Daina Chiba, professeur associé de science politique au Département de gouvernement et d’administration publique de l’Université de Macao, a précédemment occupé le poste de maître de conférences senior au Département de gouvernement de l’Université d’Essex, au Royaume-Uni. Ses recherches portent sur le croisement entre la science des données et la politique internationale.
Pourquoi les pays frontaliers sont plus sensibles à entrer en conflit que les pays distants?
Aujourd’hui MRI t’aide à répondre à cette question en essayant de comprendre la probabilité de conflit : Proximité, Comportement et Dynamiques Territoriales !
Les conflits militarisés ont été une récurrence tout au long de l'histoire, se déroulant souvent entre nations voisines. Nous allons analyser l’article, intitulé "Decomposing the relationship between contiguity and militarized conflict" (Décomposition de la relation entre la contiguïté et le conflit militarisé), rédigé par Reed et Chiba en 2010 et publié dans l'American Journal of Political Science. La question centrale de notre article tourne autour de la fréquence accrue des conflits entre pays voisins par rapport à ceux géographiquement éloignés. Pour répondre à cette question, les auteurs catégorisent des variables explicatives mais aussi des différences de comportement, explorant des facteurs tels que l'interdépendance économique, les litiges territoriaux et les capacités militaires.
L'Argument Territorial:
La première hypothèse que les auteurs décrivent est appelée "Argument Territorial". Elle soutient que la proximité et l'interaction sont des moteurs principaux du conflit. La théorie affirme que les courtes distances facilitent les défis militaires entre pays voisins, tandis que l'interaction prolongée augmente la probabilité de désaccords et de heurts.
La Théorie de la Négociation :
Autre explication que nous donnent les auteurs est la "Théorie de la Négociation/du Marchandage" qui suggère que les États voisins sont plus enclins au conflit en raison de gains potentiels plus élevés par rapport aux non-voisins. On souligne ici que la proximité et la contiguïté résultent de combinaisons de variables observables telles que l'interdépendance économique, les démocraties conjointes, les schémas d'alliances et les capacités militaires, qui sont plus susceptibles d'émerger entre voisins. Bien que les deux théories offrent des explications cohérentes, les preuves empiriques indiquent que les différences dans les facteurs observables seuls ne peuvent pas expliquer entièrement l'écart dans les taux de conflit entre voisins et non-voisins.
Différences Comportementales :
Une explication émerge dans leur thèse des disparités de comportement. Les résultats de l'étude démontrent que les pays voisins sont plus enclins à réagir de manière agressive à tout changement dans les caractéristiques mentionnées. Cette propension peut s'expliquer par le fait que les pays voisins accordent une attention accrue aux événements se déroulant à proximité, les percevant ainsi comme plus menaçants. Toutefois, lorsque des alliances et des intérêts économiques existent entre eux, une baisse des conflits est constatée. En revanche, parmi les pays non voisins, ceux qui sont alliés ou économiquement dépendants sont nettement plus susceptibles de connaître des conflits militarisés. Les résultats empiriques démontrent que les différences comportementales constituent une partie significative de la variation de la probabilité de conflit entre les États voisins et non voisins.