Le haut du nouveau hameau du Coin
Le bas du nouveau hameau du Coin
Le nouveau village du Coin
Cette partie du village construite à partir des années 1970 est bien différente des autres villages du Queyras. C'est l'aboutissement d'un projet de développement touristique, mené dans les années 1960 pour freiner l'exode rural qui désertifiait la montagne. Philippe Lamour est à cette époque président de la Commission nationale de l'aménagement du territoire et, en 1965, il est élu maire de la commune de Ceillac. Il crée en 1966 dans le Queyras l’un des premiers syndicat intercommunal à vocations multiples et les sociétés d’intérêt collectif agricole qui seront dirigées par Alfred Moyrand, l’une en charge de la création du parc immobilier (SICA habitat), l’autre de la création et de la gestion des remontées mécaniques (SICA sport). Dans le cadre de la SICA habitat du Coin qui a fonctionné de 1964 à 1972, les habitants cèdent leurs parcelles de terrain pour permettre la construction d’immeubles collectifs ou de chalets individuels pour l’accueil des vacanciers. Ils reçoivent des parts sociales en échange de leur bien. La SICA obtient des subventions et peut souscrire des prêts. Les immeubles construits sont gérés par la société Queyras Résidence. D'autres touristes achètent des parcelles de terrain où ils construisent des chalets individuels et peu à peu le nouveau village du Coin prend forme.
M.Jean-Claude Catala nous apporte quelques précisions dans les lignes suivantes : "Le règlement du lotissement SICA imposait la création d'un commerce " de bouche " et d'une épicerie. Monsieur Leprivey ayant construit et ouvert l'épicerie, nous avons dû construire le restaurant en mitoyenneté. Après négociation avec la SICA habitat, dont le Directeur était Jean Victor Garcin, nous avons pu construire l'hôtel sur un terrain voisin séparé du restaurant par le chemin communal qui était le seul accès au vieux Coin avant la réalisation du lotissement. L'établissement, inauguré en décembre 1980, est baptisé " Le Cognarel ", nom dérivé du patois " lou cougnarel " qui veut dire l'homme du Coin. Dans les années 1985/1986 et devant la pénurie de logements destinés aux résidents permanents, la municipalité décide de céder un terrain communal à l'Office Départemental des HLM pour la construction de logements. Après un échange de terrains entre la commune et la SICA habitat le bâtiment HLM est construit devant l'hôtel le Cognarel. Après 25 ans de bons et loyaux services, la retraite fut la bienvenue en 2005. L'hôtel fut, par la suite, revendu en appartements par les nouveaux propriétaires."
Côté économique la construction de ce lotissement a enlevé aux agriculteurs de l'époque des terres faciles à cultiver car moins abruptes que celles qui dominent le village du vieux Coin. Mais comme nous le faisait remarquer un ancien du village, le développement du tourisme a permis de créer des emplois. Lui-même a été perchman pendant quarante ans et cela lui a apporté un complément de revenus. Dans un souci de concilier l’agriculture et le tourisme, on rénove les exploitations agricoles et on revitalise les services. On stimule la pluriactivité : agriculture, artisanat, commerces, accueils touristiques en privilégiant le tourisme social et en refusant le tourisme de masse. C'est une période faste pour le Queyras qui voit sa population se stabiliser, de jeunes couples s'installer. D'anciens chalets sont rénovés et transformés en locations saisonnières.
Les actionnaires de la SICA habitat n'ont pas eu des revenus des appartements pendant de longues années mais lorsque la société a été dissoute et les appartements vendus, ils ont pu constater une valorisation de leur bien .
Les Cimes, l'un des premiers bâtiments construits
Les Airelles
Les Carlines
Ce quartier est donc récent, les quelques immeubles de hauteur modérée qui y ont été construits respectent une architecture montagnarde où le bois est bien présent, et ne défigurent pas le site. Certains propriétaires particuliers ont installé sur leurs façades des cadrans solaires de facture très différente renouant avec les traditions ancestrales. On pourra toutefois remarquer que ces cadrans solaires sont fabriqués selon différentes techniques : certains utilisent la technique de la fresque, d'autres sont réalisés sur un support en bois ou sur de la lave émaillée.
Vous pourrez les retrouver en vous promenant dans le village.
Un visionnaire, Philippe Lamour
Philippe Lamour, élu maire de Ceillac en 1965, est l'instigateur des SICA DU Queyras (Sociétés d’Intérêt Collectif Agricole).
