Programmes d'études du Québec

Relations fédérales-provinciales

1945-1980: La modernisation du Québec et la Révolution tranquille

Après des années empreintes de conservatisme, le Québec entre, dans les années 1960, dans une ère d’affirmation alors que s’opère irréversiblement un changement dans les mentalités et sur le plan politique.

Jusqu’à la crise énergétique des années 1970, le Québec profite d’un contexte mondial favorable à son développement économique. Le commerce, continental d’abord, international ensuite, s’accroît. Les besoins du principal partenaire économique du Canada, les États-Unis, sont multipliés, entre autres, par la guerre froide qui l’oppose à l’URSS. Montréal perd sa suprématie financière et commerciale au profit de Toronto, qui accueille plusieurs Anglo-Québécois, particulièrement dans la décennie 1970, notamment à la suite du transfert de sièges sociaux.

La consommation de biens et de services diversifiés contribue plus que jamais à la croissance de l’économie : c’est le début de la société de consommation. Sous l’influence de la culture américaine, les modes de vie tendent à s’uniformiser.

Après avoir connu son apogée dans le premier tiers du 20e siècle, l’influence de l’Église catholique décline; progressivement, la société et les institutions québécoises se laïcisent. L’autorité morale du clergé est remise en question par la promotion et l’adoption de valeurs transmises par des artistes de diverses disciplines, des syndicalistes et des intellectuels ainsi que par certains médias de masse. La population rajeunit sous l’effet du bébé-boum. À la suite de la sédentarisation, le taux d’accroissement naturel est aussi en hausse chez les Autochtones. Leur culture s’effrite toutefois. Entre autres maux, la fréquentation obligatoire des pensionnats, dont l’existence est vouée à la propagation de la culture judéo-chrétienne et à l’assimilation des Autochtones au reste de la population canadienne, contribue à accélérer le déclin de certaines langues autochtones et à fragiliser le tissu social dans plusieurs communautés. Par ailleurs, les territoires ancestraux sont convoités par l’État, qui souhaite poursuivre le développement économique de la province. Les conventions établies avec les Cris, les Inuits et les Naskapis sont représentatives de la nécessaire conciliation entre l’État québécois et les Premières Nations et la nation inuite, au sein desquelles se profile une forme de nationalisme autochtone et émergent de nouveaux leaders.

Le bilan migratoire du Québec est positif. Les nouveaux arrivants, dont l’origine est de plus en plus diversifiée, s’installent majoritairement au cœur de la métropole, alors que plusieurs francophones vont peupler sa banlieue. Montréal présente un caractère cosmopolite et poursuit son anglicisation, plusieurs immigrants adoptant la langue anglaise, essentiellement pour des motifs socioéconomiques. En région, où l’exploitation des matières premières stimule l’économie, les producteurs profitent du développement de la technologie agricole. Les fermes prennent de l’expansion et bénéficient, entre autres, du programme d’électrification rurale pour accroître leur rendement.

La modernisation du Québec va de pair avec l’accès des femmes aux espaces d’ordinaire occupés par les hommes et une dévalorisation de leurs responsabilités traditionnelles. L’autonomie économique acquise par le travail effectué hors du foyer, particulièrement à partir des années 1960, offre aux femmes une plus grande liberté de choix. Des gains juridiques et sociaux en ce qui a trait au statut des époux, à la contraception, au divorce et à la maternité ponctuent la quête d’égalité. Les femmes font davantage entendre leur voix dans les revendications des travailleurs en cette période où culmine le mouvement syndical, qui se nationalise, se déconfessionnalise et s’anime. Les grèves d’Asbestos et de Murdochville de même que celles des employés des secteurs public et parapublic sont des exemples de l’intensité et de la complexité de certains conflits d’alors.

Reporté au pouvoir en 1944, Duplessis privilégie le libéralisme économique tout en perpétuant des politiques sociales conservatrices. Régionalisme et autonomie provinciale face à un État fédéral interventionniste motivent, entre autres, ses actions pendant près de quinze ans, que la mémoire collective rappelle fréquemment à l’esprit par l’expression grande noirceur. Le bref passage de Paul Sauvé annonce un renouveau qu’incarne, dans toute sa mesure, le gouvernement libéral de Jean Lesage, qui met en place, à la suite d’autres leaders occidentaux, les conditions nécessaires au passage à l’État-providence. Les questions nationales et celles des droits linguistiques, sur lesquels portent les projets de loi nos 63, 22 et 101, accaparent les actions et les débats des vingt années suivantes, les années 1960 marquant une rupture dans l’histoire du Québec.

