en ai commencé un … puis arrêté …
Quel régal !
Depuis que je suis pensionnée, quand je suis seule, je mange à midi « en matant ma p’tite série » …, Un vrai régal !
Depuis que je suis pensionnée … je peux enfin méditer le matin sans me lever à pas d’heure !
Depuis que je suis pensionnée …
je me pose
je me dépose
je me repose …
Depuis que je suis pensionnée, j’essaime des petits sms de soutien de-ci , de-là … en prenant le temps de choisir les mots justes … ceux qui je l’espère iront droit au cœur !
Depuis que je suis pensionnée … parfois je réfléchis à ce qui me manque de ma vie professionnelle … peu de choses finalement
Plume
10 minutes d’écriture – thème imposé
Monsieur Paltemps,
Je me vois dans la joie de vous annoncer que votre contrat au poste de conseiller en conciliation vie privée / vie professionnelle (CCVPVP) ne sera pas renouvelé l’année prochaine. En effet, suite à de nombreux retours de la part des membres de notre organisme, nous jugeons que votre mission n’a pas été remplie au cours de ces années.
Combien de mes collègues ai-je vu ces derniers mois encore rester plus qu’il.elle.s le devaient afin de tenir la cadence impitoyable qu’on leur exige ? Combien répondent encore à leur mail le week-end ou en soirée ? Combien ont teams sur leur téléphone et reçoivent quotidiennement les notifications liées au travail ? Combien rentrent chez eux préoccupés des lendemains, ne profitant ainsi pas de leur famille ?
C’est donc avec nécessité que je mets fin aujourd’hui à votre contrat.
Bien cordialement.
David Paul
20 minutes d'écriture - lettre de licenciement
Elle avait pris sa décision, c’était fini d’écrire, le soir un peu en secret quand tout le monde dormait ! Elle allait remettre sa démission. Elle serait écrivaine, autrice et c’est comme ça qu’elle gagnera sa vie à l’avenir ! et elle voyagerait, beaucoup ! C’est trop difficile d’écrire et de décrire les volcans, les levers de soleil et les étoiles sans les voir. Et puis elle ferait les croisières dont elle a toujours rêvé ! Elle sent qu’en rêvant sur le pont d’un beau navire au fil du Douro ou le long des côtes de Norvège, elle ne serait jamais en panne d’inspiration.
Plus rien, ou presque, ne la retient ici, ce serait comme une garde alternée, la moitié du temps ici, l’autre moitié ailleurs. Trop vieille pour commencer ? elle ne serait pas la première : elle ferait comme Jacqueline Harpman qu’elle admire tellement.
Le fait d’avoir pris sa décision, d’avoir affronté l’étonnement, l’incrédulité de la famille, des amis, des collègues…c’est comme une énorme respiration, un souffle qui l’envahit, la rafraîchit comme jamais, une renaissance ! Elle tape « croisière » sur Google, tiens ils ont justement mis Jacqueline Harpman à l’honneur, un signe !
Maryvonne
20 minutes d'écriture - 5 mots imposés à partir d'image
Quand je serai pensionné, s’il s’avère que je le sois un jour étant donné l’état du monde, l’écologie, l’économie - la pension existera-t-elle encore seulement ? -, le durcissement des politiques, le repli sur soi, du capitalisme fou… Ah oui, qu’elle était la question déjà ? Après ma pension ? Une ferme ou récupérer des animaux pour leur permettre une belle retraite, ça m’ira très bien.
David Paul
10 minutes d'écriture - thème imposé
Le travail dont je veux vous parler est le premier que j’ai exercé. Je dessinais dans un bureau d’architecture bruxellois, implanté dans les magnifiques ateliers du Maître Verrier Colpaert ! Je faisais partie d’une petite équipe qui avait grandi au fil du temps et de projets industriels de plus en plus importants.
C’est à cette époque que l’informatisation a fait irruption dans ce travail qui jusque-là se cantonnait à notre bonne vieille table en bois munie d’une latte sur laquelle nous faisions glisser des équerres. Pour les erreurs c’était simple, il suffisait de gratter avec une lame de rasoir et recommencer…
Arriva un petit génie, un geek avant que le mot n’existe, qui allait nous apprendre cette nouvelle technique… tout en gardant habilement le savoir pour lui et en inventant des codes utilisé par lui au mépris des conventions internationales…
C’est la seule fois où j’ai fui pour travailler chez moi et me consacrer sans parasitage à l’apprentissage et la pratique de cette nouvelle facette du métier qui allait m’enthousiasmer.
Maryvonne
10 minutes d'écriture - début du texte imposé
Azaé est éboueuse.
Elle se lève très tôt, ne prend pas la peine de se doucher (elle devrait prendre une douche à l’entrepôt après la tournée - c’est obligatoire - mais elle va zapper la douche et la prendre à son retour chez elle) et quitte la maison à 4h30 du matin après avoir rapidement avalé une tartine préparée la veille au soir.
En arrivant à l’entrepôt, elle jette un coup d’œil sur sa tournée du jour, retrouve les membres de son équipe et monte dans le camion. Aujourd’hui, Paolo et John l’accompagnent. C’est une tournée de sacs bleus en plein centre-ville. Il va falloir faire attention aux nombreux cyclistes qui envahissent les rues à cette heure. Les voitures sont moins dangereuses parce qu’on les entend arriver. Enfin, pas les électriques.
Fin de la tournée. Aujourd’hui, ils ont fait vite et le camion rentre au dépôt à 11h. La douche est obligatoire. 15 cabines sont dédiées aux hommes, 2 sont dédiées aux femmes. Azaé sort de la douche rapidement - elle a fait semblant de se doucher - et s’habille à toute vitesse pour que personne ne voie qu’elle ne s’était pas tout à fait déshabillée. Sur le chemin du retour, elle ne doit pas oublier d’acheter du lait.
Une fois à la maison, elle jette un coup d’œil dans le frigo, constate qu’il y a pas mal de restes du repas d’hier soir, de quoi se faire une collation rapide. Elle mange puis va faire une bonne sieste. Dans quelques heures, les enfants seront de retour et elle devra être au taquet. Les jours sans vraie sieste, comme le mercredi, elle a du mal et reste patraque tout le reste de la journée.
