Péninsule de Corée : état des lieux et perspectives d’avenir
Péninsule de Corée : état des lieux et perspectives d’avenir
Par Jade Gaborieau, étudiante en 3A à Sciences Po Lille
A en croire l’ancien président américain Bill Clinton en visite à la DMZ (demilitarized zone) en 1993, se trouver aux portes de la Corée du Nord est décidément « the scariest place on earth ». Cette zone s’étend sur 4km de large et 240km de long, et fait office de frontière entre la République de Corée au sud et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) au nord. Bien que son nom reflète mal ce qu’elle est en réalité – l’une des zones les plus militarisées au monde –, la DMZ incarne le miroir de la situation géopolitique de la péninsule. Elle héberge la signature de l’armistice en 1953 après la guerre de Corée, et renferme depuis mines, miradors, un million de soldats, et incidents à répétition. Elle est aussi l’hôte de périodes de réchauffement, et notamment de l’historique poignée de main entre les deux dirigeants coréens Moon Jae-In et Kim Jong-Un en 2018. La Corée du Sud en fait aujourd’hui l’un des spots touristiques incontournables d’un voyage au pays du matin calme, depuis lequel peuvent notamment être observées les terres de la Corée du Nord… Aujourd’hui très différente de sa voisine au sud, la mystériosité et l’isolement de la RPDC nourrissent en effet idées fausses et nombreux fantasmes à l’international, si bien que l’on en sait peu de la réalité des relations dans la région. A quel avenir s’attendre pour la péninsule, héritière d’une frontière initialement tracée en 1945 par des puissances étrangères ? Faut-il s’inquiéter d’une reprise du conflit armé entre les deux Corées qui n’ont jamais acté de paix ? Quelle place occupe le nucléaire dans les échanges ? Où en sont les perspectives de réunification ?
Cet article vise en premier lieu à dresser un bref bilan de l’histoire de la péninsule et des caractéristiques des Corées. Il analyse ensuite l’état des relations géopolitiques contemporaines de la région et ses perspectives d’avenir, en passant par les questions du nucléaire et de la réunification.
La péninsule coréenne, unifiée sous le royaume de Koryô (918–1392) puis de Chosôn (1392– 1910), était convoitée par les puissances de l’Asie du nord-est depuis des siècles. Alors que la Chine y exerçait une influence certaine, le royaume parvint à repousser les nombreuses invasions extérieures, et ce jusqu’à la fin du XIXème siècle. Face à une Chine alors en perte d’influence, le Japon se fraya progressivement un chemin vers l’obtention d’un protectorat sur la Corée en 1905, après avoir vaincu la Chine (1895) puis la Russie (1905) dans des guerres pour le contrôle de la péninsule. En 1910, le Japon annexe la Corée pour asseoir son influence face aux contestations nationalistes. S’en suivent des années de protestations et de violences dans la péninsule, qui marquent aujourd'hui les mémoires coréennes et ne manquent pas de raviver les tensions dans leurs relations diplomatiques. Ainsi, avec la capitulation du Japon en 1945 sonne l’intervention des puissances étrangères dans la région : la Corée est séparée en deux zones de désarmement japonais, au niveau du 38ème parallèle : soviétique au nord, américaine au sud. Un délai de cinq ans est alors prévu pour la réunification du pays, cependant les discussions internationales échouent. La République de Corée est proclamée au sud le 15 août 1948, suivie, le 9 septembre, de la République populaire démocratique de Corée au nord. S’identifiant chacune comme la Corée souveraine, la question d’une réunification consentie se posait peu. Le nord envahit ainsi le sud en 1950 dans le but d’unifier le pays sous le régime de Kim Il-Sung, notamment appuyé par l’URSS de Staline qui a tout intérêt à menacer la puissance américaine dans la région. S’en suit alors une guerre de trois ans, connue pour être l’un des premiers conflits de la guerre froide. Le 27 juillet dernier étaient commémorés les 70 ans de la fin de cette guerre qui fit un total de trois millions de morts, et demeure la seule de l’Histoire qui ait vu s’opposer des soldats chinois et américains en affront direct.
La Corée du Nord est la première à se relever des conséquences de la guerre : elle connaît un essor plus rapide que la Corée du Sud sur les vingt premières années qui suivent le conflit. C’est dans les années 1970 que la conjoncture s’inverse ; son économie est en difficulté, et s’effondre considérablement en 1991 avec la chute de son partenaire soviétique, entraînant une famine causant autour de 800 000 morts selon les estimations. La fin des années 1990 rime avec une relance de son économie.
