Par Noam Chemila, étudiant en 2ème année à Sciences Po Lille
Pour comprendre comment la France a obtenu ce bout d’Amérique, il faut remonter au XVIe siècle. À l’époque, la France lorgne le plateau des Guyanes, au même titre que les autres nations européennes. Les premières colonies de peuplement s’implantent difficilement en raison des conditions de vie, des épidémies ou de la contestation de la présence européenne par les locaux. Mais la situation se stabilise, les puissances du Vieux Continent s’approprient ces territoires alors peuplés par des populations autochtones qu’ils réduisent souvent en esclavage. L’Espagne colonise l’actuel Venezuela tandis que Britanniques et Hollandais occupent respectivement Guyana et Suriname. Les Portugais s’installent quant à eux sur les côtes du futur Brésil. De son côté, la France s’établit en Guyane. Le territoire vit sous le statut de colonie jusqu’en 1946, date à laquelle elle devient un département d’outre-mer. Par la voie référendaire, les Guyanais ont décidé en 2010 de fusionner conseil régional et conseil général en une assemblée unique. Ainsi, la Guyane exerce à la fois les compétences dont disposent une région et un département, ce qui en fait une collectivité territoriale unique.
De taille comparable au Portugal, la Guyane française est presque intégralement recouverte par la forêt amazonienne, ce qui explique pourquoi 90% des 290 000 guyanais habitent le long de la côte. L’aire urbaine de Cayenne, la préfecture, compte à elle seule 144 000 habitants. Cependant, la géographe Valérie Morel estime que la population guyanaise pourrait atteindre en réalité 350 000 habitants en raison de l’immigration illégale, non recensée, qui loge essentiellement dans des bidonvilles. En règle générale d’ailleurs, les données démographiques guyanaises s’éloignent de la moyenne métropolitaine. En effet, la Guyane présente une forte croissance naturelle avec 3,5 enfants par femme, contre 1,8 en métropole. Aussi, la population est majoritairement jeune : 60% des guyanais ont moins de 25 ans et pas moins de la moitié de ces jeunes sont au chômage. Le taux de pauvreté y atteint même 40% (contre 14% dans l’hexagone). Ces phénomènes démographiques et sociaux font de la société guyanaise une véritable mosaïque de cultures et d’origines, relativement défavorisée.
Ainsi, coincée entre le Suriname et l’Etat brésilien de l’Amapa, la Guyane française demeure le dernier territoire du plateau des Guyanes encore sous possession d’un pays européen. Cela en fait une exception, mais aussi un joyau naturel sur lequel la France possède en réalité de nombreux enjeux géostratégiques. En effet, à l’heure où les inquiétudes environnementales prennent de l’ampleur, il s’agit d’assurer la préservation d’une partie du poumon vert de la planète, abritant 50% de la biodiversité française. La France doit également concilier deux politiques étrangères totalement différentes avec d’un côté le modeste Suriname et de l’autre le géant brésilien. Il est également question de souveraineté alimentaire puisque les principales sources d’alimentation sont en péril : la pêche mise en danger par les activités illégales et la filière bovine potentiellement menacée par un accord de libre-échange. La Guyane française présente également des enjeux cruciaux en matière de souveraineté spatiale européenne puisqu'elle abrite un centre spatial à Kourou : avantage majeur dans une époque où les puissances repoussent les frontières de leur influence jusque dans l’espace. En définitive, tant de défis auxquels la France doit faire face sur un territoire équatorial qui se révèle être un atout de taille dans un monde aux enjeux qui se redéfinissent.
Par sa présence en Amérique du Sud, la France cherche essentiellement à s’affirmer comme un acteur régional. La Guyane collabore étroitement avec ses voisins frontaliers : (Suriname à l’ouest, Brésil au sud et à l’est) tandis que les coopérations demeurent fragiles avec les autres pays du plateau de Guyanes (Venezuela, Guyana). Seulement, Suriname et Brésil sont incomparables par leur taille et leur influence dans le monde. Il est donc clair que la coopération prend des formes différentes, qu’il s’agisse de l’un ou de l’autre.
