Qaanaaq

QAANAAQ de MO MALO Réunion du mardi 9 avril 2019

Nous voulions un policier « nordique » , nous l’avions … mais écrit par un auteur français: Frédéric Mars, qui utilise souvent des pseudonymes. A-t-il choisi ce pseudo pour profiter de la vague des succès des auteurs scandinaves et ainsi mieux vendre son roman? C’est ce que quelqu’un a suggéré. Est-il seulement allé dans le pays dont il parle : le Groenland? Vous le voyez, des lecteurs n’ont pas été très bienveillants à son égard !

Peu importe l’auteur, voyons l’œuvre:

Ce roman a été lu « par devoir » par un «bon élève » du groupe !

La lecture en a été difficile donc parfois arrêtée très vite pour d’autres qui ont trop fait confiance à un résumé négatif et surtout qui ont été rebutés par la difficultés de prononciation donc de mémorisation des noms des personnages .

La majorité des personnes présentes ont bien aimé ce roman . Il ne s’ancrera certes pas dans nos mémoires mais il a des atouts

Si on l’a aimé, c’est parce qu’il nous a fait découvrir les Inuits : on a appris leurs façons de vivre (et hélas de boire!), leurs croyances, leur approche de la mort, leur mode de gouvernement et leurs rapport avec le Danemark . On est entré dans les problèmes posés par l’exploitation du pétrole, par l’arrivée de nombreux étrangers. On a assisté à des luttes parfois fratricides : D’un coté les tenants du « comme avant » avec des coutumes bien définies, l’indépendance, le rejet de l’ailleurs et des autres ; d’un autre côté ceux qui acceptent les bouleversements du mode de vie, la modernisation, le départ vers une vie plus facile.

Certains ont trouvé que trop de détails ralentissaient la lecture ; d’autres que ces connaissances étaient trop « plaquées « dans le texte de façon « wikipédiesque » (je cite le mot utilisé). Et pourtant la vie là-bas dans ce grand nord était si bien peinte que quelqu’un a dit avoir eu froid tout au long de cette lecture !!!

C’était un policier, il y avait donc du suspense. Qui pouvait tuer de façon aussi sanguinaire de pauvres ouvriers ? En suivant l’enquête, on a pu apprécier les deux policiers, Qaanaaq Adriensen et Apputiku entre lesquels se développe une solide amitié. Dans une très grande partie du roman , on suit l’intrigue avec intérêt . Mais à la fin, on est un peu déçu : on a l’impression de ficelles un peu grosses pour terminer le récit (la jambe prise dans les glaces, les retrouvailles avec les membres de la famille) et l’explication des meurtres n’est pas très nette .

Dans l’ensemble, ce roman a été apprécié et les échanges ont été intéressants ; on a évoqué les romans de Frison-Roche: Le rapt, la dernière migration ; celui de Jean Malaurie : Les derniers rois de Thulé .

Avant de rédiger ce compte-rendu, j’ai lu un article qui m’a inquiétée, je vous cite des extraits: « Au Groenland, on connaît tous quelqu’un qui s’est tué ;…… Le Groenland connaît l’un des taux de suicide les plus élevés de la planète…. Les danois leur ont imposé la langue (donc beaucoup quittent l’école très tôt) , la religion , le système économique (l’argent) ; ils ont dissous les communautés ,détruit des villages, entassé des centaines de pêcheurs et chasseurs dans des villes où leur santé mentale se détériore par l’alcool, le chômage, la nostalgie, l’individualisme (la santé physique profite de la médecine moderne) A la suite d’une étude de l’anthropologue Jean-Michel Huctin , le Danemark a réalisé le danger et, en partenariat avec l’UNICEF cherche à briser le tabou sur ce drame .

A lire sur ce sujet: HOMO SAPIENNE de NIVIAQ KORNELIUSSEN édition La Peuplade (octobre 2017)