L’Ours, le Renard et la Hyène
Le grand ours qui vivait par-delà les Carpates
Au renard son voisin donna un coup de patte.
S’ensuivit alors quelque combat insensé
Chacun accusant l’autre d’avoir commencé.
Et l’on se mordit, et l’on se griffât bien fort !
Le goupil, en victime, appela du renfort ;
Alors on l’encouragea, lui prêta des crocs…
Mais sans vouloir combattre un animal si gros.
« Tâchons de le raisonner ! » disaient quelques bêtes,
« Aidons le renard sans frapper l’ours à la tête… »
« Au contraire ! Il faut l’affaiblir et l’affamer
- Répondait-on - sans quoi il va nous décimer ! »
Alors une hyène, bien loin de ce carnage
Respectée des canidés (de par son grand âge ?)
Encouragea chaque chien à participer
Envoyant des bâtons pour éviter la paix.
On se battit plus fort, beaucoup de sang coula ;
Pour chacun grande tragédie en découla :
Tant d’oursons, de renardeaux furent orphelins…
Les combattants affaiblis n’étaient pas malins.
On le sait bien, Sun Tzu l’avait écrit naguère :
Celui qui triomphe vraiment lors d’une guerre
N’est pas celui qui a le mieux manié des armes
Mais qui a évité les combats et les larmes.