Une transaction à la Cime du Serre.
En 1892, une famille Allaix avec 3 enfants dont Etienne, 15 ans, habite l'actuelle Sousto, au 89, assez exigüe à l'époque, ouverte sur l'aval et peu pratique.
Au 185, juste au dessus du four banal, vit un homme âgé, un dénommé Brun, ancien forgeron. Il est seul et sans retraite, dans une maison beaucoup plus vaste, et de plain pied sur la rue.
Alors un échange de maisons a lieu devant notaire, avec une compensation financière: une ''soulte'' de 640 francs.
Double caset
On est en 1928. Etienne a hérité de la maison, puis l'a cédée à son fils Antoine. Celui-ci se marie, et, pour le confort du couple, il construit un caset (de 2 niveaux), accolé à l'original (de 3 niveaux), aligné avec la fuste et la rue...(on peut apercevoir le niveau supérieur de l'ancien dépassant du nouveau). Bien sûr cette construction a modifié la structure de la maison, et diminué sa valeur, en rendant aveugle une bonne partie de la maison. Elle a de plus caché la partie ancienne qui portait un cadran solaire, et supprimé la "court ", ce qui a beaucoup contrarié Suzanne, la mère d'Antoine.
Pierres du temple
1953 : juste au-dessus, au n° 205, la maison est inoccupée. Antoine la loue à une famille Alberge de Toulon, pour y entreposer son foin et ses brebis, mais elle est en ruines. Il la rachète et la restaure, murs et fuste.
Actuellement cette maison comporte toujours, de chaque côté de la porte du garage, une grosse pierre de forme cylindrique, bien usée.
Ces deux pierres ne sont autres que des tronçons de colonnes provenant de la destruction du temple de Molines, à la révocation de l'Edit de Nantes (1685). A l'époque, tous les habitants qui restaient (catholiques), avaient rapporté chez eux quelques pierres en guise de trophées... Telle, probablement, cette base de pilier sur une autre maison, au 130, photo de droite.
205 Rue de la Cime du Serre
130 Rue de la Cime du Serre
Quartier du Serre, retour du pain - années 50
Maison typique de la vallée des Aigues - 130 rue de la Cime du Serre
Le Four
Construit au XVème siècle le four de la Cime du Serre est un des rares à avoir traversé le temps. (Fontgillarde a également conservé son four).
A l'époque, les habitants du quartier font le pain 3 à 4 fois l’an, la fournée de l'automne doit couvrir tout l'hiver!
On fait une cutche (tas de bois entrecroisé) à l'intérieur du four et la chauffe commence.
Le four doit atteindre environ 380°; pour savoir s’il est assez chaud on se repère aux pierres de la voûte, quand elles sont blanches jusqu’à environ 10 cm du fond, la température est atteinte.
Avant chaque fournée, les cendres sont enlevées à l’aide d’un rable (racloir en bois plat), puis la sole est nettoyée avec un penail (chiffon mouillé attaché à un long manche de bois). Quand la poussière est enlevée on remet le patard (chiffon qui ferme l’orifice de tirage) pour maintenir la chaleur.
Les pâtons, boules de pâte, sont ensuite disposés en arrondi en commençant par le fond. Chaque fournée comprend près de 120 pains d’environ 800g. Le temps de cuisson varie entre 1h et 1h30. On vérifie si le pain est bien cuit en tapant sur le dessous du pain qui doit "chanter".
La première chauffe exigeait beaucoup de bois, c'est pourquoi elle était faite à tour de rôle, car chacun devait fournir son bois.
Des bénévoles perpétuent ces traditions en redonnant vie à ce four chaque été.
Découvrez en image la fabrication du pain sur le panneau de lave.
Historique des fours du Queyras
Les fours banaux sont des fours soumis à un droit dû à un seigneur. Ce droit s’accompagne d’une exclusivité et d’une obligation d’usage. Ce droit est une banalité.
Les fours à pain du Queyras ne sont plus banaux depuis le 29 mai 1343, date de signature de la Grande Charte des Escartons. Dans cette charte le seigneur Humbert II "remet, cède et transporte à perpétuité aux communes Briançonnaises la jouissance pleine et entière de ses droits et devoirs féodaux et seigneuriaux à savoir les bans, les fours…"