PEGASUS BRIDGE

Pegasus Bridge est le nom donné au pont qui enjambe le canal de Caen à la mer sur la commune de Bénouville.

Horsa Bridge, le second pont, est situé à environ 500 mètres et enjambe la rivière Orne.

Nuit du 6 Juin 1944

Il était 22h56 le 05 Juin 1944 lorsque six planeurs Horsa, avec à leur bord cinq pelotons d'infanterie légère des Oxfordshire et Buckinghamshire Régiment et trente hommes du 249ème Field Company-Royal Engineers, décollèrent de l'aérodrome de Tarrant-Rushton dans le Dorset. Le major John HOWARD était responsable de ce coup de main destiné à s'emparer de deux ponts situés sur les communes de Bénouville et de Ranville. Un pont enjambant le canal de Caen à la mer et l'autre enjambant la rivière Orne parallèle au canal et distante d'environ cinq cent mètres.

Les planeurs sont si lourdement chargés qu'il faut des quadrimoteurs Halifax pour les remorquer et les amener à pied d'oeuvre. A bord des six planeurs Horsa, ces hommes passèrent la côte française à minuit juste, comme prévu. Les planeurs furent lachés au dessus de Cabourg, presque au passage de la côte, à 6000 pieds.

".... Nous avions plus de dix kilomètres à parcourir, dira Jim WALLWORK; il faisait noir, avec juste assez de luminosité pour apercevoir l'Orne et le canal de Caen à la mer..."

".... Je voyais le reflet des eaux du canal : j'apercus presque aussitôt le pont, le canal étant moins large à cet endroit. Tout était si calme, on se serait cru au-dessus de l'angleterre en train d'effectuer un autre exercice. J'écoutais les ailes siffler dans la nuit...Je continuais cap sud, presque parallèlement au canal. Après avoir dépassé le pont de plusieurs minutes, je virai à droite, 90°. J'avais déjà perdu trois mille pieds, mon planeur très chargé volait très vite : plus de cent milles à l'heure. Derrière moi, maintenant les hommes chantaient et criaient.... Mais j'avais parié d'arrêter mon planeur contre les barbelés du poste. Je vérifiais continuellement mes instruments afin de juger de la descente vers le pont. Le prochain virage à droite allait m'ammener face à la zone d'atterrissage...."

".... Dès le passage de la rivière Orne, je commençai mon dernier virage à droite et plaçai mon Horsa le long du canal, descendant toujours, à la vitesse de 90 m.p.h. Je me dirigeai vers le marais qui s'étend entre la rivière et le canal, à hauteur de Bénouville. J'avais nettement l'impression de distinguer la tache sombre des marais, et dès que j'eus perdu quelques centaines de pieds - le dernier virage avait été terminé à 1000 pieds - j'aperçus l'armature métallique du pont...."

Alors le pilote WALLWORK pointe son planeur vers le pont, qu'il voit approcher trop vite à son gré. " .... J'allais un peu vite à l'atterrissage. Mon planeur était lourd. En finale, j'ai gardé un peu de hauteur à cause des pieux que l'on m'avait annonçés mais je n'en voyais trace. J'étais bien décidé à mettre mon planeur au sol dès que je serais certain d'atteindre le pont. C'est ce que je fis, seize minutes après minuit. Alors je lançais mon poing, pouce levé, vers la cabine: c'était le signal convenu. Le major HOWARD savait que nous allions toucher le sol dans moins d'une minute, les hommes allaient lever les pieds et s'accouder pour supporter le choc. Malgré les roseaux, le choc fut violent, le train d'atterrissage arraché. Je terminais sur un tronc d'arbre, qui démolit l'avant du planeur. Je fus blessé par des débris, mais j'avais accompli ma mission...."

Les trois premiers planeurs se posèrent à l'heure prévue, malgré l'obscurité, exactement à l'endroit convenu. En fait le premier planeur termina à une quarantaine de mètres du pont, en bordure du chemin de halage, le nez dans les barbelés du poste ennemi.

Les deuxième et troisième planeurs se posèrent à une centaine de mètres.

Deux des autres planeurs se posèrent à environ cent cinquante mètres du pont de Ranville. Le quatrième planeur du coup de main, laché trop tard et cap à l'est, se posa à douze kilomètres de son objectif.

A peine le premier planeur arrêté, les hommes de D.BROTHERIDGE se ruèrent à l'assaut du pont. A l'entrée du pont,défendant son accès, un blockhaus bétonné. Les allemands, arrachés à leur sommeil, se précipitent vers la mitrailleuse. Ils n'ont que le temps de tirer une rafale : deux grenades anglaises lançées dans l'embrasure les réduisent au silence.

Pendant qu'une équipe réduisait la résistance à l'entrée du pont, une quarantaine d'hommes traversaient au pas de charge pour s'emparer de l'autre côté. Au milieu du pont une sentinelle allemande s'apprète à lancer une fusée d'alerte.

Les hommes tirèrent tous ensemble et la sentinelle s'ecroula sur le pont. Quelques secondes plus tard le pont du canal de Caen est tout entier aux mains des britanniques. Celui de l'Orne est tombé pareillement, submergé par les hommes surgis des deux planeurs posés près de celui-çi.

Mission accomplie. Le radio Edward TAPPENDEN put envoyer le message de victoire convenu avec les chefs alliés : " Ham and Jam ... Ham and Jam... ".

 

Maintenant il s'agissait de tenir les ponts et d'attendre la relève des hommes de Lord LOVAT, arrivant par mer. Il y eut d'abord quelques coups de feu du côté de Ranville.A 01 h 10, le Major SCHMIDT, l'officier allemand responsable des ponts arriva de Ranville en voiture voir se qui se passait. La Mercedes allait si vite que les hommes du lieutenant H.J. "Tod" SWEENEY n'eurent pas le temps de tirer avant que la voiture n'atteigne le pont sur l'orne, mais ils atteignirent le motocycliste qui la suivait. Le lieutenant SWEENEY, qui se trouvait sur la rive ouest, tira avec son Sten et cribla de balles la Mercedes. Ce qui lui fit quitter la route. Les hommes de SWEENEY sortirent le chauffeur et le major tous deux blessés.

A 01 h 15, on entendit un grondement de chars. Ils étaient trois, venant de Bénouville et avançant très prudemment sur la route en direction du pont. Le premier fut incendié par le Sergent M.C. "Wagger" THORNTON utilisant un PIAT. Le tank fut atteint de face et brûla toute la nuit. Les deux autres chars se retirèrent.

Au cours de la nuit les hommes du major HOWARD ont été renforcés par des parachutistes de la 6ème division, mais la pression allemande était très forte. Les commandos et les parachutistes parvenaient à contenir et à repousser les diverses contre-attaques allemandes.

A 10 h un junker 88 se présenta au ras du canal, pour bombarder le pont. Le pilote lâcha sa bombe au dessus du pont; celle çi heurta l'armature métallique, rebondit et tomba dans le canal sans exploser.

Treize heures après le début des combats ils furent enfin relevés par les hommes de lord LOVAT, débarqués le matin même sur les plages. La jonction s'effectua auprès du café Gondrée à 13 heures 02 minutes et 30 secondes le 06 Juin 1944.

Le soir du 6 Juin, aux environs de minuit, Le major HOWARD laissa le commandement du pont au régiment du Warwickshire. La compagnie D se mit en marche vers l'est, en direction d'Escoville pour rejoindre l'Ox & Bucks. Ils avaient accompli leur mission et, 24 heures après avoir pris les ponts, les avaient remis intacts et saufs.

Les pilotes des planeurs