Stage à Arzew

Vue générale

En décembre 1960, j'avais un stage au Centre d'Instruction, de Pacification et de Contre Guérilla (CIPCG) d'Arzew. J'ai vécu ces quelques jours en bord de mer, par un temps superbe, comme un moment de repos et de réflexion, dans une excellente ambiance de grande camaraderie entre officiers, tous grade confondus.

Nous y assistions à un cycle de conférences sur l'Histoire de l'Afrique du Nord et de l'Islam, sur la guerre révolutionnaire et les moyens d'y faire face. Le révolutionnaire, partisan, guérillero, fellaga (On dirait aujourd'hui : terroriste, comme sous l'occupation) doit, pour survivre et vaincre, selon Mao Tsé Toung, recevoir l'appui total du peuple et donc évoluer dans la population " comme un poisson dans l'eau". Et si on supprime l'eau, on a de fortes chances de supprimer le poisson ou tout au moins lui rendre l'existence très difficile. On nous enseignait donc la guerre subversive, les procédés de pacification tels les regroupements de population, la formation d'unités d'autodéfense, l'aide médicale et sociale, la propagande... On nous enseignait aussi des techniques de combat particulières telles le close-combat, le tir instinctif (1), l'utilisation la plus performante possible des armes les plus modernes, de l'appui fourni par l'artillerie, par l'aviation ; l'utilité du renseignement, des communications, et aussi l'efficacité de moyens rudimentaires, de pièges, d'astuces dignes de Peaux Rouges.

En tant qu'enseignant, j'avoue avoir énormément appris en suivant les cours d'instruction militaire où la pédagogie avait quinze ans d'avance sur les Ecoles Normales. C'est là que j'ai appris vraiment à préparer une leçon, à définir des objectifs, à établir un plan précis, à suivre une progression logique, à utiliser un vocabulaire technique adéquat, à employer avec efficacité les procédés audiovisuels tels que la photo, le film, le son, les images en relief, etc...

Sous-lieutenant Rouquier.

(1) Je me souviens d'un parcours de tir de combat dans un oued, avec cibles fixes plus ou moins dissimulées et cibles mobiles apparaissant à l'improviste, plus jet de grenades OF. La méthode de tir, jambes fléchies, les deux bras tendus en avant, était révolutionnaire.

Mise en application de la méthode du tir instinctif à la 1ère Section.