Le Québec vit sa révolution tranquille. Fort d’un large consensus social, l’État québécois est l’instrument de l’accélération de la modernisation de ses institutions et de la promotion de l’identité québécoise. Les principes de l’État-providence sont soutenus par la création de ministères et de sociétés d’État et la professionnalisation de l’administration publique. Les réseaux de la santé et des services sociaux ainsi que le système scolaire sont réformés, des outils d’intervention en matière économique sont créés et une politique étrangère est adoptée, conduisant à la réouverture de bureaux du Québec à l’étranger, notamment à Paris et à Londres.

Les transformations socioéconomiques et politiques de même que les changements de mentalités sont les germes tout autant que les fruits d’un courant néonationaliste qui tourne le dos à un nationalisme traditionnel. Le vocable Québécois se substitue à celui de Canadien français. Le milieu culturel, doté d’une première politique, est effervescent avec les Pauline Julien, Félix Leclerc, Alfred Pellan, Mordecai Richler et Michel Tremblay, notamment. Certains artistes comme d’autres membres de la société, dont plusieurs jeunes hommes et femmes, se font porteurs du projet national. Montréal offre une fenêtre sur le Québec et le Canada à l’ensemble du monde avec l’Exposition universelle d’abord, puis avec les Jeux olympiques.

Au tournant des années 1970, sous la gouverne de Robert Bourassa au provincial et de Pierre Elliott Trudeau au fédéral, le Québec est le théâtre d’une radicalisation de certains nationalistes. La crise d’Octobre, qui conduit à l’imposition de mesures de guerre, divise le Québec. L’assassinat du ministre Pierre Laporte discrédite le Front de libération du Québec, sans toutefois couper court à la quête d’égalité et d’indépendance du Québec. Fondé à la suite de la création du Mouvement souveraineté-association, qui réunit des militants du Ralliement national et du Rassemblement pour l’indépendance nationale, le Parti québécois forme le gouvernement en 1976. Quatre ans plus tard, le sort du Québec dans l’ensemble canadien est remis entre les mains des Québécois, alors que le gouvernement de René Lévesque les consulte lors d’un référendum sur la souveraineté-association.

La caractérisation de la période 1945-1980 repose sur l’établissement et la mise en relation des éléments distinctifs qui en permettent la description. Elle conduit à l’établissement d’une chronologie cohérente révélant la succession des événements et nécessite la considération d’éléments géographiques utiles à leur compréhension. Elle révèle la perspective et l’apport des différents acteurs qui ont joué un rôle significatif dans le parcours de la société. Elle amène les élèves à lier entre elles plusieurs informations relatives aux différents aspects de société pour décrire comment étaient les choses dans le Québec de l’après-guerre et à l’époque de la Révolution tranquille.

L’interprétation a pour objet La modernisation du Québec et la Révolution tranquille. Elle amène les élèves à expliquer l’évolution des mœurs des Québécois au rythme de la transformation des institutions du Québec et du rôle de l’État. La réalité sociale évoque le changement, les transformations; elle met en valeur l’interaction entre les aspects de société et favorise l’arrimage entre l’histoire politique et l’histoire sociale. Le recours à une méthode d’analyse critique facilite l’analyse des changements et des continuités de même que celle des causes et des conséquences qui expliquent cette réalité. L’étude de la réalité sociale mène à la découverte de multiples perspectives dont la prise en compte permet d’assurer la validité de l’interprétation.


Fédération canadienne

  • Programmes fédéraux dans le domaine social
  • Continentalisation de l’économie
  • Commission Laurendeau-Dunton
  • Négociations constitutionnelles


Néonationalisme

  • Mouvement de décolonisation
  • Identité territoriale
  • Mouvement indépendantiste
  • Création du Parti québécois


Révolution tranquille

  • Mesures économiques et sociales progressistes
  • Création de ministères et de sociétés d’État
  • Réforme des institutions démocratiques
  • Protection de la langue française
  • Droits et libertés de la personne
  • Délégation du Québec à l’étranger
  • Déconfessionnalisation


Féminisme

  • Gains juridiques
  • Autonomie économique
  • Droits sexuels et reproductifs
  • Métiers non traditionnels et activités professionnelles


Affirmation des nations autochtones

  • Revendications territoriales et politiques
  • Reconnaissance des droits ancestraux
  • Politique indienne du Gouvernement du Canada
  • Gouvernance


De 1980 à nos jours: Les choix de société dans le Québec contemporain

Après son élection, en 1976, le Parti québécois intensifie, à la suite des gouvernements unionistes et libéraux, les mesures visant à permettre l’affirmation des particularités du Québec, dont la langue française. L’adoption du projet de loi no 101 met en lumière les enjeux culturels et linguistiques qui mobilisent les Québécois avant le référendum de 1980. Les décennies suivantes exposent les Québécois à d’autres enjeux complexes, de nature et d’ampleur variées. L’étude des conjonctures culturelle, économique, politique, sociale et territoriale révèle les circonstances dans lesquelles ont été, sont et seront faits les choix de société dans le Québec contemporain.

