une vie de chat

Les yeux clos, le nez dans la patte, le chat dort.

Allongé de tout son long, son sommeil est d'or.

Au bout du petit corps, la queue bat la mesure,

Et semble battre le vide jusqu'à l'usure.

Soudain il bouge. Son repos est-il finit?

Il se retourne, et va attraper l'infini

Avec sa douce petite patte étirée,

Comme si sa couverture il avait tirée.

Ses autres pattes repliées, il vous sourit.

Il est heureux et dort comme un chat bien nourrit.

Soudain il s'éveille! Il fait trembler son oreille,

Il ouvre ses yeux, sa malice est sans pareille.

De sa patte, il repousse l'air de toutes parts.

Il s'assied en douceur, lance un regard épars,

Domine le monde, du haut de son armoire.

Il rassemble ses pensées, fouille sa mémoire,

Réfléchit un moment. Puis lève un antérieur,

Le lèche avec son air d'animal supérieur,

Travaille entre les coussinets. C'est sa toilette!

Avec ses dents, il gratte son poil de belette,

Et il se sert de sa patte comme d'un gant

Pour nettoyer son museau et ses yeux fuyants.

Il n'est nul poil qui n'échappera à sa langue,

Même sur son dos, même sur sa queue qui tangue.

Ce petit félin a l'art de se nettoyer

En gardant sa fierté de prince du foyer.

Son récurage terminé il se redresse,

S'étire, enjambe les objets avec adresse,

Et s'arrête au bord du meuble, prêt pour l'envol.

Il jette ses pattes avant, prépare son vol,

Et ses postérieurs le propulsent dans le vide,

Pour qu'il traverse l'air, tel un oiseau avide

Son atterrissage parfait n'a rien troublé,

Même pas froissé la nappe en tissu doublé.

D'un bond le voici sur le sol, la tête haute.

Il marche léger, avec ses petites bottes .

Il sort, et le voila maintenant dans le parc.

Son pas est léger, son dos courbé comme un arc;

Il guette sa proie : c'est la chasse du monarque!

Dès que ce noble animal, quelque oiseau remarque,

Le voila qui s'enfouit dans la végétation.

Les oreilles dressées, ses yeux avec passion

Observent la bête, fouillant dans l'herbe verte;

Et sa gueule de fauve est à moitié ouverte.

Le félin s'aplatit dans l'herbe vivement,

Patte après patte, avance progressivement.

Dès qu'il est à portée, son derrière se lève

Ses postérieurs patinent, sa queue se soulève...

Un bond ! et il a planté ses griffes, ses crocs,

dans l'innocent animal, ce petit escroc!

Il joue un peu avec, puis porte le cadavre

chez lui, et le présente au patron qui se navre.

Il est fier, la tête haute... et il a raison!

Il sait que c'est lui le maître de la maison.