La clé de voûte de l’architecture du régime est incarnée par l’idéologie du Juchesasang (주체사상), signifiant indépendance et autonomie. En effet, son fondateur et dirigeant Kim Il-sung, chef du parti des travailleurs, se positionne dès 1953 comme grand leader face au monde – mais surtout face aux puissances chinoise et soviétique dont il souhaite s’émanciper, et au nouvel ennemi capitaliste au sud.
Alors que son fils Kim Jong-il lui succède à sa mort en 1994, il continue d’être célébré par les Nord- Coréens comme « père fondateur ». En 2011, Kim Jong-un arrive à la tête du pays, lui aussi nommé successeur par son père mourant. Héritier d’une dynastie particulière, il s’est emparé de sa légitimité (entre autres, exécution publique de son oncle en 2013 alors identifié comme numéro 2 du régime) pour assurer la stabilité du pays, à l’époque largement questionnée à l’international. Il dirige avec fermeté et opacité, tout en restant proche du parti traditionnel et rappelant son lien avec le fondateur, dont il adopte la garde robe. Le visage de cet homme cultivant le secret est aujourd'hui plus connu du reste du monde que celui de son homologue chinois : cette asymétrie d’information participe au déploiement des rumeurs et fantasmes autour du régime (Antoine Bondaz).
La politique étrangère de la RPDC repose depuis sa création sur la menace extérieure. Incarnée par le capitalisme et les Etats-Unis, cette menace rend légitime l’allocation des ressources de l’Etat pour le développement des capacités militaires, balistiques et nucléaires auprès de la population. Bien que les chiffres exacts ne soient pas connus, pas mêmes des plus proches du dirigeant, une immense partie du budget dont dispose Kim Jong-un est versée dans le développement de ces trois domaines. L’accent est aussi porté sur la modernisation des infrastructures, en passant par sa capitale, Pyongyang. Elle regorge de buildings, de restaurants, d’activités diverses, le style vestimentaire y évolue… La propagande et la culture sont également des moyens de fidéliser les élites et le peuple : les familles les plus méritantes et fidèles peuvent se voir offrir des appartements dans la capitale, gage d’un meilleur confort de vie.
En termes de démographie, la Corée du Nord compte 25 millions d’habitants : l’équivalent des habitants de la capitale sud-coréenne et de sa banlieue. La population est assez jeune (natalité élevée jusqu’au début des années 2010, aujourd'hui en forte baisse) et éduquée (taux d’alphabétisation de 99,9% en 2008), représentant ainsi une main d’œuvre dynamique, nombreuse (14 millions de travailleurs en 2008) et peu coûteuse. La RPDC entretient des relations diplomatiques avec plus d’une centaine d’Etats, et fait partie d’organisations internationales (ONU depuis 1991), ce qui fait d’elle une puissance moins isolée qu’elle n’y paraît. Elle poursuit également des échanges économiques avec des pays d’Asie du nord-est, d’Asie du sud-est, et d’Europe. Son isolement s’est toutefois renforcé ces dernières années, en conséquence d’un fort enfermement lors de la crise du covid-19, et de l’accentuation des sanctions internationales prises à son encontre. Ainsi le développement de son économie passe par le financement de la recherche et développement, lui permettant de gagner en autonomie pour l’acquisition de matériaux. L’Etat – et notamment le bureau 39, service secret sous autorité directe du dirigeant – se finance par ailleurs via le travail de Nord-Coréens envoyés comme main d’œuvre à l’étranger, ou par les actions de piratage informatique.
Alors qu’au nord, la quête d’autonomie est soutenue par le développement du nucléaire, le sud mise sur son développement économique. Petit pays comptant parmi les plus pauvres du monde au sortir de la guerre en 1953, la Corée du sud est en 2018 la 11ème puissance mondiale. Elle connait une croissance telle que l’on parle de « miracle coréen ». Sa géographie la pousse à s’ouvrir à l’international, d’autant plus qu’elle présente davantage les caractéristiques d’une île que d’une péninsule depuis sa séparation très hermétique avec le nord. Son territoire aux ¾ montagneux ne regorge pas de ressources, ce qui la rend dépendante des importations de matières premières. Forte de 52 millions de résidents, la Corée du Sud est le pays qui consacre la plus importante part de son PIB dans la recherche et développement (4,3% de son PIB en 2018)2. Elle est aussi tristement connue pour son système d’éducation et de travail extrêmement rigide, et son corollaire de fort taux de suicide, et pour avoir la plus faible natalité au monde (le paramètre principal étant le coût exorbitant nécessaire à l’éducation d’un enfant).
