Coucher de soleil provençal

Derrière le clocher, dans les champs de lavande,

Le soleil disparaît, dans les senteurs du soir,

Et ses derniers rayons, comme on pourrait le croire,

Eclairent le marché où les figues se vendent.

Il illumine encor la place du village,

Où autour de l'église les gosses s'agitent,

Où autour du café les pastis s'ingurgitent,

Tandis que les marchands plient leur quelque étalage.

La grosse cloche sonne l'heure de rentrer,

Mais au bar on s'obstine à refaire le monde;

Sur un pan de mur grimpent vignes et osmondes,

Et l'astre divin dans la terre à pénétré.

Les cigales se taisent, et face au silence

Que seule une fontaine ose encore troubler,

On range les cartes mais on reste attablé

Pour voir le coucher de soleil sur la Provence.

Bientôt le jour aura tout à fait disparu;

Derrière l'olivier paraissent les étoiles.

Le bleu nuit remplace l'orange sur la toile

Où l'astre de la nuit est soudain apparu.

Unique est le ciel de Provence un soir d'été:

Douceur, senteurs, bonheur, chaleur, nul ne résiste;

C'est un havre de paix repeint par les artistes,

Un lieu ineffable pour qui y a été.