D’ordinaire, l’Etat français entretient de bonnes relations avec le Brésil, facilitées par une certaine francophilie dans le pays. Au niveau étatique, les relations s’étendent aux domaines économiques, culturels ou bien universitaires. Les liaisons se sont refroidies sous la présidence de Jair Bolsonaro (2019-2022), la France lui reprochant notamment la non-tenue de ses engagements environnementaux, alors même que l’Amazonie brésilienne était en proie aux flammes et à la déforestation. Les relations semblent toutefois se réchauffer depuis la réélection de Lula. C’est sous sa première présidence qu’il avait signé un contrat de vente historique de 12 milliards de dollars avec Nicolas Sarkozy en 2008. L’accord comprenait notamment la livraison de 50 hélicoptères de combat et de 5 sous-marins.
Pour en revenir à la Guyane, le territoire ne semble tenir qu’un poids relatif dans la continuité des relations étatiques entre la France et le Brésil. Si l’on se projette au niveau régional, elle paraît trouver sa place en tant qu’outil d’influence français. En effet, la Guyane nourrit davantage de liaisons avec l’Etat brésilien d’Amapa, qui lui est frontalier. Ces liens s’expliquent certes par la proximité des territoires, qui partagent leur frontière le long du fleuve Oyapock, mais également par leurs similarités. Par exemple, la Guyane et l’Amapa possèdent des taux d’infrastructures largement inférieurs à leur moyenne nationale, tout en se caractérisant par une certaine pauvreté. Pourtant, la collectivité française attire les frontaliers, les salaires y étant globalement plus élevés. L’essentiel de ces Brésiliens sont donc des travailleurs, aussi bien légaux que illégaux.
Leurs migrations se décrivent par des mouvements de va-et-vient entre l’Amapa, où vivent leurs familles, et la Guyane, où se trouve leur emploi. La diaspora brésilienne en Guyane représente près de 10% de la population, mais souffre de l’image d’une communauté très défavorisée. À l’inverse, certains résidents guyanais profitent des prix plus attractifs du Brésil pour y faire leurs achats. Le principal point de passage se situe entre les villes de Saint-George (France) et Oiapoque (Brésil), où fut inauguré un pont en 2017. La mise en service de l’édifice routier s’inscrit dans une continuité : celle de la coopération grandissante en matière de santé et d’éducation entre la Guyane et l'Amapa. En témoigne par exemple l’ouverture du centre Danielle Mitterrand en 1999 à Macapa (capitale de l’Amapa), dans lequel 2000 élèves apprennent la culture et la langue françaises.
Malgré ces liens régionaux, la Guyane souffre de la distance avec l’Europe. Ne faisant pas partie de l’espace Schengen, les Brésiliens doivent obtenir un visa pour entrer sur le territoire guyanais, alors même qu’ils n’en ont pas la nécessité pour rejoindre la métropole. Cela ne facilite pas les échanges et aggrave même l’ampleur des migrations illégales. Par ailleurs, si l’Union Européenne négocie actuellement un accord de libre-échange avec le MERCOSUR (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), ce dernier pourrait se réaliser au détriment de la Guyane. En effet, la filière bovine guyanaise se retrouverait en péril face aux bas prix de la viande sud-américaine, portant un coup à la souveraineté alimentaire française. Cet accord est en outre dénoncé globalement par les agriculteurs européens, ainsi que par les militants écologistes qui envisagent l’impact climatique de l’intensification des échanges maritimes.