Lee Syng-man, qui proclame la République de Corée une première fois depuis Shangaï pendant la colonisation japonaise, en devient le premier président en 1948. Mais c’est sous la dictature militaire qui suit le coup d’Etat de la junte en 1961, et sous l’égide de Park Chung-hee, que le pays se modernise considérablement. C’est à cette période que sont créés les groupes Samsung, Hyundai, ou encore LG, ces conglomérats industriels appelés chaebols qui dominent aujourd'hui les marchés de la téléphonie, de la 5G, et des semi-conducteurs. La puissance de ces grands groupes, une stratégie d’exportation efficace et une politique économique volontariste sont les trois facteurs qui ont mené à cette situation économique favorable (Dominique Barjot). En 1988, Séoul accueille les Jeux Olympiques, occasion de se montrer au monde et d’affirmer son ouverture à l’international. Elle voit également la démocratie reprendre le pouvoir après une forte mobilisation de la jeunesse. Ces évolutions majeure se font en parallèle de celle de la capitale, Séoul, aujourd'hui 4ème ville la plus riche au monde. Construite de part et d’autre du fleuve Han, on y retrouve au sud-ouest Gangnam, quartier riche et select que la chanson Gangnam style a fait connaître au monde entier en battant les records en 2012. Ce tube a fait office de véritable catalyseur dans l’exportation du hallyu, le soft power coréen. L’industrie musicale est dès lors propulsée à l’international, qui consomme aujourd'hui tant la musique que la cuisine, le cinéma, les séries, la mode, le taekwondo, la skin care… et participe grandement à la pérennisation de cette croissance économique unique.
Les relations entre les Corées – techniquement toujours en guerre car n’ayant jamais convenu d’un accord de paix – ont connu des fluctuations certaines, en passant notamment par des périodes de rapprochement qui ont suscité l’espoir. A partir de 1998, le président sud-coréen Kim Dae-Jung favorise ce réchauffement des relations au travers de sa « politique du rayon de soleil », qui vise à adoucir les relations en prônant la coopération. En découlent des avancées intercoréennes prometteuses, telles que la construction de deux complexes de coopération économique en 2002, la zone industrielle de Kaesong et la zone touristique de Kumgang, fruits d’un dialogue accru entre les dirigeants. Un an plus tard cependant, la Corée du Nord sortait du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).
L’année 2018 est un unique symbole de réchauffement en ce qu’elle cumule 3 sommets intercoréens, en parallèle d’un arrêt de lancers de missiles nord-coréens, et d’une pause des exercices militaires conjoints entre Sud-Coréens et Américains. Les Etats-Unis s’étaient alors présentés comme interlocuteurs de la Corée du Nord, jusqu’au sommet de Hanoi en février 2019. Ce dernier devait réunir les chefs d’Etat Donald Trump et Kim Jong-un, mais se somma par un échec des négociations, et la reprise des essais balistiques au nord.
La situation géopolitique de la péninsule repose ainsi sur un cercle vicieux de montée de tension autour de la question du nucléaire. L’année 2010 compte à elle seule le torpillage de la corvette sud-coréenne Cheonan par la Corée du Nord causant 46 morts, ainsi que l’attaque de l’île de Yeonpyeong responsable de 4 morts dont 2 morts civiles. Consciente de l’infériorité de ses capacités militaires conventionnelles, la RPDC continue de développer ses capacités nucléaires et balistiques, quitte à violer les résolutions des Nations unies et voir s’accumuler les sanctions à son encontre. Mais il semblerait qu’elle joue davantage de la menace qu’elle ne la veuille voir aboutir à une guerre. En cause : le besoin de constituer une menace contre la menace extérieure. En effet, Pyongyang n’a pas oublié les bombardements et menaces américaines du début des années 1950, et se sent réellement en danger face à la présence occidentale au sud de la péninsule. Mais plus que cela, les sanctions internationales et exercices militaires conjoints avec les Etats-Unis au sud sont un moyen pour Pyongyang d’insister sur cette menace constante de l’Occident, considérée comme la source première de la légitimité du régime nord- coréen. La survie du régime politique, qui ne résisterait très probablement pas à une ouverture sur l’extérieur, est ainsi assurée par le développement des capacités balistiques et nucléaires. Faisant face à de fortes difficultés économiques, le développement du nucléaire constitue par ailleurs une précieuse monnaie d’échange pour le nord (Guylain du Puytison). Le pays parvient à peser dans les relations et à obtenir des concessions de ses adversaires (retrait d’armes américaines, livraison de pétrole, distribution alimentaire…) contre une retenue dans la poursuite de ses recherches ; jusqu’à ce que celles-ci reprennent. Aujourd'hui, le monde s’inquiète non seulement de la menace du nucléaire dans la région, mais surtout des risques de prolifération qui en découlent. Les Etats-Unis se sentent également davantage en danger, les capacités balistiques de Pyongyang menaçant d’atteindre le territoire américain.