Lorsque les enfants rentrent, ce sont les devoirs avant toute chose mais aujourd’hui, nous sommes à la veille de deux semaines de congés scolaires et Azaé a envie de leur faire plaisir. Il n’est d’ailleurs pas certain qu’ils aient des devoirs à faire. On regarde un film tous ensemble, aussi avec Robert.
Pendant qu’Azaé prépare le repas, son copain Robert - qui l’aide aussi pour conduire et aller chercher les enfants - aime s’installer dans la cuisine pour parler avec elle de tout et de rien. Surtout de tout. La conversation de Robert est toujours agréable, il est très à l’écoute. Il kiffe Azaé, la trouve cultivée et intelligente… probablement plus que lui. Il se sent porté par elle.
La soirée est consacrée à la série du moment mais Azaé, même en congé demain, aime se coucher tôt. Elle va au lit vers 22 h, quand les enfants sont au lit. Robert reste chez elle quand il faut conduire les enfants à l’école le lendemain matin. Ils dorment ensemble souvent mais à cause de ses horaires à elle, Robert peut aussi profiter d’une pièce à lui pour ne pas être réveillé quand elle part. Parfois aussi, il retourne chez lui.
Elle a un boulot très physique pour une femme, avec une équipe de gros durs, grandes gueules et grands cœurs. Elle les aime bien. Robert est un partenaire gentil, affable, présent mais pas envahissant. Elle se sent en équilibre et surtout, ses enfants grandissent bien. C’est une période de vie plutôt harmonieuse malgré les éléments disparates qui la composent.
Claire
Consigne - féminiser un texte
Quand je serai pensionnée, je vais enfin pouvoir.... La proposition est de continuer le texte.
Non, pas comme ça !
Depuis plusieurs années, j'essaye de ne plus penser de cette façon. Je m'explique.
J'ai connu des personnes qui avaient travaillé toute leur vie, espérant le moment de la pension pour pouvoir faire autre chose.
Leur pension est arrivée et quelques mois plus tard, sans préavis, la grande faucheuse est aussi arrivée. Parfois même avant leur pension.
Ça ne va pas ! Ce n'est pas possible !
Je ne veux plus attendre ma pension pour pouvoir faire d'autres choses !
Alors, et je m'en excuse auprès des personnes prises dans d'autres réalités que les miennes, j'ai décidé de réduire mon temps de travail... Pour m'inscrire à un atelier d'écriture, passer le week-end avec ma maman, faire de la gelée de groseilles, prendre le temps de lire le journal, d'aller au cinéma ou de papoter avec la voisine. Sans courir, sans être pressée par le temps car, qui sait si je serai encore là demain ?
Laetitia
10 minutes d’écriture – thème imposé
A Conciliante, titulaire du poste «Sérénité Travail et Vie Privée »
Lors de ton engagement, il y a trois années, nous avions fixés de commun accord les objectifs à atteindre : il s’agissait d’aider chacune des vingt-cinq employées féminines du Service Emballage à mener de front un travail efficace, et donc d’augmenter notre chiffre d’affaires, et une vie privée épanouissante pour qu’elle puisse fournir, dans la joie et le bonne humeur, ce travail efficace. Nous avons fait chaque année, le bilan de ton action !
La première année…pas de changement : c’est normal, tu devais prendre tes marques, faire connaissance avec les personnes concernées, inventer ta fonction…
La deuxième année, plusieurs plaintes nous sont remontées…nous en avons parlé : plusieurs employées t’ont accusée d’intrusion dans leur vie privée, de questions insidieuses concernant les résultats scolaires des enfants, de l’équilibre des repas du soir. Sans doute n’avaient-elles pas compris ta fonction… L’entreprise peut se remettre en question : nous avons donc décidé de diffuser une note de service explicative…
La troisième année, cette année, non seulement le volume des plaintes a augmenté mais plusieurs d’entre elles faisaient état de sexisme : les femmes se sentaient, et cela faisait partie de ton descriptif de fonction, victimes de sexisme : elles se sentaient seules concernées par ton action. Il semblerait que tu n’aies pas pu leur faire accepter la vision de l’entreprise, à savoir que la vie privée appartenant au domaine des femmes, il nous a semblé inopportun d’étendre ta fonction aux hommes…
Nous avons donc décidé de mettre fin à ton contrat.
Maryvonne
20 minutes d'écriture - Lettre de licenciement
Février 2024. 9h20. Nord-Kivu au Congo. M23 un groupe armé d’obédience tutsie occupe de nouveaux villages dans territoire du nord Kivu. Le gouvernement congolais FARDC et 35 groupes armés rebelles se battent contre le M23 avec les mercenaires russes. Mission Datcha. Départ 1h20 du matin.
Arrivée à l’aéroport de Goma. 37°5 le matin, chaleur moite. Un protocole m’accueille avec un grand sourire et un café double expresso et une bise. Traversée en jeep des collines verdoyantes et cadavérée, comme ils le disent ici. « on approche la ligne de front, accroches toi ». Je scrute la ligne d’horizons à la recherche de soldats dans le paysage. Le moteur redouble de vitesse, des nuées de sables m’empêche de voir par les fenêtres. Je pense à mes enfants et je me demande ce que je fou là.
Premier check-point. Entre Sake et Masisi. Enfants-soldats kalach en bandoulière, ils sont totalement bourrés. Aucun danger d’être démasqué. 200 mètres plus loin, un char d’assaut avec des mercenaires russes : plaque AK47. Je prends note. 10h plus tard, 80 km après.
Arrivée au campement, je suis accueilli dans la paillote centrale, autour cinq tentes de soins et une tente gardée par des gardiens armé. Je tapote quelques notes sur le clavier de mon GSM. Un gentil chirurgien me dit : « tous les soirs on joue au volley, c’est important pour la cohésion de groupe et le samedi on grille un chèvre au barbecue ». Je m’en contrefous, je ne rêve que d’une douche pour enlever ce mélange de sueur mélangée à de l’antimoustique dégueulasse et la poussière du trajet. Une collègue italienne a la tchatche chantante, m’assène de blagues qu’elle est seule à comprendre ou bien c’est moi qui ne comprends rien à son accent. Elle m’amène dans le trou au fond du campement qui sert de douche et étale sa science sanitaire et me fait un réel debrief en promotion de la santé quand la tâche principale consiste uniquement à mettre de l’eau dans une bassine.