De l’autre côté de la Guyane se trouve le Suriname. Indépendant depuis 1975, le pays a connu la guerre civile dans les années 1990. En situation de crise économique, sa dette actuelle s’élève à 150% du PIB. De surcroît, le Suriname est quelque peu isolé du reste de l’Amérique du Sud en raison de sa néerlandophonie. Les enjeux de coopération demeurent ainsi moindres qu’avec le Brésil mais restent essentiels pour assurer le développement et la sécurité de la région. Les échanges se font principalement par la voie de la coopération décentralisée (de collectivité à collectivité), facilités par la taille semblable des deux territoires.
La frontière avec le Suriname s’étend le long du fleuve Maroni. Cette dyade fut l’objet de tensions ces dernières années, conséquences d’un incident entre militaires des deux pays. Les soldats français avaient détruit un camp d’orpailleurs (chercheurs d’or illégaux) sur le territoire surinamien. Pour pallier ce léger embarras, un accord fut signé en 2021 afin de mieux définir la frontière fluviale. Joint à cet accord, un engagement de coopération renforcée en matière judiciaire et militaire dans la lutte contre les activités illégales.
Car si la collaboration franco-surinamienne en Amérique du Sud prend souvent la forme d’aide au développement (5 millions d’euros accordés par la France en 2023 pour la prévention des feux de forêts), l’enjeu majeur dans la région demeure la lutte contre l’orpaillage et la pêche illégale ou encore la défense de l’environnement. Dernièrement, le Suriname a reçu 1 million d’euros de matériel militaire, notamment des FAMAS inutilisés, dans le cadre de la lutte conjointe avec les armées brésilienne et surinamaise près des zones frontalières. Pour autant, l’essentiel des terres guyanaises sont directement protégées par l’armée française.
Ce sont avant tout les forces armées guyanaises (FAG) qui sécurisent les intérêts français en Guyane. Néanmoins, ces dernières sont appuyées par la Gendarmerie, la Police aux Frontières et la Légion Étrangère, notamment concernant le contrôle des flux migratoires. Ces autorités assurent par exemple les contrôles aux alentours de Saint-George, le long de l’Oyapock, afin d’encadrer et de sécuriser la mobilité des individus. En dehors de leurs missions, les corps d’armées profitent des conditions particulières qu’offre la Guyane pour s’exercer. C’est dans cette perspective que fut créé le Centre d’Entraînement en Forêt Equatoriale (CEFE) à Régina en 1896. Chaque année, le centre dispense des formations à 1800 soldats venus du monde entier : principalement d’Europe, des Etats-Unis ou d’Amérique du Sud. Les stagiaires mettent à profit la qualité d’apprentissage et l’exigence du combat en jungle pour se former au commandement en situation extrême.
Toutefois, les FAG doivent se mobiliser au quotidien contre les activités illégales. Ainsi, dans le cadre de l’opération Harpie, les forces armées combattent le pillage de l’or, émanant d’une tradition aurifère ancienne en Guyane. Car si les premiers gisements d’or ont été découverts au XIXe siècle, ce sont dans les années 1990 que les réseaux criminels se sont structurés, conséquence de la forte hausse du cours de l’or. Dès lors, les puits desquels sont extraites 10 tonnes d’or chaque année se multiplient au cœur de la forêt amazonienne. Pour chercher le métal précieux, les orpailleurs dévient les cours d’eau et défrichent des zones qui ne pourront être reboisées avant plusieurs décennies. Conséquence directe de l’orpaillage : la forêt primaire guyanaise a déjà perdu 13 000 hectares de superficie. En parallèle de la déforestation se poursuit une grave pollution au mercure : ce métal, liquide à température ambiante, est utilisé à outrance afin de séparer l’or de la terre. 1,3 kg sont nécessaires pour réaliser l’amalgame d’un kilogramme d’or. Seulement, le mercure contamine la faune et la flore, notamment les poissons qui sont une des sources de nourriture principales en Guyane. Les populations locales présentent ainsi des taux de contamination au mercure bien supérieurs aux habitants de la métropole. Ce métal est pourtant banni en France en raison de sa toxicité mais importé depuis les pays frontaliers de la Guyane.
