J'ai assisté samedi 4 avril à une conférence sur Le Clézio à la médiathèque de Céret . Voici , en quelques mots , un peu de ce que j'en ai retenu
La conférence était donnée par Mme Marina Salles. Elle a enseigné les Lettres au lycée Saint-Sernin à Toulouse (entre autres établissements ) Surtout , elle est connue dans le monde littéraire pour ses études sur Gustave Le Clézio . Elle participe activement à l'édition des "Cahiers Le Clézio" et au "Dictionnaire Le Clézio" en ligne . L'oeuvre de cet auteur est si ouverte sur le monde qu'elle pense qu'une mise au point historique et géographique peut être utile pour mieux comprendre ses écrits ; de même son vocabulaire demande parfois des explications .Tout le monde peut participer à l'élaboration de ce travail , qui , à son avis , n'aura jamais de fin .
Vous avez déjà compris que nous nous trouvions en face d'une passionnée de cet auteur . Et ce depuis sa lecture de PROCES-VERBAL qui a obtenu le prix Renaudot en 1963.
Elle a insisté sur le fait que Le Clézio est un auteur inclassable . un OLNI, un objet littéraire non identifiable . C'est un explorateur , c'est un témoin , c'est un auteur engagé , c'est un auteur sensuel , c'est de la littérature de voyage , c'est de la littérature de la ville , c'est de l'exotisme , c'est de l'autobiographie ; c'est un passeur d'art et de culture , c'est un peintre de la vie moderne (poésie des objets du quotidien mais aussi critique de la société de consommation),
On l'a parfois assimilé aux auteurs du nouveau roman , mais il n'en est rien car lui , il refuse de faire disparaitre les personnages de ses oeuvres , ce serait faire disparaitre l'Homme , or il est profondément humaniste ( étudier les noms et prénoms de ses personnages est très intéressant)
Lui-même est contre les genres littéraires
Seule compte l'écriture . Et pour lui le langage littéraire est trop pauvre donc il utilise des collages (pub , affiches...), des recherches graphiques . Dans ses derniers romans cependant , l'écriture semble se ranger.
On peut ne pas aimer cette littérature de l'errance , du malaise , de la dissidence , on peut lui reprocher une certaine violence que Mme Salles explique par des cause historiques (guerres ) et familiales (père éloigné , problème d'identité: mauricien ? anglais? français? ) ; Sa vie à Nice n'a pas été très paisible !!
Et comme Il écrit non pas en suivant son imagination , mais à partir du vécu , de documents ou de récits qu'il a vus ou entendus , son oeuvre est remplie de personnages sans ancrage , sans amour , parfois violents , souvent désoeuvrés . Ces derniers romans , sans doute sous l'influence de son épouse , sont plus apaisés
Le temps passant très vite , elle a du abréger son exposé qui aurait pu durer encore des heures tant elle avait envie de parler de cet auteur .
Elle a terminé en insistant sur son attitude toujours très réservée , très affable , et aussi sur son engagement dans des problèmes de société (pêcheuses de perles , expatriés d'une ile asiatique par les américains ) depuis l'obtention du prix Nobel (2008) qu'il a reçu comme une reconnaissance de sa valeur mais dont il doit se montrer humainement digne .
Deux heures passionnantes à l'issue desquelles j'ai ressorti mes LeClézio des étagères mais aurais-je le temps de le relire ? J'ai "Un coeur si blanc " à finir !!
Oui , n'oubliez pas , nous nous retrouvons mardi 14 pour en parler ;
Bonnes lectures Amicalement Françoise