Dans ce climat, les limites imposées à la Corée du Sud concernant le développement du nucléaire ont connu une levée progressive ces dernières années. La question dépasse aujourd'hui les clivages politiques pour s’ériger en sujet de sécurité nationale. Cette volonté avait émergé sous la dictature militaire, mais les négociations avaient abouti à la signature par la République de Corée du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) en 1968. Le pays reste soutenu financièrement par les Etats-Unis dans le développement des capacités militaires, qui assurent par la même occasion leur présence dans la région. Récemment, les discussions sont réalimentées suite au lancement d’un satellite espion par la RPDC. Le sud a réagi à cette provocation par la suspension partielle de l’accord militaire intercoréen, obtenu dans le cadre des sommets intercoréens de 2018, ce à quoi le nord a répondu en y mettant officiellement fin ce 23 novembre 2023. A ce jour donc, l’accord par lequel s’étaient achevées les discussions entre dirigeants en 2018 n’est plus. Malgré le soutien des Etats-Unis dans la région (système de défense antimissiles américain THAAD installé depuis 2017), la crainte du sud réside dans la profonde asymétrie créée par le développement accru des capacités au nord. En 2022, 70% de la population sud-coréenne est favorable au développement d’un programme nucléaire national plutôt qu’à la présence américaine sur son territoire. Le président actuel Yoon Seok-Yeol n’exclut pas penser à la dotation de l’arme nucléaire si les menaces au nord « deviennent plus sérieuses ». Faut-il y voir une volonté du gouvernement de crédibiliser la dissuasion vis-à-vis du nord ? D’enfin s’émanciper des puissances étrangères ? Ou bien de faire pression sur la Chine et les Etats-Unis pour œuvrer à la dénucléarisation du nord ? La récente invasion de l’Ukraine par la Russie ajoute probablement à la peur sud-coréenne, qui y voit un territoire qui avait renoncé à sa puissance nucléaire en 1994 (The Diplomat, janvier 2023). Même si certains experts considèrent qu’un retrait de la Corée du Sud du TNP n’aurait pas de graves conséquences juridiques et diplomatiques, cette solution demeure néanmoins peu probable pour le moment, étant donné le risque d’escalade important en cas d’annonce d’un tel revirement. Il faut comprendre que le sud cherche surtout à assurer sa protection, étant donné que son accord avec les Etats- Unis ne garantit pas explicitement une riposte américaine en cas d’attaque du nord. Les Etats-Unis soutiennent davantage le développement de capacités conventionnelles car la menace de riposte nucléaire perd en crédibilité face aux développements nucléaires nord-coréens et chinois. Les forts éléments de dissuasion mettent le doute sur les réelles possibilités de dégénération du conflit (Timothy Wright). Ce qui inquiète surtout, c’est « l’erreur humaine » (Sebastian Harnish) qui pourraient engendrer une crise trop grave. Face à cette menace constante, la dépendance des deux Corées à leurs alliés extérieurs se retrouve encore renforcée. Par ailleurs, sujettes à une méfiance mutuelle forte et à une difficile diversification des partenaires étrangers – en raison de la compétition entre Etats-Unis et Chine qui renforcent leur influence dans la région –, les perspectives d’un gain d’autonomie pour les deux sœurs ennemies se trouvent fortement réduites (Antoine Bondaz). A l’international, la méfiance envers la Corée du Nord, et notamment Kim Jong-un, est elle aussi toujours aussi prégnante. La démonstration de force est certes interprétée comme un signe de faiblesse politique et économique, mais n’en demeure pas moins inquiétante et démesurée dans la dernière décennie, largement relayée dans les médias.
L’impossible réunification ?