Le combat que mènent les FAG contre ces pilleurs d’or est donc capital, tant d’un point de vue écologique que social. Effectivement, la Guyane abrite 50% de la biodiversité française, l'État se devant de la préserver. D’autre part, l’exploitation aurifère illégale s’accompagne de la prolifération des réseaux de prostitution et de trafics en tout genre (êtres humains, drogue, armes). Les trafiquants profitent des frontières fluviales ainsi que du territoire immense et peu praticable pour étendre aisément leurs activités. On recense même, ces dernières années, plusieurs échanges de tirs ayant entraîné le décès de militaires engagés sur le terrain. Ceci rappelle sans nul doute que la tension et l’insécurité en Guyane sont toujours palpables et que les enjeux de souveraineté et d’écologie sont de taille.
L’autre front de lutte des forces de l’ordre et de l’armée française est maritime. La zone à défendre est conséquente puisque la Zone Économique Exclusive (ZEE) guyanaise s’étend sur 130 000 km2. La bataille s’effectue essentiellement contre les pratiques de pêche illicites, un fléau pour les pêcheurs guyanais et la biodiversité. En effet, certaines embarcations venues du Suriname et du Brésil pêchent au moyen de filets pouvant atteindre 10 km de longueur, épuisant les ressources halieutiques. Le cadre législatif en vigueur n’autorise pourtant qu’une longueur maximale pour un filet de pêche de 2,5 km. Léonard Raghnauth, président du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins en Guyane estime que la production des pêcheurs guyanais a effectivement baissé de 70% entre 2019 et 2022 du fait de l’activité illégale. Les FAG combattent cette pêche illicite dans le cadre de l’opération Polpêche. En 2022 le bilan de l’opération mentionne 163 km de filets saisis et 192 tonnes de poissons relâchées dans l’océan.
En définitive, les menaces, bien que présentes sur le territoire guyanais, proviennent en majorité des pays voisins. On perçoit aisément l’importance de la coopération avec les autorités surinamaises et brésiliennes dans la lutte contre les activités illégales, que ce soit à la frontière ou au cœur de la forêt amazonienne. Concernant le Suriname, davantage de stabilité dans le pays bénéficierait à la France, qui y travaille surtout par l’intermédiaire d’aides au développement. S’agissant du Brésil, une étroite collaboration demeure nécessaire dans la bataille contre le grand banditisme qui sévit dans le pays et qui s’exporte au-delà de ses frontières.
“La France, après avoir d’abord beaucoup espéré de la Guyane, s’en était [...] quelque peu détachée. Cette période est terminée !”. Tels sont les mots du Général de Gaulle, un jour de mars 1964 devant une foule de Guyanais, réunie à Cayenne. Les actes suivirent les dires puisque la même année, George Pompidou décide d’installer à Kourou la nouvelle base de lancement spatial française afin de relayer l’ancien site de Hammaguir en Algérie (désormais indépendante). Le choix de Kourou ne résulte pas du hasard. D’abord puisque l’implantation d’un site de lancement spatial nécessite une zone faiblement peuplée et proche de la mer en cas d’incident, ce qui est le cas de la Guyane. Par ailleurs, la Terre ayant une forme elliptique, la proximité avec l’équateur permet aux lanceurs de bénéficier d’une pesanteur plus faible mais également d’un effet de fronde puisque la vitesse de rotation de la planète est plus importante à l’équateur. La poussée d’arrachement nécessaire étant moindre, le carburant consommé l’est aussi. En somme, à l’heure où la guerre froide revêt une dimension stellaire, la Guyane, certes un temps délaissée, subit un regain d’intérêt. Ce reliquat de la colonisation s’impose comme le lieu parfait qui propulsa la France au rang de 3ème puissance spatiale, derrière les Etats-Unis et l’URSS.
