Les Maghrebim

Ivan Boccara, Zeli Production, Paris

Exposé du projet de film de Ivan Boccara « Les Maghrebim » (Réalisation en cours). Le réalisateur retrouve des images tournées en 16 milimètres par ses parents, sur les sept dernières familles juives du village de Tabia en 1971 et 1972 (Maroc, Moyen-Atlas).

Projection d’extraits de rushes (env 10 minutes) : De 1971 à nos jours, traces d'une communauté juive marocaine entre absence et présence, entre exode et retour au pays.

Résumé :

Ils sont partis des campagnes marocaines.

On est venu leur dire qu’une vie meilleure les attendait là-bas en Israël.

Il n’y a jamais eu de violence. Cela s’est souvent fait dans la nuit.

Ils sont partis discrètement.

Les musulmans se souviennent des camions qui s’en allaient là-bas chargés de leurs amis juifs. Sans explications.

Des images d’une très longue cohabitation restent gravées dans les mémoires respectives.

A partir d’images d’archives datant des années soixante-dix, de cette communauté juive berbère qui vivait en milieu rural, le film part à la rencontre des acteurs de cette émigration :

- Les juifs partis dans les villes marocaines, en France, en Israël, …,

- Les Marocains qui les ont côtoyés dans leurs villages et qui sont restés là.

- Les missionnaires de l’agence juive en Israël.

Tous font partie de cette mémoire trop souvent ignorée de l’histoire.

À la vision de ces images tournées en 1971-72 par mes parents, j’ai retrouvé des visages et des gestes semblables à ceux que j'avais filmés dans une région isolée de l’Atlas central, chez des berbères musulmans, au cours de mes précédents tournages. Ces images, liées à l’homme, à la terre et au temps, témoignent de traditions qui se perdent, de gestes qui n’existent plus, comme celui de faire cuire les galettes de Pâques dans un four en terre à l’aide d’un bâton, de soigner un enfant malade avec de l’eau et de la cendre, et de le bénir en faisant sur son front un signe prophylactique.

J’avais quatre ans sur le tournage de ce film. Je ne savais pas, à cet âge là ce que mes parents venaient chercher dans ce village. J’ignorais que nous étions dans un village juif-berbère et que nous assistions aux derniers instants de vie juive en pays rural marocain

Une partie du travail de ce film consiste à aller questionner les lieux, les personnes, la mémoire berbère, juive et musulmane, simplement "pour l’histoire", (la mienne et celle de ces populations), parce que né juif dans un pays arabe, j’ai vécu normalement et je peux y vivre encore.

J’ai envie de comprendre ce qui a motivé le départ de la majorité des juifs du Maroc.

Je reprends ce travail aujourd’hui avec l'intention d’aller à la rencontre des anciens administrateurs de l’agence juive qui effectuaient des missions d’émigration au Maroc, ainsi que sur les traces du village de Tabia, de ses habitants actuels comme de ceux qui l’ont quitté et se sont dispersés, en partant pour l’étranger ou les grandes villes marocaines.

Ce projet à obtenu le soutien de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédia) Bourse Brouillon d’un rêve – 2009.