Dans ce contexte, où en sont les avancées pour la réunification de la péninsule ? La réunification est l’objectif pour les deux Etats de rassembler la nation coréenne sur son territoire après des années de séparation. Elle est corrélée au sentiment de victimisation et d’utilisation de la péninsule par les grandes puissances, idée que l’on retrouve dans l’expression de « nationalisme victimaire » (Lim Jie-Hyu). Tourner le dos à la réunification ne semble pas envisageable pour cette raison qu’il s’agit d’un devoir envers la nation. Mais alors que les Corées œuvrent depuis des décennies à établir un rapprochement, le chemin est tumultueux et le doute grandit quant à la réalité d’une réunification prochaine.
Tout d’abord, les deux Etats se perçoivent chacun comme la Corée légitime. C’est ce qui avait dès 1950 amené le Nord à envahir le Sud, puis à creuser des tunnels d’agression sous la frontière, dérogeant à l’Armistice de 1953. Aujourd’hui encore, bien qu’il existe de chaque côté un ministère dédié à la réunification, les dialogues fructueux sont rares. Une méfiance mutuelle forte s’est enracinée entre les deux Etats, ce qui rend difficile d’entériner un quelconque accord durable. La déclaration commune de 2000, qui a défini un compromis entre les volontés du nord et du sud, est suivi en 2003 du retrait de la Corée du Nord du TNP. Alors que les dirigeants signent en octobre 2007 une déclaration commune sur la paix, l’incident de la touriste sud-coréenne tuée par un Nord-Coréen sur le site de Kumgang marque un nouveau coup d’arrêt dans les relations intercoréennes. Chaque avancée diplomatique semble être freinée par la suite avec un pas en arrière, et une réalimentation des tensions militaires.
Un aspect essentiel, qui constitue sûrement le challenge le plus important en cas de réunification, est la division de la nation elle-même. Car si parler de Corée au singulier a peu de sens depuis 1945, le monde se trompe en n’en distinguant que deux. Chaque Etat se considère comme la Corée légitime et souveraine : ainsi au sud, on distingue Hanguk (Corée du Sud) et Pukhan (Nord de la Corée) ; au nord, il s’agit de Choson (Corée du Nord) et de Nam Choson (Sud de la Corée du Nord). Valérie Gelézeau identifie justement quatre Corée plutôt que deux, cela sans compter la diaspora coréenne, s’élevant à plus de 9 millions de personnes. En cas de réunification, cette diaspora devrait endosser le rôle de médiateur pour la réunification politique et ethnique de la péninsule, les deux Etats ne souhaitant pas d’ingérence étrangère dans le processus (Valeriy S. Khan). Au-delà de ces considérations, le nord et le sud ont développé des caractéristiques très différentes depuis 7 décennies : leur langue, leur culture et leur mentalité s’éloignent jour après jour de leurs racines communes. Il suffit de voir la difficile intégration des 30 000 réfugiés nord-coréens dans la société Séoulite ; victimes de discrimination, l’écart de mentalité est très marqué entre un citoyen du nord et du sud. Les deux populations ne partagent plus les mêmes mœurs, ni la même vision de leur histoire, sans compter leur quotidien drastiquement opposé entre ouverture au monde capitaliste au sud, et culture fermée se voulant traditionnelle au nord. Certains évènements ont toutefois marqué les esprits, témoignant de forts moments d’unité de la nation (équipe commune aux Jeux Olympiques). Cependant les populations jeunes sont de moins en moins enclines à la réunification. En 2013, seulement 19,3% de la jeunesse sud-coréenne (40% chez les générations supérieures) considère les Nord-Coréens comme des semblables et non des voisins. Et lorsqu’il est demandé aux élèves de primaire, collège et lycée s’ils pensent que l’unification est nécessaire, 31,7% répondent non. Cette méconnaissance de l’autre s’est accrue en raison de la forte herméticité de la frontière, qui en est d’autant plus renforcée chaque jour, et empêche tout échange entre les populations. La question de la réunification n’occupe pas réellement le débat public ni les esprits au quotidien, qui ont de plus en plus ont tendance à penser qu’elle n’est ni souhaitable, ni nécessaire.
Les perspectives de réunification reposent ainsi sur des relations complexes entre les deux Corées, mais aussi au-delà de la seule péninsule. En effet l’année 1945 a marqué l’engagement durable des puissances étrangères dans la région. Les deux Corées ont exprimé à plusieurs reprises leur volonté d’émancipation des puissances étrangères dans ce litige, et ce depuis leur première déclaration conjointe le 4 juillet 1972. Mais en réalité, ces puissances étrangères jouent un rôle incontournable dans les relations géopolitiques de la péninsule, et se réunissent souvent pour en discuter lors des pourparlers à six (Corée du Sud, Corée du Nord, Chine, Etats-Unis, Japon, Russie).
