La chute des Al-Assad en Syrie : fin de la stabilité ou vent d'espoir ?
La chute des Al-Assad en Syrie : fin de la stabilité ou vent d'espoir ?
Par Jan Debrauwere, étudiant en 2ème année (FG)
Dans la journée du 27 novembre 2024, des vidéos d’échanges de feu urbains circulent sur les réseaux sociaux, elles concernent la Syrie. La ville d’Alep, chef-lieu du gouvernorat d’Alep dans le Nord-Ouest du pays, semble être l’endroit d’un affrontement entre l’armée fidèle au régime et Hayat Tahrir al-Cham (« Organisation de libération du Levant »). Ce qui pouvait donner l’impression d’une simple escarmouche n’en est pas une. Encore inconnue du grand public, cette milice étonne alors par l’efficacité avec laquelle elle met les Forces armées syriennes en déroute dans la deuxième plus grande ville du pays. L’air de rien, cet événement est l’un de ces moments d’apparence anecdotique qui révèlent les possibles à ceux qui prennent l’Histoire en main, un de ces moments où tout s’accélère et où l’immobilisme vraisemblablement acquis est écarté par l’action.
En effet, les événements s’enchaînent à une vitesse record, le régime du clan Assad, qui avait surmonté les soubresauts de la guerre civile pendant plus d’une décennie, sombre en une poignée de jours. Le 8 décembre, le règne mortifère des Assad n’est plus, à la place, une myriade de milices, groupuscules, ethnies et acteurs en tout genre donnent à croire qu’un vœu optimiste est envisageable pour la Syrie. Dans l’ensemble, la société civile communie autour du soulagement et de l’espoir. Elle fête dignement la fin d’une dynastie autoritaire et célèbre le drapeau de la rébellion syrienne qui flotte au-dessus des foules en liesse. Scènes impensables il y’a encore quelques jours.
Néanmoins, aux sentiments de joie succède la préoccupation – légitime – de l’après. Parmi les « libérateurs » de la Syrie, Abou Mohammed al-Joulani de son nom de guerre, chef de Hayat Tahrir al-Cham (HTC), tire son épingle du jeu ; c’est sa milice qui a assumé la partie décisive des opérations jusqu’à reprendre Damas. La prise en main du processus de transition par cet homme cristallise rapidement les inquiétudes : à la tête d’un groupe armé réputé islamiste, lui-même issu des rangs d’Al-Qaïda, de l’État islamique (EI) puis d’al-Nosra ; les minorités ethniques, les femmes et les urbains laïques ont des raisons d’interroger leur optimisme. Mais c’est bien depuis la communauté internationale que les paniques morales se déchaînent le plus, les questionnements justifiés quant à la confiance qu’il faut accorder à HTC font parfois place à des postures idéologiques et complaisantes à l’égard de l’ancien régime. Chez les plus obstinés, la crainte passionnelle de l’islamisme radical pousse à revendiquer que, du temps des Assad, la Syrie vivait au moins une période de relative stabilité, dévoyée par l’irruption et la victoire du djihadisme sous toutes ses formes.
Cet argument du moindre mal ne résiste pas à l’épreuve des faits, car si instabilité il y a en Syrie, elle a été créée par des années de gouvernance sciemment chaotiques, selon la devise « Diviser pour mieux régner ». Résumer la transition syrienne – alors que le champ des possibles reste encore ouvert – à une entreprise uniquement islamiste et socialement rétrograde, c’est d’une part ne pas respecter la mémoire de décennies d’opprimés, d’autre part ne pas reconnaître à la société syrienne son agency (1) et son aspiration à la paix, en dehors des fausses promesses dont l’EI constitue le funeste précédent. Sans verser dans la naïveté quant aux forces qui supervisent la transition en Syrie aujourd’hui, le propos de l’article sera de restituer le désordre impliqué par la politique de Hafez Al-Assad et de son fils Bachar Al-Assad entre 1971 et 2024, tout en étudiant les origines et l’identité du groupe HTC, pour finalement décrire les tenants d’une transition au carrefour des possibles.
(1) Agentivité en français, faculté d'action d'un être, sa capacité à agir sur le monde, les choses, les êtres, à les transformer ou les influencer.
Récemment, parmi ceux qui vitupèrent le renversement du clan Assad, on a coutume d’entendre que la Syrie va désormais connaître son lot d’instabilité, que l’ancien régime savait contenir tant bien que mal. Mais c’est oublier que c’est plutôt mal que bien que Hafez Al-Assad et Bachar Al-Assad ont successivement gouverné leur pays. Le tout est de retranscrire le chaos engendré par la politique de ces deux hommes.
