L’église Saint Romain.
On a la certitude qu’une église existait sur ce site en 1376 (par le Compte des Procurations) mais elle devait être bien antérieure, et fort importante si on en juge par ce qui reste de l’ancien clocher.
Ruinée par les ‘’Chapeaux Blancs’’ (Réformés du Queyras) en 1585, elle fut reconstruite de 1628 à 1635.
Le clocher est une tour carrée, massive, aux murs très larges, et haute d’une dizaine de mètres. L’ancien clocher fut démoli en 1585 : ‘’Il était d’une hauteur considérable, bâti en tuf taillé et solidement assis sur des murs ayant plus d’une toise (entre 1,5 à 2 m) d’épaisseur. Pour en venir à bout, on fit une large brèche, à deux mètres au-dessus du sol, ayant bien soin de placer des étais, au fur et à mesure… On alluma ensuite des bûchers qui, en consumant les étais, entraînèrent la chute de l’édifice. Ce clocher est resté jusqu’en 1717 sans être relevé de ses ruines. A cette date, il fut élevé de dix mètres, tel qu’on le voit aujourd’hui, sans qu’on n’ait jamais eu les ressources nécessaires pour l’achever…’’ (J.A.Chabrand, 1886).
Les deux cloches ont été fondues à Lyon : la petite en juillet 1861 et la grosse en 1877.
Le double cadran solaire à l’angle sud-est daté de 1849, il est attribué au célèbre cadranier piémontais Zarbula. La devise "ora ne te rapiat hora" (Prie pour que l’heure ne te surprenne pas).
Un décor peint en trompe l’œil orne les ouvertures de la façade sud : des colonnes surmontées de chapiteaux à feuilles d’acanthe, des volutes de feuillage, des frontons contenant une tête d’angelot à gauche, un médaillon à droite. En haut à droite, des nombres peints en rouge témoignent de l’usage d’une horloge solaire fonctionnant à partir de l’ombre portée du rebord du toit sur le mur.
Frise
Décor peint
La longue frise géométrique au-dessus des frontons est probablement antérieure à la reconstruction de l’édifice : fin du xvème siècle.
Le porche en plein cintre subsiste de l’ancien monument. Il était soutenu par des colonnettes dont il ne reste que les chapiteaux ornés de masques.
Sur le grand bénitier, des décors sont sculptés de torsades, chevrons et visages.
La nef, couverte d’une voûte en berceau comporte trois travées. La troisième, côté ouest, abrite la tribune. Elle n’est pas exactement de même facture que les deux autres, il semble qu’elle ait fait l’objet d’une reconstruction
Le chœur est rectangulaire, un peu plus étroit et plus bas que la nef, et voûté lui aussi en berceau. Sa voûte et ses murs sont ornés de stucs peints et dorures de 1692 attribués à Claude Gégout. Ce magnifique décor baroque avait été jugé de mauvais goût au XIXème siècle. Il a été repeint en 1754 et restauré plus récemment.
Le retable en bois sculpté, très finement ouvragé et polychromé, a été exécuté par deux artistes italiens de Saluces en 1677. En son centre, un tableau de crucifixion daté de 1637 qui proviendrait d’un retable plus ancien.
L’église est sous le vocable de saint Romain, martyr à Antioche en 303. On peut voir sa statue à gauche en regardant le chœur. Elle a été offerte par une habitante du village : Elisabeth Eyméoud, vers 1854. Cette statue est placée de telle sorte que le 18 novembre, jour de célébration du saint, un rai de lumière vienne l’éclairer. Ce jour-là, les gens du pays et leurs invités se rendent à la messe, suivie d’un apéritif pour tous dans le presbytère. C’est l’occasion de se retrouver entre habitants de la paroisse et invités, venant des villages voisins. A tour de rôle, suivant une tradition fort ancienne, une famille du village invite le curé et ses confrères présents à la fête pour partager le repas.
Fonts Baptismaux : la cuve en pierre taillée est recouverte d’un haut couvercle en bois de forme pyramidale portant la date 1732.
Un curieux décor peint orne le panneau de bois donnant accès au portail ouest.
Eléments récents de l’histoire de l’église :
En mars 1982, un coup de vent emporta la totalité des superstructures du clocher. La couverture et la charpente du clocher ont été refaites avant l’hiver : le nouveau clocher put être inauguré lors de la fête patronale du 18 novembre de cette même année.
De juillet à octobre 1984, la charpente de la nef a été refaite ; la nef, le chœur et le porche ont reçu une nouvelle couverture en bardeaux de mélèze. Cette restauration a été réalisée avec beaucoup de soin et de savoir-faire par une entreprise locale.
Le décor de gypserie du chœur, qui avait beaucoup souffert des infiltrations d’eau avant réfection de la toiture, a été entièrement restauré en 1992.
De 2010 à 2012, a eu lieu une importante restauration de la maçonnerie extérieure et des enduits. Elle a permis de mettre en valeur les décors peints de la façade sud et de stabiliser quelques éléments d’une frise polychrome sur les façades nord et est. A suivi la restauration des cadrans solaires à l’été 2012.
Un ‘’Chemin de Lumière’’ composé de14 panneaux de bois sculpté a été réalisé et offert à l’église par un habitant : René Eyméoud en 2014 . Il a été installé au-dessus du Chemin de Croix moderne peint par André Massard.
Le plancher de l'église a été refait en 2023, en partie grâce au leg d'un paroissien : Jean-Claude Alberge.
Le cimetière
Dans la paroisse de Molines, chacun a droit à sa place au cimetière, y compris les habitants de Serre des Chabrands, hameau voisin dépendant administrativement de Château-Ville-Vieille. L’implantation des sépultures est faite de façon chronologique et par rotation.
Seule la petite partie nord rassemble les concessions.