La Corée du Nord semble, plus que le sud, dépendre de ses relations extérieures, étant donnée sa difficile situation économique. Le partenaire privilégié de Pyongyang n’est autre que Pékin, avec qui elle est liée par un traité de défense mutuelle depuis 1961. La Chine est son premier partenaire économique et joue un rôle essentiel dans le maintien en vie du pays, notamment en le fournissant en pétrole et en assurant un commerce via la frontière et les importations. Mais cette relation ne fonctionne évidemment pas à sens unique : la Chine a tout intérêt à alimenter la Corée du Nord, territoire qui lui sert de « zone tampon » avec le sud et l’Occident. L’influence de la Chine dans la péninsule, qui s’était amoindrie avec sa défaite contre le Japon en 1895, s’est ensuite renforcée avec la chute de l’URSS. Elle a besoin de la Corée du Nord pour maintenir son influence et la stabilité dans la région, et agit ainsi en faveur de son ostracisation. Par ailleurs, le pays renferme une forte diaspora coréenne concentrée dans certaines villes clés : elle ne voudrait pas risquer le ravivement d’un nationalisme en cas de réunification. Les deux Etats sont, en somme, de véritables « otages mutuels » (Antoine Bondaz).
La Russie quant à elle, qui partage une courte frontière avec la Corée du Nord, y voit non seulement un partenaire stratégique pour des raisons semblables à la Chine, mais aussi un partenaire militaire. Après la chute de l’URSS, l’alliance Moscou-Pyongyang de 1961 devient caduque. Cependant, les années récentes ont vu s’opérer un rapprochement entre les deux régimes, si bien qu’un sommet a réuni les dirigeants Vladimir Poutine et Kim Jong-un le 13 septembre dernier, trinquant à la « lutte sacrée » contre l’impérialisme occidental (The Economist). Toutes deux contraintes par les sanctions internationales, elles trouvent un certain intérêt à échanger. Alors que Kim Jong-un soutient son homologue dans la guerre qu’il mène en Ukraine avec une vente d’armes conventionnelles, il reçoit une aide russe dans le développement de ses capacités balistiques. C’est ainsi que le dirigeant nord-coréen annonce en novembre 2023 avoir reçu l’aide de son partenaire russe dans le lancement de son satellite espion.
La Corée du Sud est quant à elle soutenue par l’Occident, et notamment les Etats-Unis. Leur relation historique n’a cessé de se renforcer, notamment suite au soutien américain au sud dans la guerre de Corée. Les mémoriaux sont nombreux et commémorent pour beaucoup le rôle du général MacArthur, figure phare de la « victoire » contre l’envahisseur du nord. Aujourd'hui encore, la langue, la nourriture et les habitudes sud-coréennes sont parsemées de l’influence américaine. Les Etats-Unis sont aussi les premiers protecteurs du sud qui a renoncé à l’arme nucléaire : soldats et dispositifs d’armement (système antimissile THAAD) américains sont disposés sur le territoire sud-coréen à titre préventif. Cette alliance stratégique dans la péninsule est un véritable atout pour la puissance nord-américaine. La menace nord- coréenne est en effet un bon moyen pour les Etats-Unis de maintenir des troupes sur un territoire proche de leur premier rival en Asie orientale, Pékin. En cas de réunification, le maintien des troupes n’aurait plus lieu d’être. Qu’il s’agisse de Pékin ou Washington, la stabilité de la région est en jeu, ce pourquoi le statu quo est préférable.
La réunification serait, selon les estimations, un réel coup de force pour la péninsule : la combinaison efficace d’une puissance technologique au sud et d’une main d’œuvre bon marché au nord représenterait un territoire au fort potentiel de développement économique. La Chine comme les Etats-Unis risqueraient de voir leur influence décroitre fortement dans la région, et le Japon subirait quelques soucis économiques. De plus, les scénarii de réunification étant multiples, il est difficile de spéculer sur la potentielle couleur politique d’une péninsule unifiée. Qu’il s’agisse des Etats-Unis, du Japon ou de la Chine, il est plus prudent de jurer par un tien vaut mieux que deux tu l’auras.