Le seul point internet se trouve dans la paillote centrale. Je regarde mon WhatsApp pour voir si mon cher et tendre m’a écrit un poème et là je feins d’appeler ma famille comme tous les autres collègues à cette heure-ci. A la cellule je dis : « Dans l’avion il y avait bien de la vodka en quantité, on m’a resservi deux fois. Je peux te dire que j’étais fatiguée à l’arrivée 10H de route en plein cagnard. J’ai découvert une marque de chips trop bonne AK47, tu connais ? ».
Je fais le tour du site en marchant, 12 expatriés, 44 staff national, dans le territoire se trouve 4 groupes armés. Je ne sais toujours pas si les mercenaires appuient ces groupes ni où se trouve leur base.
Le chirurgien ne me laisse d’autre choix que de le suivre pour une partie de volley. Si j’avais su je me serais entrainé. Suite à quoi, le chef de mission à 19h appelle au rassemblement sous la paillotte pour le point sécu. Je me fais passer pour un novice et pause énormément de questions. J’apprends que le chef de mission connait les différents chefs des groupes armés dont le général Vodka qui nous importe. Informateur clé.
J’attrape mon PC et en quelques clic dans un software codé, j’envoie mon rapport du jour et file jouer avec les collègues aux cartes.
Mes journées sont rythmées par les inventaires des médicaments à acheminer dans les pharmacies zonales. Le volleyball, les cartes, et les points sécu qui m’apporte beaucoup d’infos.
À ma troisième demande d’exploration pour accompagner le chef de mission en exploration pour rencontrer un général ou négocier un passage sur un checkpoint. Le chef de mission m’adresse un regard suspicieux. Le soir en rentrant dans ma tente, je me rends compte qu’elle a été fouillée. Code fin de journée activé. Demande de rapatriement immédiat…
La nuit se couche avec les clics clics nerveux de ma souris et des échos des tirs qu’on entend au loin…
Samia Mohammedi & Emilia
50 minutes d’écriture – Style d'écriture imposé
Le travail dont je veux vous parler n’est pas un travail, c’est même l’absence de travail. C’est sa recherche, les refus ou encore les silences, c’est d’être ignoré et non considéré.
C’est un état de doute, « d’où vient le problème ? Est-ce moi ou le monde ? ». C’est une rage sans fin, c’est vouloir tout casser, tout brûler, faire table rase.
David Paul
10 minutes d'écriture - début du texte imposé
Mais pourquoi « je dois » ? et pourquoi pas ? …marcher, gambader, sautiller, accélérer, tomber, m’accrocher, m’arracher ahhh ! j’ai perdu le fil de mes pensées privées de travail…
Aïe Aïe, Aïe
Mélangeons…
Entre un fil et un travail sur un marché, j’entre dans le travail…
C’est un peu la pagaille...
de l’ordre maintenant….
Je dois marcher et explorer la texture du fil, les nœuds durs, en trouver une grille de lecture mais qu’y a-t-il de si dur à cela ?
Ça s’apprend ça ?
Mais dans quels ouvrages ?
Ou par des personnes d’un certain âge ?
Je suis perdue comme dans un bateau ivre qui recherche sa vue….
Samia Mohammedi
10 minutes - forme imposée
Ma grand-mère Céline est née en 1895, ma mère Régine en 1932, moi Béatrice en 59 et ma fille Anne-Line en 2006.
Aujourd’hui nous couvrons 129 ans. Quels sont nos boulots, comment ont-ils évolué ?
Les filles avant la première guerre mondiale étaient éduquées pour faire les tâches nobles : musique, dessin, borderie et à tenir leur ménage. Céline a appris à dessiner et peindre et broder à l’école où les enfants étaient mis en pension. Son père médecin de village les associaient durant les vacances d’été à la confection de pilules un peu comme un stage de vacances. Céline racontait soixante ans plus tard qu’elle s’étonnait qu’ils puissent faire ça avec leurs mains toutes salies des jeux au jardin.
La guerre a tout bouleversé. Mon arrière-grand-père est mort d’une chute de cheval, le fils aîné, René est parti à la guerre et les plus jeunes ont appris à faire de tout avec ce qu’il y avait. Céline racontait comment une couverture teinte, elles avaient cousu un manteau pour le jeune Edgar qui grandissait trop vite.
Guerre disait aussi moins d’hommes. Céline a dû attendre 1922 pour se marier. Trois filles sont nées : Régine, ma mère, la cadette, en 1932. Jacqueline est morte en 34 d’une péritonite et Denise est morte en 1943 en institution où elle avait été placée très jeune.
Céline tenait son cahier de ménage depuis 1922. A gauche, elle notait ce qu’elle recevait de son mari qu’elle surnommait chaque mois différemment, Arthur, Mon petit Loup, Loup, Papa, Papounet… A droite, les dépenses. Parmi celles qu’on a oubliées aujourd’hui, teinturier, médecin, pharmacien, nappage… et l’institution à Ciney pour l’enfant handicapé.
Arthur travaillait avec ses frères dans la grande maison de maître rue du Peuplier, proche du Béguinage, maison aujourd’hui détruite, où Régine a grandi et j’ai fait mes premiers pas. Céline peignait. Des fleurs. Régine a grandi dans cet univers fleuri sans jardin, enfant unique par la force des choses. Timide, réservée, n’aimant pas la vie de groupe. Je vois sa vie très cocon et passablement sombre, comme les murs des pièces de cette époque.
Deuxième guerre mondiale. Arthur doit arrêter de travailler : import – export de fruits et légumes avec l’Allemagne. Couvre-feu, Céline devait mettre la chaise sur la table pour coudre ou lire à la lueur de l’unique ampoule. Encore des liens avec la campagne, Céline prenait le tram jusqu’à son terminus pour aller chercher une livre de beurre. Elle y a un jour giflé un soldat allemand qui regardait Régine avec trop d’intentions douteuses. Sans conséquence heureusement.
