Charte du colloque

La préparation du colloque : Migrations, identité et modernité au Maghreb est assumée par des universitaires marocains, le Conseil de la Communauté marocaine à l’Étranger et un institut français de recherche au Maroc, le Centre Jacques Berque pour les études en sciences humaines et sociales. Par ses thématiques, par son ampleur, et par ses ambitions à la fois scientifiques et civiques, ce colloque se veut le prolongement de celui organisé en 1978 par Identité et Dialogue. Comme lui, il s’agit de promouvoir une démarche de paix par le dialogue, la compréhension mutuelle, le respect des identités religieuses et nationales et la recherche de vérités historiques scientifiquement documentées, lisibles par tous et enseignables à tous.

Ses financements sont internationaux et pluriels afin de garantir une totale liberté d’expression des chercheurs. Largement assumés par le Maroc, pays hôte, ils sont d’origine publique, communautaire ou scientifique. La tenue de ce colloque dans un lieu public, dans une ville marocaine qui fut à la fois un des hauts lieux du judaïsme marocain et un port ouvert sur l’Atlantique et le monde méditerranéen donne à ses patronages politiques un sens particulier. Ce colloque bénéficie des acquis d’un processus de transition démocratique engagé au Maroc depuis près de deux décennies ; il entend aussi très modestement y contribuer : en répondant à l’invitation de l’Instance Equité et Réconciliation à une relecture de l’histoire du Maroc contemporain et en cherchant à promouvoir tous les aspects de la diversité culturelle et humaine des sociétés du Maghreb.

Ce colloque souhaite ouvrir à une nouvelle approche historiographique. En 1978, la vie culturelle et l'histoire sociale étaient mobilisées pour déconstruire les mythes et les stéréotypes, et affirmer avec force la possibilité d'une co-existence intercommunautaire. Aujourd’hui, ce sont les acquis et les perspectives de l'histoire des migrations qui nous permettent de poser la question des départs massifs post-coloniaux, mais aussi celles des mobilités de l'époque coloniale et de la construction des identités communautaires et nationales dans des dynamiques locales ou par la médiation de l’exil.

D'un point de vue civique et politique, au-delà du mythe de l'Andalousie, il s’agit aussi de mettre en avant les figures de Joseph ou de Daniel, qui malgré les douleurs de l’arrachement initial, positiveraient les migrations au lieu d'en faire le simple repoussoir des identités nationales.

En d'autres termes, ce colloque ne se veut pas un colloque supplémentaire sur l’histoire du judaïsme maghrébin, ni un colloque sur les relations entre majorité et minoritaires ; il se veut avant tout un colloque d'histoire des migrations et d'histoire du Maghreb. Mais d’un Maghreb qui ne serait pas amputé de sa mémoire juive, qui assumerait pleinement ses historicités plurielles et qui reconnaîtrait aussi, dans ceux qui furent ses ressortissants, des dépositaires légitimes de sa mémoire.

Ce colloque accueille des collègues du Maghreb, du Moyen Orient, d’Europe et d’Amérique du Nord. En assumant ce choix dans la sérénité, les organisateurs ont considéré que le principe de collégialité et l’esprit de dialogue devaient l’emporter sur toute autre considération. En acceptant d’y participer, nous, intervenants de ce colloque, récusons par avance toute utilisation du colloque comme tribune politique partisane ; nous nous engageons à nous abstenir de tout esprit de provocation, de mise en accusation directe ou indirecte et à privilégier dans tous les cas l’expression du ressenti sur celle du ressentiment.