Lorsqu’en 1975, 10 pays européens dont le France fondent l’ESA (European Space Agency), le Centre Spatial Guyanais (CSG) est logiquement désigné comme le “port spatial de l’Europe” afin notamment d'y implanter le récent projet Ariane. Aujourd’hui, l’ESA compte 22 membres et détient la plupart des infrastructures du CSG, où nombre de programmes ont vu leur consécration. Parmi eux, on compte principalement Galileo (système de positionnement par satellite), Gaia (première carte 3D de la voie lactée), BepiColombo (exploration de Mercure) ou encore James Webb, le plus puissant télescope spatial, lancé en 2021 pour succéder à Hubble. Par ces prouesses technologiques, l’Europe s’accorde grâce à la Guyane une indépendance sans précédent en matière de télécommunication, d’observation de la Terre et de découvertes cosmiques. Mais en dehors des usages civils, les satellites se dotent également d’une application militaire. Puisque si le CSG est considéré comme une “installation prioritaire de défense” par les autorités, et que l’on y redoute des actes de malveillance, c’est en raison de son importance stratégique dans le domaine de la Défense. En effet, de Kourou sont lancés depuis plusieurs décennies des satellites à vocation de surveillance. D’abord avec le programme Hélios puis avec MUSIS, la collaboration européenne en matière de satellites de surveillance n’a de cesse de se renforcer. Il est devenu vital pour les grandes puissances d’avoir un point d’appui militaire dans l’espace, par le biais de technologies toujours plus poussées afin d’épier adversaires et zones de conflictualités. Dans l’optique d’une “Europe spatiale de la Défense”, Kourou n’est autre que la composante de base d’une Union indépendante et souveraine, du moins en matière spatiale.
Mais si le CSG assure une indépendance de lancement à l’Europe, il laisse également place à une large coopération internationale. La collaboration la plus emblématique et pour le moins paradoxale, est sans nul doute celle avec la Russie et ses lanceurs Soyouz entre 2011 et 2022. Pour les raisons évoquées précédemment, la fédération de Russie souhaitait accéder aux latitudes équatoriales que ne lui offre pas le site de lancement de Baïkonour au Kazakhstan. Le partenariat permettait à Roscosmos (l’agence spatiale russe) de lancer des satellites à moindre coût : alors qu’une fusée Soyouz n'emporte que 1,7 tonne de charge utile depuis Baïkonour, elle pouvait emporter avec elle une masse de 3 tonnes depuis le CSG. En contrepartie, l’ESA profitait de l’expertise russe en matière de vols habités. L’association fut malheureusement rattrapée par les dissensions entre Russes et Occidentaux au moment de l’invasion de l’Ukraine. Malgré ces déboires orientaux, le CSG n’en demeure pas moins le chantre de la coopération européenne.
Malgré cela, si toute l’Europe semble bénéficier du CSG, ce n’est pas pleinement le cas du territoire guyanais. Car si la base de lancement génère 12% du PIB de la Guyane, les retombées économiques peinent à se faire sentir au-delà de Kourou. Les Guyanais militent pour une meilleure valorisation du CSG au sein de leur territoire ; que les technologies de pointe servent par exemple à désenclaver certaines parties de la région grâce aux télécommunications. Toutefois, le CSG lui-même est en proie aux difficultés. D’abord puisque le secteur spatial devrait connaître un déclin d’activité sur la période 2023-2024. Alors même qu’un emploi sur 12 en Guyane est lié au centre spatial et ses sous-traitants, les syndicats craignent 200 à 300 suppressions de postes. De quoi ralentir grandement l’activité économique guyanaise ; l'échec du lanceur Vega-C et du retard d’Ariane 6 n’arrangeant rien à la chose. Mais dans une perspective de long terme, c’est l’entièreté de la filière spatiale européenne qui se trouve menacée par le modèle économique du New Space (comprenez l’industrie spatiale d’initiative privée). Avec en tête des sociétés comme Space X ou Blue Origin, la conquête du ciel s’ouvre à l’entrepreneuriat, fort d’un modèle dans lequel le même acteur se charge de la production, du lancement et de l’exploitation des satellites. À la manière de la NASA, l’ESA se doit de prendre le pas et de s’ouvrir davantage aux entreprises privées s’il elle ne souhaite pas perdre sa position dans la compétition spatiale. Une perspective au travers de laquelle Kourou deviendrait le fleuron de l’industrie spatiale de demain.
