Beaucoup à lire pour cette première plongée de l'année scolaire et une petite vidéo à la fin :)
Pour la première plongée de la saison, les pronostics des météorologues étaient plutôt pessimistes ...Ces bougres avaient prévu des orages meurtriers, des pluies diluviennes, un phénomène cévenol intense... Leur fenêtre météo semblait à la fois étroite et aléatoire.
En suivant le vieil adage breton, "qui trop regarde la météo reste au bistrot", mais convaincu de passer une journée sous la pluie, le petit groupe courageux franchit la frontière pour s'en aller plonger à Cadaques.
Dans la petite crique, le soleil éclatait, nous irradiant de sa douce chaleur, alors qu'un cormoran perçait la surface comme une bombe.
Au loin, un goéland se grattait sur son rocher, tous nos yeux braqués sur lui.
Devant ces regards intrusifs, la pauvre bête, très pudique, s'envola brusquement, nous laissant seuls face à nos pronostics putatifs.
Tout le monde s'équipa rapidement, les photographes parlant des bébêtes qu'ils allaient voir, les techniciens des exercices qu'ils allaient faire, et, pour une fois, les bavards (et surtout les bavardes!) restèrent sans voix, pétrifiés par les consignes de sécurité en cas d'orage.
Pour ma part, j'emmenais deux lascars très prometteurs, Tim et Henri à trente mètres avec pour premier objectif de leur faire découvrir l'autonomie, la narcose et aussi l'orientation avec plusieurs changements de direction. Les signes convenus "où est la voiture" et " fais la cabriole" étant compris, nous entrâmes cahin- caha, glissant sur des algues en putréfaction, dans une eau trop chaude pour la saison. Tout à coup un cri strident retentit, nous glaçant d'horreur... Magaly venait d'être piquée par une méduse. Devant nos mines amusées, elle comprit qu'elle n'avait aucune pitié à attendre d'odieux individus comme nous, surtout quand l'un d'entre eux, dénommé Jean-Paul, lui montrant sa main toute rouge, la nargua avec un, "et alors, moi aussi !", bras d'honneur littéraire définitif avant l'immersion.
Laissant les tripoteurs de méduses à leur invective, Tim et Henri prirent un cap précis qui nous emmena à l'épave de Lanichen, puis après un virage à 90 degrés, à la falaise au corail rouge.
Il ne restait plus que quelques coups de palmes pour nous retrouver à 30 mètres, profondeur idéale pour nous adonner à nos turpitudes.
Au signe" fais la culbute", ils firent une très belle cabriole qui les laissa complètement rôtis, hagards comme des koalas, sans aucune réaction à mon lâcher d'embout, sédatés par la douce torpeur de l'azote hilarante.
Au bout de 30 secondes, nos deux toxicomanes se réveillèrent enfin et retrouvèrent rapidement le chemin du retour.
Ah narcose, douce compagne de la profondeur, sournoise magicienne qui enrobe nos sens, tu viens toujours peupler dangereusement nos incursions profondes.
Tu es la muse qui guide nos balades sur les belles englouties, et qui, comme les terribles sirènes ou les sinistres mitounes, trouble nos sens au point de ne plus pouvoir remonter...
Après quelques largages de parachute, nous rentrâmes dare-dare, craignant par-dessus tout la colère de Taramis, et que le ciel nous tomba sur la tête !
Point d'orage pourtant, mais une pluie de tourtes, de tartes, de pizza, de gâteaux, quelques animaux inconnus pour le bréviaire du plongeur curieux, et beaucoup de bonne humeur...
Jupiter n'étant toujours pas au rendez-vous, vers 14h00 nous plongions à nouveau.
C'était une belle journée
Texte et images : GY El Presidente