Définitions :
La dyspnée est définie comme une sensation subjective d'inconfort respiratoire, tout particulièrement à l'effort.
Elle est perçue de manière parallèle à la ventilation minute nécessaire pour réaliser une action.
Les causes sont:
cardiaques prédominante dans 20% des cas
pulmonaires prédominantes dans 70% des cas
autres dans 10% des cas
3. La notion de maladie primaire et secondaire :
dans tous les cas la dyspnée liée à une maladie primaire (le plus souvent cardio respiratoire) engendre une réaction d'évitement de l'effort et donc une sédentarité.
La maladie secondaire : la sédentarité induite par la dyspnée est elle même responsable d'une atrophie du muscle entre autres modifications, qui rendent celui-ci moins efficace; en particulier la diminution de la richesse en fibres aptes à consommer l'oxygène efficacement (fibres oxydatives) fait que lorsque le muscle est sollicité, n’étant pas capable de puiser l’O2 qui lui est amené par voie sanguine, il demandera au coeur et au poumon un apport d'oxygène plus important qu'il ne serait nécessaire à un muscle correctement entraîné. Cette inaptitude musculaire est appelée maladie secondaire ; elle aggrave le symptôme dyspnée: c'est la spirale infernale de la dyspnée.
4. la prise en charge :
le muscle n’est lui-même pas malade mais a subi des modifications fonctionnelles qui diminuent son efficacité
le muscle est un organe très accessible à la rééducation et la musculation par des exercices répétés et ceci quel que soit son degré d’atrophie
5. L’évaluation initiale des patients par l'épreuve d'effort avec mesure de la VO2 max est une méthode d'évaluation globale de la tolérance à l'effort, qualitative, quantitative et étiologique.
Lors d’une épreuve d’effort dite triangulaire comportant des paliers successifs de puissance croissante avec augmentation toutes les minutes on détermine deux données fonctionnelles importantes (évaluation quantitative de l’aptitude à l’effort):
le seuil ventilatoire 1 ou seuil de dyspnée qui est un moment où la ventilation n’augmente plus seulement parallèlement à l’effort fourni mais plus rapidement
la puissance maximale
selon les résultats de cette épreuve d’effort on peut évaluer l’importance relative de la dysfonction cardiaque, respiratoire et de la maladie secondaire dans la dyspnée.
La maladie secondaire à savoir l’incompétence musculaire est presque toujours présente en association aux anomalies cardio-respiratoires ; elle peut parfois être isolée chez les non malades sédentaires.
6. L’incompétence musculaire :
Résultat de la sédentarité
Est liée à la diminution des capacités du muscle à utiliser l’O2 pour produire des molécules énergétiques en dégradant les nutriments énergétiques que sont les sucres et les graisses.
Cette diminution des possibilités d’utiliser l’O2 apporté par le flux sanguin est liée à une diminution
du nombre des mitochondries dans les cellules musculaires, qui sont les « usines chimiques intra cellulaires » où les sucres et graisses sont dégradés avec production d’énergie
et une diminution de l’équipement enzymatique de chacune de ces unités énergétiques
or l’énergie nécessaire pour réaliser un effort ne change pas et ne dépend que de l’intensité de cet effort
donc la cellule musculaire devra fabriquer ces molécules énergétiques par la dégradation de sucres et de graisses par des réactions chimiques qui se passent de l’O2, mais dont le rendement en énergie est beaucoup plus faible ce qui autorise donc des efforts plus faibles.
Ces réactions aboutissent à la fabrication d’acide lactique qui provoque en s’accumulant une fatigue musculaire précoce qui provoque l’arrêt de l’effort
et l’acide lactique qui doit être tamponné par les bicarbonates sanguins provoque une formation excédentaire de gaz carbonique CO2 que l’organisme doit éliminer ce qui génère une augmentation de la ventilation par minute responsable d’une augmentation de la sensation de dyspnée
7. le traitement de l’incompétence musculaire : le re-entraînement à l’effort
consiste à faire faire au patient des efforts physiques qu’il ne réalise plus depuis longtemps
de manière répétée et régulière
à un niveau de puissance qui soit adapté au patient c'est-à-dire qui tient compte des résultats de ses performances initiales lors de l’épreuve d’effort pour ne pas le sur-solliciter ; on travaille au seuil ventilatoire 1 ou seuil de dyspnée qui porte bien son nom c'est-à-dire à une puissance d’exercice ou le patient commence à sentir qu’il doit ventiler plus pour poursuivre l’effort et on a pour objectif de le faire tenir 30 minutes ; on peut parfois ajouter des courtes phases proches de la puissance maximale. On parle alors de protocole en créneau.
on travaille l’endurance en faisant durer les séances 30 minutes.
Cette musculation aboutit :
à une hypertrophie : le tour de cuisse augmente
une amélioration de l’équipement enzymatique et du nombre de mitochondries des cellules musculaires ce qui apporte
une plus grande aptitude à consommer l’O2 que le flux circulatoire apporte (VO2)
et grâce à cela le muscle peut fournir des effort plus importants puisque le rendement énergétique des réactions aérobies (en présence d’oxygène) est plus élevé que celui des réactions anaérobies (sans présence d’O2)
on observe une élévation de la puissance maximale réalisable et une élévation du seuil
le muscle étant capable d’extraire plus d’O2 du sang qui passe dans les vaisseaux sanguins intramusculaires, il sollicite moins le poumon et le cœur pour lui en apporter plus à un niveau d’effort donné et, de ce fait, cet effort à la même puissance qu’avant le re-entraînement à l’effort, peut se réaliser avec une fréquence cardiaque moindre et à un niveau de ventilation par minute moindre d’où une moindre sensation de dyspnée.
Mais l’objectif ultime du re-entraînement est de faire en sorte que ce patient poursuive cette activité physique dans sa vie quotidienne au long cours.
Bien entendu la maladie primaire cardiaque ou pulmonaire doit continuer d’être prise en charge par les médicaments, l’entraînement physique ne remplace par ce traitement ; il permet seulement de vivre sa maladie dans un meilleur confort, mais il a aussi des vertus générales avec
une diminution du nombre d’exacerbations dans les maladies respiratoires et du nombre d’hospitalisations
et parfois même ce traitement permet de retirer un patient d’une liste de greffe cardiaque ou pulmonaire qui était prévue
mais la maladie primaire continue d’évoluer quand même. Ses causes doivent être maîtrisées comme le tabac dans les maladies respiratoires et l’alimentation dans les maladies cardiaques.