COMPTE-RENDU REUNION MARDI 12 DECEMBRE 2017
1 cobra, 2 souliers et beaucoup d’ennuis de Alexander Mc Call SMITH
Nous étions 13 pour commencer notre réunion puis une dame s’est jointe à nous; elle avait lu sur Festi’Mag du Boulou: « la littérature africaine » et elle s’attendait à une conférence. Elle a bien vite compris au ton de nos débats que ce n’était pas une conférence mais un échange informel - mais riche – d’idées. Elle a apprécié et se promet de revenir lors de ses séjours au Boulou.
Nous étions donc une dizaine à avoir lu ce roman avec parfois un a-priori: un blanc peut-il bien parler de l’Afrique? (l’auteur est ressortissant britannique né au Zimbabwe vivant en Ecosse).
Tout le monde en a trouvé la lecture facile et rafraîchissante après la dureté des ouvrages précédents. «Mignon», «sympathique» ont été les mots utilisés pour qualifier cet ouvrage.
Mais tous n’ont pas aimé ce livre. «Beaucoup d’ennui , au singulier» pour reprendre le titre, a ironisé quelqu’un, «lu par devoir» «il ne se passe rien», «trop de détails inutiles sur la vie quotidienne» Avis qui était partagé par un petit nombre.
La grande majorité cependant a souligné les cotés amusants de l’histoire, l’humour british de l’auteur, par exemple les mots «constitution traditionnelle» employés par Mma Ramotswe pour évoquer son embonpoint . On s’est amusé aussi en imaginant ses efforts pour faire son régime (2 jours) et ceux de Mma Makutsi pour supporter (1 jour) les souliers à bout pointu qu’elle s’était acheté avec un intense bonheur. Les chaussures sont d’ailleurs assimilées à un personnage à qui on s’adresse pour demander conseil. Notons que la traduction exacte du titre anglais devrait être « Les chaussures bleues et le bonheur »
On a surtout apprécié le personnage, Mma Ramotswe, pour son énergie malgré sa forte constitution, l’amour de sa région, sa bienveillance, son sens de l’entraide, son désir de trouver des excuses à tous. C’est une femme à principes mais au grand cœur. Avec un certain pessimisme, on s’est demandé si une telle générosité existe chez nous et si ce n’est pas pour souligner ce manque que l’auteur a choisi de situer son histoire en Afrique. (?)
Il a été précisé par une lectrice assidue que ce roman est le septième d’une série donc il nous a manqué des éléments pour tout saisir sur l’ambiance et les personnages (rôle de la directrice de l’orphelinat par exemple).
Si ce roman était un divertissement plutôt que de la littérature, il nous a permis tout de même d’élargir notre débat sur le féminisme (qui a failli perdre Mma Makutsi), sur les médicaments génériques (qui ont perdu le docteur, seul personnage négatif du roman)
La discussion a ensuite porté sur le Botswana en général, « la Suisse de l’Afrique », pays riche grâce à ses ressources minières (diamants) , le moins corrompu d’Afrique, où on signalait (jusqu’à présent) peu de conflits (ce qui explique la joie de vivre des personnages du roman), la seule démocratie du continent (même si, la justice exceptée, tout est dans les mains du gouvernement). Et si l’Afrique n’était pas aussi présente dans ce roman que dans ceux lus auparavant, c’est peut-être parce que le Botswana comme la Namibie et l’Afrique du Sud vivent mieux leur autonomie, leur modernité et leur entrée dans la mondialisation.
Ont été proposés pour vos lectures hivernales au coin de votre cheminée:
-Tous les hommes du roi de Robert Warren
- Miniaturiste de Gessy Burton
- Le sourire étrusque de José Luis Sampedro
- La montagne rouge de Olivier Truc
- C’était mieux avant de Michel Serres
- Virus LIV 3 ou la mort des livres de Christian Grenier (pour vos ados)
A été déconseillé, si vous ne voulez pas frémir d’horreur pour notre avenir, « La servante écarlate » de Margaret Atwood.