Un site métallurgique du Bronze ancien dans le vallon du Longet à Molines-en-Queyras
Un site métallurgique du Bronze ancien dans le vallon du Longet à Molines-en-Queyras
C’est dans le Haut Queyras (Hautes-Alpes), que se situe le complexe métallurgique et minier de Saint-Véran, caractérisé, à l’instar de celui de Cabrières, par l’association – dans un petit périmètre – de sites d’extraction du minerai et de zones de traitement métallurgiques (Carozza, Mille 2007). Les recherches initiées par Pierre Rostan (Rostan, Gattiglia, Rossi 2002) au cœur de ce complexe permettent aujourd’hui de disposer d’une abondante documentation sur les travaux miniers et sur l’abri sous roche de Pinilière. Les travaux de Bruno Ancel ont porté sur l’histoire du site minier et ont illustré toute sa complexité (Ancel 1999). Ceux conduits par Hélène Barge sur l’atelier métallurgique de la cabane des Clausis (Barge 1999) fournissent une riche documentation qui éclaire plus largement le contexte de la production métallique protohistorique dans le sud-est de la France (Barge et al. 1998 ; pour une synthèse récente de ces travaux, se reporter à Carozza, Mille 2007).
Le site de traitement métallurgique du vallon du Longet a été découvert lors de prospections autorisées antérieures à 1995, réalisées dans le cadre des travaux de recherche engagés sur le site minier des Clausis. La découverte du site a été signalée dans une publication consacrée à l’exploitation minière protohistorique (Rostan, Gattiglia, Rossi 2002). L’atelier métallurgique du vallon du Longet appartient à un ensemble de sites de traitement que nous avons mis en évidence lors de ces prospections et qui comporte l’important site de la Cabane des Clausis – fouillé par la suite par Hélène Barge – ainsi que deux sites voisins dont l’importance demeure à évaluer et qui ont ponctuellement fourni un petit nombre de scories et de tuyères.
Un des intérêts du site du vallon du Longet réside dans son éloignement relatif d’avec le site d’extraction du minerai, (fig. 1) qui est situé plus au nord du site minier au-delà du col du Longet ; une des problématiques était donc de préciser si le minerai traité ici provenait d’un site d’extraction passé inaperçu jusque-là ou bien du site d’extraction des Clausis. Il se pose alors dans ce dernier cas la problématique du caractère à première vue anti-économique d’un transport lointain du minerai en particulier en raison du franchissement d’un col.
Cet aspect doit être mis en rapport avec le faible volume de minerai traité tel qu’il nous est connu actuellement sur le secteur, appréhendé par les volumes de scories accompagnant ces ateliers de traitement. En effet, ce volume de minerai traité présente un très fort déficit en regard des volumes de minerai extraits de la mine et il se pose dès lors la question du devenir du minerai extrait, dont il semble pouvoir être établi à présent qu’il n’a pas été traité au voisinage immédiat du site minier. Doit-on envisager une possible exportation plus en aval dans la vallée, ou, comme pourrait l’attester le site du vallon du Longet, dans les vallées voisines ?
Se soulève alors un champ d’interrogations sur les motivations sociologiques ou techniques d’une telle exportation.
La découverte, dans un terrier de marmotte, de quelques scories et d’un fragment de tuyère, constituait un ensemble d’indices suffisamment explicites pour avérer la présence d’une aire dévolue aux activités métallurgiques (fig. 2). Si la plupart de ces indices se trouvait en position secondaire, dans les matériaux excavés par le mammifère fouisseur d’autres éléments étaient disséminés sur une plus grande zone, formant un replat d’une surface d’environ 25 m2. Dans cette zone, les collectes de surface et les premières observations montrèrent rapidement l’absence de sols archéologiques, la pelouse recouvrant seule le substratum. En amont, des coulées de solifluxions très importantes suggéraient l’hypothèse d’un recouvrement des horizons archéologiques, potentiellement préservés du processus érosif des sols ou bien au contraire un remaniement complet de l’horizon archéologique par ces coulées.
D'un point de vue archéologique, l'intérêt du site du vallon du Longet réside par son éloignement de la mine contemporaine de la tranchée des Anciens, située sur le versant opposé du massif de Château-Renard. Pour l'heure, les analyses tendent à privilégier l'hypothèse d'un transfert des minerais vers une aire de traitement éloignée, à près d'une heure de marche. Dans cette perspective, les raisons de l'implantation d'un atelier dans le vallon du Longet doivent être précisées. Au moins deux hypothèses peuvent être
évoquées :
- la première se réfère à un déterminisme environnemental très souvent mis en avant lors de l'étude des sites miniers et métallurgiques, impliquant un déplacement des zones de traitement du minerai en raison de l'épuisement des ressources végétales (cycles de régénération forestière);
- la seconde implique davantage les dynamiques sociales et économiques et impliquerait que le site minier ne fasse pas l'objet d'une exploitation par un seul groupe, selon un modèle proto-industriel inscrit dans la relation mine/atelier, l'éclatement des zones de traitement du minerai sur le territoire pouvant alors être le produit de cette multiplicité d'acteurs.
Les premiers sondages réalisés sur le site du vallon du Longet, à Molines-en-Queyras, ont permis de mettre en évidence un site date de la fin du millénaire avant notre ère (2280-2030 BC). La présence de scories, découvertes lors de prospections mais également lors de la fouille. démontre que ce site est lié au complexe d'exploitation et de traitement des ressources métallurgiques de la zone de
Saint-Véran. La typologie des scories mises au jour sur le site du Longet, mais également leur composition minéralogique et chimique, démontre une grande analogie avec celles mises au jour sur les sites des Clausis, de l'abri de Pinilière et en d'autres points du territoire minier et métallurgique. Ces scories attestent de la nature du procédé de métallurgie extractive mis en œuvre, qui marque un saut technologique très net par rapport à ce que l'on connaît des procédés en usage dans des contextes antérieurs de production à petite échelle (Bourgarit 2007).
La découverte, dans le sondage , d'un petit fragment de tuyère vient appuyer cet argumentaire et renforcer les liens chronologiques et technologiques qui unissent les sites de la zone minière et métallurgique. La découverte d'un fragment de paroi de four sous-tend grandement l'hypothèse selon laquelle des opérations de métallurgie extractive ont été pratiquées sur le gisement durant le Bronze ancien. Cet indice nous renseigne de manière indirecte sur l'existence de structures bâties dévolues aux activités
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