Compte-rendu de notre rencontre littéraire de mardi 12 mars 2019
ENTRE DEUX MONDE Olivier NOREK
Pendant plus d’une heure les échanges ont été fournis entre les 14 lecteurs présents. Parmi eux, 2 lectrices n’ont pas lu le livre car trop macabre, trop près de la réalité sordide des camps de réfugiés . Pour elles, lire , c’est se changer de l’actualité , se détendre et pas retrouver ce que l’on voit tous les jours à la télévision ou dans les journaux. Pourtant , après tous les échanges, une des deux pense - peut-être – le lire. Une autre lectrice avait démarré avec les mêmes sentiments mais s’est forcée à continuer sa lecture et a fini par trouver le livre intéressant. Une autre a trouvé le roman exagéré: trop d’excès , trop d’histoires sordides mêlées, une trop grande abondance de faits dramatiques, comme si l’auteur avait voulu tout dire et avait accumulé diverses situations , Et pourquoi les afghans sont-ils les plus présents? (ils n’ont plus rien à perdre donc ils osent tout)
La grande majorité des lecteurs ont apprécié ce roman . Pourquoi ?
D’abord , tout le monde est d’accord: ce n’est pas un policier mais un roman social . Certaines scènes sont dures à lire car on ne doute pas qu’elles soient réelles . C’est une description « clinique » d’une réalité noire. C’est un « super témoignage » sur la vie à Calais des émigrés « en route » vers l’Angleterre » .
Face à cette noirceur, on trouve heureusement des moments de profonde humanité : les bénévoles, les policiers dont la tâche est extrêmement difficile même sont sympathiques, il y a de la tendresse entre certains personnages , et même parfois un peu d’humour (la fille du policier) .
Ensuite, ce livre a une dimension littéraire: il est bien écrit, dans un style facile , bien construit, sans parti pris , sans jugement .Même les personnages secondaires sont bien dessinés .
Surtout, ce livre dérange , donne à réfléchir :
- Ces gens , des gens ordinaires , des gens comme nous , ont été obligés de quitter leur pays pour diverse raisons et se retrouvent dans ces conditions déplorables après avoir bravé les dangers de la traversée, . Et nous voici mis en face de notre impuissance à les aider , parfois de notre indifférence .
- Et la vie des habitants de Calais ?
On a bien sûr pensé à « La retirada » et aux camps d’Argeles . Etait-ce aussi violent ?
Un point positif pour eux : ils venaient tous d’un même pays donc même langue , même façon de vivre..
On s’est aussi demandé : pourquoi l’Angleterre ? Notre « anglaise » du groupe a répondu :
-Le Royaume-uni a eu un grand empire colonial et a toujours reçu des membres de nombreuses communautés . Donc chacun peut se retrouver un cousin , un cousin d’un cousin , un ami etc.
- Beaucoup sont anglophones
- Il n’y a pas de contrôle d’identité , la notion de « sans papier ‘ n’existe pas .
- Le travail est plus facile surtout dans les grandes villes ( ils acceptent le travail que les anglais ou autres européens ne veulent pas pas , mais dans quelles conditions?).
Donc un roman très riche « dont personne ne peut sortir indemne « Sandrine Bajot (cf 4ième de couverture)