Régine étudie le droit à Saint-Louis puis à Louvain (Leuven). Les photos à la fac montrent les filles d’un côté et les garçons de l’autre. 80 à 85% de garçons. Elle est studieuse. En secondaire latin-grec aux Dames de Marie de la chaussée de Haecht, elle a suivi les cours de coupe et couture ainsi que de dactylo. Chez les nonnemies, comme disait Céline.
Régine va rencontrer Raoul comme jeune stagiaire au vestiaire des avocats, aux conférences du jeune barreau, dans la salle des pas perdus, en toge… Leur mariage civil se fait à l’hôtel de ville à la Grand Place. La famille de Raoul selon Régine juge cette union peu valorisante. Toute sa vie, Régine va ressentir ce drame de classe, une disgrâce pour laquelle je ne retrouve pas les mots de Régine. Les parents de Régine paient le mariage, la bague de fiançailles, les alliances. Céline va découvrir au décès d’Arthur en 1971 (le Gendarme à New York avec Louis de Funès venait de sortir) qu’il avait vendu ses terres (à elle) pour construire leur maison à Uccle, celle de Régine et Raoul ensuite.
Jeune mariée, Régine tire le diable par la queue. Raoul se fait engager comme professeur au collège Saint-Michel pour assurer. Ca va durer 3-4 ans. Je nais dans ce ménage où on regarde à trois sous. Mes parents travaillent comme avocats, profession libérale, comme indépendants. Maman travaille à un ouvrage ‘Droits et obligations des médecins’ qui lui apportera une brillante carrière universitaire en plus de celle d’avocat et de prof de droit dans trois écoles d’infirmières, dont celle où elle décèdera en 2021.
Je grandis comme enfant unique en les regardant travailler. Au décès du grand-père paternel, de l’argent vient permettre l’embauche d’une femme de ménage, on disait servante.
Au décès d’Arthur, ou peu après, Céline n’aura plus de servante. Au début dans les années 60, il y avait une servante tous les jours, puis ça a été deux jours puis un seul jour par semaine. A la même époque, mes parents ont eu une femme de ménage, une puéricultrice pour les 3-4 premières années de ma sœur et de mon frère, puis ça a muté en deux secrétaires pour leur association d’avocats. Plus de tâches ménagères dans cet univers-là. Que du travail professionnel.
Je quitte la maison à 22 ans. Papa pleure dans son assiette : une fille ça part quand ça se marie. Je suis prof. Régine n’aime pas ça. Disgrâce sociale. Je deviens directrice d’école en 1999, j’engage une femme de ménage, je me marie en 2003. J’ai deux enfants, un en 2003 et l’autre en 2006, sur le fil !
Mon mari n’a jamais rien fait au ménage ni au jardin. Je me sépare en 2016, préretraite en 2019, divorce en 2021. Je viens de ne plus renouveler l’engagement de mon homme de ménage qui, lui, n’a pu renouveler son permis de travail.
Anne-line, 18 ans aujourd’hui, découvre le plaisir de découvrir un siphon rempli de ses cheveux et des poils de son frère. Elle gère et apprend mais se défile sur les tâches qui l’embêtent. Elle n’a pas encore choisi la suite. Elle a son permis provisoire, pas son frère. Elle tente de choisir.
Céline, Régine, Béatrice et Anne-Line aiment dessiner, créer et rêver d’un autre monde, toutes les quatre, sans homme, finalement.
Béatrice
30 minutes - sujet imposé "Parler du travail de ma grand mère, de ma mère et du mien"
Le trav-aïe qui fait ouille, quand la s-HAN-té s’en mêêêê-le, il y a vréééé-ment de crôa devenir chêvre… Que de criiiiii-Tic-Tac à faire, erf, il est déjà l’heure. Flip Flap Flop, mes sem-héle-s couinent jusqu’AH la porte d’entr-Hé.
BANG je claque la p-OH-rte et je rentre chez mo-aaaah-i.
David Paul
10 minutes d'écriture - onomatopées
Le travail dont je veux vous parler c’est celui que j’ai quitté il y a 6 mois. Bon anniversaire Samia, Santé !
Je travaillais dans une grosse boîte, comme on dit, dans une très grosse boîte.
Je m’ennuyais profondément, assurément, indiscutablement, évidemment. Comment vibrer face à des tâches sans aucun intérêt, qui n’ont pas de sens pour soi, qui n’ont de sens que pour alimenter une grosse machinerie obsédée par les chiffres et la conquête.
Sur mon épitaphe, on pourrait écrire "Samia, morte d’ennui. Remplisseuse professionnelle de powerpoint et d’excel. Assistante professionnelle de logiciels. Doctorante +, +, en faire et refaire toujours les mêmes choses, les mêmes projets."
Je me suis perdue dans le puits de l’ennui. J’ai plongée dans les havres du rien, pas celui qui est ressourçant ou le terreau fertile de la créativité…. Non, non… l’ennui qui vous suce de l’intérieur petit à petit, qui assombrit le cœur, qui dessèche les sourires, qui pleure en silence de l’intérieur. L’ennui qui vous paralyse, vous fige à tel point que vous ne vous reconnaissez plus, que JE ne me reconnaissais plus. Mon corps ne vibrait plus, une vraie petite mort intérieure…
Comme le corps a toujours raison, j’ai refusé cette mort prématurée et j’ai quitté ce travail.
SANTE !
Samia Mohammedi
10 minutes d'écriture - début du texte imposé
Quand je rentrais du boulot,
Je m’assiégeais dans une posture mentale de guerrière taiseuse qui n’arrêtait pas de parler.
Parler, gesticuler pour combler les tâches obligatoires sans toujours aspirer à une distance permettant de respirer mentalement un vrai langage mûri et souriant.
Asseoir son langage, battu en brèche par la fatigue d’avance ou tu crèves.
Un vocabulaire peu nourri d’une aura d’harmonie mais assiégé.