Scénarii pour le futur de la péninsule
Face à cette situation complexe et agitée, des perspectives et schémas d’évolution de la péninsule sont imaginés à l’international. L’un d’eux est la potentielle guerre intercoréenne, qui reprendrait après des années d’Armistice. La peur d’une invasion par la Corée du Nord est bien moins forte (voir inexistante) que dans les années 70, époque à laquelle elle était plus prospère que le sud. Le nord, puissance nucléaire, a de réels moyens militaires (force navale et aérienne plus développées qu’au sud) et un nombre important de forces armées (on rappelle que le service militaire en Corée du Nord s’élève à 9 ou 10 ans pour les hommes, 7 ou 8 pour les femmes). Son artillerie pourrait causer de réels dégâts, et ce notamment à Séoul, proche de la frontière. Le sud dispose de capacités de bien meilleure qualité, ainsi que de systèmes d’armement forts, et est soutenu par les Etats-Unis et le Japon. Cependant ce scénario ne convainc pas vraiment : le coût de la guerre serait très important, la péninsule en sortirait en extrêmement mauvais état, et personne ne souhaite une telle instabilité dans la région.
La chute du régime nord-coréen est aussi souvent envisagée par la communauté internationale. Mais elle ne se pose en réalité pas sur le terrain : le régime est présenté démocratique, et ses fondamentaux sont restés les mêmes depuis sa création. Les élites sont conscientes qu’une chute du régime signifierait l’absorption par le sud, et donc la fin de leur statut ; elles n’ont ainsi pas d’intérêt à voir le régime s’effondrer. De plus, la relation Pyongyang-Pékin reste aujourd'hui très forte. Cette alimentation par la Chine et la force de dissuasion nucléaire de la Corée du Nord lui servent de bouclier face à une potentielle chute entraînée par l’extérieur : les sanctions internationales, coupures des canaux de communication intercoréens et mouvements d’opposition ont beau être bien réels, ils ne vont pas assez loin pour risquer de dégénérer en une crise sans retour.
Enfin, on pourrait imaginer une absorption consentie de la Corée du Nord, sur le même schéma que la réunification allemande en 1989-90. Toutefois, bien qu’elles aient toutes deux subi une séparation territoriale par l’extérieur en 1945, la Corée et l’Allemagne se sont retrouvées dans une situation bien différente par la suite. La coopération bilatérale entre les Corées est faible, et la volonté au nord de rejoindre le sud est moins importante en raison d’une forte propagande, et d’une frontière bien moins poreuse qu’elle l’était en Allemagne. L’éloignement entre les sociétés a eu le temps de se creuser davantage, jusqu’à avoir une vision différente de leur histoire, et de voir grandir une nouvelle génération qui n’est pas touchée par le sujet de la même façon. Par ailleurs, le coût de la réunification par absorption serait extrêmement élevé : la mise à niveau de la qualité de vie des Nord-Coréens à 80% de celle des Sud-Coréens coûterait jusqu’à 5000 milliards de dollars (Joseph H. Chung et Yoon Cheol-ki). Enfin, il manque dans ces relations des dirigeants en faveur de la réunification comme le furent Willy Brandt ou Gorbatchev, ainsi qu’une volonté des puissances étrangères. Si elles espéraient voir l’Allemagne réunifiée pour tenir un rôle de leader en Europe, la Corée réunifiée n’est pas de bon augure pour les puissances étrangères, qui pour le moment tirent toutes leur épingle du statu quo.
