Marie-Félicité MOKE-PLEYEL

1811 - 1875

Marie Pleyel . Lithogr.aphie de Jacolin. [1845]. (Source: gallica.bnf.fr / Bibliothèque Nationale de France)

Marie-Félicité Moke-Pleyel, connue d'abord sous le nom de Mademoiselle Moke, est née à Paris le 4 juillet 1811 d'un père belge et d'une mère allemande. 

Education musicale

Sa mère est une des plus grandes pianistes du 19ème siècle.

Son père, excellent pédagogue et trilingue, se chargera de son éducation générale, tandis que sa mère, pianiste amateure, la forma très tôt à l’alphabet musical ayant pris conscience des dispositions exceptionnelles de sa fille. Elle la confia donc par la suite à trois grands pianistes : Henri Herz, Frédérick Guillaume Kalkbrenner et Ignaz Moscheles.

Elle vint en Belgique à l'âge de 12 ans et se fit entendre dans quelques concerts dans lesquels le public fut enchanté et les critiques furent subjugués par son habileté.

Elle devint célèbre en France et à l'étranger et fut considérée comme une des meilleures pianistes de son époque à l'âge de 15 ans ! 

Adolescente, Marie-Félicité Pleyel enseignait déjà. Elle donnait des cours de piano dans l'appartement de sa mère comme dans un pensionnat réservé aux jeunes filles handicapées physiques, c’est là où elle rencontra Hector Berlioz, qui était professeur de guitare et de chant.

Au printemps 1830, Hector Berlioz s'éprend de Marie Moke mais celle-ci choisit de se marier avec Camille Pleyel, héritier des fabricants de piano Pleyel, dont elle reçut de précieux conseils sur le style d'expression.

Frederick Chopin lui dédie son Opus 9 : Les trois nocturnes.

Et Hector Berlioz parle d’elle comme une pianiste pas talentueuse mais plutôt d'une génie. 

Professeure au Conservatoire royal de Bruxelles. Classe de piano pour demoiselles (1848-1871)

En 1848, elle fut nommée professeure de piano au Conservatoire royal de Bruxelles.

La classe de piano pour demoiselles a tellement grandi, qu’il fut nécessaire d'engager un deuxième titulaire pour le cours. Marie Pleyel est le professeur qui a le plus contribué, à cette époque, au développement de l’enseignement du piano au Conservatoire et qui a également attiré le plus grand nombre d'élèves de l’étranger (et de l’Europe entière). 

En 24 années scolaires, elle fut responsable de 482 élèves de la classe de piano "pour demoiselles" (Raspé, 2007, p. 94) dont 70 passées dans sa classe et 39 qui ont obtenu un Premier Prix chaque année.

Elle démissionne du Conservatoire le 5 août 1871.

Marie-Félicité Denise Moke (mariée Pleyel). Extrait de l'Etat du personnel enseignant 1833-1907 au Conservatoire royal de musique de Bruxelles. (B-Bc ARC-007)
Lettre de Fétis à Madame Pleyel. (B-Bc P-2-01199-(175))

François-Joseph Fétis admirait Marie-Félicité Pleyel, comme le montre la lettre ci-contre.

"J'ai entendu tous les pianistes célèbres, depuis Hullmandel et Clementi jusqu'à ceux qui jouissent aujourd'hui d'une renommée méritée ; mais je déclare qu'aucun d'eux ne m'a donné, comme Madame Pleyel, le sentiment de la perfection" (Raspé, 2007, p. 92)

Egalement Franz Liszt parla d'elle en des termes très élogieux : "Il existe des pianistes très habiles qui se sont ouvert des routes particulières, et qui obtiennent de brillants succès par les choses qui leur sont familières ; mais il n'y a qu'une seule école appropriée à l'art [du piano], dans toute son extension : c'est celle de madame Pleyel."

Mais également la presse (Revue et Gazette musicale de Paris, 27 juillet 1849, in Raspé, 2007, p. 94) : 

"L'enseignement de piano est radicalement changé au Conservatoire ; et ce n'est pas une réforme, c'est une révolution. Je n'ai pas à vous dire ce qu'est Mme Pleyel, quelle est sa profonde intelligence, quel est son merveilleux talent d'exécutant (...). 

" (...) l’école de piano du Conservatoire de Bruxelles est la première du monde, et l’avènement de Mme Pleyel au professorat restera dans les annales de la musique moderne comme un événement d’une haute portée. »

Partition de Chanson du matin composé par Marie Pleyel. (B-Bc 25112-(2)-44)

Marie-Félicité Moke-Pleyel s'éteint le 30 mars 1875 à Saint-Josse-ten-Noode.

À son époque il n'y avait pas de bande magnétique. Malheureusement, elle n'a pu laisser à la postérité des enregistrements de ses fascinantes interprétations, mais elle nous légua sa véridique légende.

D'après les critiques des grandes capitales de la musique, les illustres compositeurs, les musicologues, les écrivains et ses collègues pianistes du 19ème siècle, sa perfection technique fut incomparable, unique. Sa musicalité raffinée et le charme voluptueux de ses interprétations furent admirables.

Autographe de Marie Pleyel, extrait de l'album destiné à Melle Mathilde Jonniaux. (B-Bc FA-VI-113)