Le 20 mai 1980, près de 60 % des Québécois ayant voté rejettent la demande du gouvernement de lui octroyer le mandat de négocier la souveraineté-association. Selon un engagement pris pendant la campagne référendaire, le premier ministre Trudeau propose une réforme constitutionnelle aux gouvernements provinciaux. Au bout de plusieurs mois de négociation, alors que plane la possibilité d’un rapatriement unilatéral, le gouvernement fédéral rallie neuf des dix provinces, les demandes du Québec n’étant pas satisfaites. La Loi constitutionnelle de 1982, qui inclut la Charte canadienne des droits et libertés, est ratifiée en présence de la reine Élisabeth II mais sans représentant du Gouvernement du Québec, absent lors de la finalisation de l’entente.

L’élection des conservateurs de Brian Mulroney à Ottawa est le présage d’une possible réconciliation. Les libéraux, reportés au pouvoir au Québec en 1985, retiennent cinq conditions pour l’adhésion du Québec à la Constitution, dont la reconnaissance du caractère distinct de la société québécoise. Celles-ci sont largement discutées lors de la conférence du lac Meech, qui mène à un accord que ne ratifie pas l’ensemble des provinces, Terre-Neuve et le Manitoba n’ayant pas respecté le délai. Un ultime effort, par des référendums populaires cette fois, est également vain à la suite de l’accord de Charlottetown, en 1992.

L’échec de Meech relance la ferveur nationaliste. La commission Bélanger-Campeau et le rapport Allaire reconnaissent une légitimité à la cause souverainiste. Pendant la campagne référendaire de 1995, le Bloc québécois puis l’Action démocratique du Québec s’allient au Parti québécois dans la promotion du Oui. Le Parti libéral du Québec, le Parti libéral du Canada et le Parti progressiste-conservateur, mobilisés dans le camp du Non, se portent à la défense de l’unité canadienne. Les questions économiques et territoriales ainsi que l’évocation d’un refus de négocier par le gouvernement fédéral en cas de défaite nourrissent les débats. Les Québécois sont déchirés. Le 30 octobre 1995, l’option du Oui récolte 49,42 % des votes et celle du Non, 50,58 %. Le renversement des rapports de force et d’autres enjeux écartent l’essentiel de la question constitutionnelle dans les décennies suivantes, que marquent néanmoins des débats sur les compétences provinciales et les transferts fédéraux.

Dans les années 1980 et les suivantes, les périodes de croissance alternent avec les périodes de récession. La crise du début des années 1980 force la fermeture de mines et d’industries, entraînant du même souffle la dévitalisation de plusieurs localités. L’heure est aux économies d’échelle. Le secteur tertiaire gagne encore du terrain pendant que se développe l’économie du savoir. Les emplois précaires et à temps partiel se multiplient. Ils sont notamment occupés par des jeunes et souvent par des femmes, dont le rattrapage salarial et juridique n’est pas encore assuré malgré l’adoption de projets de loi et l’action des syndicats en ce sens. Alors qu’un courant néolibéral engendrant une redéfinition du rôle des États traverse l’Occident, les gouvernements québécois successifs interviennent dans certaines sphères pour le maintien des conditions socioéconomiques des Québécois, notamment en instituant le réseau des centres de la petite enfance et l’assurance parentale, soutenant ainsi l’accès des femmes au marché de l’emploi. Les déficits répétés conduisent néanmoins les gouvernements fédéral et provincial à une certaine forme de désengagement que la crise économique mondiale qui a commencé en 2008 contribue toutefois à freiner momentanément.