Comme dans la théorie des économistes de Chicago ‘être mis à genoux’ pas par un problème mais dès que deux problèmes s’enchevêtrent ; la chance de se séréniser n’existe pour ainsi dire plus.
Sauf si le réseau proche se sensibilise pour vous ….
Mais comment peut-on se sensibiliser dans un réseau où la joie est primée dans la consommation.
Toutes ces obligations qui nous font glisser sur un tapis déroulant d’un terreau destructeur.
Dont les touches de commandes en réalité nous confondent mais ne nous appartiennent plus.
S’appartenir, comme dans la tenue d’un échéancier.
Surseoir à la minute qui suit la seconde en s’émancipant de ces vagues d’excitant qui nous sont imposés pour être appréciés, valorisés aux autres.
Oui, mais …
Angela DAVI
10 phrases maximum – début du texte imposé
Joseph : tu viens à quelle heure chez maman dimanche ?
Ping
Sarah : 12h30
Ping
J : 12h30 tu es sûre ? Je compte 13h alors ?
Ping
S : Pffff, t'exagère, tu rouspètes toujours ! Je t'y verrais toi, avec 3 gosses sur les bras !
Ping
J : 3 gosses, j'en ai deux quand même et le troisième est en route D'ailleurs Marie-Cécile est vraiment chiante pour le moment, elle ne sait pas dormir et me réveille toutes les nuits
Ping
S : tu te plains toujours, franchement, tu te rends pas compte de ce que c'est d'être enceinte jusqu'aux yeux et de devoir gérer 2 gosses en parallèle. Toi tu pars le matin, tu reviens le soir....
Ping
J : quand même, je vais chercher Jérôme au foot tous les lundis et jeudis
Ping
S : waouh, le père modèle qui s'occupe de ses gosses ! ... bon je te charrie un peu... heu...
Ping
J : tu me charries mais tu le penses vraiment... tu sais, je fais aussi le repas tous les dimanches...
Ping
S : à propos, dimanche, comme tu arrives tôt, tu pourrais te charger de régler le problème de la tablette chez maman ? Apparemment elle fonctionne plus
Ping
J : Pfff les femmes ... faudrait lui enlever cette tablette, elle n'y comprend vraiment rien, c'est pénible !
Ping
S : ouais, peut-être mais ça permet quand même de la voir en visio une fois de temps en temps et de se rendre compte de comment elle va...
Ping
J : Oui c'est vrai tu as raison.... parlant de visio, j'ai besoin d'un conseil de ta part... il va falloir que j'amène un truc à Marie-Cécile... mon boss vient de me demander si je pouvais aller faire le lancement d'un nouvel outil de production en Inde...
Ping
S : Waw c'est une super opportunité ! T'as de la chance !
Ping
J : oui je trouve aussi mais ce ne sera que 3 mois mais malheureusement je vais devoir partir avant l'arrivée du 3e.... Elle va être folle de rage !
Ping
S : avec le poste que tu as, tu pourrais pas négocier de l'emmener avec toi ? Les gamins sont encore petits... c'est le moment non ?
Ping
J : accoucher en Inde ? Tu n'images pas... Non non je préfère qu'elle reste ici !
Ping
S : Si j'avais pas eu mes gamins si jeune, j'aurais peut-être pu avoir ce type de proposition ? J'aurais adoré...
Ping
J : pourtant je me souviens que tu as refusé il y a un an de partir juste 3 semaines au Bengladesh
Ping
S : je l'ai toujours au travers de la gorge, j'avais travaillé pas mal sur ce dossier... mais Claire a eu une grosse fièvre, Charles était absent, j'ai demandé pour postposer le voyage de quelques jours et ce connard d'Antoine a préféré envoyer Dimitri...
Ping
J : ben oui c'est bien pour ça que je ne veux pas prendre le risque de négocier un départ après l'accouchement. Puis franchement c'est le 3e.... Marie-Cécile a l'habitude... et puis comme papy est décédé l'an dernier, sa maman est là pour l'aider... Elle n'a que ça à faire.... Elle s'ennuie...
Ping
S : (soupir) – toujours réponse à tout, tu m'énerves à la fin. Tu vas lâcher cette bombe au repas de famille ? Trop sympa....
Ping
J : oui j'entends déjà maman, féministe avant l'heure « c'est pas comme ça que je t'ai éduqué et patati, et patata... ». Je vais encore en prendre pour mon grade et me faire traiter de sale macho et de carriériste
Ping
S : je suis partagée.... J’aurai tellement envie d'avoir cette opportunité ! Je voudrais pouvoir laisser les enfants à Charles pendant 3 mois et te dire que son père s'ennuie et viendra lui tenir compagnie....
Ping
J : Mais faut te lâcher ma fille, tu n'as qu'à demander... je ne te reconnais plus... quand nous étions à la fac tu étais la première à dire que tu ne te laisserais jamais arrêter dans ta carrière... et là juste partir 3 mois en laissant Charles et les enfants semble une montagne pour toi...
Ping
S : je me suis attachée aux petits, Charles n'a pas la main avec eux... fait chier.
Ping
J : Je croirais entendre Marie-Cécile quand elle parle de moi... j'avoue que ça m'arrange. Je ne vois vraiment pas la laisser partir pendant 3 mois pendant que je suis coincé à la maison avec les mômes.... même si je les adore !
Ping
S : Et dire que maman reste convaincue de nous éduquer de la même façon ! On en reparle dimanche !
Laetitia & Isabelle
50 minutes d'écriture - Thème imposé
Cher Monsieur je-sais-tout-à-propos-de-la-conciliation-vie-pro-vie-privée-qui-n’en-fout-pas- une-à-la-maison-et-qui-la-ramène-au-taffe,
Vous êtes viré, V.I.R.E. Effet immédiat, on arrête les dégâts !
Cela fait des années qu’à coup de PowerPoint vous nous assénez de bons conseils, de recettes venues soi-disant d’articles scientifiques, sérieux, écrits en général par des mecs. « Alors une bonne journée de travail commence par un bon petit déjeuner gras » dixit le Professeur Keto.
