Compte-rendu de notre rencontre du mardi 12 novembre 2024
Sorj Chalandon Le quatrième mur
D’abord, il faut remercier Maryse de nous avoir reçus chez elle pour cette rencontre . Maria étant absente et pas remplacée, la Maison de l’ Histoire nous était fermée. Nous nous sommes donc retrouvés au siège de l'Association, 2 rue des chênes-lièges, les habitués plus un nouveau venu …..qui a apprécié et reviendra !!!
Ce roman sur la guerre au Liban de 1982 nous a tous marqués. On a parfois eu du mal à y entrer mais toujours à en sortir tant ce récit écrit il y a plus de 30 ans est actuel dans sa violence et son tragique. L’une d’entre nous a dit avoir eu l’impression de lire exactement ce que son mari regardait au même moment à la télévision : les atrocités de la guerre. Faut-il avoir été militaire pour apprécier ce roman ?
Le roman démarre sur une idée merveilleuse : faire jouer la pièce d’Anouilh, Antigone, à Bayrouth, en pleine guerre, par des acteurs issus de tous les courants existants : chrétien, palestinien, chiite, sunnite, druze .. ; L’idée était de Sam un juif grec en exil au seuil de la mort qui fait promettre à son copain George, un jeune bobo contestataire, de mener cette entreprise. Et c’est réussi ! …. enfin ….. la première répétition peut avoir lieu . Mais c’est tout ! Ensuite la guerre et ses horreurs s’impose et le projet apparaît oh combien utopique !
Ce roman est l’œuvre d’un auteur à la fois journaliste et romancier. Ce qui est dit est vrai mais ça n’a pas la froideur d’un documentaire. L’horreur de la réalité des faits est présentée dans un style agréable, musclé, aux phrases courtes, aux mots jetés comme des tirs de mitraillette parfois.
Mais on lit aussi la douceur dans des gestes, des sentiments pleins de poésie, d’amitié. On a envie de fermer les yeux et le livre tant ça fait mal mais on garde espoir et on continue.
L’espoir est vain. Tout était illusion. On a posé les masques et la représentation ne se fera pas. Le héros, Georges, est à jamais détruit. Sa vie est finie. Revenu chez lui, il ne peut supporter femme et enfant, une enfant qui pleure pour une glace tombée alors que là-bas les enfants sont égorgés ! Par respect pour une promesse à un mourant, il a ruiné sa vie ; il ne peut plus se reprendre, il est entraîné dans ce chaos. Il repart donc vers l’horreur et la mort.
On s’est posé beaucoup de questions
- Pourquoi les lycéens de 2013 l’ont-ils choisi ? A ce sujet j’ai lu les paroles d’une élève qui avait été subjuguée par Sorj Chalandon lors d’une conférence.
- Comment garder espoir en l’humanité ?
- Le choix de la pièce d’Anouilh ? Collaboration ? Résistance ?
- Comment s’en sortir pour tous les pays en guerre en Afrique et ailleurs ?
- Comment peut-on faire preuve d’autant de cruauté ? Pourquoi choisit-on le mal si on est libre ?
- L’utopie, nécessaire pour avancer ?
Un roman que nous ne sommes pas prêts d’oublier !
PS Au théâtre, le quatrième mur est le mur supposé qui sépare les spectateurs des acteurs. Ici est-ce celui qui sépare le héros de la peur et de la mort comme il a été suggéré ?