Les Juifs sépharades à Toulouse, de la fin des années 1950 à la fin des années 1970 : Acteurs d’un renouveau identitaire et communautaire ?

Colette Zytnicki, Université de Toulouse-Le Mirail, Toulouse

A travers l’exemple de Toulouse, l’on tentera de comprendre les effets de l’arrivée massive – à l’échelle d’une judaïcité de taille modeste - des Juifs du Maghreb dans une ville de province.

Au-delà des conséquences démographiques évidentes et bien connues, on cherchera à cerner les processus de recompositions induits par ce mouvement migratoire dans le cadre communautaire et les modalités renégociées de son inscription dans l’espace urbain commun. Autrement dit, on se demandera dans quelle mesure l’installation assez rapide de nouveaux venus porteurs d’expériences historiques et culturelles singulières ont contribué faire émerger des pratiques (religieuses, sociales, voire politiques) inédites, dessinant les contours d’une nouvelle manière d’être juif dans la France des années 1960 et 1970. Mais doit-on pour autant penser qu’à la discrétion de l’israélite toulousain, peu désireux de marquer l’espace public, succèderait la fougue des Juifs sépharades ? La réponse doit être nuancée. Dans les processus de recompositions à l’œuvre, les éléments apportés par les nouveaux venus ont dû se combiner avec les cultures et les habitus des Juifs déjà installés à Toulouse, eux-mêmes tributaires de l’histoire de la ville. Il conviendra donc de tenir compte de tous ces éléments (vécus assez composites des Juifs d’Afrique du Nord, des Juifs de Toulouse, évolution des structures communautaire et modalités de l’histoire locale) pour comprendre comment, au fil des années soixante, se re/construit une identité juive, individuelle et collective. Reste à savoir si l’exemple toulousain est, d’une certaine manière, représentatif des transformations qui touchent l’ensemble de la judaïcité française à la même période.