Hafez Al-Assad : un tyran résolu (1971-2000)
À l’origine, rien ne destinait la Syrie à l’enfer qu’elle connaîtra pendant plus d’un demi-siècle. En effet, dans les années 1960, le régime syrien prend racine dans les germes du baasisme, une idéologie panarabe qui, du constat d’un déclin généralisé du monde arabe, prône l’unité des cultures dans un État fort et laïque. Après la dissolution de l’éphémère République arabe unie (1958-1961), Hafez Al-Assad, jeune militaire baasiste, en profite pour entreprendre un coup d’État avec succès en 1963. Si dans l’immédiat il ne dispose pas de l’entièreté du pouvoir – dévolue de facto à un triumvirat (2) de confession alaouite dont il fait partie –, l’éviction de la vieille garde bassiste, des éléments druzes de l’armée et de son partenaire Salah Jedid permet au natif de Qardaha de devenir président de la République syrienne en 1971.
À rebours des idées reçues, le fondateur de la dynastie Al-Assad institutionnalise dès ses débuts l’instabilité syrienne. L’état d’urgence, décrété à partir de 1963, ne sera levé qu’en 2011. Et cette période ne fait pas l’économie des conflits de rue – régulièrement sur fond de luttes confessionnelles –, des purges partisanes et des emprisonnements politiques. Le conflit latent entre la priorité nationaliste et la solidarité à l’égard du peuple palestinien participe aussi du déséquilibre ; à la fois territorial du fait de l’annexion du plateau du Golan par Israël et politique au regard de la valse des coups d’États. Ajoutons à ce tableau les difficultés rencontrées par l’armée lors de la guerre civile libanaise (1975-1990), le déchaînement d’attentats terroristes orchestrés par les Frères Musulmans contre le régime et le massacre de Hama diligenté par les troupes gouvernementales en 1982. Hafez Al-Assad, à sa mort en 2000, ne peut se targuer d’avoir rendu à la Syrie une paisible destinée.
Au contraire, c’est dans le dessein de ne pas rompre avec le désordre qui règne, et qui lui permettait d’asseoir son autorité, que son fils Bachar Al-Assad est parachuté, malgré lui, digne successeur dynastique.
(2) Association de trois personnalités de poids égaux qui s'unissent pour diriger.
Bachar Al-Assad ou le « boucher de Damas » (2000-2024)
Naturellement, le désordre accumulé entre 1971 et 2000 essouffle la société syrienne lorsque Bachar devient président de la République. Signe que les choses vont mal, la minorité alaouite – qui a su profiter des largesses du clan Assad depuis trois décennies – se plaint du marasme économique et des inégalités, à l’instar de la grande majorité sunnite du pays abandonnée volontairement par le régime sur la même période. Le baasisme n’a pas tenu ses promesses initiales.
Aux premières heures de Bachar, le peuple s’éprend d’un espoir de libéralisation. De retour d’un séjour estudiantin à Londres, où il a rencontré sa femme, le nouveau dirigeant favorise l’investissement privé et désenclave l’économie du traditionnel pré carré étatique, voulu par le baasisme. L’amnistie accordée à certains prisonniers politiques participe de cet espoir collectif. Néanmoins, le « printemps de Damas » ne dure pas sous la pression, dit-on, des cadres alaouites du régime qui ne craignent qu’un vent de changement se lève sur la Syrie.
Résolu à tenir une ligne régionale perturbatrice à l’image de son père, le président syrien entretient l’ingérence dans le pays du Cèdre (3) voisin en exerçant une influence décisive sur ses institutions politiques et militaires. On attribue notamment à la Syrie l’assassinat du premier ministre Rafiq Hariri en 2005. Et, malgré le conflit israélo-libanais de l’été 2006, Bachar dérégule les transferts d’armes entre l’Iran et le Hezbollah par l’intermédiaire de son territoire, faisant ainsi de la milice islamiste chiite une menace stratégique au Levant (4) et une force politique tenace au Liban.
Néanmoins, c’est bien le phénomène des « printemps arabes » qui donnera l’occasion aux Assad de faire la démonstration de leur violence inouïe et destructrice. Deraa, ville au sud de la Syrie, est le point de départ du cycle de protestation qui prend fin le 8 décembre 2024. Un groupe d’adolescents, qui contestait l’assise autoritaire du pouvoir, y subit des actes de torture au mois de mars 2011. Le tollé que provoque cet évènement pénètre la société syrienne comme une tâche d’huile, si bien que c’est une véritable guerre civile qui s’enracine dans le pays, faite de désertions, d’ingérences étrangères et de conflits religieux.
Sans faire une description exhaustive des actions chaotiques du clan Assad pendant cette période, on peut en résumer quelques-unes qui interrogent une supposée stabilité de l’ancien régime syrien.
Alors qu’une opposition politique organisée se dresse face à Bachar Al-Assad et que la lutte armée fleurit dans les grandes villes, le dirigeant prend le pari de radicaliser la rébellion en décidant la libération de 260 prisonniers islamistes de la prison de Sednaya. Cet acte cynique produit l’effet escompté, puisque la remise en liberté de ces cellules salafistes est une opportunité pour l’État islamique en Irak (EII) qui s’empresse de les encadrer avec un nouveau groupe en Syrie : al-Nosra. L’Armée syrienne libre (ASL), bras armé de la première opposition politique, doit désormais composer avec des factions dont le but est d’établir une gouvernance islamique.
