L’émigration des juifs maghrébins et le camp du Grand Arénas

Nathalie Deguigné, Comité de Coopération Marseille-Provence-Méditerranée, Marseille

La création de l’Etat d’Israël accélère le mouvement de départ des Juifs d’Afrique du Nord. Il ne touche guère la communauté israélite d’Algérie. Au Maroc, de 1948 à1951, cette émigration est qualifiée d’« alyah de masse ». L’accès à l’indépendance de la Tunisie et du Maroc en 1956 redonne un élan considérable à l’émigration. Un ralentissement s’opère jusqu’aux années 1961-1962. La levée de l’interdiction de l’émigration juive au Maroc, l’affaire de Bizerte en Tunisie et l’indépendance de l’Algérie relance une nouvelle vague de départs.

Ces mouvements entre le Maghreb et Israël ne sont pas sans difficultés. Les autorités français puis chérifiennes, après l’indépendance du Maroc, rendent complexe les trajets des émigrants. Mais pour la majorité d’entre eux, l’objectif est d’atteindre Marseille, où ils seront accueillis dans un camp avant de rejoindre la Terre Promise. Ce camp : le Grand Arénas deviendra un lieu incontournable dans l’histoire de l’émigration maghrébine.

A l’intérieur du Grand Arénas, les conditions d’existence s’avèrent difficiles mais la vie s’organise. Les responsables du camp mettent en place un véritable service médical, créent une école et un service d’animation culturelle. L’histoire du camp du Grand Arénas, c’est déjà ce « petit bout d’Israël » où se côtoient juifs séfarades d’Afrique du Nord et juifs ashkénazes travaillant au camp. Un vecteur commun, le judaïsme, resserrera les liens entre ces communautés.

De nombreuses sources écrites et notamment les archives de la ville de Marseille, de son département mais aussi les archives diplomatiques du Ministère des Affaires étrangères nous ont permis de reconstruire l’histoire de cette émigration organisée.

Les témoins retrouvés : transitaires du Grand Arénas, employés du camp, habitants du quartier, organisateurs de cette émigration .. ont donné à cette étude historique toute sa dimension humaine. Ces mémoires croisées, réactivées ont apporté des éléments indispensables.

L’ensemble de ces sources nous fera revivre la dernière étape de l’itinéraire de ces émigrants maghrébins au camp du Grand Arénas.