Notre réunion du mardi 8 mars 2022
L’équilibre du monde de Rohinton Mistry
Jamais un roman n’a eu autant de détracteurs et d’admirateurs. On a parlé d « horreur » et de « chef-
d’oeuvre littéraire digne d’un prix Nobel » A chacun son idée !!!
Deux lecteurs en particulier - absents hélas ce mardi - ont fait savoir à quel point ils ne
l’avaient pas apprécié. En ces temps bien gris, ils auraient eu envie de lire quelque chose de plus
gai ! Plusieurs autres absents n’ont pas donné leur avis
Ce roman est épouvantable ! la misère des protagonistes exposée tout au long de l’histoire
ont eu raison de la volonté de lecture de certaines. C’est trop noir : quand on pense avoir enfin une
embellie dans la vie des héros (Om et Ishvar en particulier ) un autre malheur les accable. Donc
plusieurs lectrices ont fermé le livre avant d’être écrasées par cette noirceur assénée par l’auteur. On
est en Inde dans un monde de corruption, de répression, de manipulations, d’humiliations, de
castrations ; un monde horrible où dominent la misère, la saleté, l’horreur (description des
mendiants ) où tout le monde est prêt à tout pour s’en sortir mais ne s’en sort jamais! (le pauvre
collecteur des loyers, le collecteur de cheveux). Le dégoût a fini par gagner certaines.
L’autre raison qui a fait tomber le livre des mains d’une lectrice, c’est l’ abondance de
personnages ; il ne fallait pas lâcher l’histoire.... au risque de s’y perdre. A l’image de l’Inde le livre
grouille de personnages et d’anecdotes.
Et beaucoup ont trouvé le livre un peu long. Avait-on besoin de tant de détails sordides ?
Pourtant des lectrices ont apprécié, intéressées par cette vision réaliste de la vie des basses
castes dans l’Inde d’Indira Gandi en 1975 (situation hélas encore visible de nos jours) et sont allées
jusqu’au bout du roman, jusqu’à son dénouement tragique pour tous ! (amputation , castration,
suicide ..) ;
On a été un peu surpris pas le rôle d’Indira Gandi qui dans son projet d’embellissement de la
ville n’a pas hésité à faire détruire les bidonvilles (et de quelle manière!!) et à rejeter encore plus les
pauvres dans la misère. Etait-elle entièrement responsable des agissements inhumains de ses
sbires ?
Que trouver dernières ces horreurs ? A été soulevé l’esprit de famille (le frère de Dina vient
sans cesse à son aide ; l’oncle, Ishvar, veut absolument le bonheur de son neveu, Om ; les parents de
Maneck acceptent de le laisser partir pour ses études. Lui-même, Maneck n’hésite pas par respect
pour son père, trop passif à son goût devant les nouveautés, à freiner ses projets de rénovation du
magasin paternel.
L’évocation de traditions religieuses (crémations), de la lutte entre les différents courants religieux
(musulmans, hindous .) ont aussi leur intérêt.
Quelques pointes d’humour égayaient le récit (à bien chercher)
Il faut surtout voir dans ce récit une leçon incroyable : le plus heureux (?) n’est-ce pas le
mendiant Shankar qui n’a pourtant ni mains ni jambes, heureux peut-être pas mais prêt à aider les
autre dès qu’il le peut en faisant intervenir le Maître des Mendiants et toujours souriant, heureux
comme un enfant quand on s’occupe de lui .(son nouvel habit, sa coupe de cheveux).
C’est un roman édifiant et motivant ; Une des dernière phrase du livre « Décidément ces deux-là
(Om et Ishvar devenus mendiants, l’un tirant l’autre sur sa planche à roulettes) ) ne cesseraient
jamais de la (Dina) faire rire ». Il faut arriver à vivre malgré l’adversité.
Le titre du roman ; « L’équilibre du monde » nous enseigne qu’on ne peut vivre que si on
sait équilibrer Espoir et Désespoir. Seul Maneck, trop sensible, ne sait pas faire ce dosage, ne
supporte pas ce qui se passe et préfère en finir avec la vie ; Les autres sont appris à toujours espérer
et savent jouer de leur situation. L’équilibre doit se trouver aussi dans la vie politique entre
démocratie et autocratie
On a pu comparer ce roman avec Les Misérables (bien moins misérabiliste), avec l’œuvre
de Zola (bien moins désespérante) ; Un roman pas très bien venu en effet en ce moment où on aurait
besoin d’un peu de légèreté !