Cette terre promise de Erich Maria Remarque
Notons avec plaisir que trois curistes s’étaient joints à nous pour cette rencontre. Ils nous ont fait part de leur façon de procéder dans leur club: pour l’un, chacun lit un roman et l’expose à tous ; pour les autres, c’est un auteur qui est invité pour parler de son œuvre. (Il faut dire que ces dames habitent Paris XVième). Elles ont avoué n’avoir pas encore à ce jour invité Chloé Pastor dont nous leur avons dit le plus grand bien. A la fin de la séance, elles ont demandé des précisions sur notre aventure et pris les références de notre roman. Affaire à suivre ? BLC paiera-t-il le voyage si nous sommes invitées? C’est bon de rêver!
Venons-en à notre club ! Encore une fois la magie de la rencontre a eu lieu! Individuellement, beaucoup d’entre nous avaient trouvé le roman ennuyeux et pourtant à la fin de la réunion, nous avons dû reconnaître qu’il avait bien des cotés positifs.
Parmi ceux qui l’ont lu, la majorité a trouvé le style fort ennuyeux, monotone, avec ses phrases courtes, ses accumulations de « je »; Dans ce roman, on mange souvent, on boit encore plus souvent vodka, café , cognac, on vient et on part, on échange des banalités. On avait l’impression de ne pas avancer ! A la décharge de l’auteur, on notera qu’il avait l’habitude de dicter ses textes à sa secrétaire et que ce roman n’était pas terminé ; s’il avait eu le temps, il l’aurait peut-être remanié, raccourci.
Ce roman a surpris : il était choisi sur le thème de l’exil, or on a déjà lu un roman parlant des exilés actuels ( Entre deux mondes d’Olivier Norek) et on s’attendait à trouver le même genre d’exilés avec tous leurs problèmes, comme dans l’actualité. Or ce roman est ancien (écrit en 1970), les exilés sont ceux qui ont voulu ou dû fuir le nazisme, juifs ou simples opposants au régime. Les héros de ce roman n’ont pas la vie difficile des exilés actuels car ils sont secourus par un réseau de personnes qui leur offrent argent, hébergement et parfois travail.
C’est en effet un roman sur l’entraide, la camaraderie. C’est une sorte de communauté organisée pour que la vie des nouveaux venus ne soit pas trop misérable au moins au niveau matériel. Remarquons que ce sont tous des intellectuels; tous les exilés ont-ils connu cela?
En plus de cet élan de solidarité qu’y a-t-il de positif dans ce roman?
Il y a de l’humour : le chien qui vient tous les jours faire ses besoins sur les journaux du bas du kiosque, le marchand de fleurs qui récupère les bouquets du funérarium pour les revendre …
On est rentré dans le monde de l’art en admirant des tableaux de peintres célèbres comme Renoir ou Degas, des antiquités japonaises. Mais on a aussi appris les ruses des marchands d’art à travers de truculents personnages et l’audace de certains profiteurs (un chirurgien confie les interventions à un médecin exilé mais encaisse les honoraires )
On a pu rêver sur New-York, décor de ce roman, plusieurs fois évoqué dans la silhouette de ses gratte-ciel, New-York qui est loin de la guerre; on en parle oui, mais à l’étonnement des arrivants, on ne la vit pas, elle est loin.
Si les personnages n’étaient pas vraiment attachants, leur histoire reste poignante: même s’ils vivent relativement bien, ils seront toujours des exilés. Les souvenirs de leur fuite, des camps, de la mort de leurs camarades ne les lâchent pas. Ils ne trouvent le sommeil bien souvent que grâce à des cachets. Leur mémoire jamais en sommeil les fait souffrir. La peur est toujours là: dès qu’ils aperçoivent un policier, ils se sentent traqués, ils ont l’instinct de se cacher, de fuir.
Ils savent qu’ils ne pourront pas avoir une nouvelle vie sereine aux USA et qu’ils ne pourront pas revenir en Allemagne où ils seront traités de déserteurs. Ils sont de nulle part, ils seront partout et toujours des étrangers. Le bonheur n’est pas pour eux même s’ils peuvent parfois y croire à travers une histoire d’amour.
Un livre donc pas très agréable à lire mais plein de sentiments