Unité et dispersion des choix identitaires des juifs originaires du Maghreb en France contemporaine.

Chantal Bordes-Benayoun, LISST-CNRS-Université de Toulouse2

La communication mettra en perspective les résultats d’enquêtes récentes pour saisir l’évolution identitaire des juifs originaires du Maghreb et de leurs enfants depuis les années 1970 jusqu’à nos jours. Alors qu’ils avaient pu se confondre avec les rapatriés dans les années 1960, puis se réaffirmer en tant que juifs séfarades dans les années 1970, ils entretiennent désormais des relations de proximité ou au contraire de distance plus radicales à la judéité. La différence entre ashkénazes et séfarades tend à s’estomper, sous l’effet de l’intégration et de la mixité sociale, ce qui remet en cause un modèle d’interprétation attribuant un rôle prédominant aux seconds dans la progression de nouvelles formes communautaires et religieuses. Plus diversifiée, la population considérée participe à la très grande dispersion des expressions identitaires, culturelles, religieuses et politiques de son temps. Elle oscille entre d’une part, la pratique d’une sociabilité communautaire exclusive, autour de valeurs supposées authentiques d’une religion de plus en plus exigeante, et d’un sentiment d’insécurité croissant, d’autre part, une réinterprétation de la judéité plus labile et l’affirmation d’une distance plus marquée avec le monde juif.