Compte-rendu de notre rencontre du mardi 8 février 2022
Nous avons d’abord échangé sur Tout le bleu du ciel de Mélissa Da Costa
Certaines participantes n’ayant pas lu le livre, la séance a commencé par le résumé du roman. Puis chacun a donné son avis et ces avis ont été unanimes, ce livre a beaucoup plu .
Il est long certes (840 pages) mais d’une écriture si légère, si facile que la lecture en est aisée et il n’est jamais ennuyeux.
Le style est léger assurément mais pas les thèmes et ceux-ci pourraient éloigner le lecteur; ily est question de la maladie d’Alzheimer et de ses protocoles, de la déchéance et de la mort.
Et pourtant on lit avec un immense plaisir ce récit d’un ultime voyage. Plaisir d’abord de se trouver dans la nature, surtout quand celle-ci nous est connue (Eus, Collioure, les Pyrénées), nature toujours accueillante. Accueillants aussi, généreux, humains, sympathiques sont tous les personnages rencontrés au cours de ce voyage. C’est donc à une découverte de la nature, des gens et surtout à une découverte d’eux-mêmes que sont confrontés les deux héros, Emile et Johanna.
On avance vers la mort de l’un, la guérison de l’autre dans une atmosphère bienveillante, faite de petits riens qui traduisent un profond humanisme et une profonde espérance de chacun.
Il y a aussi un léger suspense : on sait pourquoi Emile en est là : pour échapper à la commisération de sa famille et à la lourdeur des protocoles mais ce n’est que peu à peu que l’on découvre la vie passée de Johanna ... et que l’on comprend le sens du titre.
C’est un récit poignant (sans pathos) qui nous a touchés, bouleversés par son thème et
enchantés par son humanité.
Puis nous avons abordé Les tribulations du dernier Sijilmassi de Fouad Laroui
Là encore on a commencé par un résumé pour ceux qui ne l’avaient pas lu et là encore ce
livre a beaucoup plu même si on a parfois déploré certaines longueurs. Un seul avis a été
franchement négatif.
Ce roman a d’abord plu pour son humour, son ironie ; c’était amusant (bouteilles d’eau, épiphanie, Stéphanie) parfois loufoque (son trajet à pieds en tirant sa valise) par la satire mordante de la société marocaine .
Mais surtout parce qu’on peut dire qu’on a là un conte philosophique. Le héros, Adam, cadre en crise professionnelle, abandonne femme, maison et situation pour son village natal à larecherche de ses origines, et au-delà du sens de sa vie. Il est d’une érudition exceptionnelle et fait sans cesse allusion à la littérature et à la philosophie française (ancien élève du lycée Lyautey) puis arabe ce qui fait la richesse du roman. Sont abordés des sujets très actuels sur l’Islam, la foi, la démocratie (au Maroc et ailleurs) et surtout la difficulté pour des personnes comme lui (cf Leila Slimani) de trouver sa personnalité, partagé qu’il est entre deux cultures, française et marocaine.
Complètement déboussolé, instrumentalisé par les uns et les autres qui ne le laissent jamais en paix,conscient de la corruption qui salit son pays, il est dégoûté de la vie et sa fin est assez étrange.
Pouvait-elle être autre ?