Des étudiants juifs algériens dans le mouvement national algérien à Paris (1948-1962)

Pierre-Jean Le Foll-Luciani, Université de Rennes 2

Dans le cadre de mes recherches sur les juifs algériens anticolonialistes, je m’intéresse à un certain nombre d’entre eux qui ont milité comme étudiants en métropole à partir de la fin des années 1940. Ces étudiants constituent une catégorie particulière de migrants, et ils partagent avec les étudiants musulmans algériens, ainsi qu’avec les étudiants coloniaux en général, un certain nombre de caractéristiques objectives : exilés loin de leur pays d’origine, ils logent dans les mêmes résidences universitaires, fréquentent les mêmes restaurants universitaires, se côtoient essentiellement entre étudiants coloniaux.

Se constitue une forme d’entre-soi affectif et politique qui a de forts impacts en termes identitaires. A Paris, dans le bouillonnement anticolonialiste du Quartier Latin, ces quelques étudiants juifs se veulent en effet des patriotes militant pour l’indépendance de l’Algérie et membres à part entière d’une nation algérienne plurielle. Entre 1948 et 1955, ils sont organisés au sein du groupe de langue des étudiants algériens (dépendant organiquement du Parti communiste français) puis de l’Union des étudiants algériens de Paris (regroupant étudiants nationalistes et communistes). Au cœur de la guerre d’indépendance algérienne, nombre d’entre eux entrent dans les réseaux de la Fédération de France du FLN et participent à la lutte clandestine en tant qu’Algériens.