Echos du Mellah de Tinghir

Kamal Hachkar, Créations Mosaïques

Plus de 2000 ans de présence juive dans la ville de Tinghir, au Maroc, et aujourd’hui un vide. Plus de traces, si ce n’est celles des morts qui reposent dans les deux cimetières de la ville. La synagogue est devenue une maison d’habitation ; l’école de l’alliance israélite ouverte en 1950 est devenue une banque ; les derniers juifs sont partis en 1964.

Enfant, j’ai grandi dans l’idée que tous les berbères étaient musulmans. C’est au travers des récits de mes grands-parents sur l’histoire de Tinghir, ma ville natale, que j’ai découvert que d’autres berbères étaient juifs et que la ville avait abrité une importante communauté juive. Les échos de ce mellah1, aujourd’hui vidé de ses habitants, résonnent encore dans les chants berbères qui demeurent dans les mémoires. Habité par cette absence, je cherche dans le labyrinthe de ma propre identité franco-marocaine les traces de cette altérité juive, que je vis comme une perte.

Du Maroc à la France en passant par Israël, ce film part à la recherche de ceux qui à Tinghir ont connu cette présence juive ainsi que des Juifs de la ville installés majoritairement en Israël aujourd’hui. Le film interrogera également des personnalités : historiens, écrivains, chercheurs et psychanalystes, qui par leurs œuvres et travaux essaient d’exhumer l’identité du Maroc et tentent de conceptualiser cette brisure dans l’histoire du Maroc. Regards singuliers et précieux, qui mêlent passé et présent, mémoire collective et individuelle. Il s’agit par cette évocation d’un monde disparu d’exhumer, une part enfouie de la mémoire et de l’identité marocaines.