Mais le creusement de l’instabilité ne s’arrête pas là. Décidé à reprendre la main sur son fief, le président syrien fait appel à ses alliés : l’Iran, le Hezbollah et la Russie. Le régime des mollahs transfère 4000 de ses combattants à Damas, tandis que son proxy libanais défend les alentours de Homs. Vladimir Poutine, lui, sécurise le littoral alaouite et entreprend des campagnes de bombardements meurtrières à l’encontre des populations civiles en rébellion ; l’armée russe prend le soin de dissimuler soigneusement ses attaques derrière la menace djihadiste.
Le crime le plus retentissant de Bachar Al-Assad reste le franchissement de la fameuse « ligne rouge » formulée par Obama. En 2013, l’armée syrienne fait usage d’armes chimiques contre sa population – notamment dans la Ghouta orientale près de la capitale – mais les pays occidentaux restent figés et n’interviennent pas. Ces massacres au gaz de chlore et au sarin sont reconduits en 2017 dans le gouvernorat d’Idlib.
Pour ajouter du désordre au désordre, l’ensemble de ces exactions crée un appel d’air pour les filières djihadistes internationales – européennes par exemple – qui voient l’occasion d’une quête morale et religieuse contre un gouvernement sanguinaire. Cependant, l’EI, installé maintenant à Raqqa, ne tarde pas à entrer dans un conflit armé avec les autres rebelles (ASL, Ahrar al-Sham, etc). L’émir du groupe, Abou Bakr al-Baghdadi, se concentre davantage sur ses conquêtes territoriales que sur le renversement du régime syrien.
Cette mosaïque complexe provoque inéluctablement des effets en Occident : l’Europe est d’abord frappée par un flux massif d’immigration, puis, comme on le sait, par une vague d’attentats à partir de 2014. Sans revenir sur son organisation et ses crimes, l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) connaît son acmé en 2014 avec la prise de Mossoul et sombre sous les coups de boutoir d’une coalition internationale appuyée par des unités armées kurdes (YPG) en 2017.
En somme, si, comme le rappelle François Hollande en 2015, « [Assad est] à l’origine du problème et ne peut pas faire partie de la solution », c’est bien lui qui sort indemne de ces affrontements kafkaïens, alors que les résidus de la rébellion sont écrasés à Alep par le régime en 2016.
La politique employée par le régime de Damas et ses affidés aura, jusqu’au bout, entretenu des troubles irréversibles à l’échelle d’un pays, d’une région, voire au-delà. Les cendres ne pouvaient gouverner éternellement, à supposer que le germe de l’espoir soit suffisamment digne de confiance.
(3) Le Liban.
(4) Région qui comprend traditionnellement les anciens mandats français (Syrie et Liban), mais qui inclut aussi la Palestine, la Jordanie, la Mésopotamie et l'Égypte.
II. HTC : subterfuge djihadiste ou pragmatisme politique ?
Le cessez-le-feu entré en vigueur en mars 2020 dans le gouvernorat d’Idlib, sous l’égide de la Russie et de la Turquie, favorise une désescalade qui va profiter à la rébellion, et notamment à sa tranche islamiste. En effet, après la reconquête des derniers bastions dissidents en 2018, la géométrie du rapport de force est figée en Syrie. C’est l’occasion pour un groupe armé de repenser sa stratégie contre le régime en place : Hayat Tahrir al-Cham. Objet de toutes les inquiétudes depuis le 8 décembre 2024, un effort de décryptage est nécessaire pour saisir ses aggiornamentos depuis sa création.
Sur les traces d’Abou Mohammed al-Joulani
Né Ahmed al-Charaa, l’actuel dirigeant de la transition syrienne est issu d’un cheminement très improbable entre les mouvances islamistes en vogue au Moyen-Orient depuis les débuts de la War on Terror amorcée par le président George W. Bush des suites du 11-Septembre.
Effectivement, très tôt sensibilisé par la seconde intifada palestinienne, Ahmed al-Charaa décide de partir pour l’Irak lorsque les États-Unis s’entêtent à renverser le régime de Saddam Hussein en 2003. Engagé aux côtés d’Al-Qaïda, il passe par les prisons américaines d’Abou Ghraib et de Camp Bucca où il rencontre le futur émir de l’État islamique en Irak (EII), Abou Bakr al-Baghdadi. Une fois libéré, il continue la lutte armée dans le giron cette fois de l’EII, qui le propulse chef des opérations dans la province de Ninive, au Nord-Ouest irakien. Aucun alibi ne semble alors suffisant pour effacer un tel pedigree.
