poèmes de Mark Braet
traduction poétique du Néerlandais Par Francis Combes
Jour de mai
A nouveau des bombes dans la rue
l’effroi cogne à la porte
A quoi bon plaintes et jurons ?
A quoi bon les pleurs ?
A nouveau des cadavres dans les foyers
Le deuil efface les péchés.
Passant sur les ruines en trébuchant
la mort nous fait l’offrande de ses plaies.
*
Départ
Un matin gris
un train entre en gare
Sur le perron immobile
un voyageur silencieux
Des femmes inquiètes qui fondent en larmes
solitaires dans le matin
La mère âgée embrasse son fils
si silencieux, si soucieux
Au loin, là-bas, roule un train
Sur le perron
toute petite et silencieuse
une mère inquiète.
*
Terminus
Les yeux se sont fermés
on peut enfin dormir
Il pleut sur les ruisseaux
des cœurs sont en peine
Il pleut sur les carreaux
un train glisse dans la nuit
Dehors, le long des rails,
un homme silencieux
aux aguets, fixe la lumière
Le cœur bat, haletant,
la main crispée, prête à l’action
Le train a déraillé
le ciel a éclaté, écarlate
Des cœurs se sont perdus
perdus dans la mort
*
N’doekoe
à mes amis Congolais
Au jour d’aujourd’hui
il n’est plus pour moi de demeure
nulle étincelle d’éternité
seul m’importe
de me tenir droit
sans cette honte qui empourpre les joues
Ne jamais tremper
dans ces menaces, cette haine, ces moqueries
Afin que demain tu saches
que je suis ton frère
dans l’amour comme dans la peine.
*
Chanson chinoise
Bœufs, labourez, labourez les sillons
labourez votre propre tombe
La récolte ne reviendra pas au peuple laborieux
qui vous a nourris
Bœufs, abaissez, abaissez vos cornes
inclinez-vous vers la tombe
Vous et votre récolte, vous appartenez,
O cruauté, O lâcheté
aux messieurs comme il faut
Pour nous ne reste que l’ivraie.
*
Foi
Il reste encore de belles journées à venir
Le cœur palpite sans entraves
Il lui faudra se battre
dans ce temps de misère
Il reste encore des hommes bons
avec la liberté dans le sang
qui me souhaitent bonne chance
quand je dois aller de l’avant
Il reste encore de froides nuits
pleines d’audace et d’action
Parmi les sentinelles ennemies
la mort abat sa faux
je n’ai plus rien à demander
Mon cœur bat pour le combat
Il reste encore de belles journées à venir
un jour le peuple sera libéré.