C’est sous les yeux d’une nouvelle lectrice que se sont déroulés ce mardi 13 novembre nos échanges sue ce roman noir;…... si noir qu’une des habituées avait renoncé à y participer!!
On a d’abord noté qu’il existe 2 traductions de ce roman américain: l’une de Marcel Duhamel et une plus récente de Jean-Paul Gratias , moins édulcorée dans son vocabulaire .
C’est sur ce point, vocabulaire et tournures de phrases, que plusieurs d’entre nous rejetons le livre, gênées par la vulgarité des propos, déversés tout au long du livre .
Il faut dépasser cette aversion pour ce style et voir plus profondément les qualités de ce roman, roman génial a-t-il été dit par un fervent admirateur !
D’abord il est facile à lire et surtout bien pourvu d’humour . C’est sous ce registre qu’une d’entre nous l’a lu avec beaucoup de plaisir, souriant au pragmatisme froid de cet individu.
Surtout, il y a le personnage : ce shériff qui ne pense qu’à manger, dormir les pieds sur son bureau, retrouver ses maîtresses; qui ne désire qu’une chose : qu’on le laisse tranquille et qui laisse les autres tranquilles . Les laisse tranquilles ? Oui , à moins qu’ils le gênent … et dans ce cas , il n’hésite pas à les tuer froidement ou à les faire tuer, en ayant si bien tout organisé qu’il ne peut jamais être soupçonné. Ce shériff qui se présente comme un lâche idiot ou un doux dingue, n’est rien de tout cela . C’est un salaud intelligent ; Il jouit de sa puissance locale, se moque de l’opinion des autres et sous des dehors débonnaires, désabusés, dénué même du racisme ambiant, est un calculateur , un manipulateur d’un cynisme , d’un machiavélisme extrême; il embobine tout son monde, même son concurrent et ses maîtresses, pour arriver à ses fins : se faire reélire .
Deux questions se sont posées : 1 Est-ce une vision de l’Amérique du Nord? Un descriptif de la société américaine des années 20? Oui , ce sont les restes du monde du Far West , et on sait que les américains , malgré une certaine pudibonderie ont encore aujourd’hui un vocabulaire assez grossier.
2 Comment un auteur arrive-t-il à imaginer une telle noirceur? d’où vient cette imagination à la fois morbide et parfois drôle ? Jim Thompson est un des plus grand écrivain de romans noirs d’après la guerre ; Il a été plusieurs fois adapté au cinéma. Ce roman est devenu la film « Coup de torchon » avec Philippe Noiret comme acteur principal, film tourné au Sénégal, sorti en France en 1981.
Une dernière question pouvait se poser aussi : connaît - on vraiment les gens qui nous entourent ?
Malgré ces « inquiétudes « , la séance s’est déroulée , comme toujours , dans la bonne humeur , sans que nous soyons affectés par la noirceur du récit !!!