l'amant

Dans la solitude, cet homme se lamente;

Il pense à celle qui, fraîche comme la menthe,

Vient chaque nuit le dévorer comme la mante,

Celle qui l'âme hante, la belle, l'amante.

L'esprit obnubilé, chaque fois que l'âme erre,

Sa pensée revient à elle, telle la mer;

Celle qui l'aime peut être plus que la mère,

Quand il est tendre avec, ou quand il joue l'amer.

La passion le dévore, jusque l'âme innée:

Sa raison n'est plus rien car l'amour l'a minée.

Tous deux transpercés par Cupidon, l'ami né,

Ne dorment plus la nuit, leurs corps sont laminés.

Ils nagent dans leur rêve, tels deux lamantins,

Respirent les bruyères, une lame en thym,

Ressentent les couleurs, les feux dont l'âme en teint,

Et ces bouquets de rouges fleurs que l'amant tint.

Dans leurs oreilles chantent les mille mandores

Dont le son apaisant en un temps l'âme endort;

Tout au long de la nuit, il jouera l'amant d'or,

Mais au petit matin, épuisé, l'amant dort.