Le mouvement d’intégration dans lequel le monde est lancé se poursuit. Les échanges se mondialisent. Le Québec, dont l’économie profite de l’Accord de libre-échange nord américain (ALENA), n’échappe pas à la tendance. L’effacement des frontières est aussi propice à la diffusion des cultures et à celle des idées qu’accélèrent la démocratisation d’Internet, l’information continue et l’éclosion des réseaux sociaux. Les appartenances nationales sont davantage exposées; les relations internationales se complexifient. Les consciences s’ouvrent par ailleurs sur des enjeux jusqu’alors inconsidérés par les États. Les pluies acides et les changements climatiques préoccupent les autorités, qui doivent plus que jamais composer avec des impératifs de développement économique et la nécessité de limiter les effets de l’activité humaine sur les écosystèmes. Des événements singuliers tels que les inondations dans les régions du Saguenay–Lac Saint-Jean et de la Montérégie ainsi que la crise du verglas en rappellent aux Québécois la fragilité.

À la suite de la conclusion de l’Accord Canada-Québec, inspiré de l’entente Couture-Cullen de 1978, la population québécoise augmente essentiellement grâce à l’immigration, qui se fait souvent à la faveur d’immigrants francophones ou de langues latines. De nouveaux enjeux démographiques et générationnels se dessinent. Les femmes ont moins d’enfants et les ont plus tard. L’espérance de vie augmente; le vieillissement de la population exerce, entre autres, une pression supplémentaire sur le système de santé. Pour plusieurs populations autochtones, les conditions de vie dans les communautés, les villages inuits et les villes sont peu favorables : la population s’accroît, mais elle est en proie à d’importants problèmes sociaux; et les taux de scolarité et d’emploi sont peu élevés. Les mouvements d’affirmation et de revendication s’accentuent, notamment après 1990, année au cours de laquelle une dispute territoriale est à l’origine d’un conflit à Oka entre les Mohawks et les autorités fédérales et provinciales. Si la discrimination et les réticences à l’égard des Autochtones sont souvent vives, certaines initiatives, telles que la mise sur pied de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, permettent une meilleure compréhension du parcours des peuples autochtones.

Les attentats du 11 septembre 2001 ébranlent la conscience des Nord-Américains. Le début du 21e siècle est le présage d’une montée de l’individualisme et du pragmatisme politique et économique auxquels des mouvements citoyens font contrepoids, le développement économique du Québec, notamment, étant le prétexte d’actions militantes d’ampleur variées qui mobilisent diverses franges de la société civile. Au travers des questions de sécurité, de neutralité religieuse, d’éthique et de transparence qui se posent, le Québec des années 2000 est effervescent sur le plan culturel et technologique, où il se démarque à l’échelle internationale. Œuvrant pour la sauvegarde de son autonomie au sein du régime fédéral canadien, il tente la difficile conciliation des contraintes économiques et des attentes sociales.

La caractérisation de la période de 1980 à nos jours repose sur l’établissement et la mise en relation des éléments distinctifs qui en permettent la description. Elle conduit à l’établissement d’une chronologie cohérente révélant la succession des événements et nécessite la considération d’éléments géographiques utiles à leur compréhension. Elle révèle la perspective et l’apport des différents acteurs qui ont joué un rôle significatif dans le parcours de la société. Elle amène les élèves à lier entre elles plusieurs informations relatives aux différents aspects de société pour décrire comment étaient les choses au Québec à l’aube et au début du nouveau millénaire.

L’interprétation a pour objet Les choix de société dans le Québec contemporain. Elle amène les élèves à expliquer les circonstances culturelles, économiques, politiques, sociales et territoriales qui ont amené, qui amènent ou qui amèneront les Québécois à faire d’importants choix démographiques, environnementaux, technologiques, etc. La réalité sociale évoque le changement, les transformations; elle met en valeur l’interaction entre les aspects de société et favorise l’arrimage entre l’histoire politique et l’histoire sociale. Le recours à une méthode d’analyse critique facilite l’analyse des changements et des continuités de même que celle des causes et des conséquences qui expliquent cette réalité. L’étude de la réalité sociale mène à la découverte de multiples perspectives dont la prise en compte permet d’assurer la validité de l’interprétation.


Droits des Autochtones

  • Loi constitutionnelle de 1982
  • Crise d’Oka
  • Ententes et conventions
  • Commission de vérité et réconciliation du Canada


Statut politique du Québec

  • Référendum sur la souveraineté-association
  • Rapatriement de la Constitution
  • Accord du lac Meech
  • Commission Bélanger-Campeau
  • Rapport Allaire
  • Accord de Charlottetown
  • Référendum sur la souveraineté
  • Actions postréférendaires


Égalité hommes-femmes

  • Équité salariale
  • Parité
  • Conciliation travail-famille


Question linguistique

  • Langue d’affichage
  • Langue d’enseignement
  • Langues autochtones