Toutefois, al-Charaa, de son désormais nom de guerre Abou Mohammed al-Joulani, profite des bouleversements en Syrie pour prendre son indépendance. Comme décrit plus haut, la libération de prisonniers islamistes des geôles de Bachar Al-Assad – au début de la guerre civile syrienne – pousse Abou Bakr al-Baghdadi à vouloir étendre ses conquêtes. Dans cette perspective, il charge al-Joulani de prendre secrètement le commandement des cellules islamistes syriennes contre Damas : situation d’où va naître al-Nosra.
Alors que le groupe terroriste opère sans liens officiels avec l’EII voisin, l’émir irakien proclame unilatéralement l’existence d’un grand État islamique en Irak et au Levant (EIIL ou Daesh) en 2013, faisant le pont entre al-Nosra et l’EII. C’est le début d’une guerre fratricide. Al-Joulani récuse cet élargissement sous la houlette de al-Baghdadi et convoque pour cela l’avis de al-Zawahiri, l’émir d’Al-Qaïda, censé chapeauter les deux organisations. Le successeur de Ben Laden tranche : pour al-Nosra la Syrie, pour l’EII l’Irak, mais l’EIIL n’a pas lieu d’être. Par un jeu de communiqués publics, l’État islamique et Al-Qaïda consomment leur rupture ; al-Baghdadi veut maintenir l’EIIL.
Si Daesh dispose d’une meilleure dynamique qu’al-Nosra dans leurs aventures respectives en Syrie, un fossé de sang se creuse tout de même entre les deux groupes qui enregistrent une série de combats. Mais les palinodies d’al-Joulani ne s’arrêtent pas là ; d’un commun accord avec al-Zawahiri, il désaffilie al-Nosra de sa maison mère, al-Qaïda, en 2016. Certains y voient alors le début d’une tentative de notabilisation du premier, qui fait maintenant prendre à son organisation le nom de Front Fatah al-Cham, l’objectif final étant le rapprochement avec les autres formes de rébellion en Syrie et le relâchement de la pression du contre-terrorisme occidental sur ses hommes.
Cette stratégie fonctionne puisqu’en 2017 al-Joulani prend la direction de Hayat Tahrir al-Cham, groupe qui rallie les fidèles du chef de guerre à diverses factions rebelles n’entretenant pas de liens avec les mouvances qaïdistes et dont le seul objectif affiché est le renversement du régime de Bachar Al-Assad.
S'ensuit alors une longue « traversée du désert » entre 2017 et 2024, où HTC se retrouve enfermé dans la poche d’Idlib avec ce qui reste de rébellion, encerclé par les forces loyalistes au gouvernement et harcelé par les réduits d’un EI aux abois. Dominant la résistance dans cette enclave, le cessez-le-feu de mars 2020 est le moment choisi par al-Joulani et ses compagnons d’armes pour affermir leur assise territoriale et faire leur introspection.
L’administration de la poche d’Idlib par HTC
Le projet d’HTC est limpide et il prouve son efficacité lors de l’équipée de décembre 2024 : développer une administration et des institutions suffisamment solides dans la poche d’Idlib afin de les étendre le moment venu dans les territoires libérés.
Pour mener à bien son plan, l’une des premières actions d’al-Joulani est de se débarrasser de toutes les formations islamistes qui appellent de leur vœu au djihad global et qui se trouvent à portée de son groupe. Avant même la conclusion du cessez-le-feu de mars 2020, HTC participe à l’arrestation de membres éminents de l’EI. En ce sens, l'expert en djihadologie Aaron Y. Zelin indique que, paradoxalement, le groupe d’al-Joulani s’emploie à une forme de « contre-terrorisme » contre l’EI, alors même que HTC est toujours présent sur les listes d’organisations terroristes de nombreux pays. Ce combat se poursuit après 2020 et ne manque pas de toucher aussi les filiales d’Al-Qaïda en Syrie. Faits marquants : lorsque les forces spéciales américaines conduisent un raid contre Abou Bakr al-Baghdadi en 2019 dans une cache proche d’Idlib, HTC n’intervient pas ; ni en 2022, lorsque cela concerne al-Qourachi, son successeur à la tête de l’EI. Le groupe paye d’ailleurs le tribut d’avoir condamné les sphères du terrorisme international et de s’en être émancipé, puisque son numéro deux est assassiné par l’EI en avril 2024. Tout ceci n’est donc pas uniquement de la communication.
L’organisation de HTC se ramifie pour établir une véritable gouvernance dans la province d’Idlib. La preuve en est que la lutte contre l’EI et Al-Qaïda n’est pas menée par la branche militaire du groupe, mais par une institution désignée pour cette tâche, le General Security Service (GSS). HTC se dote même d’une école militaire afin d’harmoniser l’approche tactique et opérationnelle de ses combattants. Par ailleurs, la plupart des éléments du groupe ayant encore des accointances avec les mouvances djihadistes mondiales sont soit purgés, soit éliminés.