Faire des pauses régulières dans la journée, utiliser la méthode italienne Pomodoro : 25 min de travail puis 5 min de pause en mouvement, idéalement quelques étirements (j’préférerais manger une pizza pomodoro perso !)
Et à midi repas équilibré, ½ légumes, ¼ glucides, ¼ protéines. Protéines végétales de préférence pour pas boucher vos artères…
Et puis surtout pas de sandwich à midi devant l’écran… très mauvais.. pas bien… même si vous avez 3 réunions l’après-midi et que vous devez les préparer…. Organisez-vous à l’avance c’est la clé !!!
Et on ne parle pas boulot à midi !
En sortant du travail, partez à l’heure, faire une petite to-do list pour préparer le lendemain et prenez de grandes et longues inspirations... Aménagez-vous un sas de décompression et puis apprenez à mettre vos limites à un chef trop exigeant, des collègues envahissants. Répétez après moi ‘NON’. Pratiquer la CNV (Communication Non Violente) en toutes circonstances, pour énoncer vos besoins. Vous êtes adulte et responsable je vous rappelle. Une petite formation en assertivité ? vous en avez sûrement besoin….
Donc je disais ... petit sas de décompression en sortant du travail : musique, cohérence cardiaque 5 minutes.
Evitez d’amener du travail à la maison ... pas bien.
Et avec vos enfants vivez l’instant présent. Ancré, les pieds dans les pieds.
Rappelez-vous que la qualité prime sur la quantité
Un peu de sport aussi évidemment : 10.000 pas par jour selon l’OMS. Et puis une vie sociale est primordiale… attention tout de même à l’alcool, pas plus de 5 unités par semaine…
Pour toutes ses recettes toutes faites, non personnalisées qui font porter l’entière responsabilité sur l’individu comme si nous étions des êtres isolés de tout système, une particule élémentaire seule qui s’auto-alimenterait, s’auto-suffirait…. Vous êtes viré !
Vous considérez à tort que tout vient de soi, qu’on doit sans cesse se remettre en cause…. Travailler sur soi…. Oui nous avons tous une part de responsabilité mais en prenant en compte notre contexte, notre société patriarcale, l’absurdité du travail avec ce que l’on appelle les bullshit jobs (jobs de merde), l’influence du capitalisme. La tâche est complexe certes mais vaut la peine alors pour toutes ces raisons, vous êtes viré et votre indemnité de rupture consiste à rejoindre le mouvement de la politisation du bien-être pour comprendre les enjeux de la conciliation vie privée vie pro pendant 1 an et vous êtes invité à revenir nous partager votre nouvel état d’esprit.
Bien à vous,
Samia Mohammedi
20 minutes d'écriture - lettre de licenciement
Je suis une malade chronique du travail.
Non !
Je dis non car la question du travail c’est la question du Corps et de l’Esprit dans un espace-temps qui convient à la structure singulière de chacune. Les personnes qui constituent notre groupe ont toutes leur spécialité pour faire avancer le navire. Parfois, certaines personnes peuvent s’interchanger. Ceci afin que chacun puisse occuper des postes différents. Vivre l’expérience de l’autre le temps d’un été. Même si la grande majorité était en vacances.
Pendant ce temps, je croupissais dans ma mansarde surchauffés, seule, dépitée ! Bon Dieu ! Mais branchons la clim, apaisons la tension, redescendons sur terre.
Terre nourricière, verte, parfois vertueuse ? Toujours fructueuse, elle donne des légumes pleins de saveurs.
La gueule ouverte, laisse glisser la bouchée le long de sa gorge, les yeux grands ouverts et le nez frétillant de plaisir. A l’image d’une poissonne d’eau douce nageant dans une eau fraîche un jour de soleil (Vous savez, ce disque doré qui éclaire le ciel parfois).
Parfois quand je parle, j’apprécie l’aura d’accueil de l’autre. Parfois l’aura est inexistante car l’autre n’adhère pas à l’idée. Il n’adhère pas à l’idée… dans un premier temps, car, après avoir fumé un joint et ouvert ses chakras, il lui arrive de reconsidérer l’idée proposée, de la retravailler… Emerge alors quelque chose de neuf.
Texte collectif rédigé sur le principe du cadavre exquis
Si je travaillais dans la médecine du travail, je me spécialiserais dans la FATIGUE. Telle une chroniqueuse à succès, j’irai interroger cette star du burn-out, cette invitée indélogeable de toutes les consultations en médecine du travail.
Je fatigue,
Tu me fatigues collègue,
Mon chef me fatigue,
Nous fatiguons en tant qu’équipe,
Vous me fatiguez avec vos objectifs,
Ils fatiguent, Elles fatiguent dans ce contexte,
Fatiguer, ça se conjugue avec toutes et tous,
Fatiguer ça prend pleins de formes : des maux de tête qui torpillent le cerveau, des yeux lourds comme les machines de la fonderie qui refusent de s’ouvrir au petit matin, des bruits étranges de le microbiote, des épaules tendues au garde à vous, une attention déconcentrée etc etc etc etc. Un Etc sans fin.
La fatigue est multiforme et multi-combinaison et multi-dimensionnelle.
Ça ne se résume pas à une ligne, ça se vit, se ressent, s’apprivoise, se dessine pour en voir les contours, ça s’écoute, ça se prend au sérieux surtout….
Samia Mohammedi
10 minutes d’écriture – 5 mots imposés tirés au sort
Le travail dont je veux vous parler est un travail que j'évoque encore régulièrement en disant que c'est mon travail de cœur. Un travail dans lequel ma tête, mon corps et mon cœur étaient alignés. Pleinement. J'ai découvert un monde, j'ai rencontré des personnes d'horizons divers, je me suis reliée à des sujets qui me tenaient à cœur...
Et puis peut-être qu'en ouvrant mon cœur, j'ai un peu trop sollicité mes émotions... Alors elles se sont accumulées. D'abord un petit tas, ou comme un petit ruisseau qui me traversait, puis le tas s'est agrandi, le ruisseau est devenu une grosse rivière et je ne m'en suis pas rendu compte.
Un jour, j'ai ouvert la porte, et - je ne sais pas ce qui s'est passé-, un jour, ça a été l'inondation. Trop d'eau dans mon cœur. J'ai pleuré.
