Les jours passent, les mois, et même les années;
Les doux moments de joie, et les instants damnés.
Nul ne peut revivre quelque temps révolu.
Comme une tempête, s'abat et déracine
Les arbres, les pensées, le vécu assassine,
Dans sa rage la fuite du temps absolue.
La mémoire au travers de l'orage est lassée,
Et se trouvent alors des instants effacés;
Les joies et les peines sont passées au tamis.
Sont ainsi massacrés à la lame d'acier
Les souvenirs des gens que l'on a appréciées,
Et le temps sanguinaire emporte les amis.
Comment est il possible soudain d'oublier
Les êtres avec qui l'amitié est liée?
Il faut vaincre le temps et surtout retenir
Un peu d'une personne que l'on a connue.
Et s'il m'est égal de partir un jour aux nues,
De grâce n'effacez, amis, mon souvenir.