Date de publication : Apr 28, 2010 8:20:40 AM
Diantre, que peut on inventer encore sur le sujet de la sécurité qui n'aie pas déjà été débattu et rebattu ?
LE CONSTAT
En fait il s'agit d'une idée toute simple basée sur la pyramide statistique des accidents:
Les simples dysfonctionnements sur chantiers sont courants et quasi quotidiens.
Les incidents, un peu plus graves, restent fréquents.
Les accidents sont la réunion de plusieurs causes d'incidents et sont donc plus rares.
Il faut un facteur supplémentaire - la présence humaine - pour que ceci devienne un accident corporel.
Et avec un facteur d'aggravation supplémentaire on en arrive à l'accident mortel, encore trop fréquent, mais qui est "limité" à 300 par ans en France pour le BTP.
Graphiquement cela donne ceci : l'axe vertical étant la gravité, l'axe horizontal la fréquence.
Puisque l'aggravation d'un accident est du entre autre à un facteur aléatoire la mise en œuvre de la sécurité se traduit par des actions au quotidien sur la base de la pyramide : en évitant le plus possibles les dysfonctionnements on évite que ceux-ci se cumulent en incidents, puis en accidents ... et ainsi de suite.
Or si l'on observe les conséquences financières de ces différents degrés de gravité on n'a pas une pyramide inversé mais une courbe déformée en base :
Et la rupture de pente est encore plus brutale lorsqu'il s'agit d'une petite entreprise payant le taux de cotisation du secteur : un accident corporel n'influe pas dessus, un accident mortel c'est forcément un arrêt du chantier, une enquête de police et souvent des poursuites pénales et civiles.
Dernier élément pour compléter le constat : ce sont les détails de BASE qui en s'accumulant créent les situations à risque et les accidents : chutes de hauteur, heurts par des charges en déplacements .... la mise en place d'une politique de sécurité n'est ni compliquée ni particulièrement novatrice.
LE PROBLEME c'est que le coût, réel, de la mise en place de la sécurité sur un chantier commence dés le premier euro de chiffre d'affaire, alors que les risques peuvent sembler lointains.
Et pour une petite structure ou un artisan la tentation peut être grande d'économiser ce coût de sécurité en se disant que statistiquement il a peu de chance d'être soumis au pire. Mathématiquement c'est vrai : en 40 ans de carrière à 3 hommes ça représente environ .... une heure pour l'ensemble des salariés de certain majors du secteur !!
Ce raisonnement n'est pas général - heureusement - ni particulier aux petites entreprises, ni même forcément conscient : c'est le sentiment de l'impunité qui prévaut tant que l'on a pas reçus la grosse tuile. Et il est renforcé sur la pression - continuelle, elle - sur les résultats.
Or cette situation implique des problèmes sur plusieurs points différents
Sur la sécurité : sur la somme d'heures travaillées par les petites et très petites structures cela conduit à encore plus de situations à risques que dans les entreprises plus importantes menant une politique volontariste sur la réduction de ces situations. Et ces situations débouchent parfois sur des drames humains.
Sur le financier : cela donne malheureusement un avantage concurrentiel à ceux qui prennent des risques inconsidérés avec leur sécurité ou celles de leur collègues ou collaborateurs.
Sur le secteur dans son ensemble : les organismes de sécurité n'ont finalement pas beaucoup de choix pour faire pression. Ce sont soit des menaces inopérantes - avec ceux qui ne se sentent pas concernés - soit des mesures trop fortement coercitives pour être appliquées sans dangers grave et imminent.
Je précise encre qu'il ne s'agit ici que d'une description à très gros traits et que certaines PME, TPME et artisans travaille avec une pleine et entière conscience de leurs devoirs en sécurité.
UNE SOLUTION PROPOSEE
Rappelez vous de la sécurité routière il y a quelques années de cela.
Les amendes risquées pour telle ou telle infraction n'étaient pas plus clémentes, mais on pouvait rouler des années sans aucun contrôle...
Le principe des contrôles systématiques de vitesses, par exemple, c'est exactement celui de l'action sur la base de la pyramide : 5km/h au dessus de la vitesse autorisée à un endroit particulier n'est pas forcément une cause d'accident, mais au global la vitesse moyenne sur les routes diminue et les résultats sont tangibles en termes de sécurité.
Donc pourquoi ne pas infliger aux entrepreneurs des amendes - modiques - immédiatement applicables dés qu'une obligation de sécurité n'est pas respecté, sans attendre la situation vraiment très dangereuse.
Exemple :
Manque d'un garde corps : 100€
Manque d'un garde corps au abord d'un poste de travail : 500€
Travail sur une échelle ou sur un échafaudage non conforme : 200€ jusqu'à 1.00m, 500€ au delà
...
Avec un système comme ça un inspecteur du travail qui n'a pas les yeux dans la poche fait perdre en un quart d'heure à un chantier peu scrupuleux les résultats du mois. Et ce n'est quand même pas au point de mettre en danger la vie de l'entreprise : juste l'obliger à respecter le minimum !
En touchant au quotidien à ce qui mesure la performance - le portefeuille - l'incitation serait, il me semble, plus efficace qu'un danger plus important mais semblant plus lointain.
Les fonds collectés pourraient être utiliser à ... il n'y a toujours de bonnes idées pour dépenser des fonds, donc pas de soucis la dessus !