De toute manière, le gouvernement sud-coréen ne compte pas opérer de réunification par absorption, mais souhaite poursuivre une unification pacifique reposant sur les principes de liberté et de démocratie (Article 4 de la Constitution de la République de Corée). Ainsi, les présidents sud-coréens ont tour à tour œuvré pour un rapprochement progressif des Corées. Roh Tae-Woo (Président sud-coréen 1988- 1993) imaginait une phase de réconciliation et de coopération, puis de Commonwealth coréen, débouchant sur une réunification. Puis la célèbre « politique du rayon de soleil » du Président Kim Dae- Jung (1998-2003) promouvait un processus long accompagné de rencontres au sommet ainsi qu’inter ministérielles, et fondé sur la non-agression, non-intervention de la communauté internationale dans la réunification, et reconnaissance mutuelle de la souveraineté des régimes. Le nord a envisagé un rapprochement en ce sens, et accordé une hypothèse de gouvernement central commun à toute la péninsule pour les questions de défense et de diplomatie, mais des gouvernements régionaux au nord et au sud pour le « bien-être du peuple ». Cela suivait les mêmes principes de non ingérence et de coopération énoncés par les présidents Roh et Kim. Mais une fois de plus le climat de méfiance mutuelle ne permet pas d’avancer suffisamment. Le président actuel Yoon Seok-Yeol, issu du parti conservateur de Corée du Sud, est moins favorable à un dialogue amical avec la Corée du Nord que certains de ses prédécesseurs, et souhaite avant tout assurer la protection de son pays. Il développe néanmoins une politique pour la réunification, appelée « initiative audacieuse ». Elle repose sur trois principes exposés dans le Unification White Paper publié par le ministère de l’unification sud-coréen : aucune tolérance pour la provocation militaire, le développement de relations intercoréennes mutuellement bénéfiques, et la préparation de fondations pour une unification pacifique. L’objectif de cette initiative est d’œuvrer pour la dénucléarisation de Pyongyang tout en apportant une aide dans la modernisation de l’économie nord-coréenne et l’amélioration du quotidien de sa population. Cette politique se rapproche du scénario qui demeure le plus probable pour la péninsule sur le long terme : une intégration progressive. En passant par une coopération et une collaboration sur le plan économique entre les deux Etats souverains, un meilleur dialogue politique peut s’envisager, et permettre de convaincre les acteurs de la région des bienfaits de la réunification de la péninsule au long terme. Cela laisserait aussi le temps de réduire les coûts de la réunification avec une préparation du terrain au préalable. Et quand bien même il n’y aurait pas de réunification, il serait bénéfique de faire entrer progressivement les valeurs du marché en Corée du Nord pour se préserver d’une déstabilisation brusque de la région, et éviter la chute du régime (Guylain de Puytison). Une modification progressive des paramètres économiques et idéologiques semble ainsi l’issue la plus probable et favorable sur le long terme.
Conclusion
En somme, la réunification ne détient pas encore les moyens de son ambition. Elle fait difficilement son chemin, rencontrant des embûches sur les fronts économique, politique, stratégique et diplomatique, mais aussi culturel et sociologique. C’est un sujet complexe, extrêmement coûteux, auquel s’ajoute la culture différenciée entre des populations qui ne se considèrent plus vraiment comme unique nation, une méfiance importante entre les deux Etats, et un manque d’intérêt de voir les choses évoluer chez les puissances étrangères environnantes. Elle ne présente pas non plus une priorité imminente pour la communauté internationale, qui se retrouve très occupée avec la guerre en Ukraine et la guerre Israël-Hamas. Les tensions entre grandes puissances se voient par la même ravivées, entraînant une désunion à l’ONU (la Chine et la Russie se sont opposées à la condamnation du programme balistique nord-coréen en mai 2022, qu’elles avaient l’habitude de soutenir). Si la réunification peine à progresser, la guerre n’est pas non plus ni souhaitée ni prometteuse, ce qui laisse à penser que la situation de statu quo est celle qui perdurera pour le moment. La question des droits humains en Corée du Nord manque également cruellement de soutien à l’international, et doit être prise en compte dans l’hypothèse d’une ouverture des frontières et d’une intégration politique. Il semblerait qu’une évolution de la situation ne serait de mise qu’en présence de forts changements de conjoncture économique ou politique, qui imposeraient d’eux-mêmes de repenser la situation. Aussi, tout simplement, le caractère humain de ces relations pourrait faire bouger les choses. Consciente que le rapprochement avec les Etats-Unis peut difficilement passer par le dialogue avec son administration, et réticente à discuter avec le Président Biden, la Corée du Nord pourrait espérer réengager les négociations avec Donald Trump, s’il était amené à reprendre la présidence américaine en 2025.
SOURCES
Articles scientifiques
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Publications
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Articles de presse et Editos
Corée du Nord contre Corée du Sud, la spirale de la course aux armements (france24.com)
La Corée du Nord a reçu l'aide de la Russie pour le lancement de son satellite espion (france24.com)
Autres supports
Reportage Arte, « Corée du Nord : les hommes des Kim », publié le 27 novembre 2022. url : (42) Corée du Nord : les hommes des Kim | ARTE Reportage - Prix Albert Londres 2018 - YouTube
Arte, « Corée du Sud : le demi-pays a trouvé sa voie », Le dessous des cartes, publié le 13 mai 2023. url : Corée du Sud : le "demi-pays" a trouvé sa voie - Le dessous des cartes | ARTE (youtube.com)
Histoire d’en Parler – Conférence intitulée « Géopolitique de la Corée du Nord », invité Antoine Bondaz, publiée le 23 mai 2020. url : (42) Antoine Bondaz - Géopolitique de la Corée du Nord - YouTube