Clot la Chalp – Naissance d’une station
Clot la Chalp – Naissance d’une station
L’exode des montagnards est une réalité dès la première guerre mondiale. Faire vivre une famille avec de petites parcelles de terrain qu’il faudrait découper ne suffit plus. Les queyrassins rejoignent des villes, Marseille, Lyon, où ils deviennent commerçants.
Les inondations de juin 1957 accélèrent ce phénomène. Le développement du tourisme et le ski se présentent comme des opportunités pour maintenir les actifs au pays.
Pour Bernard Gentil, pasteur-paysan, c’est une évidence : construire une remontée mécanique pour permettre la pratique du ski et maintenir l’activité à Molines. Aidé de Jeannot Alberge, d’Antoine Martin dans le choix du site, c’est sur la montagne de Beauregard que le projet prend naissance. La municipalité sollicitée donne son accord. Le matériel est commandé à l’entreprise Pomagalski qui fabrique le premier remonte-pente.
Le matériel livré, la commune se désengage. Claude Gentil, frère de Bernard, contacte M. Nogrette à Paris qui accepte de financer le projet. La station de Molines est lancée !
Les terrassements sont faits à la pelle et à la pioche… Bernard Gentil et des bénévoles sont à la manœuvre. Ne restait plus qu’à installer une cabane pour accueillir exploitants et skieurs, chose fut faite. Mme Nogrette achète une cabane qu’il a fallu démonter en altitude, aux Deux-Alpes, la redescendre par une ancienne chenillette de l’armée, la transporter jusqu’à Molines et en refaire le montage. La Troïka, à la fois bureau de l’Ecole de ski, guichet de vente de tickets et buvette, est installée à côté du téléski.
En 1960 cette mise en service est un évènement, le sénateur Ludovic Tron, originaire de Molines, président du conseil général des Hautes-Alpes, s’est déplacé pour l'inauguration.
L’exploitation est entre de bonnes mains : Jeannot Alberge, 45 ans, skieur confirmé, est recruté comme perchman. Antoine Martin, 33 ans, agriculteur et moniteur à l’UCPA d’Arvieux, devient le premier moniteur de ski de Molines. Adolphe Catalin vend tickets et boissons. Avec Bernard Gentil omniprésent et homme-orchestre, la station fonctionne. Pour le damage et l’entretien des pistes, chacun est invité à participer, jeunes en séjours, douaniers, moniteurs ou perchmen…
Le deuxième tronçon jusqu’à la crête de Beauregard est mis en service en 1961.
Le Bar des Amoureux trouve sa place au cœur du domaine, le premier gérant en a été Jeannot Brun.
Les équipements se poursuivent avec un téléski pour débutants, à perches fixes, Les Torres, et celui du Moulin à Pierre-Grosse qui relie les hameaux situés plus en amont à l’Est, à la station (Pierre-Grosse, Le Coin, Fontgillarde).
L’impact économique commence à se faire sentir :
Le premier hôtel, au pied des pistes, l’Equipe, est construit (1964-1965) par Babette et Adolphe Catalin. C’est Richard, son frère maçon qui conduit le chantier.
La commune de Molines achète en 1970 les équipements à Monsieur Nogrette.
Sous l’impulsion de Philippe Lamour, la S.I.C.A Sport est créée en 1974. Les domaines de Molines et Saint Véran sont regroupés.
Le front de neige s’enrichit, au fil des ans, de magasins de locations et vente de matériels, avec le bâtiment des Quatres Saisons, ensuite le complexe Clot la Chalp, l’Intersport et l’Ecole de Ski.
Le domaine s’étend, avec télésièges, remonte-pentes pour atteindre aujourd’hui la crête de Chateaurenard et offrir aux skieurs un panorama sur les massifs alentour.
Le développement de la commune est confirmé par l’évolution de la population : 1968 point bas avec 243 habitants et 1982, 375 habitants, la population a évolué de plus de 50 %.
La création du Parc Naturel Régional du Queyras, grâce à Philippe Lamour, maire de Ceillac, allait protéger ce territoire et le propulser comme un lieu d'activités de montagne original différent des stations bétonnées qui s'implantaient dans les Alpes françaises.
Au cours des années 1988/89, sous l'impulsion des acteurs du tourisme, le maire de Molines M. Siméon Michel lance la modernisation du domaine en implantant un télésiège qui ne pourra pas atteindre le sommet de la crête de Beauregard. Le télésiège s'arrêtera à la frontière de la commune de Molines mais permettra tout de même de rejoindre le secteur de Saint Véran avec plus de confort.
Puis pour favoriser un enneigement plus sûr par suite d’un enneigement erratique pendant plusieurs hivers, un programme de fabrication de neige artificielle soutenu par le Département et la Région est lancé.
La réserve collinaire implantée au nord du rif de Chettetive à 1822 m d'altitude permet d'alimenter les canons à neige avec l'eau pompée dans la nappe phréatique de Fontgillarde.
extrait du film de Jean-Emile Jeannesson – Alpe 62.
Article du Dauphiné Libéré de 1960 pour l'inauguration des premiers téléskis