Un beau jour, le renard pourchassa cette poule
Pour planter ses crocs dans la chair profondément ;
Sans juge et sans procès, là-bas loin de la foule,
Il l’attrapa, lui fit subir mille tourments.
La volaille hurla, à force de douleur,
Mais aussi pour protester contre l’injustice :
S’en prendre à une honnête poule, quelle horreur !
Mais le goupil lui répondit sans artifices :
« Je n’aime pas qu’on passe devant mon soleil ;
Pour ton ombre voilà ce qu’il t’en coûtera ! »
La poule maugréa (bien loin de ses oreilles)
Et s’enfuit en disant qu’elle se vengera.
Non loin de là elle aperçu un vers de terre :
« Que fais-tu là, affreux ? – Je ne fais que passer…
- Menteur, tu lorgnais et riait que l’on m’enterre !
– Comment rire sans dents ? – Tu as vécu assez ! »
D’un coup de bec le vers perdit sa pauvre vie.
C’est ainsi que les faibles se rendent justice :
Ils rampent devant ceux qui les ont asservis,
Mais de leur vengeance de plus faibles pâtissent.