Pourtant convié, Emmanuel Macron a décliné l’invitation au sommet de l’Amazonie en août dernier, préférant y envoyer l’ambassadrice de France au Brésil. Au grand dam des élus guyanais, son absence semble révélatrice. Car à la croisée des thématiques écologiques et de Défense, la lointaine Guyane devient finalement si captivante. Si la France surmonte les défis géostratégiques auxquels elle fait face en Amérique du Sud, le territoire équatorial pourrait bien se métamorphoser en une référence mondiale en termes de progrès spatial et de protection de l’environnement. Encore faudrait-il y allouer de plus amples moyens tant les enjeux sont immenses pour une France qui, regardant ailleurs, n’a peut-être pas saisi la pleine mesure du potentiel guyanais.
Bibliographie
Articles :
ATTICOT Marie-Annick, « La coopération transfrontalière Guyane-Brésil : état des lieux », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 2001, n° 3, p. 78-81 [En ligne].
Disponible sur : https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2001-03-0078-012
BLANCODINI Patrick, « La frontière Suriname - Guyane française : géopolitique d’un tracé qui reste à fixer », Géoconfluences, octobre 2019 [en ligne].
Disponible sur : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/la-frontiere-discontinuites-et-dynamiques/articles-scientifiques/maroni-frontiere-guyane-suriname ( consulté le 18/08/2023 )
DAS CHAGAS MARTINS Carmentilla, SUPERTI Eliane, DE JESUS DE SOUZA PINT Manoel, « Des migrants brésiliens entre le Brésil et la Guyane française : un espace social en construction ou en tension permanente dans un contexte (trans)frontalier », Cahiers internationaux de sociolinguistique, 2016/1, n° 9, p. 221-242 [en ligne].
Disponible sur : https://www.cairn.info/revue-cahiers-internationaux-de-sociolinguistique-2016-1-page-221.htm
SCHUMACHER, Thomas, « Le renouvellement des capacités spatiales stratégiques est lancé ! », Pax Aquitania, 19/12/2018 [en ligne].
Disponible sur : http://www.paxaquitania.fr/2018/12/cso-le-renouvellement-des-capacites.html ( consulté le 18/08/2023 )
Sites :
Forces armées en Guyane. Ministère des Armées [en ligne].
Disponible sur : https://www.defense.gouv.fr/operations/forces-prepositionnees/forces-souverainete/forces-armees-guyane ( consulté le 18/08/2023 )
France et Europe : quelles politiques spatiales ?, Vie Publique, le 20/09/2022 [en ligne]. Disponible sur : https://www.vie-publique.fr/eclairage/286198-france-europe-quelles-politiques-spatiales ( consulté le 19/08/2023 )
La France et le Brésil. Ambassade de France au Brésil, le 31/08/2022 [en ligne].
Disponible sur : https://br.ambafrance.org/La-France-et-le-Bresil ( consulté le 18/08/2023 )
Les élus de Guyane remontés par l’absence de Macron et leur territoire au sommet sur l’Amazonie. 20 Minutes, 09/08/2023 [en ligne].
Disponible sur : https://www.20minutes.fr/politique/4048526-20230809-elus-guyane-remontes-absence-macron-territoire-sommet-amazonie ( consulté le 18/08/2023 )
Site Internet du Centre spatial guyanais [en ligne].
Disponible sur : https://centrespatialguyanais.cnes.fr/fr/acteurs ( consulté le 15/08/2023 )