Laetitia
10 minutes d'écriture - début du texte imposé
Quand je serai pensionnée, je vais enfin pouvoir …
Depuis que je suis pensionnée, je peux enfin…
Flirter avec le vent en marchant.
Chanter les pieds mouillés dans l’eau salée d’une mer agitée de me voir.
Chanter « Aux temps des fleurs » de Dalida.
Humer un thé Bancha Hoji dans un bol de riz et poisson au Restaurant Santatsu.
Rire de rater l’arrêt de bus.
Construire des Pop-Up avec mes petits-enfants.
Être à 5 heures du matin au marché matinal de Bruxelles pour comparer les denrées.
Partager des repas de recettes par moi créées.
Nager, entrer en apnée comme pour voyager sur place.
Ecrire des textes.
Raconter des contes dans ma langue première.
Coudre pour découdre du stress.
S’affilier à la joie, juste pour exister dans le présent.
Rechercher des personnes saines et authentiques avec lesquelles on peut partager des valeurs simples.
Angela DAVI
10 minutes d’écriture – thème imposé
C’est trop injuste que le travail des femmes ne soit pas reconnu à sa juste valeur qu’il soit invisibiliser même
C’est trop injuste que les femmes doivent se battre 1000 fois plus dans le monde du travail pour avoir une place qui d’ailleurs est en dessous de ce qu’elles méritent
C’est trop injuste que les femmes qui sont ambitieuses soient comparées à des hommes
C’est trop injuste que le monde du travail soit pensé pour des hommes ne laissant qu’à la femme la possibilité de s’ADAPTER. La structure même est à revoir
C’est trop injuste que dans le monde du travail les femmes soient victimes de sexisme, que leur beauté et leurs corps soient utilisés comme des critères de sélection ou de progression
Samia Mohammedi
10 minutes d'écriture - début de phrase imposé
L’essayalgie n’est pas une maladie neuve. C’est le mot, le concept, qui est neuf. Parce que les travailleurs tout comme les managers, dirigeants, entrepreneurs, patrons se plaignent d’un tas de choses assez consonantes.
Tous ont mal, peu ou prou, dans le travail.
Chez les uns, harcèlement, horaires idiots, burn out, bore out, chef casse-pieds, collègues indifférents ou sournois, invisibilité, injustice, déclenchent des maux dans tout le corps et dans l’esprit. Les muscles se serrent, le squelette frétille, la vue se brouille, les fesses sont au carré, le teint vire, la langue est sèche, l’estomac réclame du sucre et du café.
Chez les autres, ce sont les subalternes qui sont pénibles, les équipes mal fichues, les égos qui tentent de prendre le dessus, les salaires qui sont trop bas, les avantages insuffisants, les promotions injustement attribuées. Personne n’est content. Les gros salaires ou les voitures de société n’y font rien.
Alors, les docteurs se sont penchés sur tous ces maux et les ont cartographiés. Après 36 powerpoint et quelques centaines d’heures de réunion, en présentiel, en distanciel, … ce fut le septième ciel. On pouvait enfin dégager les racines des maux. Victoire, Eureka, Alleluia!
Tous ces maux pouvaient se résumer en un mot : l’essayalgie. Entendez : j’ai mal à force d’essayer.
J’essaye d’être un bon travailleur mais mon patron ne le voit pas.
J’essaye d’être un bon patron mais mes travailleurs sont tout le temps mécontents.
J’essaye de performer plus pour avoir une promotion mais c’est ma salope de collègue qui l’a eue.
J’essaye de proposer une belle assurance pension mais mes employés veulent aussi un bureau individuel.
J’essaye, j’essaye, j’essaye.
Y a rien qui marche.
Je souffre, je souffre, je souffre.
Bien ! Mais où avez-vous mal ? Partout !
Et à la maison ce n’est pas mieux, mon/ma partenaire me tape sur les nerfs et les enfants se fichent de moi.
Souffrance 360° - 24/7 - 100%.
Bon d’accord, on a compris. Tout le monde essaye, encore et encore, jusqu’à en souffrir.
Mais avons-nous des remèdes à cette essayalgie académique, endémique, pandémique…
Depuis le temps qu’on essaye ?! Incurable donc ?
Commençons par reconnaître que le travail n’est pas la santé. Ce mot trouve son étymologie dans le latin trepallum qui signifie instrument de torture. Et le Petit Robert de confirmer (acception n°1) : « Etat d’une personne qui souffre ». C’est dit, là est le mal. Cessons d’y croire.
Mais les remèdes et les traitements ? C’est une autre paire de manches. Il y a encore beaucoup de travail à faire car on a déjà tout essayé !
Claire
30 minutes d’écriture – maladie professionnelle inédite
Aie, le boulot et la santé. Le sujet est difficile. Comment protéger son boulot de sa santé, comment protéger sa santé du boulot. Eho, la santé c’est notre capital le plus précieux, tout le monde est d’accord, blabla. Le boulot doit donc rester à sa place, et toc ! pourtant ma génération a été élevée dans le respect du travail, masculin d’abord ! Nous sommes nombreux à avoir eu une mère au foyer, pourtant je n’ai jamais ambitionné de reproduire le schéma : ouin, ouin, plof, miam ou pas il y a d’autres horizons à explorer.
Maryvonne
10 minutes d'écriture - onomatopée
Je m’appelle Samia Mohammedi, 43 ans, française d’origine algérienne et je suis ici pour prendre un temps d’introspection avec moi-même sur la thématique du travail.
Je suis ici pour prendre plaisir à laisser ma plume glisser sur du papier et laisser tous les écrans de côté.
Je suis ici pour prendre du recul sur le travail, el trabajo, le arbeit !!
J’ai quitté mon emploi de salariée pour embrasser le statut d’indépendante. Sans patron, je suis, sans ordres, sans emploi du temps défini par un tiers, je me sens un peu déboussolée mais j’aime cette liberté…. A double tranchant quand même….
Je suis en couple avec 2 enfants, 4 et 10 ans et les frontières entre le pro et le perso ne sont plus aussi évidentes qu’avant, quand j’étais salariée.