Au-delà du sécuritaire, al-Joulani investit bien des domaines et assure l’administration civile des territoires dans un gouvernement de salut syrien : il participe à la construction de routes, à des projets d’approvisionnement en eau, rencontre des délégations de cheikhs tribaux, tente de trouver des solutions pour les déplacés et fait rendre une justice indépendante.
Pour répondre aux difficultés posées par le tremblement de terre de février 2023, comme pour la crise de la Covid-19, l’administration d’Idlib fait preuve d’une réelle capacité d’adaptation en montant des organes interministériels comme le comité d’intervention d’urgence.
L’effort des rebelles de HTC n’efface pourtant pas leur identité, qui reste islamiste à bien des égards, mais dont le pragmatisme dénote des organisations terroristes au regard desquelles elle est encore assimilée. C’est l’objectif d’une nouvelle Syrie qui guide l’action d’al-Joulani depuis qu’il a intégré al-Nosra au début de la guerre civile, au détriment de la lutte contre les éléments non islamistes de la rébellion qu’ordonnaient les califes de l’EI. L’appellation Hayat Tahrir al-Cham est d’ailleurs évocatrice, en ce que le « Cham » désigne pour les Syriens non pas le « Levant », mais la région de Damas. Les soutiens d’HTC voient dans le djihad global l’origine des maux dont souffre la Syrie aujourd’hui, même si à la différence des buts ne correspond pas forcément une différence de méthode.
Le séisme de février 2023 est néanmoins l’occasion pour certains journalistes de se rendre sur place afin d’observer l’expérience singulière d’Idlib et de s’entretenir avec ses acteurs. Wassim Nasr, journaliste à France 24, note que la radicalité confessionnelle d’HTC est tempérée par une prise en compte sinon bienveillante des minorités, au moins conciliante. Par exemple, la communauté druze d’Idlib n’a pas été convertie de force au sunnisme, al-Joulani leur a garanti le libre exercice de leur religion, tout en soutenant le soulèvement des druzes dans le Sud de la Syrie en coordination avec son propre mouvement.
Si la démocratie n’est pas en vogue à Idlib entre 2017 et 2024, ce n’est pas pour autant un système totalitaire islamiste qui y règne. Wassim Nasr constate que les femmes conduisent et ne portent pas nécessairement le voile intégral, pas de police islamique, le drapeau de la rébellion syrienne est brandi (contraire à la pratique des mouvements djihadistes qui n'adhèrent pas aux luttes nationales), les habitants fument, etc.
Cela étant posé, force est de reconnaître – en dehors de toute appréciation morale sur l’identité du groupe – que l’administration de la poche de résistance d’Idlib par HTC a permis à son chef, al-Joulani, de bénéficier d’une base arrière très structurée dans l’hypothèse d’une offensive de grande ampleur contre le régime du clan Assad.
III. Une transition au carrefour des possibles
Ainsi, au 27 novembre 2024, les fronts syriens sont fidèles à un statu quo depuis presque 5 ans, mis à part quelques escarmouches. L’état du rapport de force, symptomatique de la fragmentation héritée des choix de Bachar Al-Assad, est tout à fait chaotique. Pour bien se le représenter, il est indispensable de se procurer une carte datant d’avant les opérations.
Une fenêtre d’opportunité historique
Le fait est que l’offensive rebelle vers Damas amorcée le 27 novembre 2024 est le fruit d’une configuration très singulière, dont on ne peut pas encore faire la restitution exhaustive. Cependant, quelques facteurs déterminants peuvent être considérés ; et pour mieux saisir cette fenêtre d’opportunité il s’agit d’abord de faire une photographie de la géométrie des forces à la veille de l’offensive.
À l’échelle des parties prenantes proprement syriennes, on distinguait cinq zones d’influence en Syrie : les territoires acquis au régime de Bachar Al-Assad dans le désert de la Badiya, sur le littoral alaouite et sur l’axe Alep-Hama-Homs-Damas le long de la route internationale M5 ; la poche d’Idlib adjacente à la frontière turque dans le Nord-Ouest syrien ; l’administration kurde à l’est de l’Euphrate sous le contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS) ; l’opposition pro-turque de l’armée nationale syrienne (ANS) dans le Nord ; et quelques cellules de l’EI ici et là.
Légende de la carte :
Rouge : régime de Bachar Al-Assad.
Vert : rebelles islamistes.
Jaune : territoires FDS.
Violet : ANS et armée turque.
Noir : État islamique.
Bleu : rebelles de l’ASL.
À ce tableau, il faut ajouter la présence d’acteurs étrangers très hétérogènes. En effet, les États-Unis conservent une empreinte militaire de 900 hommes, notamment sur les territoires kurdes du Nord-Est, afin d’assurer la surveillance des cellules djihadistes dormantes. En outre, il ne faut pas négliger le concours de contingents russes à la défense des alentours de Damas et du littoral syrien. L’Iran joue aussi un rôle notable dans la défense des intérêts du régime Assad, en assurant l’imperméabilité des fronts d’Idlib et des réduits de résistance à Deraa, et ce par le biais des milices chiites, des gardiens de la révolution et du Hezbollah libanais. La Turquie, enfin, occupe des zones tampons dans le Nord du pays, aux côtés de ses soutiens de l’ANS, dans l’optique d’écarter les Kurdes loin de ses frontières.
