Lorsque l'on visite cette vallée, notre regard est attiré par des maisons imposantes en poutres de bois vieillies par le temps. Les plus anciennes datent du XVIème siècle.
Ces maisons adaptées à la vie et au travail d'agriculteurs-éleveurs en montagne, servaient jusqu'au milieu du 20ème siècle d’habitation, d’écurie et de stockage des récoltes. Toutes ces maisons ne sont pas exactement identiques mais elles présentent des caractéristiques communes déterminées par trois fonctions essentielles liées au climat : abriter, conserver et circuler à l'abri. Bien sûr, depuis l'essor du tourisme, elles ont été transformées mais elles ont gardé leur allure générale et on peut facilement en identifier les différentes composantes. On distingue deux parties disposées à l'origine en forme de « L » orientées au sud, sud- ouest et adossées à la pente de la montagne.
A droite se trouve une construction en pierres, le plus souvent couverte en lauzes de schiste. C'est le caset. Curieusement ce n'est pas là que vivaient les familles, même si une pièce possédait une cheminée . Le caset était surtout un lieu où on rangeait du matériel, des provisions et où on préparait le pain, les salaisons... Le peïle, extension tardive du caset, était chauffé par un poêle.
A gauche, le rez de chaussée a des murs épais en pierres et maçonnerie. Il supporte le poids de la fuste, assemblage de poutres de mélèze. Le plafond de l'écurie est composé de grosses poutres de mélèze sur lesquelles reposent des planches. Parfois ce plafond est une voûte. C'est là que vivaient les familles, hiver comme été, en compagnie des bêtes qui réchauffaient l'atmosphère du lieu.
Les habitants du Queyras connaissent bien les noms des différentes parties de la maison queyrassine. Le taourier (l'espace réservé aux humains dans l'écurie), la carotto (la cave), la fougagno (la cuisine), le peïle (la pièce chaude), la court (un espace parfois clos, carrefour d' accès aux différentes parties de la maison), l'establot (un petit local pour les brebis).
Au-dessus de l'écurie-logis se trouve un imposant édifice en poutres de mélèzes assemblées aux angles à mi-bois appelé la fuste (d'après le latin fustis, tronc d'arbre). D'abord la feniero ( pour entasser le foin) avec tout au fond la barmiano (qui peut servir à ranger du matériel). Les charrettes ou les animaux de bâts arrivaient par le pountin à la porte de la grange, située plus haut que le plancher de la feniero où on déversait le foin. Les fentes entre les troncs de mélèze assuraient une ventilation pour la bonne conservation du foin.
Au-dessus de la fenière, des planches (le plancha) sont posées à différents niveaux, dont une aire (eïro)pour battre les céréales souvent près de la porte de la grange. A cet endroit, on remarque que les poutres sont plus lisses et bien ajustées pour éviter les pertes de grains. Sur l'avant de la fuste, on stocke sur des balcons les récoltes de céréales qui doivent gagner encore en maturité.
La maison queyrassine est donc avant tout une maison fonctionnelle plus adaptée au travail qu'au confort de vie des habitants. Elle constitue à elle seule un témoignage sur le passé de ce haut pays.