Colonisation et flux migratoires au Maghreb (1830-1962) : le cas de l'émigration rifaine vers l'Algérie.

Mimoun Aziza, Université Moulay Ismail, Meknès

Dans le cadre des sociétés rurales traditionnelles, les déplacements de population étaient intégrés dans les genres de vie. Des mouvements saisonniers ou temporaires étaient pratiqués par les hommes des régions à milieux écologiques fragiles et à faibles potentialités économiques. Traditionnellement les gens des populations périphériques arides quittaient leur terre pour louer leur bras. Par milliers les montagnards du Haut Atlas ou du Rif devenaient moissonneurs dans les plaines céréalières du Maroc atlantique, les Kabyles étaient des colporteurs, d’autres s’engageaient dans les armées ou le commerce. En plusieurs régions, les spécialisations professionnelles s’établirent, des filières migratoires se constituèrent, permettant les départs.

Avant la colonisation ces migrations provisoires demeurèrent enfermées dans les cadres régionaux de la vie communautaire. La colonisation a provoqué de flux migratoires importants. L’accaparement des meilleurs terres par les colons, la monétarisation des échanges et des services et le déclin des économies vivrières provoquèrent la rupture des hiérarchies sociales anciennes et provoque la prolétarisation d’un nombre croissant de paysans. Ce phénomène a provoqué des flux migratoires importants, vers les grandes villes du Maghreb (Casablanca, Alger, Oran, Tunis…etc.) et vers l’étranger. Le cas de l’émigration rifaine vers l’Algérie est très significatif. Ces mouvements migratoires sont en lien direct avec la colonisation française en Algérie à partir de 1830 et la colonisation espagnole dans le nord du Maroc à partir du début du XX siècle.

Nous proposons de nous s’interroger sur le lien entre la colonisation et les flux migratoires au Maghreb en se basant sur une série de monographies et d’écrits coloniaux relatifs à cette question.