Ce faisant, avant l’offensive, le morcellement des intérêts est total, mais une dynamique s’observe. Jusque-là, ce qui permettait le déploiement des proxys de l’Iran (Hezbollah, forces Al-Quds, etc.) en Syrie, avec l’assentiment tacite des occidentaux, était la lutte contre l’État islamique. Néanmoins, l’affaiblissement du djihadisme dès 2017 puis les événements successifs au 7 octobre 2023 rendent la coalition plus attentive à l’Iran. Ce repositionnement se manifeste par la mort du général iranien Qassem Soleimani dans une frappe américaine en 2020 et par l’attrition considérable du Hezbollah dans les campagnes de bombardement israéliennes en Syrie et au Liban. Lorsqu’un accord de cessez-le-feu est trouvé entre Israël et le Hezbollah le 26 novembre 2024, ce dernier n’est plus en mesure de tenir les fronts syriens.
L’usure profonde de « l’axe de la résistance » iranien est concomitante au désengagement de la Russie. La guerre déclenchée en Ukraine en 2022 capte une partie substantielle de l’armement russe et de sa main-d’œuvre militaire, de sorte que la flotte d’aéronefs qui avait sauvé Bachar Al-Assad et son armée de la déroute initiale de 2012-2013 s’est totalement désagrégée.
La Turquie, elle, ne s’est jamais vraiment accommodée de son voisin syrien, ni de la rébellion portée par al-Joulani dans la zone d’Idlib. Si Erdogan tentait encore d’améliorer ses relations avec Assad avant le bouleversement du début décembre 2024, l’offensive d’HTC lui a coupé l’herbe sous le pied. Le président turc s’est décidé à ce que ses supplétifs de l’ANS prennent part au combat tout en profitant du désordre pour harceler les positions kurdes au nord d’Alep.
Ces éléments combinés ont débouché sur une fragilisation des fronts, d’où la prise éclair d’Alep, Hama, Homs et enfin Damas entre le 27 novembre et le 8 décembre, grâce à l’action combinée d’HTC, des rebelles druzes au sud et des restes de l’ASL (5). Les voisins de la Syrie n’ont pas jugé opportun d’aider Bachar Al-Assad, la Ligue arabe ayant intégré qu’il ne disposait d’aucune agentivité en dehors du soutien iranien, dont elle voulait d’ailleurs le soustraire. La Russie n’a pas daigné intervenir non plus, tandis que le Hezbollah n'en a pas été capable matériellement.
(5) Bras armé de la première opposition politique aux Assad en 2011, rapidement supplanté par d’autres groupes plus extrémistes.
Un vent d’espoir pour la Syrie ?
Dès lors, contrairement à ce que certains attestent, le soulèvement du mois de décembre reste une initiative syrienne ; le rôle joué par la Turquie et les monarchies du Golfe est minime face à la force motrice de ce changement : l’espoir, pour les Syriens et les Syriennes, de retrouver dans leur pays une paix éternellement écartée.
Signe que la lutte d’HTC n’a pas été instrumentalisée par une puissance étrangère : le matériel utilisé pendant l’offensive est très rudimentaire, au pire de l’armement soviétique d’un autre temps, au mieux des drones à réacteur de confection artisanale et du matériel lourd récupéré auprès de l’ennemi à mesure de l’avancée. De plus, d’après Wassim Nasr, HTC n’aurait opéré que sur fonds propres, c’est-à-dire sur les ressources de la poche d’Idlib – dont l’économie a fleuri pendant les dernières années avec l’afflux de déplacés – et les donations des Syriens émigrés.
La victoire d’HTC naît aussi de l’espérance qu’inspire son pragmatisme. De fait, souvent, l’armée loyaliste, mal payée, ne combat pas, car le groupe d’al-Joulani organise des campagnes de défections en relation avec les officiers ennemis. En sus, un centre de sécurité et de défection s’occupe de larguer des tracts sur les villes qui ne sont pas encore libérées – « Votre vie est plus importante », peut-on lire. Ceux qui désertent l’armée d’Assad ne sont ni exécutés, ni blessés, et ne sont pas menacés de représailles ; presque aucune exaction n’est recensée pendant la percée vers Damas.
De surcroît, les rebelles tiennent compte du précédent irakien en évitant une « débaasification » automatique de l’armée et des institutions de l’ancien régime. Une fois le nouveau gouvernement de transition mis en place, les nouveaux hommes forts de la Syrie formulent leur volonté d’intégrer tous ceux qui le souhaitent dans une nouvelle armée syrienne unifiée. La dissolution de tous les groupes armés rebelles – dont HTC – le 29 janvier 2025 va dans ce sens.
