Une fruitière est une société ou une association organisée pour la fabrication du fromage. Par extension ce nom est attribué au lieu où est fabriqué le fromage et à la personne qui peut être salariée pour sa fabrication.
Avant la création des fruitières, les Queyrassins fabriquaient chacun chez eux des fromages, les gavots. Chaque pièce de 6 à 7 kilos arrivait à maturité à l'automne et était écoulée en Provence, à Marseille où sa renommée de produit entièrement naturel était bien établie (Céleste Fournier, Queyras d'hier et d'aujourd'hui, 1997). On fabriquait aussi du beurre que les burriare allaient chaque semaine vendre à Guillestre et dans l'Embrunais.
Le bâtiment de la fruitière de Pierre Grosse a été racheté en 1921 à une famille pierre-grossine descendue habiter et travailler à Marseille, par un groupe de vingt et un éleveurs. Seule la partie ouest de ce bâtiment servait pour la collecte et la pesée. Il y a probablement eu des fromages fabriqués et mis à mûrir au sous-sol dans les caves voûtées. Par statut, ne pouvaient être co-propriétaires que les familles qui apportaient leur lait (plus le transporteur, à l'époque monsieur Garcin). Un seul héritier était autorisé à succéder à son père. De plus, seuls ceux qui continuaient à produire du lait avaient le droit de rester propriétaires.
extrait du film de Jean-Emile Jeannesson – Alpe 62.
Quand la fabrication des fromages a cessé, le lait de chacun des villages de la vallée a été transporté jusqu'à Ville-Vieille par monsieur Garcin. Puis les transporteurs Imbert et Audier (à raison d'une semaine sur deux) l'emmenait jusqu'à Montdauphin où il était chargé dans le train pour Briançon (laiterie Gravier), puis pour Gap (Nestlé) à partir de 1931.
En 1981 une fromagerie se crée à Arvieux (famille Caballe) : fabrication d'une sorte de vacherin, « le Queyras », d'un bleu et d'une tomme. Le lait est à nouveau collecté à la fruitière de Pierre Grosse ! (Mathieu et Serge Antoine, Le Queyras, 1995).
«Outre leur importance économique, les fruitières jouaient un grand rôle dans la vie sociale du village. C'est là que chaque soir surtout (le matin exigeant plus de rapidité) tous ceux qui allaient « couler » aux heures convenues attendaient, sans impatience aucune, de pouvoir verser à travers un tamis leur lait encore tiède dans l'énorme récipient suspendu au crochet d'une balance romaine. On entamait de petites discussions en attendant son tour ... Mais c'est surtout à l'extérieur, une fois les seaux vides (...) qu'on se racontait les dernières nouvelles, les derniers potins du village, qu'on décidait de la conduite à tenir face à tel organisme ou à l'administration ... » (Céleste Fournier, Queyras d'hier et d'aujourd'hui, 1997 ).
En 2023 la commune est devenue propriétaire du bâtiment (bien sans maitre ). Une association regroupant habitants et résidents secondaires a été créée aux fins de restaurer et de faire revivre ce lieu.
Montée au paturage : deux vaches Abondance suivies de deux vaches Tarine