La création du Syndicat Intercommunal à Vocation Multiple (SIVOM) du Queyras, dès 1966, l’un des premiers en France, avait pour vocation de porter un véritable projet de développement touristique et s’appuyait sur deux Sociétés d’Intérêt Collectif Agricole (SICA) :
l’une en charge de l’équipement des domaines skiables, «la SICA sport »
l’autre en charge de la création de moyens d’hébergement, «la SICA Habitat», qui a réalisé le lotissement du Coin à Molines concentrant une part importante de la capacité d’accueil des stations.
La SICA habitat
Dès 1966, le Conseil Municipal décidait de prendre toutes les initiatives utiles pour que l'organisation de l'hébergement puisse s'effectuer au profit des Queyrassins et il imagina de créer une SICA destinée à construire et à gérer des locaux pour le compte de ses adhérents sur les terrains qu'ils apporteraient.
Le financement des constructions est assuré par une subvention globale de 20 % et des prêts complémentaires.
Cette SICA s'étend à l'ensemble des communes qui font partie du SIVOM ; elle est constituée en sections communales afin de permettre à chaque adhérent de contrôler directement et en permanence son activité et sa gestion. De plus, chaque opération entreprise sur un ensemble de terrains regroupés fait l'objet d'une comptabilité séparée et de décisions particulières prises avec l'accord des intéressés.
Cette SICA à laquelle adhèrent communes et particuliers assure deux rôles complémentaires : elle permet une restructuration du territoire et la constitution d'un plan d'ensemble de l'aménagement d'un lotissement constructible ; elle procède à la réunion de parcelles de terres appartenant à différents propriétaires. Ainsi, même de petites parcelles peuvent être valorisées et leurs propriétaires reçoivent en contrepartie de leurs apports des parts correspondantes à la valeur conventionnelle fixée. Les terrains ainsi constitués en copropriété sont viabilisés et construits avec l'aide de la commune par les soins de la SICA qui agit comme organisme de service.
Les constructions réalisées peuvent être destinées à la vente ou à la location. Dans le premier cas, la communauté des copropriétaires se répartit le montant de la vente ou effectue le partage en nature au prorata des parts ; la subvention remboursée est affectée à de nouveaux investissements sur lesquels est reporté le prêt du Crédit Agricole. Si les constructions sont destinées à la location, la SICA se met à la disposition des propriétaires pour offrir aux touristes la location des logements, pour en assurer la gestion et l'entretien, encaisser les recettes, payer les dépenses et régler les annuités des emprunts au Crédit Agricole avant de remettre le solde aux propriétaires.
De plus, si, par l'intermédiaire de la SICA, un propriétaire arrive à regrouper une superficie suffisante pour être constructible, un terrain équivalent en valeur peut lui être attribué, compte tenu de la valorisation résultant de la viabilité, pour y construire selon les conditions imposées par le plan d'urbanisme. Il peut aussi confier à la SICA le soin d'y construire et de gérer pour son compte des logements lui appartenant.
Le système est donc souple et permet aux propriétaires de ne pas céder leur terrain avant qu'il n'ait été valorisé par le développement de la station, sans pour autant être condamnés à demeurer passifs. La population, par l'intermédiaire de la SICA,, bénéficie directement de la plus-value acquise par les terrains.
A Ceillac, la SICA a mis en service 736 lits, elle a permis la construction de deux ensembles importants : le Cristillan et le Cheynet, en partie destinés à la location, en partie à la vente. Elle a également pris en charge les logements en chalets de l'Ochette destinés à la location et a dû intervenir pour aider les propriétaires à équiper rez-de-chaussée et dernier étage afin de permettre la mise en état définitive de l'ensemble des bâtiments et la possibilité d'en assurer la rentabilité par la location aux touristes.
La SICA exerce en outre son activité à Aiguilles où elle construit l'ensemble immobilier de la Chalp.
A Molines, elle aménage le quartier du Coin, à Abriès et Arvieux, elle prépare diverses opérations immobilières.
L'équipement d'hébergement dont se charge la SICA habitat doit se faire parallèlement à l'équipement sportif et notamment à l'équipement en remontées mécaniques.
La SICA habitat se charge enfin, avec l'aide des communes, d'une partie des travaux concernant les équipements municipaux. L'opportunité de ces équipements est parfois longuement discutée : ils doivent être prévus à la mesure des fréquentations de pointe et leur rentabilité est problématique pendant les autres périodes de l'année.