Prudemment, la Syrie prend le chemin de la stabilité, en rupture avec la gouvernance chaotique des dernières décennies. Rien n’est encore acquis. Toutefois, une première victoire régionale semble assurée, car la chute de Bachar Al-Assad sonne – théoriquement – la fin de l’axe logistique qui reliait jusqu’alors l’Iran au Liban en passant par les territoires irakiens et syriens, de quoi diminuer durablement le Hezbollah et autres milices affiliées qui déstabilisaient la région.
Le cas kurde est plus épineux. Comme le rapporte l’universitaire Aaron Y. Zelin, si HTC a assuré pendant l’offensive que le combat se concentrait exclusivement contre le régime de Damas, tout en soutenant l’égalité des Kurdes avec le reste des Syriens, l’Armée nationale syrienne ANS (en violet sur la carte) a tiré parti du désordre pour les chasser vers l’est du pays, au-delà de l’Euphrate.
Les supplétifs turcs ont pris les villes stratégiques de Tall Rifaat et de Manbij en s’appuyant notamment sur le ressentiment arabe vis-à-vis des Forces démocratiques syriennes (en jaune).
Le souvenir de la lutte kurde contre l’EI a laissé des traces dans certaines familles arabes de la région, dont les fils ont parfois combattu dans les rangs de l’organisation terroriste. La question kurde, longtemps suspendue à des rigidités ethniques, trouve pourtant aujourd’hui la voie d’un potentiel apaisement. Le 10 mars 2025, une feuille de route est adoptée entre Ahmed al-Charaa et Mazloum Abdi – le leader des FDS – pour une intégration à terme des institutions civiles et militaires relevant de l’administration autonome kurde dans le nouvel État syrien. L’accord ne précise pas encore les modalités de cette démarche, ce sera un enjeu capital dans l’avenir d’une Syrie unifiée.
À l’échelle nationale, le gouvernement de transition syrien dirigé par Mohammed al-Bachir – un proche de al-Joulani – cherche désormais la formule de la stabilité. Afin de dissiper l’appréhension, le président de la transition, ancien chef d’HTC, a lui opté pour la stratégie de la cravate et un retour à son nom de naissance : Ahmed al-Charaa.
Les avancées sont encourageantes, l’équipe dirigeante alterne entre conférence de dialogue national et tournée diplomatique dans les pays du Golfe. À Dubaï, le ministre intérimaire des Affaires étrangères, al-Chaibani, assure que « [le futur gouvernement] représentera autant que possible le peuple syrien et prendra en compte sa diversité ». Une déclaration à corréler avec d’autres décisions concrètes, comme la récente composition du comité chargé de réfléchir à la forme constitutionnelle de la transition. Ce dernier inclut sept membres avec des profils éclectiques : Cédric Labrousse note la présence d’un spécialiste du droit international, remarqué pour son combat en faveur des libertés individuelles et collectives, d’un spécialiste du dialogue intercommunautaire et d’anciens membres de la Coalition nationale syrienne ; un organe de coordination des mouvements d’opposition distant d’HTC pendant la guerre civile. La déclaration constitutionnelle du 13 mars confirme, au moins dans la forme, cette ouverture. Les citoyens sont égaux en droit, les discriminations fondées sur le genre et la religion sont interdites, les libertés fondamentales (expression, opinion, presse) sont protégées. Une Assemblée du Peuple est aussi prévue en attendant une constitution permanente tandis que la période de transition est fixée à cinq années. Reste à voir si ces garanties ne seront pas vidées de leur substance à terme.
Toutefois, le défi politique n’éclipse pas encore le défi sécuritaire auquel les nouvelles autorités font encore face. Les événements de début mars 2025 interrogent leur aptitude à assurer durablement l’ordre en Syrie. La répression de l’insurrection armée des loyalistes dans la région côtière a pris la forme d’une épuration menée par certaines forces de sécurité du gouvernement de transition. Pendant les combats, des civils ont été exécutés sommairement par les deux camps, de quoi jeter l’opprobre sur la nouvelle armée syrienne et embarrasser la justice transitionnelle voulue par Ahmed al-Charaa. D’après les premières analyses, ce manque de discipline des anciens rebelles viendrait des hardliners d’HTC et surtout de supplétifs proturcs dont la dissolution n’a pas été effective. En filigrane, malgré les condamnations immédiates de Damas, ce qui se joue dans le Nord-Ouest syrien est la prévention du dangereux amalgame entre alaouites et insurgés pro-Assad. L’enjeu plus général pour la Syrie est la capacité du pouvoir à superviser ses franges les plus extrémistes et les déçus du pragmatisme (combattants étrangers, ANS, ceux qui ont refusé de s’intégrer à la nouvelle armée, etc), mais aussi à faire face aux attaques de désinformation qui lui ont directement attribué des tueries qu’il s’efforce de contrecarrer.