Faut-il des frontières d’ailleurs ? comment créer du ‘ET’ ? Comment ériger la valeur famille et travail côte à côte et non en opposition et comment ne pas m’oublier ?
Voilà pourquoi je suis là aujourd’hui avec vous aujourd’hui, et demain et jeudi !
Samia Mohammedi
10 minutes d'écriture - début du texte imposé
Chère Madame INUTILE,
Nous arrivons au terme de votre CDD.
En accord avec le Conseil d’Administration, nous somme au regret de vous informer que votre contrat ne sera pas renouvelé au sein de notre service.
Meilleures salutations,
X…
Coordinatrice du service Z…
PS : ajoute-telle en ricanant intérieurement …
C’est toujours ça d’épargné !
Franchement, à qui auriez-vous pu être utile, chère Madame Inutile ?
Ceux qui mélangent vie professionnelle et vie privée ne vous laisseront pas les déranger.
Ils ont trop de plaisir à jouer les héros
les harassés
les croulants sous la tâche
pour masquer
leurs difficultés à mettre des limites
leur difficultés à réaliser le job pour lequel on les paye
leur manque d’organisation
leur problème de procrastination
leur constant besoin « de souffler »
Mi ricanant, mi exaspérée, X poursuit son monologue intérieur …
Est-ce tellement difficile de mettre ses limites ?
de circonscrire « pour quoi » on est là ?
de définir comment on va gérer ce ou ces « pour quoi (s)?
d’organiser son temps de travail
de braver celles et ceux qui ne connaissent rien au contenu de ce « pour quoi » et tentent néanmoins de se l’approprier afin de vous exploiter inexorablement.
Ceux qui ne mélangent pas vie privée et vie professionnelle, d’emblée vous savaient inutile
Plié, emballé !
Bonne route à vous, Madame Utile, en vous souhaitant une suite de carrière moins inutile !
Plume
20 minutes d’écriture – lettre de licenciement
Je suis ce qu’on appelle joliment une transfuge de classe.
J’ai pété les plafonds de verre, déserté les HLM (Habitations à Loyer Modéré) insalubres de la banlieue parisienne aux murs en papier carton.
J’ai refusé de suivre les traditions archaïques qui m’enfermaient dans des cases trop petites pour ma soif de liberté.
J’ai tenu tête à tous ceux et celles qui ont voulu me réduire à une descendante fidèle et loyale, juste parce que le même sang coule dans nos veines.
Comment j’ai fait ?
J’ai travaillé dans tous les sens du terme !
J’ai travaillé comme ma mère car j’ai compris très tôt que c’est la condition de vie essentielle de toute femme : l’INDEPENDANCE.
Ma mère, elle, a tricoté des pulls, des bonnets, des écharpes, des chaussons, des chaussettes à s’en écorner les doigts pour se payer un billet Air France.
Moi j’ai travaillé un peu partout, en usine, j’ai soulevé des caisses bien trop lourdes pour mes petits bras post-adolescente et telle une fourmi j’ai accumulé patiemment mais sûrement le butin nécessaire à mon envol vers d’autres horizons.
Hors de question comme ma mère-grand de rester sur la Terre Natale entourée des mêmes gueules défraîchies par la misère… de lutter pour sa survie, de traverser les nuits à la lumière d’une bougie qui n’éclaire que des yeux tristes et affaiblis, de passer des journées à faire paître des animaux, à cultiver sur des terres hostiles pour apporter chaque soir une maigre pitance à une ribambelle de gosses offert par un connard comme preuve de sa virilité phallique !
NON MERCI
Moi, j’ai préféré côtoyer des milieux pas pour moi. Des milieux où t’as un ticket d’entrée à payer de base, où l’on ne connait pas la difficulté, où c’est papa maman qui payent d’office, où la question de l’argent n’est pas une question, où les conversations sont esthétiques, les préoccupations belles et là où tu peux passer 3h à philosopher sur un agencement de 3 notes de musique ou sur l’ombre d’un rayon de soleil sur un parquet nouvellement ciré.
Moi, j’ai préféré embrasser les livres, la lecture, l’apprentissage, le rire, l’intelligence, le prout-prout même parfois.
J’ai préféré embrasser des études supérieures en école de commerce, école prestigieuse au ticket d’entrée salé aussi où j’avais pas franchement les codes….
J’ai travaillé à la sueur de mon front.
La sueur de mon front a une odeur différente de celle de ma mère
L’odeur de la sueur de ma mère est rosée et fraiche comme celles des autres bébés cadum qu’elle gardaient au lieu de s’occuper de nous.
L’odeur de la sueur de ma mère c’est celle de la javel des baraques des connasses autoritaires perverses et maniaques chez qui elles faisaient le ménage à l’aube.
Elle et moi on a été victime de différentes discriminations au travail. Elle, par sa peau basanée c’était clair et franc, moi c’était plus subtil. Toujours un clignement d’œil suspicieux en direction de mon visage trop blanc et rosé par rapport à mon nom de famille si chaud et méditerranéen.
J’avais décidé de me fondre dans le statut de cadre bien défini, bien lisse pour ne plus qu’on m’emmerde avec ces questions.
Ma grand-mère est restée dans son cadre à elle de survie, bien vivant, bien primal où vraiment chaque jour t’as la dalle, pas juste quand il est 11h59 et que tu te dis ‘oh la la je meurs de faim, j’ai pas mangé depuis 3h’, non la vraie, celle qui te tiraille les tripes et te poignarde le cœur quand tu vois la chair de ta chair manquer.
Elle a travaillé toute sa vie avec sa copine la Survie, jour après jour, avec l’espoir de voir grandir sa progéniture et la voir s’envoler un peu plus haut que l’horizon des montagnes qu’elle côtoyait chaque jour.
Moi je me suis envolée loin de tout ça, j’ai fuis la survie, le manque, la misère comme on fuit un animal dangereux qui va vous déchiqueter en 1000 morceaux
A toi le flambeau, ma fille, ma Nour, ma lumière.
Samia Mohammedi
30 minutes - sujet imposé "Parler du travail de ma grand mère, de ma mère et du mien"