La Boulaye
Par Roland Niaux
LA BOULAYE
71.30.046
Situation
Arrondissement = Autun
Canton = Mesvres
Carte IGN au 1/25000e 2826 Ouest-Luzy
Coordonnées Lambert = 737.00/06 - 194.76/83 alt. 280
Cadastre 1831 = A1 n°24 "La Grande Pâture"
Cadastre remembré (1985) = AN n°76.75 "La Grande Pâture"
Diocèse = Autun
Ancien archiprêtré = Luzy
Paroisse = Dettey. Une église a été construite à la Boulaye, en 1700, à 200 mètres au sud du site (parcelle 255). Elle est aujourd’hui à l'abandon, semi ruinée. Vocable, sainte Madeleine. La Boulaye avait été érigée en cure, en 1708, mais n'a eu qu'un seul curé de 1802 à 1805.
La voie gallo-romaine d'Autun à Feurs, par Toulon-sur-Arroux, traverse la commune du nord au sud, à un emplacement qui n'est pas très sûr mais proche du site de l'ancien château.
Toponymie
Toponyme très fréquent en Saône et Loire, issu du bas-latin d'origine gauloise betulla. Il évoque un lieu planté de bouleaux (Cf. Taverdet, les noms de lieux de Bourgogne).
"La Grande Pâture" marque l'intention de prescrire le souvenir du château mais celui-ci se manifeste cependant dans la dénomination "la Basse Cour" qui demeure celle des anciens communs.
Vestiges
II n'existe plus de structures bâties visibles mais le terrier de la Boulaye de 1613, folio 23, donne une description des lieux à cette époque :
Ledict chastel et maison forte de ladicte Boulaye est assiz en la paroisse de Destey, distant du grand chemin tendant d'Autun à Toulon d'environ cinq à six cens pas, auquel chastel y a trois tours rondes, deux tours quarrées, avec un grand pavillon, le tout ainsi que ledict chastel et maison forte s'entend et comporte, tout ledict chastel couvert de thuilles. Lequel chastel et maison forte de la Boulaye est enclos et environné d'ung grand et large fossé, tout en quarré, de largeur d'environ cinquante pieds, revestu de murailles, avec ung pont de pierre à deux arcades qui approchent le grand et petit pont levis pour entrer audict chas-tel. Proche et joignant lequel fossé, du costé de midy, y a une grande bassecourt fermée de murailles ... en laquelle bassecourt y a une fontayne et des pescheries ... plusieurs belles escuryes toute neufves et des estables à coucher bestial, avec la grange à baptre graynes au milieu desdictes estables et escuryes, le tout couvert de thuilles. Et au bout desdictes escuryes, du costé de morvange, est ung colombier par pied... Le jardin de ladicte maison forte est du costé de morvange, proche le susdict fossé, lequel jardin contient environ quatre bichetées, tout environné de murailles et à l'un des coings devers le bas, y a une petite tour quarrée où le jardinier fait sa demeure, icelle tour couverte de thuilles...
Le château de la Boulaye fut démoli vers 1820 à la suite d'un incendie. Le dessin du plan cadastral de 1831 n'en rappelle même pas l'emplacement. La parcelle 24 matérialise le bord extérieur des fossés, tellement larges, côté ouest, que la motte semble émerger d'une île. L'ensemble mesure environ 100 mètres du nord au sud et 150 mètres d'est en ouest.
Les fossés sont toujours en eau :
Nous avons reporté en pointillés, sur le plan du cadastre ci-dessous, la motte proprement dite, de forme ovalaire, ayant environ 80m de long et 65m de large. Celle-ci se trouve dans la partie est de la parcelle. Au côté opposé, le fossé se transforme en étang d'environ 60 mètres de largeur.
Une photo aérienne de R. Goguey, du 24 septembre 1985 (vue au S.R.A. montre, à l'ouest de la motte, un système de fossés supposés, dont l'un dessine une grande enceinte à angles arrondis : il s'agit vraisemblablement du jardin évoqué au terrier de 1613 "au côté de morvange" (côté ouest) et tout entouré de murailles (pratiquement la parcelle 26 dont les limites correspondent en partie avec les fossés formant enceinte).
Quant aux communs, dits "la Basse Cour" (parcelle 262), les bâtiments ont conservé leur caractère du XVIIe siècle mais se trouvent dans un état de délabrement affligeant. L'église sert de porcherie. L'ensemble constitue la propriété et l'exploitation agricole de M. Dufour (maire actuel de la Boulaye).
Datation
En 1272, Hervé, fils de Joceran de Bourbon, reçoit de son père en partage la terre de la Boulaye où il édifie une maison forte qu'il reprend de fief du duc de Bourgogne en 1313-1314. Par le mariage d'Agnès de Bourbon avec Guillaume de Loges, vers 1400, la Boulaye passe dans cette famille3 chez qui l'on rencontre Hugues de Loges, bailli d'Autun et de Montcenis en 1528, Simon II de Loges, chevalier, conseiller du roi, bailli d'Autun de 1556 à 1595, seigneur de la Boulaye, Alonne, Chailly-en-Auxois et la Roche-en Brenil. La Boulaye passe ensuite à son gendre, Edme de Rochefort, qui la fait ériger en marquisat vers 1619. En 1753, La Boulaye est vendue à Germain-Anne Loppin, marquis de Montmort. Au XIXe siècle, La Boulaye appartient à Eugène Schneider, le célèbre maître de forges du Creusot.
Bibliographie
Courtépée, III, p.156
Annuaire départemental de Saône et Loire, 1839, p. 133
H. Abord, Histoire de la Réforme et de la Ligue, 1855, I, p.175, n.2
A. de Charmasse, Le Bailliage d'Autun en 1475, MSE, XXVII, 1899, p.293 "
A. de Charmasse, La Maison Dieu des Quatre frères, MSEXXX, 1902, p.81
J.Richard, les Bourbons de la région de l'Arroux, MSE, LI, fasc.2, 1967 p.97 et s. (not. 101.102)
Oursel, Histoire et Monuments, Canton de Mesvres, p.36 à 38
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