Rencontre littéraire de mardi 14 novembre 2017
Nous nous sommes retrouvés pour échanger autour du roman
LES PÊCHEURS de Chigosie Obiama
Nous n’étions pas très nombreux ce mardi, des absents pour raison familiale, d’autres pour raison de santé, d’autres pour raison professionnelle. On ne comptera plus Mado parmi nous, bien sûr; ni Jean-Paul: celui-ci a quitté le pays catalan pour se rapprocher de sa famille en Bourgogne. Il espérait nous rejoindre une dernière fois en octobre, mais il n’en a pas eu le temps. Il m’a chargée de vous transmettre tous ses meilleurs souvenirs.
Alors, n’hésitez pas à parler de nos lectures autour de vous et à inviter des adhérents actuels ou futurs à nous rejoindre, sachant bien qu’on peut venir même si on n’a pas lu le livre proposé.
Nous avons partagé avec plaisir nos impressions sur ce roman; Certains ont plutôt apprécié la place faite à la psychologie des personnages, d’autres la place faite à la connaissance de l’Afrique. Tous nous avons été d’accord pour saluer la réussite de ce premier roman de cet auteur né au Nigeria, enseignant aux États-Unis.
Une lectrice a dit avoir aimé le livre mais avoir été mal à l’aise au cours de sa lecture. Il est vrai que saleté et violence règnent dans ce roman. (passages difficiles autour de Abulu le fou).
Ce qui en fait son intérêt, c’est le mélange de vie à l’occidentale et de superstitions, de croyances aux malédictions, aux sortilèges. Mélange que l’on retrouve dans l’utilisation des langues, anglais et dialectes, selon l’humeur du locuteur; Les héros sont une famille aisée qui se veut ‘évoluée’ mais la croyance en la prophétie du fou Abulu, les précipite dans une chute inexorable dans la méfiance, la peur et leur vie devient un enfer, avec tous ses instants tragiques.
Et pourtant, quelle poésie dans ce désordre!! Comparaison et métaphores se suivent, la haine est une sangsue, le chagrin une araignée, l’espoir un têtard qui meurt vite au fond du seau; chaque personnage est qualifié par un nom d’animal, le père est l’aigle, Ikenna, l’ainé des garçons est d’abord un python puis un moineau et chaque fois l’appellation est expliquée et paraît évidente.
Un lecteur, par son expérience de vie en Afrique, a pu nous faire remarquer que cette famille était hors de la généralité de la réalité africaine mais cette histoire est tout à fait vraisemblable
Une remarque aussi à propos de la traduction: on a trouvé l’expression: bruits blancs. Son sens? Et Abulu est-il mort sous les coups de harpon ou déchiré par des hameçons? Peu importe, de façon atroce, c’est sûr!
Ce roman met bien en évidence la complexité de ces jeunes pays africains partagés entre différents ethnies et balançant entre leur culture ancestrale et la culture des occupants européens!
Nous avons ensuite évoqué d’autres romans sur l’Afrique :
« En attendant le vote des bêtes sauvages » de Ahmadou Kourouma
« Tout s’effondre » de Chinua Achebé
et nous avons choisi pour le mardi 12 décembre
Un cobra, deux souliers et beaucoup d’ennuis de Alexander Mc Call Smith
(certainement plus gai!)