La bête

Accablée de douleur, la bête se lamente ;

Une maladie incurable la tourmente.

« Combien de temps devrais-je endurer ces souffrances ? »,

Gémissait elle encore du fond de la nuit.

Sa vie n’était que longue torture et ennui…

La bête priait pour l’ultime délivrance.

Alors elle se donna la mort, elle-même,

Nul ne voulant l’aider ; est ce ainsi que l’on aime ?

A peine elle repose, que de longs museaux

Mènent leur enquête : l’a-t-on laissé mourir ?

Pourquoi personne n’a couru la secourir ?

Le poison a été trouvé chez quel oiseau ?

« Se tuer soi-même… », accusa quelqu’animal,

« Est un acte défendu, dicté par le mal ! »

Les bêtes peuvent souffrir, mais pas déserter :

Voici une loi de notre ferme immorale !

Quand l’espoir a fuit, dans la douleur et les râles,

Le suicide est alors l’ultime liberté.