Ce défi sécuritaire implique aussi la maîtrise des frontières. Loin d’être tout à fait débarrassé de la question libanaise, le gouvernement doit essuyer les plâtres de l’ancien régime et de sa relation accommodante vis-à-vis de l’ingérence du Hezbollah sur son territoire. Une relation dûment entretenue par le trafic de captagon : une drogue de synthèse que Bachar Al-Assad a fait circuler dans tout le Moyen-Orient et qui a valu à la Syrie le surnom de « narco-État ». Les hauteurs de la frontière libano-syrienne sont donc un point d’achoppement de plus pour les forces de sécurité d’Ahmed al-Charaa.
Les atteintes à la souveraineté syrienne concernent également le voisin israélien. Fidèle à sa politique impérialiste, il a saisi l’occasion de la chute des Assad pour s’emparer du mont Hermon, avancer sur le plateau du Golan et demander la démilitarisation des provinces de Quneitra, Deraa et Souweïda dans le Sud. Benjamin Netanyahou n’hésite pas à entretenir la division syrienne en se portant cyniquement garant de la sécurité des druzes – nombreux dans ces régions – mais pas forcément hostiles au nouveau régime qui se met en place.
La mosaïque syrienne porte bien son nom, l’enchevêtrement des minorités, des acteurs et des intérêts sont autant d’écueils endiguant l’optimisme premier du 8 décembre 2024. Si la Syrie se situe à un carrefour des possibles, les impasses sont légion.
Conclusion
Somme toute, après avoir décrit le demi-siècle d’oppression et d’obscurantisme sous les Al-Assad, après avoir retracé les atermoiements de al-Joulani et de son groupe HTC dans la poche d’Idlib, après avoir listé les enjeux de la situation présente, que peut-on conclure ? Il nous reste, semble-t-il, à faire le pari de la société syrienne. Sans donner de jugement péremptoire sur l’avenir que dessine la transition, chacun doit faire l’effort, surtout en Occident, à ne pas tomber dans les récits simplistes qui résument les uns à des djihadistes sanguinaires et les autres à des tenants de la stabilité. Faire le pari de la société syrienne, c’est lui reconnaître son agentivité, lui reconnaître aussi la résilience dont elle a fait preuve pendant 14 ans de guerre civile et 50 ans de tyrannie, et comprendre donc qu’elle cherche résolument la paix. Éviter le piège – populiste – qui consiste à voir la politique étrangère au travers de notre politique intérieure, c’est peut-être se donner l’opportunité d’une compréhension réaliste des évènements. Et puis, regarder la Syrie au prisme de l’Irak de 2003 est sûrement contre-productif, car la situation est tout autre, la libération n’implique manifestement pas un acteur étranger (pas de manière décisive en tout cas) : elle est le fait des Syriens. Finalement, le peuple syrien, il l’a démontré, se réjouit de la chute de Bachar Al-Assad ; il doit maintenant espérer que le vent de ce « printemps des peuples » ne conduise pas trop rapidement vers l’automne des princes, car la Syrie n’est pas une cause perdue.
Bibliographie :
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Gilles Paris, « Dans la Syrie d’Hafez Al-Assad, la dynastie à tout prix », Le Monde, 6 février 2025.
Hélène Sallon, Madjid Zerrouky, « « Demain, il n’y aura plus un seul homme vivant dans mon village » : en Syrie, des habitants témoignent des tueries visant la minorité alaouite », Le Monde, 9 mars 2025.
Madjid Zerrouky, « À la frontière libano-syrienne, les combats font rage entre la nouvelle armée syrienne et les miliciens libanais », Le Monde, 10 février 2025.
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Aaron Y. Zelin, “The Patient efforts behind Hayat Tahrir al-Sham’s Success in Aleppo”, War on the Rocks, 3 décembre 2024.
Aaron Y. Zelin, “Jihadi ‘Counterterrorism:’ Hayat Tahrir al-Sham Versus the Islamic State”, CTC Sentinel, février 2023, volume 16, numéro 2.
Médiagraphie :
Alexandre Jubelin (animateur), Wassim Nasr (invité), « Syrie/Assad : les dessous de l’effondrement militaire », Le Collimateur, 10 décembre 2024, Binge Audio. https://podcasts.audiomeans.fr/le-collimateur-3a69405a3ad8/syrie-assad-les-dessous-de-l-effondrement-militaire-2f2517e4559c
Andrzej Klamt (réalisateur), Syrie – Les dessous du conflit, ARTE, 2020.
Wassim Nasr, « Syrie, Sahel : les mutations du djihadisme », conférence à l’École de guerre, 25 février 2025.
Jean-Pierre Perrin, « Abou Mohammed al-Joulani, le leader islamiste qui a fait tomber Bachar al-Assad », Mediapart, 8 décembre 2024 [Consulté le 28 février 2025].